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Sorties de la Semaine - Page 164

  • Grand écran: "God's Own Country", passion gay dans une ferme du Yorkshire

    Gods-Own-Country-1200x600-c-default.jpgPrix de la mise en scène à Sundance, le premier long métrage du Britannique Francis Lee met en scène Johnny, un jeune fermier gay du Yorkshire, mal dans sa peau, aigri, colérique et introverti. Remplaçant son père malade, il n’a pas de vie sociale et doit consacrer tout son temps à l’exploitation de la ferme familiale, perdue sur une terre aride. Il tente d’oublier ses frustrations dans l’alcool et de brefs accouplements occasionnels avec des inconnus, jusqu’au jour où débarque Gheorghe, un migrant roumain engagé pour l’aider.

    Si ce conte romantico-réaliste évoque la difficulté à s’assumer dans ce milieu de petits paysans anglais dont le réalisateur s’emploie par ailleurs à décrire le quotidien, le vrai sujet réside dans l’empêchement, pour Johnny, de s’attacher à ceux qui l’attirent. C’est ce qui change avec Gheorghe, beau comme un dieu, pour qui il éprouvera des émotions jamais ressenties, après avoir affiché un certain mépris à son égard.

    Une relation intense va alors naître entre eux, contrastant avec les baises brutales dans des lieux sordides. Avec la complicité des deux excellents comédiens Josh O’Connor et Alec Secareanu (photo), Francis Lee raconte ainsi l’apprentissage d’une autre virilité, la découverte des sentiments, de l’amour, de la tendresse, de la douceur. Tout en dépeignant des ébats passionnés sans fard, mais sans complaisance.

    "Tomber amoureux a été la chose la plus difficile"

    Garçon doux à la longue barbe, le cinéaste, 47 ans, habitant une maison isolée dans la lande, sans internet, est né comme son héros dans une ferme qu’il a quittée à vingt ans pour étudier l’art dramatique. Devenu acteur, il sent que ce n’est pas sa voie. Il a envie d’écrire ses propres histoires et de passer derrière la caméra. Il tourne deux courts métrages avant de s’attaquer, il y a six ans, à God’s Own Country (Seule la terre).

    "Il s’agit d’un film très personnel, mais pas autobiographique", nous dit-il lors d’une rencontre à Genève, où il précise ses intentions. "Que Johnny soit gay ou non n’est pas important. Mon but n’était pas de faire un film sur un coming out, mais de m’intéresser aux réactions émotionnelles liées au fait d’aimer et d’être aimé. Tomber amoureux a été pour moi la chose la plus difficile, tant je craignais d’avoir le cœur brisé". 

    "Très différent de Brokeback Mountain"

    Beaucoup comparent God’s Own Country au fameux Brokeback Mountain d’Ang Lee. "Je suis flatté, c’est une oeuvre magnifique. Sauf qu’elle est complètement différente. Ce n’est pas le même monde, ni la même époque. Les deux protagonistes sont obligés de se cacher, contrairement à Johnny dont le principal problème est de s’ouvrir aux autres".

    L'opus, traitant également de migration et de racisme, connaît un gros succès des deux côtés de l’Atlantique. Mais Francis Lee, qui adore sa vie, sa famille, ses amis, n’a pas l’intention de succomber aux sirènes de Hollywood. "Je reçois beaucoup de scénarios, mais je sais que je n’aurai pas le final cut. Et je veux rester maître à bord de mon prochain film. Quitte à prendre le risque qu’il ne soit pas aussi bien reçu que le premier".

    A l'affiche sur les écrans de Suisse romande dès mercredi 24 janvier.

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  • Grand écran: dans "Downsizing", l'homme rapetisse pour sauver la planète

    downsizing.jpgLa surpopulation inspire les cinéastes ces temps. Après Seven Sisters de Tommy Wirkola sorti en août dernier, Alexander Payne a enfin accouché d’un projet vieux de dix ans sur le thème. Pour lutter contre ce fléau menaçant la planète, des scientifiques scandinaves ont trouvé la solution miracle, en mettant au point un processus révolutionnaire, le downsizing, permettant de réduire les humains à une taille d’environ 12 centimètres. 

    Rétrécir n’est pas seulement bénéfique pour notre bonne vieille Terre qui étouffe sous le nombre de ses habitants. Cela leur permet également d’augmenter considérablement leur niveau de vie et leurs revenus, étant donné la petitesse extrême des objets et des choses du quotidien, de la rose à la villa, en passant par le pétard et la bouteille de vodka...  

    L’idée séduit Paul (Matt Damon) et Audrey (Kristen Wiig) Safranek, un couple de quadras du Nebraska connaissant quelques problèmes financiers. Ils décident donc de partir pour Leisureland et de se lancer dans cette expérience irréversible. Sauf qu’au dernier moment, Madame renonce. On suivra donc Monsieur dans sa nouvelle vie, après avoir été ramassé à la pelle à la sortie du four à micro-ondes avec la nouvelle fournée de mini nains.

    Entre science-fiction et satire sociale

    Avec son scénario original, le septième long métrage d’Alexander Payne, oscillant entre science-fiction et satire sociale, s’annonçait des plus prometteurs en proposant une réflexion et un questionnement philosophico-politico-existentiels sur l’environnement, l’écologie, la surconsommation, la préservation et le devenir de l’humanité.

    Contrat rempli dans une première partie très réussie, où on visite un nouveau monde avec des hommes à l’échelle d’un crayon, avant de suivre par le menu les diverses interventions médicales en vue de leur rapetissement volontaire.

    Malheureusement l’auteur dérape, transformant trop rapidement cette fascinante aventure en une banale et bien trop longue comédie romantique. Un sentimentalisme niais qu’il privilégie dès lors à l’ironie et à la causticité de son passoinnant propos initial. Tentant vainement de se racheter à la fin en radotant notamment sur la trace que l’homme laissera dans l’Histoire.

    Dommage quand même de gâcher un aussi bon sujet. D’autant que les comédiens tiennent la route, à l’image de Matt Damon dans le rôle du banlieusard paumé et idéaliste. On adore par ailleurs Christophe Waltz, ici dans la peau de Dusan, un richissime lilliputien débarqué des Balkans, fanfaron, festif, charmeur et consumériste à outrance dans cet univers méga réduit qui lui a permis d’amasser des milliards.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 janvier.

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  • Grand écran: "The Death And Live Of Otto Bloom", une étonnante réflexion sur le temps

    otto-review-shot.jpgSurgi de nulle part, Otto Bloom est un drôle de phénomène, né le jour de sa mort et décédé le jour de sa naissance! Du coup, il ne se souvient que du futur et n’a aucune mémoire du passé. Mais qui est donc cet homme extraordinaire, forcé de vivre à l’envers? Un visionnaire ou un imposteur? Un fou ou un génie  Un charlatan ou un messie?

    Toujours est-il que ce personnage d’exception dont les travaux artistiques révolutionnaires sont exposés au Musée d’art moderne de New York devient une star planétaire, la coqueluche du monde scientifique, une icône de la culture pop.

    A partir de cette trame fantastique, le jeune réalisateur australien Cris Jones propose, dans son premier et malheureusement dernier long-métrage (il est subitement décédé le 12 septembre 2017 alors qu’il travaillait sur le deuxième ), une singulière réflexion sur la relativité du temps qui ne serait qu’une illusion, en confrontant son héros vivant à rebours aux pékins en principe normaux. Ce qui ne simplifie pas les relations…

    Pour cerner Otto Bloom, raconter son histoire, expliquer son parcours, ce jeu compliqué sur le temps prend la forme d’un faux documentaire biographique. Il est structuré autour d’interviews et de témoignages de cinq intervenants qui le connaissaient le mieux et l’ont fréquenté à différentes étapes de son existence. Dont celui, central, de la neurologiste Ada Fitzgerald, qui a examiné en premier Otto Bloom et qui est devenue son grand amour

    Ces différentes séquences sont illustrées par une série d’images d’archives, de gros titres et d’articles tirés de quotidiens du monde entier, se posant tous la question (mais tentant vainement d’y répondre) de la vraie personnalité de ce fascinant individu qui se rappelle demain et attend de découvrir hier.

    Du faux plus vrai que nature

    Témoignages, archives et coupures de presse sont évidemment aussi faux les uns que les autres, mais tout est tellement bien fait qu’ils paraissent plus vrais que nature pour le spectateur, à la fois complètement bluffé et désorienté par l’étonnante maîtrise du réalisateur, la minutie de sa mise en scène et la qualité de sa documentation bidon.

    Les comédiens sont aussi convaincants, à commencer par Xavier Samuel dans la peau d’Otto Bloom. Ada, quinquagénaire, nous émeut avec les souvenirs des moments heureux en compagnie de celui qui les oubliait à peine les avait-il vécus. C'et Rachel Ward qui interprète le personnage, tandis que sa propre fille Mathilda Brown l'incarne dans les images d'archives.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 janvier.

     

     

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