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La griffe du léopard - Page 27

  • Robin Williams, la mort tragique d'un grand comique en proie ses démons

    images[7].jpgRobin Williams est mort lundi 11 août à son domicile de Tiburon en Californie, après une longue bataille contre la dépression, l’alcoolisme et la drogue. Il avait 63 ans. La police suspecte un suicide, mais une enquête plus approfondie doit être menée pour aboutir à une conclusion définitive.

    Le monde du cinéma est sous le choc et les hommages pleuvent de partout, de Washington à Locarno, depuis l’annonce de sa tragique disparition.

    Venu du stand up tout en étudiant le théâtre à la Julliard School, le comédien, trois fois marié et père de trois enfants et dont les films appartiennent à la mémoire collective, s’était fait remarquer sur le petit écran dans les années 70, avant d’apparaître sur le grand en 1980.

    Animateur survolté et subversif 

    Sa carrière internationale débute derrière un micro, où il interprète l’animateur radio survolté et subversif de Good Morning Vietnam en 1987. Deux ans plus tard il conquiert la planète en incarnant le professeur de littérature rebelle (photo-ci-dessous) dans le Cercle des poètes disparus de Peter Weir.

    imagesCAFCETOM.jpgPeter Pan chez Steven Spielbeg  dans Hook en 1991, puis marchand de jouets dans Toys, il fait à nouveau craquer le monde entier en se cachant sous les traits de Mrs Doubtfire de Chris Columbus en 1993. Dans la foulée, il rafle un Golben Globe. 

    Parmi ses films les plus célèbres de cet acteur polyvalent et surprenant, oscillant entre le rire et les lames, la tendresse et la noirceur, on citera encore Jumanji, Fisher King et surtout son rôle de psychologue (photo ci-dessous) dans Will Hunting.

    Ce long métrage écrit par Matt Damon et Ben Affleck lui a valu le seul Oscar de sa prolifique carrière, en 1998. On n’oubliera pas non plus le psychopathe d’Insomnia en 2002 ou de Photo Obsession, en compétition à Locarno la même année.

    images[8].jpgRéactions de la Maison Blanche au Festival de Locarno

    Barack Obama, le Tout Hollywood de Steven Spielberg à Morgan Freeman, les réseaux sociaux se sont vivement émus de son décès.

    Le président américain résume bien le sentiment de chacun. "Il était un animateur radio un docteur, un aviateur, un génie, une nounou,  un professeur… Mais il était unique. Il est arrivé dans nos vies comme un étranger et a fini et avait fini par toucher chaque parcelle de l’âme humaine".

    A Locarno, le directeur artistique Carlo Chatrian tient à s’associer aux hommages. "Tout homme de cinéma ne peut qu’éprouver de la tristesse face à la mort d’un acteur d’une telle envergure. La plupart de ses films sont dans la mémoire collective. Je ne l’ai pas rencontré, il n’est jamais venu à Locarno, mais j’ai été marqué par ses films, plus particulièrement par Le cercle des poètes disparus que j’ai découvert alors que j’étais au lycée. J’ai aimé son personnage, cette mélancolie qu’il avait en lui ».

    Tandis que Connie Nielsen, membre du jury et partenaire de Robin Williams dans Photo Obsession était trop secouée en début de matinée pour réagir, le comédien Jonathan Pryce, tête d’affiche dans Listen up Phiilip d’Alex Ross Perry, en liche pour le Léopard d’Or a manifesté son émotion. Il avait rencontré Robin Williams sur le tournage de Les aventures du baron de Münchhausen de Terry Gilliam (1988). "Il était très amusant on a dîné, bavardé ensemble. J’ai beaucoup de respect pour lui et je suis très triste qu’il nous ait quitté".


     

     


     

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  • Festival de Locarno: lauréate d'un Léopard d'honneur, Agnès Varda se raconte

    images[3].jpg"Tout cinéaste rêve d’être invité sur la Piazza Grande", déclarait dimanche soir la réalisatrice franco-belge Agnès Varda, deuxième femme après la Russe Kira Mouratova en 1994 à recevoir un Léopard d’honneur pour l'ensemble de son œuvre. Ajoutant qu’à 86 ans, elle avait réalisé son rêve. 

    Le lendemain l’infatigable créatrice, surnommée la grand-mère de la Nouvelle Vague alors qu’elle n’avait que 27 ans lorsqu’elle a réalisé son premier film La pointe courte, monté par Alain Resnais, s’est entretenue au Spazio Cinema avec le public qui l’a chaleureusement accueillie. 

    Une conversation où elle raconte son parcours, ses débuts de photographe, ses films. A leur évocation Agnès (née Arlette) demande aux auditeurs s’ils les ont vus. Et se réjouit de constater que c’est presque toujours le cas. Elle s’est notamment attardée sur le documentaire qui a beaucoup compté et dont 17 ont marqué sa carrière. Par exemple Les Glaneurs et la Glaneuse, sorti en 2000.

    Partout en France, elle rencontre des ratisseurs de champs et des grappilleurs dans les arbres après la récolte, des ramasseurs de fruits et légumes jetés par les entreprises, des récupérateurs de nourriture et d’objets divers dans les poubelles, les rues. Par nécessité ou par choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Deux ans plus tard, elle a retrouvé quelques-uns de ses protagonistes. "Ils étaient contents de me voir".

    "Le documentaire est une école de vie"

    «J’ai tellement appris en faisant ce film. Il m’a aidée à me situer en tant que documentariste. C’est une école de vie. Il y a la dimension du temps qui passe sur les gens, qui sont aussi pleins de surprises. Dans un court-métrage, j’avais essayé de montrer comment certains avaient caché des juifs au risque de leur vie dans la Drôme. Ils étaient formidables. C’est très intéressant de filmer de vraies personnes. Bien sûr j'aime la fiction et les acteurs qui m’impressionnent. Mais c’est différent".

    A côté de la réalisation, Agnès Varda s’occupe de restauration d’œuvres. Des siennes et de celles de Jacques Demy, son mari rencontré en 1958 et mort en 1990. Apprend-elle de nouvelles choses en les revoyant? "Non sauf quand les critiques en parlent et se livrent à des analyses. Je découvre des raisons de faire qui m’avaient échappé. Il y a en nous des choses qu’on ne sait pas, qui se mettent en place à ces occasions. On doit en quelque sorte fragiliser l’acte de filmer pour qu’il se nourrisse… "

    Si le cinéma a changé, cela ne la trouble pas. "Il ne faut pas être obstiné". Elle estime que les nouveaux outils correspondent mieux au documentaire qu’à la fiction et qu’à l’évidence selon la caméra utilisée on ne fait pas le même film. "Dans Les Glaneurs il n'était pas possible d'avoir une équipe pour approcher les personnes, donc j’allais d’abord avec une petite caméra. Après on pouvait prévoir des moyens plus importants.

    Rappelons que le Festival de Locarno projette une sélection de ses longs-métrages, Cléo de 5 à 7 (1962) Les créatures (1966) Sans toit ni loi (1985) ou encore Les Plages d’Agnès (2008).

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  • Festival de Locarno: Fernand Melgar et "L'Abri": "Je suis la mauvaise conscience de la Suisse"

    images[11].jpgAprès La Forteresse et Vol Spécial, le cinéaste vaudois Fernand Melgar nous plonge au cœur de L’Abri, un centre d’hébergement d’urgence pour SDF à Lausanne, bouclant ainsi en principe sa trilogie sur la migration. Le premier parle d’entrée en Suisse, le second évoque la fin du voyage. L’Abri, en lice pour le Léopard d’Or est une sorte de no man’s land, un entre-deux entre l’arrivée et le départ.

    Dans ce troisième volet qui peut en appeler un quatrième ("ce sont les films qui me choisissent"), Fernand Melgar et Elise Schubs, sa preneuse de son auteure d’un formidable travail, nous emmènent dans un souterrain jusqu’à la porte du centre. C’est l’hiver, le froid mord, il  neige. Chaque soir se déroule le même rituel d’entrée dramatique qui provoque des bousculades parfois violentes.

    La lourde tâche du tri des démunis

    Trois veilleurs ont la terrible tâche de trier les démunis, laissant pénétrer d’abord les personnes âgées, les handicapés, les femmes et les enfants, puis les hommes. Alors que la capacité est de 100 places, seuls 50 seront admis et auront droit à un repas et à un lit. Pour les autres, la nuit sera dure. Comme la suivante et toutes celles d’après jusqu’en mars.  

    La technique de Melgar, c’est l’immersion totale. Pendant six mois, lui et Elise Schubs ont vécu au milieu des sans-logis, attendant avec eux à l’extérieur et pénétrant aussi à l’intérieur du centre. Et cela après un long travail de recherche et de préparation, qui a également duré six mois, sans caméra, pour approcher les gens dans la rue à la soupe populaire, expliquant leur démarche pour établir une relation, gagner leur confiance. 

    Des êtres humains cherchant à survivre

    310-175-abri01[1].jpgCeux qui fréquentent l’Abri sont en majorité des citoyens de l’Est et du Sud de l’Europe. Ce ne sont pas des clandestins, ils ont des papiers, des passeports et fuient la crise. Ce sont des migrants économiques, des working poors avec enfants à charge. Ils touchent des salaires de misère ne leur permettant pas d’avoir un logement. "Il n’y a pas de différences entre eux et les personnages de mes films précédents. Ce sont tous des êtres humains qui cherchent désespérément à s’en sortir".

     

    Le reproche qu’on peut faire à Melgar c’est de ne pas porter de jugement. Par exemple sur les gérants du lieu, dont un se révèle particulièrement odieux. En même temps, il ne faut pas être grand clerc pour voir où vont ses sympathies. Mais il ne veut pas catégoriser. "Il n’y a pas de gentils, de salauds, mais des êtres humains qui essayent de trouver un terrain d’entente. On attend de moi des réponses alors que je suis le témoin d’une réalité qu’on cache, qu’on veut oublier".

    "Je n’ouvre pas des portes mais des fenêtres"

    "Mon cinéma est celui de l’intranquillité. Je suis la mauvaise conscience de ce pays. J’essaye de faire réfléchir les gens. Je pose des questions à mes concitoyens après le vote du 9 février qui a conduit à la fermeture des portes. En même temps, c’est un message d’espoir. J'ouvre des fenêtres".


    Il a ainsi réalisé L’Abri pour lever le voile sur des victimes du silence et de l’ignorance, sur une humanité à la dérive que Lausanne occulte comme si elle faisait tache dans le paysage. "Comment dans ma ville peuvent exister ces fantômes, ces citoyens de seconde zone ? Quand j’en parle avec des amis, ils me croient à moitié. Puisqu’il faut voir pour le croire, je montre".

    Et Melgar le montre dans un film fort, dérangeant, bouleversant racontant ce lieu dit d’accueil mais surtout de tri, dont les barrières interdisant l’entrée à certains représentant la loi et l’autorité. Il a posé d’énormes questions morales à son auteur. "Pour moi le fondement de la société moderne c’est le respect des droits humain. Or c’est le contraire dans ce film. Aujourd’hui on glisse vers l’exclusion, l’élite, écartant de notre chemin ceux qui sont dans le besoin".

    Il reste à espérer qu’il sera mieux  compris par le jury que Vol Spécial qui avait poussé, il y a trois ans, le président Paulo Branco à traiter l’opus de fasciste…


    Andrea Staka propose "Cure-The Life Of Another"

    images[4].jpgAutre représentante suisse en compétition, Andrea Staka, lauréate en 2007du léopard d’Or pour son premier long-métrage Das Fräulein. Avec Cure–The Life Of Another, la réalisatrice originaire d’ex-Yougoslavie situe son action à Dubrovnik, en 1993, après la guerre.

    L’histoire est celle de Linda, 14 ans. Née en Croatie elle a grandi en Suisse et retourne dans son pays avec son père. Elle y rencontre Eta, qui l’entraîne dans une forêt dangereuse sur les hauteurs de la ville. Les deux adolescentes jouent à un échange d’identité plein de sous-entendus sexuels jusqu’à ce que Linda pousse son amie dans le vide.

    Revenue seule, elle prend peu à peu la place d’Eta dans la famille de cette dernière. Au bord du gouffre, elle perd pied,  hantée par les images de la chute mortelle de sa nouvelle amie. On reste plutôt perplexe devant le message du film, décevant dans la mesure où il promet plus qu’il ne tient. On attendait davantage de la talentueuse cinéaste qui, chose rare, avait fait salle comble lors de la projection de presse. On retiendra toutefois la beauté de son actrice principale, Sylvie Marinkovic.

    "Durak", un film russe aux allures de Léopard 

    44cd99ffb7d5f598c44b89758944775d3f32629b[1].jpgJusqu’à présent, le meilleur film de la compétition c’est Durak, du Russe Yuri Bykov. Il met en scène Dima Nikitin, un plombier honnête qui habite une petite ville. On découvre son exceptionnelle intégrité lorsque qu’un vieil immeuble mal construit de neuf étages, abritant principalement des ivrognes et des marginaux, menace de s’écrouler suite à une explosion. 

    Tout le monde doit être immédiatement évacué, mais c’est le cadet des soucis des élus locaux qui célèbrent l’anniversaire de la maire au restaurant. Dima se lance alors dans une course contre la montre qui lui sera fatale, pour tenter de convaincre les bureaucrates pourris et corrompus jusqu’à l’os de se remuer et éviter une catastrophe qu'il estime imminente. 

    Critiquer la corruption au pays de Poutine n’est pas une nouveauté. Mais il y a la manière. Et ce faisant, Yuri Bykov livre un film coup de poing haletant, qui allie l’excellence de la mise en scène à celle du traitement et à la belle prestation des acteurs. 

     

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