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Sorties de la Semaine - Page 169

  • Grand écran. "Hounds Of Love", thriller anxiogène au climat délétère

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahunds.jpgAustralie, été 1987, dans une banlieue de Perth.  Alors qu’elle désobéit à sa mère et sort par la fenêtre de sa chambre pour se rendre à une soirée, la jeune Vicki Maloney est abordée dans la rue par Evelyn et John White, des trentenaires qui l’invitent chez eux. Elle accepte, mais réalise rapidement qu’elle est tombée dans un piège cauchemardesque.

    Séquestrée, ligotée, enchaînée aux montants du lit, bâillonnée, Vicki va pourtant trouver la force de résister. Si elle a agi par naïveté en se laissant embarquer par des inconnus, elle est également dotée d’un caractère bien trempé. Elle comprend que sa seule chance de survivre est d’exploiter les failles de ces deux psychopathes, opposant son intelligence et son ingéniosité à leur folie et leurs pulsions meurtrières.

    Un premier film en forme de thriller pavillonnaire, révélant l’horreur derrière la tranquillité apparente d’une banlieue de classe moyenne. Un thriller à la David Lynch où le réalisateur Ben Young, s'inspirant de divers cas réels nous plonge tout de suite dans une atmosphère anxiogène. De sa voiture parquée près d’un terrain de sport, le couple de chasseurs pervers observe un groupe de jeunes filles. On l’imagine choisissant sadiquement ses futures proies, pour les torturer et les tuer.

    Tout au long de ce Hounds Of Love (Love Hunters) où se succèdent des scènes de soumission, d’emprise, de viol, Ben Young se concentre sur le psychisme complexe des ravisseurs, explorant la part glauque d'une dangereuse relation fusionnelle. Nous laissant d’abord découvrir la situation terrifiante du point de vue de Vicki, puis de celui de la femme complice et amoureuse du taré dont elle partage la dépravation, en infligeant des sévices sexuels aux victimes.

    Heureusement, l'auteur laisse le plus souvent la violence hors-champ. Car si le film confine au malsain, c’est bien davantage à travers ce qu’il suggère que par ce qu’il montre que Ben Young parvient  à créer la tension. A l’image d’une porte qui se ferme sur un terrible hurlement, moment infiniment plus glauque et effrayante que la plus gore des scènes.

    Certes, cette incarnation du Mal a son origine. Mais si on découvre souffrance intense et humiliation sociale derrière ses protagonistes tueurs que leurs phobies et leurs traumatismes ont conduits à la négation pure et simple des autres, Ben Young n’excuse ni n’explique leur monstruosité et leur cruauté. Pas davantage qu’il n’évoque une quelconque rédemption.   

    Tout en s’appuyant sur un bon trio d'acteurs (Ashleigh Cummings dans le rôle de Vicki, Emma Booth, l'héroïne zombie de la série australienne Glitch dans celui d’Evelyn et Stephen Curry dans celui de John) Ben Young livre ainsi un métrage efficace entre thriller au réalisme sordide, mélodrame conjugal malsain et huis-clos  étouffant. On lui reprochera pourtant un climat trop complaisamment délétère, des longueurs et un abus pénible de ralentis.

     de ralentis.

    A l’affiche dans es salles de Suisse romande dès mercredi 8 novembre.

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  • Grand écran: "Mise à mort du cerf sacré", jeu de massacre barge et malsain

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaakiling.jpgVariation pasolinienne macabre avec le thème de l’adolescent étrange qui s’immisce dans une famille bourgeoise. En l’occurrence celle, américaine, que forment le riche et brillant cardiologue Steven (Colin Farrell), son élégante femme Anna (Nicole Kidman), ophtalmologue réputée, leur fille Kim, 14 ans et leur fils Bob, 12 ans.

    Une famille apparemment heureuse, sans histoire. Pourtant, en-dehors de la clinique, Steven voit régulièrement le jeune Martin (Barry Keoghan), ce qui laisse planer un soupçon de relation perverse, sinon d’enfant né hors mariage. Rien de tout cela. Martin, garçon dérangé à problèmes, issu d’un milieu modeste, est en fait le fils d’un patient décédé du célèbre chirurgien.

    Toujours est-il qu’il est invité dans la belle maison du couple et sympathise avec les rejetons. Très vite pourtant il s’incruste de façon inquiétante. Plus menaçant de jour en jour, il finit par exiger de Steven, qui tente de mettre des limites à cette invasion, l’inconcevable sacrifice suprême.

    Avec Mise à mort du cerf sacré (The Killing Of The Sacred Deer), débutant avec un plan fixe sur une opération à coeur ouvert, tout un programme,  le Grec Yorgos Lanthimos joue avec les codes du film d’horreur pour livrer un drame glaçant tendu, tordu et malsain empreint d’humour noir et d’une touche de fantastique. Il avait raflé le prix du scénario à Cannes en mai dernier.

    L'auscultation d'une société malade

    Se voulant à la fois provocateur, immoral, transgressif, un rien kubrickien, voire haneckien, l’auteur ne débordant pas de sympathie pour le genre humain, ausculte une société malade à travers le mode de vie des nantis. Engoncés dans leur conformisme, ils sont plus ou moins vus comme des zombies dans leur routine quotidienne, se manifestant jusque dans les jeux sexuels rituels des parents, où l’épouse simule… une anesthésie générale.

    Avec des comédiens qui assurent, à l’image du terrifiant Barry Keoghan (photo), de la parfaite et robotique Nicole Kidman, du sinistrement passif Colin Farrell, cette fable cruelle en forme de cauchemar morbide eût pu être une vraie réussite. Dommage pourtant que Yorgos Lanthimos, privilégiant une rare complaisance dans l'atroce, à la violence sous-jacente bien plus perturbante et anxiogène des deux premiers tiers de l’opus, ne tienne pas la distance. Comme dans son long métrage précédent The Lobster, où il perdait le fil après une partie particulièrement originale.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er novembre.

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  • Grand écran: avec "Au revoir là-haut", Albert Dupontel conjuge humour trash, justice sociale et drame intime

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaurevoir.jpgMaillard et Péricourt, rescapés des tranchées, sortent traumatisés physiquement et mentalement de la boucherie de la Première Guerre mondiale et ne se quittent plus. Albert (Albert Dupontel), qui a perdu sa femme et son métier s’occupe désormais d’Edouard (Nahuel Perez Biscayart), qui a laissé le bas de son visage en lui sauvant la vie.

    Mais en dépit de leur sacrifice, personne n’en veut de ces vétérans de retour à la vie civile, découvrant la misère et le chômage. Le premier subsiste en homme-sandwich et le second, héritier rebelle défiguré d’un industriel impitoyable (Niels Arestrup), cache sa gueule cassée sous des masques sublimes de sa fabrication et pense en finir avec la vie.

    Leur amitié indéfectible leur permet pourtant de relever la tête. Pour se refaire et se venger de l’Etat qui les ignore, ils montent une juteuse arnaque en vendant de faux monuments aux morts sur catalogue. Tout en cherchant à retrouver le sadique capitaine Pradelle (Laurent Laffite), inmonde crapule qui les a envoyés à l’abattoir après l’armistice.

    Coïncidence, l’affreux Pradelle qui s’est recyclé dans le commerce de cercueils vides censés contenir les dépouilles des disparus, a épousé la sœur d’Edouard, tandis que son père, désireux de financer un mémorial, sollicite des artistes. Tous les personnages de cette farce macabre, s’inscrivant dans la lignée du cinéma voyou et politiquement incorrect d’Albert Dupontel, vont se croiser dans le Paris des années folles.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaalà-haut.jpgAvec Au revoir là-haut, Le créatif auteur signe un long métrage ambitieux, brillamment adapté de l’excellent roman éponyme de Pierre Lemaître, prix Goncourt 2013. Un film fourmillant de trouvailles visuelles dont les masques portés par Edouard, où se mêlent humour trash, tragédie filiale, poésie, cynisme, revanche. Un pamphlet politique traitant de lutte des classes, de justice sociale, de cupidité avide d’une minorité de dominants, sur fond de drame intime où le romanesque le lyrisme et l’émotion le disputent au baroque et à l’excentricité.

    Dans une mise en scène virtuose, Albert Dupontel propose par ailleurs une reconstitution bluffante de l’époque, notamment avec la formidable scène inaugurale des tranchées. Quant au casting, il est parfait. Albert Dupontel campe un prolo téméraire et généreux, Laurent Laffite excelle à jouer les salauds, Niels Arestrup laisse percer des remords sous sa carapace de despote roublard. Enfin Nahuel Peres Biscayart, merveilleux et mystérieux homme sans visage, confirme le talent démontré dans 120 battements par minute de Robin Campillo.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 octobre.

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