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Sorties de la Semaine - Page 171

  • Grand écran: "La belle et la meute", un thriller politique et féministe prenant

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabelle et.jpgUne  fête étudiante est organisée dans un hôtel tunisien du bord de mer. La jolie Mariam au visage rond enfantin, qui vient de troquer sa sage tenue noire pour une robe moulante et décolletée que lui a apportée une amie, s’amuse sur la piste de danse et croise le regard de Youssef. Ils se plaisent, bavardent un moment puis sortent faire une promenade sur la plage.

    Changement radical d’ambiance dans le plan suivant, montrant la jeune femme en état de choc, courant dans la rue, hagarde, en larmes. Sa robe est froissée, ses cheveux défaits, son maquillage coule. Elle a été violée par des policiers. Elle veut porter plainte, mais va vivre une longue nuit cauchemardesque pour tenter de le prouver.

    Journaliste militant, Youssef tente de l’aider et l’emmène à l’hôpital, mais une réceptionniste méprisante la juge trop sexy et refuse de lui donner le certificat nécessaire. Puis elle se heurte aux dénégations, intimidations, menaces au sein du commissariat de ses agresseurs, où elle se bat farouchement pour le respect de ses droits et de sa dignité. Car ils ne se gênent pas pour la déclarer coupable. Une coupable qui ose réclamer justice alors que la police ajoute au déni de viol, l’outrage aux mœurs.

    Adaptation d'une histoire vraie

    Luttant contre un système perverti dont elle démonte les rouages, la réalisatrice Kaouther Ben Hania, caméra au poing, signe avec La belle et la meute un singulier thriller politique féministe, en adaptant une histoire vraie qui s’était déroulée post Printemps arabe, en 2012. Et avait fait l’objet d’un livre Coupable d’avoir été violée. Une scène traumatisante laissée hors-champ mais que l'auteure nous fait ressentir plus brutalement en montrant l’angoisse, l’impuissance, la détresse d’une Mariam confrontée aux chiens enragés.

    Le danger est croissant dans ce métrage sous tension permanente. Il est filmé en neuf plans séquences constituant une sorte de chemin de croix pour l’héroïne, contrainte de se défendre désormais seule (on l’a cruellement séparée de Youssef), et sur qui le piège se referme à chaque étape. Jusqu’au bout ou presque…

    Au-delà d’un instantané critique de la société tunisienne, Kaouther Ben Hania brosse un magnifique portrait de femme dans ce drame (douloureux écho à une actualité brûlante) porté par la formidable et bouleversante Mariam El Ferjani. Elle incarne si bien son personnage qu’on pourrait imaginer la voir vivre sa propre histoire.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 octobre.

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  • Grand écran: "The Square", Palme d'or à Cannes, une satire sociale plutôt pesante

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaasquare.jpgCharismatique directeur d’un musée d’art contemporain, écologiste roulant en voiture électrique et soutenant de grandes causes humanitaires, Christian (Claes Bang) est aussi un père divorcé qui aime s’occuper de ses deux filles.

    Pour l’heure, il prépare sa prochaine exposition expérimentale intitulée The Square, une installation de quatre mètres sur quatre sur une place de Stockholm encadrant un espace protégé, vision mentale d’un lieu incitant les visiteurs à l’altruisme, à l’égalité, à la bienveillance, à la solidarité, bref leur rappelant leurs devoirs envers leurs prochains.

    Jusqu’au jour où Christian se fait voler son portefeuille et son téléphone portable par des pickpockets particulièrement habiles. Un acte qui remet ses valeurs en cause et inspire une réaction peu honorable à l’idéaliste au fond très égoïste, découvrant à ses dépens que la vie est une jungle et qu’on ne peut plus se fier à personne.

    Une jungle qu’illustrent deux jeunes communicants travaillant pour le musée et trouvant le concept d’une rare niaiserie. Ils réalisent alors, pour faire le buzz, un clip inhumain sur l’inhumanité du monde à laquelle l’exposition du conservateur naïf, du coup complètement dépassé, voudrait laisser croire qu’on peut échapper.

    The Square, satire sociale se voulant à portée philosophique, sombre, cynique, dérangeante, parfois drôle, plutôt lourdingue, est signée du Suédois Ruben Östlund, qui avait beaucoup séduit avec Snow Therapy. On en soulignera certes la belle écriture, la bonne interprétation, la mise en scène virtuose. Sans oublier l’ironie grinçante à l'égard du monde de l'art (le ton est donné d’entrée lors d’une interview burlesque du conservateur par une journaliste américaine), des élites culturelles, de la bonne conscience bobo, du politiquement correct et des nantis.

    Cette ironie culmine dans une scène hallucinante lors d’un dîner de gala avec un être monstrueux effrayant le bourgeois. Une performance d'acteur dans la peau d’un homme-chimpanzé qui devient violent et rappelle Les Idiots de Lars Von Trier.

    Un fidèle de la Croisette

    Dommage pourtant que le réalisateur manque de constance. Après une première partie prometteuse aux allures de farce tragi-comique, The Square, trop démonstratif et répétitif, s’enlise et se délite dans un discours pesant sur la perte de confiance de la société occidentale, au cours d'une intrigue qui traîne en longueur. Voilà qui n’a pas empêché le jury cannois de jouer la surprise en décernant la Palme d’or en mai dernier à ce fidèle de la Croisette, passé par la Quinzaine des réalisateurs et Un certain regard.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 octobre.

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  • Grand écran: "La passion Van Gogh" donne vie à l'oeuvre du maître. Une prouesse

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaavvang.jpgLe peintre, son œuvre et sa vie n’ont cessé d’inspirer les cinéastes, de Minnelli à Altman en passant par Pialat et on en oublie. Ils sont aujourd’hui l’objet du premier film d’animation peint à la main, La passion Van Gogh, réalisé par la Polonaise Dorota Kobiela et le Britannique Hugh Welchman. Un couple fasciné par cet homme qui n’a commencé à peindre qu’à 28 ans et qui, mort à 37 ans, a signé quelque 800 toiles et révolutionné l’histoire de l’art en seulement neuf ans.

    Tout est parti de l'idée d'un court de sept minutes de Dorota Kobiela il y a sept ans, où elle voulait mêler ses deux passions de peintre et de cinéaste. Un rêve qui a débouché sur un long-métrage à la suite de sa rencontre avec le producteur Hugh Welchman, devenu son mari. Leur pari osé mais formidablement réussi: donner vie aux tableaux et à leurs personnages.

    C’est ainsi que 120 toiles du maître se mettent en mouvement sur grand écran pour retracer ses dix dernières semaines, dans ce film entièrement animé à la manière du grand Vincent. Plus précisément chacun des 62.450 plans a d’abord été tourné avec de vrais acteurs puis repeint à l'huile et à la main. C’est impressionnant. Un travail de titan pour un choc esthétique, une prouesse technique aussi inédite qu’extraordinaire. Alors que cinq cents artistes venus de vingt pays ont été auditionnés, une centaine d’entre eux ont été retenus pour participer à ce projet fou, exaltant.

    Entre fiction et faits historiques, le film, dont l’intrigue repose sur plus de 800 lettres de Van Gogh à ses amis, à sa famille et surtout à son frère Theo, fonctionne donc comme un immense tableau mais est également une enquête. Il commence un an après la  mort de Vincent, le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise où il s'est tranché l'oreille pour mettre ensuite fin à son existence selon la version officielle. 

    Enquête sur une fin énigmatique

    L’histoire vire au polar avec l’arrivée d’Armand Roulin, le fils de Joseph, facteur d’Arles et meilleur ami du peintre, Il veut savoir si celui-ci s’est réellement suicidé où s’il a été assassiné, une nouvelle thèse américaine faisant état de cette possibilité. Au cours de ses investigations, il va rencontrer les témoins des derniers jours de Vincent, dont le docteur Gachet et sa fille, le père Tanguy, l’aubergiste Ravoux….

    De passage à Genève, Hugh Welchman nous parle de cette double volonté de voyager dans  l‘œuvre de Van Gogh en la faisant bouger. Tout en se demandant ce qui avait pu se passer par le biais de l’enquête du jeune détective influencé par les rumeurs au village. «Le film est nourri par ses interrogations et ses doutes sur le côté énigmatique de son décès».

    L’auteur souligne également l’intérêt porté à l’homme, dont l'opus brosse le portrait. «C’était un taiseux, qui acceptait d’être tourmenté, d'avoir des problèmes. Il communiquait magnifiquement à travers ses tableaux et ses lettres mais, peu sociable, éprouvait de la difficulté dans ses relations avec ses semblables. Pourtant il aimait les gens. Il avait voulu devenir prêtre».

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 11 octobre.

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