Miguel et Diego, la quarantaine avancée, vivent ensemble dans un appartement délabré au centre de la Havane, une ville sur le point de connaître de grands changements. Plongeur dans un restaurant, le taciturne et morose Miguel (Patricio Wood), déçu d’un régime plein de contradictions, n’espère rien de la révolution. Il rêve de fuir aux Etats-Unis et se prépare à l’aventure en regardant une carte de son eldorado épinglée au mur de la cuisine, tentant également d’apprendre chaque jour quelques mots d’anglais.
Dans l’attente impatiente de son visa, il prend soin de Diego (Jorge Martinez) cloué au lit, le nourrit et veille à satisfaire ses désirs. En phase terminale du sida, ce dernier garde paradoxalement une incroyable vitalité, un sens aigu de l’humour et de la dérision. Continuant à affirmer haut et fort une homosexualité qualifiée de perversion par le gouvernement et qui lui a valu le rejet de sa famille, il veut jouir le plus possible d’une existence qu’il a tant aimée. Ces deux hommes que tout semble séparer, sont pourtant liés par une amitié profonde, indéfectible.
Solidarité dans un pays miné par la crise
Tandis qu’on suit son agonie, on assiste à une sorte de valse des habitants de l’immeuble décrépit, un vieux bonhomme, un coiffeur, une prostituée, une voisine pratiquant la Santeria, qui viennent rendre visite au malade, proposant leur aide. Ils manifestent une solidarité que l’on retrouve ailleurs dans la capitale, au sein d’une population hétéroclite. Affrontant son lot quotidien de difficultés, elle se débrouille avec les moyens du bord, plus ou moins catholiques, pour les surmonter dans un pays miné par la crise économique, celle du logement et la corruption.
Certains partent d’autres restent dans cette île qui n’est plus ce qu’elle était, mais ignore ce qu’elle deviendra. Avec Ultimos Dias en La Habana, (Derniers jours à La Havane) tragi-comédie pleine de finesse et de subtilité, Fernando Pérez, documentariste à ses débuts, nous offre l’instantané contrasté d’un Cuba comme suspendu entre présent et futur. Celui-ci est représenté par la jeune nièce de Diego, une adolescente fugueuse à la langue bien pendue qui veut camper chez son oncle pour échapper à sa mère.
Le réalisateur semble envisager cet avenir avec un certain optimisme. D’où ce film en forme de leçon d’humanité, à la fois triste, drôle, émouvant. Dénué de pathos et de misérabilisme, il montre l’amour que son auteur éprouve pour la ville, ses compatriotes et la culture cubaine. –
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 décembre.
Deux ans après Carol, Todd Haynes revient avec Wonderstruck (Le musée des merveilles), une fable s’ouvrant sur une allégorie d’Oscar Wilde: «Nous sommes tous dans le caniveau mais certains d’entre nous regardent vers les étoiles».C’est la phrase clé de son dernier-né adapté d’un roman graphique de Brian Selznick, l’auteur d’Hugo Cabret.
Pour interpréter les enfants, Todd Haynes a choisi Oakes Fegley et Millicent Simmonds. Ils portent ce film sur la quête des origines, les liens familiaux et la transmission, thèmes chers au réalisateur, au côté de Juliane Moore tenant deux rôles, celui de Rose grand-mère et de la star du muet que la gamine adulait.
Lila est bègue. Complexée, maladivement timide, cible des moqueries de ses camarades de classe, elle perd même tous ses moyens face à des inconnus. Un jour Mo, un gros dur trentenaire aux allures de loubard casse-cou, qui participe à des courses de voitures clandestines lui demande son chemin. C’est le coup de foudre et le bad boy sexy et charismatique va prendre sous son aile la fille enfermée dans son mutisme.
Cette rencontre entre une bègue et un illettré est assez singulière.