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Grand écran: "Jeune femme" raconte les galères d'une trentenaire excessive, larguée par son mari

jeune-femme.jpgLéonor Serraille, 31 ans, dont le premier long métrage Jeune femme a gagné la Caméra d’0r en mai à Cannes, brosse le portrait complexe de Paula, une fille de son âge au caractère impossible et au tempérament excessif. Elle est interprétée avec talent par une volcanique Laetitia Dosch, de tous les plans.

Le mari de Paula vient de la plaquer alors qu’ils rentraient du Mexique pour venir vivre à Paris. Elle était tout pour cet artiste devenu célèbre en la photographiant, et soudain elle n’est plus rien. De surcroît il a tout, vit dans un grand appartement parce que sa famille est riche, tandis qu’elle se retrouve à la rue, sans rien, à part son gros chat angora, confesse-t-elle, furibarde.

Nonobstant son immense colère et son intense frustration, Paula est bien décidée à remonter la pente en poursuivant celui qui l’a abandonnée. Elle est prête à tout pour le récupérer, quitte à se battre farouchement contre la cruauté d'un monde qui la rejette. Et sans s'apitoyer sur son sort.

On suit donc cette fille singulière, farfelue, fêlée, excentrique, hors normes, différente, insaisissable, exaspérante, parfois attendrissante, dans sa descente assumée de l’échelle sociale, passant d'un d’hôtel miteux à une misérable chambre de bonne. Au cours de ses migrations urbaines, du métro au centre commercial, elle rencontre une lesbienne qui la prend pour une autre, une mère célibataire et sa fillette, un vigile diplômé en sciences économiques.

Un regard dur de la réalisatrice sur l'errance de son héroïne 

Autant de personnages secondaires permettant à l’auteure dans cette comédie à la fois désenchantée et baroque, d’évoquer le rapport au travail, à l’argent, tout en posant un regard dur sur l’errance de son héroïne en crise et à la dérive dans un Paris hostille, où elle n’a pas d’amis, ne connaît personne. Même sa mère ne veut pas la voir.

Elle la laisse tomber, la place face à la solitude, à la faim, mais l’autorise à rebondir. Car même SDF en puissance, Paula n’est pas du genre à sombrer dans la misère. Elle déniche d’ailleurs un job dans un bar à culottes de la Tour Montparnasse, tout en faisant du baby-sitting.

Largement plébiscité par la majorité de la presse française, encensant par ailleurs sans réserve Laetitia Dorsch en gros qualifiée d'exceptionnellement génialissime, Jeune femme est certes un film curieux, iconoclaste, plutôt original et humoristique, mais qui finit par lasser à force d’exagérer le côté épuisant, hystérique, voire cliché de sa principale protagoniste.

C'est aussi un film de femme. Autour de Léonor Serraille, enceinte à l’époque du tournage, il n’y avait qu’elles, de l’ingénieure du son à la chef opératrice en passant par la productrice et la monteuse.

A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 décembre.

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