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Sorties de la Semaine - Page 163

  • Grand écran: "Wonder Wheel", plongée nostalgique de Woody Allen dans les années 50

    kate-winslet-in-wonder-wheel-di-woody-allen-prima-foto-news.jpgAlors que Woody Allen est en pleine tourmente avec les accusations réitérées d’abus sexuel de Dylan Farrow, sa fille adoptive (le cinéaste n’a cessé de démentir), sort Wonder Wheel, son 47e long-métrage. Une comédie pimentée de noir qui nous ramène à la célèbre plage new-yorkaise de Coney Island, où se déroulait la scène d’ouverture d’Annie Hall il y a 40 ans.

    Pour cette nouvelle plongée nostalgique dans les années 50 en hommage à Big Apple, l’auteur met en scène quatre personnages fuyant la réalité dans l’agitation et le bruit du parc d’attraction. Ginny, la quarantaine n'a pas renoncé à ses rêves d’actrice. Mais pour l'heure elle est serveuse dans un "diner" et vit avec Humpty, un opérateur de manège peu gâté par la nature qu’elle n’aime pas.

    Elle entame une liaison avec Mickey, un jeune et séduisant maître-nageur, poète et aspirant à devenir dramaturge. Débarque alors Carolina, la charmante fille de Humpty, qui ne voulait plus entendre parler de son père, mais qui se réfugie soudain chez lui pour fuir des gangsters lancés à ses trousses. La fin de l'illusion pour Ginny... 

    "Une métaphore de la vie"

    Avec sa mise en scène théâtrale, même très assumée, Wonder Wheel n’est pas le meilleur film de Woody Allen. Il a tendance à ronronner et, à l’image du titre de son film (en français La grande roue), tourne un peu en rond. Même si pour lui, ce mouvement reflète plutôt l’enfermement de ses personnages dans une sorte de boucle comportementale qui se répète indéfiniment. "C’est une métaphore de la vie. Passion, jalousie, haine, solitude, frustration, trahison, rien n’a changé depuis 5000 ans et ce sera pareil dans 5000 ans…", dit-il en substance au gré de ses interviews. 

    A son habitude donc, il mêle tous ces sentiments dans une relation à trois compliquée, source de tension et de conflits. Pourtant, en dépit de son manque de renouvellement, on suit avec plaisir les péripéties fofolles très alléniennes de ses héros dans une intrigue qui ne l’est pas moins. Et surtout, on est séduit par la reconstitution par infographie du lieu, l’image aux couleurs éclatantes, intenses, changeantes, absolument magnifiques. On les doit au chef opérateur Vittotio Storao, qui collabore pour la deuxième fois avec le maestro après Café Society.

    Bouleversante Kate Winslet

    Autre motif d’aimer le film, son interprétation. A commencer par Kate Winslet pour laquelle Woody Allen a écrit le rôle et qu'il dirige pour la première fois. Elle est parfaite en quadra émouvante, jalouse, complexe, perturbée, vulnérable, angoissée, en pleine confusion. Pathétique et frustrée aussi, à l’image de Jim Belushi, ancré dans son quotidien sordide. De son côté l'inattendu Justin Timberlake, looké star de l’époque, se révèle très crédible en maître-nageur tombeur des filles sur la plage. Tout comme la ravissante et sexy Juno Temple, qui fait merveille en jolie fille du coin issue d’un milieu modeste.

    Un mot encore sur A Rainy Day In New York, le successeur de Wonder Wheel achevé il y a quelques mois. En raison du scandale dans lequel Woody Allen est englué, Amazon, qui le produit, pourrait annuler sa sortie en salles aux Etats-Unis, ou la minimiser en se contentant de le rendre visible uniquement en VOD. Par ailleurs le réalisateur a été lâché par ses acteurs. Rebecca Hall et Timothée Chalamet regrettent même d’avoir travaillé avec lui au point de reverser leur cachet au mouvement Time Up.

    Wonder Wheel à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 31 janvier.

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  • Grand écran: "Sparring" avec Mathieu Kassovitz dans la peau d'un tâcheron du ring

    maxresdefault.jpgLa boxe n’a cessé d’inspirer les cinéastes et on serait tenté de dire que n’est pas Martin Scorsese (Raging Bull) ou Clint Eastwood (Million Dollar Baby) qui veut. Mais en réalité là n’est pas le sujet. L’intention du comédien français Samuel Jouy n’est à l'évidence  pas de se mesurer aux tout grands pour son premier passage derrière la caméra. Loin de la saga prestigieuse, il joue sa propre partition avec modestie.

    Il ne réinvente donc pas le genre dans Sparring, où il raconte l’histoire de Steve Landry (Mathieu Kassovitz). A 45 ans, il a perdu plus de combats qu’il n’en a gagnés, Avant de raccrocher définitivement les gants, il se voit offrir une dernière occasion de briller auprès de sa femme et de ses enfants, plus particulièrement de sa fille Aurore qui lui voue une admiration sans borne.

    Elle représente également tout pour lui et, comme elle a l’air de se débrouiller au piano, sa passion, il veut lui en acheter un. C’est cher, mais quand on aime on ne compte pas. Pour le payer, il accepte de devenir le sparring partner de la vedette Tarek M’Bareck (interprété par l’ancien champion du monde des super-légers Souleymane M’Baye). Autrement dit, Steve, tâcheron du ring, boxeur de l’ombre comme il y en a tant, est engagé pour se faire copieusement casser la gueule.

    Pourtant s’il déguste, il est dur au mal en dépit des marques laissées par ce sport violent dit noble art, comme en témoignent son visage amoché et son corps fatigué. Sans oublier les humiliations publiques, les souffrances autant psychologiques que physiques inhérentes à sa fonction de sac à frappes humain, souvent plus dangereuse qu’un vrai combat. Mais pour lui, l’essentiel est de tenir pour apporter ce qu’il peut de mieux aux siens.

    Dès lors, plus que le portrait d’un sans-grade martyrisé et condamné à perdre dont il nous montre certes le quotidien, les entraînements, la solitude, les coulisses de son univers particulier, Samuel Jouy dresse celui d’un homme aimant, tendre, blagueur. Parallèlement à la redoutable brutalité des pugilats, il évoque des instants intimistes, la relation privilégiée père-fille, des scènes familiales joyeuses entre repas à la cuisine et courses au supermarché, où Steve triche avec la balance en pesant les fruits et légumes.

    En forme pour ses cinquante ans, Mathieu Kassovitz qui s’est longuement entraîné et a pris de vrais coups, se révèle convaincant dans le costume de ce boxeur humble, tendu, plus ou moins dans les cordes, mais tenace, encore coriace. Un personnage aussi fier que cabossé auquel le comédien au regard triste donne une certaine grandeur. A ses côtés on découvre la touchante Billie Blain dans le rôle de sa fille et la chanteuse Olivia Merilahti du groupe The Do dans celui de sa femme. Toutes deux font leurs premiers pas sur grand écran.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 31 janvier.

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  • Grand écran:"The Post", plaidoyer captivant pour la liberté de la presse. Avec Meryl Streep et Tom Hanks

    pentagon-papers-photo-steven-spielberg-1005784.jpgLes films sur le combat des journalistes américains pour la liberté de la presse sont passionnants, sinon fascinants. A l’image évidemment de Les hommes du président, référence en la matière, mais également, beaucoup plus récemment de Spotlight, de Tom McCarty qui a révélé un scandale sans précédent au sein de l’Eglise Catholique.

    The Post (en français Pentagon Papers) 31e métrage de Steven Spielberg sur un scénario de Liz Hannah et de Josh Singer, se révèle lui aussi captivant en dénonçant la culture du mensonge à la Maison Blanche. Un plaidoyer politique et féministe sur un idéal de transparence plus que bienvenu à la redoutable ère Trump, à l’heure des médias écrits en crise, de la désinformation et des fake news.

    Ce long métrage historique, qui réunit pour la première fois à l’écran Tom Hanks et Meryl Streep revient sur la publication des Pentagon Papers, rapport de quelque 7000 pages sur l’implication des Etats-Unis au Vietnam de 1945 à 1971, contrastant outrageusement avec la version officielle.

    Daniel Ellsberg (Matthew Rhys), employé par une firme de recherche, la Rand Corporation, a participé à cette vaste étude gouvernementale et ne supporte plus d’entendre Robert McNamara, secrétaire à la Défense de Kennedy et Johnson, mentir aux media en assurant que la guerre peut être gagnée.

    Lanceur d’alerte de l’époque, Ellsberg photocopie l’étude et en donne des extraits au journaliste Neil Sheehan du New York Times, qui publie l’histoire en Une. Le gouvernement Nixon entre en scène et un juge fédéral interdit au Times de poursuivre sur sa lancée. Le Washington Post, quotidien local qui rêve de devenir national, prend alors le relais à ses risques et périls.

    Toute l’histoire est racontée du point de vue de Katharine Graham (Meryl Streep) qui s’est retrouvée à la tête du Post après le suicide de son mari, et de celui de son rédacteur en chef Ben Bradlee (Tom Hanks). Ce dernier ne cesse de pousser Katharine à publier de nouveaux éléments des fameux Papers, au mépris de leur carrière et de leur liberté. Bien qu’amie avec McNamara, elle finira par décider de dévoiler ce monumental scandale d’Etat concernant les manœuvres de quatre présidents pour cacher la vérité au public.

    Meryl Streep e Bruce Greenwood The Post.jpgParallèlement à ce grand film militant pour le journalisme d’investigation et l’importance cruciale de son indépendance qui emprunte les codes du thriller, Spielberg évoque la place des femmes dans la société. En brossant le portrait de l’une d’elles dont il fait l’éloge. Victime du machisme ambiant et surtout pour être devenue la première directrice d’un grand journal, une entreprise familiale, par défaut, Katharine Graham va pourtant affirmer son pouvoir.

    Aux côtés de Tom Hanks un rien excessif dans le rôle du rédacteur en chef passionné, exigeant sinon insupportable avec ses subordonnés, intraitable avec le pouvoir et les financiers, Meryl Streep exagère également un poil dans l’extrême douceur pour arriver à ses fins. Boss atypique, montrant une courtoisie mêlée de fermeté, d’hésitations, de doutes inhérents à sa condition de femme lâchée dans un monde d’hommes, elle fera preuve d’une soudaine intrépidité pour affronter et dénoncer l’establishment dont elle fait partie.

    Impeccables en revanche la facture classique et la reconstitution des années 70, dont notamment des immersions dans la réalité d’une immense salle de rédaction d'alors où on chasse le scoop, on court contre la montre, sans oublier les machines à écrire crépitantes, les téléphones à cadran rotatif, les linotypes crachant du plomb, les typographes assemblant les lettres ou encore les grosses presses à imprimer le journal durant la nuit et sa sortie au petit matin. A ne pas manquer pour les amateurs du genre… et tous les autres.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 janvier.

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