Grand écran: "L'intrusa" évoque la résistance dans une société gangrénée par la Mafia (01/02/2018)
Travailleuse sociale combative de 60 ans, Giovanna fait face à une criminalité omniprésente. Elle gère un centre dans un quartier populaire de Naples qui s’occupe, en dehors des heures de classe, de gosses défavorisés et d’orphelins victimes de la pègre, offrant ainsi une alternative à la domination mafieuse de la ville.
Un jour Maria, l’épouse en cavale d’un tueur qui vient de commettre un meurtre en se trompant de cible, se réfugie dans ce centre avec ses deux enfants. Bien qu'elle lui ait menti, Giovanna lui permet de rester dans un petit appartement d’accueil, mais se retrouve du coup confrontée à un dilemme car elle met en péril la cohésion de la petite communauté.
Comme la jeune femme a fait partie de l’organisation criminelle qui a détruit leurs foyers, elle est en effet rejetée, jugée et condamnée par les parents qui craignent pour leur progéniture. Ils ne veulent pas d’elle, de l’autre, étrangère suspecte.
Ils font d'elle une paria et lui dénient le droit d’être là, redoutant qu’elle n’amène la mort dans ce havre de paix où ils se sentaient jusque là à l’abri. D’où un sentiment de danger désormais permanent, Même si la Camorra est hors champ, il ne s’agit pas d’un film sur elle, mais sur des gens qui vivent à côté d’elle, elle reste présente. Y compris dans des scènes où il ne se passe rien. Par exemple celles où Giovanna rentre seule le soir chez elle. .
Poussée par sa générosité, sa tolérance, sa foi en de meilleurs rapports humains, Giovanna se retrouve dans une position de plus en plus difficile, la peur des familles le disputant à sa volonté farouche de protéger la jeune femme.
Formidables conédiens
Le réalisateur Leonardo Di Costanzo pose un regard sensible, intelligent et grave sur la complexité de cette société gangrenée par la Mafia, sur ces banlieues où s’entassent les laissés pour compte, sur les limites du désir utopique de Giovanna de tenter la conciliation.
Le réussite de L’intrusa tient aussi à ses comédiens en majorité non professionnels. Les enfants sont formidables, à l’image de Valentina Vannino dans le rôle de Maria. Et surtout de Giovanna, interprétée par la danseuse et chorégraphe Raffaella Giordano (photo). Elégante, le regard intense, elle porte le film de bout en bout, incarnant magnifiquement un idéal de résistance dans un monde impitoyable.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis le 31 janvier.
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