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Sorties de la Semaine - Page 159

  • Grand écran: "A Beautiful Day", descente aux enfer de Joaquin Phoenix

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaalynne.jpgL’originale, brillante, audacieuse Lynne Ramsay a convoqué le talentueux, imprévisible, impétueux, vénéneux Joaquin Phoenix pour une descente aux enfers dans A Beautiful Day (You Were Never Really Here). Il incarne Joe, un ancien militaire et agent du FBI au mental fracassé par des traumas remontant à son enfance auprès d’un père brutal, et à son passé de soldat qui lui a laissé de sérieuses séquelles.

    Habitant toujours chez une mère possessive, Joe est une vraie bombe à retardement victime de pulsions suicidaires, qui tente d’échapper aux démons qui le dévorent en se fourrant la tête dans un sac en plastique. Reconverti dans de basses besognes, il est chargé de rechercher et sauver la fille d’un sénateur piégée dans un réseau de prostitution.

    Un sujet bien malsain dans la lignée de We Need To Talk About Kevin sorti en 2011, qui disséquait la relation intime et haineuse entre une mère dévastée et son fils qui a commis l’impensable. Ici, la réalisatrice écossaise propose une longue traversée effrayante au bout de la nuit dans un New York glauque et interlope. Un voyage dont la violence augmente au fur et à mesure que son héros s’enfonce dans l’horreur.

    Face au déferlement de vengeance et de corruption, Joe joue du marteau, son arme de prédilection, partie intégrante de son personnage, ou encore du flingue pour éliminer un à un les individus qui gravitent autour de la gamine. Ce récit terriblement anxiogène, sous haute tension permanente, librement adapté d’un roman de Jonathan Ames, frise la caricature, la complaisance, parfois même le ridicule, Il navigue entre le thriller sanglant et l’étude clinique d’un cerveau malade, peuplé de visions cauchemardesques dévoilées à coups de flashbacks. 

    Une œuvre indéniablement maîtrisée. Pourtant, en dépit de sa virtuosité et de son esthétique, on regrette la surenchère, la débauche d’hémoglobine, dans cet opus féministe se situant quelque part entre Taxi Driver de Scorsese et Drive de Nicolas Winding Refn.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaphoenix.jpgPrix d'interprétation à Cannes en mai dernier

    En revanche, on retient la spectaculaire interprétation de Joaquin Phoenix, qui a opéré une bluffante transformation physique.Il est absolument méconnaissable, le corps massif, alourdi, marqué d’impressionnantes cicatrices, la barbe broussailleuse. Sans oublier le catogan, la casquette et la capuche.

    Se mouvant lentement tel un mort vivant dans une ambiance spectrale, farouchement taiseux, ce vétéran torturé et névrosé apparaît halluciné, glaçant dans sa sauvagerie, mais curieusement attachant et émouvant. Sa prestation lui a valu le prix du meilleur acteur au dernier Festival de Cannes, alors que Lynne Ramsay décrochait le prix du scénario. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 novembre.

     

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  • Grand écran: "Téhéran Tabou"dénonce les interdits dans une société schizophrène

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaataboo.jpgAvec ce film ouvertement militant comme l’indique son titre, Téheran Tabou, Ali Soozandeh, Iranien réfugié en Allemagne, nous immerge au sein d’une société schizophrène, dans laquelle le sexe la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux, juridiques, traditionnels. Il met en scène, dans la capitale de son pays natal, trois femmes, une prostituée une fiancée, une jeune épouse, ainsi qu’un musicien. Tous les quatre tentent de s'affranchir en brisant les tabous minant le quotidien des hommes, et plus encore des femmes.

    Une oeuvre audacieuse tournée en rotoscopie, procédé datant du début du siècle. De nombreux films y ont eu recours, l’un des chefs d’oeuvre du genre étant sans doute le documentaire de l’Israélien Ari Folman Valse avec Bachir (2008). La technique consiste à filmer des comédiens en prises de vue réelles sur fond vert et les retravailler image par image en animation, reproduisant ainsi avec réalisme la dynamique de mouvement des sujets.

    Ali Soozandeh s’y est essayé avec succès dans cet opus à la fois poétique, politique et intime qui, s’il met en scène des personnages aux traits et aux gestes réalistes, permet une distance bienvenue, un décalage avec le réel. Il n’en a pas moins une portée documentaire et une valeur de témoignage avec sa peinture sociale, dérangeante, provocante, choquante. Sinon obscène avec la tendance un rien outrancière du réalisateur à multiplier les scènes de sexe et de drogue.

    Mais le plus important dans ce film choral démonstratif où la noirceur du propos tranche avec un univers bariolé, reste son combat pour l'émancipation, son plaisir gourmand de la dénonciation insolente d’une théocratie hypocrite adepte du «faites ce que je dis, pas ce que je fais». Une maxime illustrée par des représentants corrompus et débauchés de l’élite, peu enclins à s’appliquer la rigueur impitoyable d’une morale qu’ils exigent pour autrui.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 novembre.

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  • Grand écran: "Jalouse", une comédie qui sombre dans la caricature. Avec Karin Viard

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaKarine.jpgNathalie Pêcheux (Karin Viard), professeure de lettres divorcée, est rongée par une jalousie maladive. A l’égard de sa ravissante et parfaite fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique (Dara Tombroff ancienne pensionnaire de l’Opéra de Bordeaux dont c’est le premier rôle au cinéma), mais également envers son proche entourage, ses amis, ses collègues.

    Tordue et dépressive, Nathalie la vilaine Jalouse ressent comme une agression le bonheur et la réussite des autres. Un mal-être confinant à la névrose et renforcé par la crise de la cinquantaine. Avide de coups bas, de mesquineries, de remarques acerbes, elle multiplie les méchancetés, faisant par exemple remarquer à sa meilleure amie à quel point elle a de la chance d’avoir une fille moche, ou se confrontant avec aigreur à une consoeur plus jeune, dont elle sabote toutes les propositions. 

    Le portrait de cette despote autodestructrice au bord de la crise de nefs dotée d’une redoutable mauvaise foi, est signé de David et Stéphane Foenkinos et aurait pu donner une excellente comédie. Dommage que le trait soit si outrancier, les auteurs se complaisant dans la caricature et le cliché. A commencer par celui du mari qui quitte sa femme pour une plus jeune un peu bécasse mais tellement plus gentille, aimante et compréhensive...

    Alors qu’elle qui se veut grinçante, drôle et corrosive, mordante, mâtinée de thriller psychologique, cette comédie peu inspirée et manquant d’un minimum de subtilité n’est hélas pas à la hauteur de ses ambitions. A l’instar de ses dialogues insipides et de ses interprètes pas au mieux de leur forme dont Karin Viard, en général gage de qualité d’un film. Bien que qualifiée de "magistrale" par une partie de la  critique française, elle se révèle décevante.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 novembre.

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