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La griffe du léopard - Page 29

  • Festival de Locarno: en route pour la 67e édition, avec "Lucy" en ouverture

    lucy1[1].jpgStars, grands auteurs, premières œuvres, blockbusters, films classiques, rétrospective événement: le cru tessinois 2014, qui mise sur la superposition, l’échange et le partage selon son directeur artstique Carlo Chatrian, par ailleurs déterminé à bousculer et surprendre le spectateur, s’annonce plutôt riche et capiteux dans ses différentes sections.

    Dont une nouvelle, Signs Of Life, consacrée à d’autres formes de narration et qui proposera un film par jour sur la magique Piazza Grande. Pilier de la manifestation, celle-ci   accueillera chaque soir quelque 8000 spectateurs sous les étoiles. Avec à la clé une mini polémique concernant un secteur de 300 places numérotées réservables à l’avance, moyennant un supplément de 15 francs.

    En principe cette expérience pour le moins curieuse ne devrait pas trop échauffer les esprits, mais sait-on jamais?  Ce qu’il y a de sûr en revanche, c’est que Lucy, le dernier film de Luc besson avec Scarlett Johansson (photo) en vedette et en mutante (encore…), fera l’’ouverture mercredi sur l’écran géant de la célèbre place. On aura l’occasion de revenir sur ce film qui fait un carton aux Etats-Unis en questionnant le pouvoir du cerveau.

    Quinze autres opus sont proposés dont Le Guépard de Luchino Visconti, The Hundred-Foot Journey du Suédois Lasse Hallström A la vie de Jean-Jacques Zilbermann, Pause et Schweizer Helden des Suisses Mathieu Urfer et Peter Luisi,  A signaler également Sils Maria d’Olivier Assayas avec Juliette Binoche, couronnée à cette occasion d’un Excellence Award.

    Agnès Varda, qui présente Les plages d'Agnès, recevra elle un Léopard d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Le même prix prestigieux sera remis à une autre icône de la Nouvelle vague, Jean-Pierre Léaud. On en profite pour citer quelques invités de marque dont Melanie Griffith, Dario Argento, Jonathan Pryce, Julie Depardieu ou Isabelle Carré.

    17 films à la chasse du Léopard d'Or

    Colonne vertébrale de  la manifestation, la compétition officielle avec 17 titres, dont 13 en première mondiale, en lice pour décrocher le Léopard d’Or. Venus de Etats-Unis, du Brésil, de Russie, des Philippines ou du Portugal, ils constituent un voyage autour du monde auquel prennent part deux Suisses: Andrea Staka avec Cure, The Life Of Another, relatant la fiin de la guerre des balkans à Dubovnik et L’Abri de Fernand Melgar, suivant des SDF dans l’hiver lausannois. Le Vaudois avait provoqué la polémique en 2011 avec Vol spécial

    Le jury sera présidé par le réalisateur italien Gianfranco Rosi, lauréat du Lion d’or à Venise en 2013 avec Sacro GRA. Il choisira le grand vainqueur en compagnie des cinéastes allemand Thomas  Arslan et chinois Diao Yi’nan, l’actrice danoise Connie Nielson et sa consoeur allemande Alice Braga.

    Roman Polanski et sa leçon de cinéma

    venus_fourrure[1].jpgL’un des moments les plus forts du festival, sera la présence de Roman Polanski, figure des plus influentes. Le réalisateur, acteur, producteur et écrivain,a profondément marqué l’ histoire du cinéma moderne, usant de différents registres stylistiques pour exprimer une vision qui en fait l’un des maîtres du septième art.

    L’auteur de films inoubliables comme Répulsion, Rosemary’s Baby, Chinatown, Le pianiste, Palme d’Or en 2002, recevra un prix spécial et offrira le 15 août une leçon de cinéma aux jeunes cinéastes de la Locarno Summer Academy, ainsi qu’à tout le public. La veille, il présentera avec sa femme Emmanuelle Seigner (photo) qui en est la tête d’affiche, La Vénus à la fourrure, en compétition à Cannes en mai dernier.

    Son invitation par le festival a déjà suscité quelques remous. Une émission de la Première vient notamment de se pencher sur le sujet. Venu recevoir un prix à Zurich en 2009, le cinéaste avait, rappelons-le, été arrêté pour une vieille affaire de viol de mineure aux Etats-Unis. Il avait alors été assigné à résidence pendant sept mois dans son chalet de Gstaad. La Suisse avait finalement refusé de l’extrader.

    Rétrospective Titanus

    On terminera ce tour d’horizon par la traditionnelle rétrospective. Forte d’une cinquantaine d'oeuvres, elle met en valeur cette année la Titanus, plus ancienne maison de production italienne, fondée en 1904 et encore en activité aujourd'hu. Titanus a été consacrée dans les années 1950-60 par l'apport de grands cinéastes, tels que Comencini, Risi, De Sica, Boligni, Zurlini, Monicelli, Rosi, Olmi, Lattuada et occasionnellement Rossellini, Fellini puis Visconti.

    Festival de Locarno, du 6 au 16 août.



     

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  • Festival de Locarno: A qui le Léopard d'or pour ce cru 2013... qui n'en vaut pas le métal?

    224916527_640[1].jpgEt voilà, les jeux sont quasiment faits pour la course au Léopard d'or 2013. Il ne reste plus qu’un film taïwanais en compétition A Time in Quchi. De quoi espérer encore... Je parlais en effet du côté languissant de la compétition à une ou deux exceptions près, jusqu’à l’émouvante réussite de Tableau noir d’Yves Yersin. Depuis, le concours n’a pas franchement décollé, comptant hélas davantage de bas que de hauts.

    Des hauts qui n’atteignent de surcrfoît pas des sommets… Parmi ces derniers, Tonnerre de Guillaume Brac (photo). Le réalisateur français nous raconte l’histoire d’un rocker à la dérive pas très gâté par la nature. Revenu chez son vieux père (étonnant et fantasque Bernard Menez) dans sa ville natale de Tonnerre, il tombe amoureux raide dingue de la ravissante Mélodie, stagiaire dans le journal du coin. Mais la passion se transforme en une jalousie à deux doigts de la folie meurtrière lorsqu’elle le rejette pour retourner auprès d’un jeune et beau footballeur.

    Filmbild_gross1[1].jpgHonorable également Mary Queen Of Scots, film en costumes du Suisse Thomas Imbach fasciné par cette figure historique. S’inspirant de Stephan Zweig, il revisite l’aventure tragique de celle dont l’ennemie mortelle, sa cousine Elisabeth, ordonna l’emprisonnement pendant dix-neuf ans avant de lui faire couper la tête. Le cinéaste qui procède par voie de lettres lues en voie off que Mary (Camille Rutherford, photo) écrit à sa rivale, compare les deux femmes à deux lionnes se battant pour le même trône. Le tout sur fond de guerres de religion renvoyant à ce qui se passe aujourd’hui.

    Dans le genre boyscout et bondieusard sur les bords, à signaler Short Term 12 de l’Américain né à Hawai Destin Cretton. Particulièrement apprécié du public, il met en scène Grace, 20 ans. Elle s’occupe d’ados à problèmes dans un centre, mais est rattrapée par la violence et les abus qu’elle a  subis dans sa propre enfance.

    De leur côté, les Asiatiques se contentent eux aussi de donner dans le respectable sans génie. Comme les Japonais Kiyoshi Kurosawa  avec Real et Shinji Aoyama avec Tomogui. Je n’ai pas été emballée non plus par Sangue, production italo-helvétique de Pippo Delbono, qui met en vedette Giovanni Senzani, un ancien leader des Brigades rouges récemment sorti de prison. Ensemble ils évoquent leur rapport à la mort, à la violence, aux rêves de révolution et à l’Italie en ruines.

    90181[1].jpgLe choix de faire parler l’ex-terroriste a déplu au gouvernement tessinois mais a été bien applaudi par les critiques. Tout comme Educaçao Sentimental du Portugais Julio Bressane, un objet cinématographique pourtant assez plombant. Je lui préfère nettement E Agora? Lembra-me de son compatriote Joaquim Pinto (photo), dont je vous avais déjà parlé. Vivant depuis vingt ans avec le sida et l’hépatite C, il se livre à une réflexion sur la survie, l'amour et l'amitié à la fois douloureuse et pleine d'espoir. 

    Reste un film roumain dédié au septième art, dont le titre peut se traduire en français par Quand le soir tombe sur Bucarest ou Metabolisme. L’œuvre et la vie du cinéaste s’entremêlent dans cet opus qui fait littéralement se pâmer certains. Je vous avouerais que ce n’est pas mon cas.

    Tout cela pour vous dire qu’il m’est difficile de dénicher un Léopard véritablement digne de décrocher l’or. Et que s’il ne tenait qu’à moi, je le remballerais jusqu’à l’année prochaine. Mais évidemment, comme toujours, le journaliste propose et le jury dispose. Et tout peut arriver à Locarno, y compris un prix d'interprétation à Carla Juri, l'héroïne du dégoûtant Zones humides! Verdict samedi soir sur la Piazza Grande.

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  • Locarno: ces coups qui font cavaler le festivalier...

    images[3].jpgQu’est-ce qui fait beaucoup courir les festivaliers? Les stars, une daube américaine, une romance à sangloter dans les chaumières... et surtout le sexe, avec un sulfureux parfum de scandale à la clé. A Locarno cela fait belle lurette que les directeurs artistiques aiment miser sur la chose pour qu'on en cause. Avec succès, la preuve!

    En 2000, Marco Muller avait réussi un bon  coup en sélectionnant en compétition Baise-moi de Virginie Despentes. Classé X en France, il avait rameuté la foule au triple galop. Pour sa première année Olivier Père, moins inspiré, avait appâté le client en 2010 avec  L. A. Zombie de Bruce LaBruce, lui aussi en lice pour le Léopard d’Or. Sous prétexte d’art, il nous fourguait tout bêtement un porno gore homo, mettant en scène une créature à la libido exacerbé, qui fouillait les blessures des morts de sa grotesque queue fourchue, histoire de les ramener à la vie. 

    Pour ce cru 2013, le nouveau ponte Carlo Chatrian s’est sans doute dit qu’il se devait lui aussi de programmer du croustillant sous la ceinture. Il a ainsi choisi de mettre  en concours Zones humides de l’Allemand David Wnendt, adapté du best seller éponyme de sa compatriote Charlotte Roche et qui avait provoqué des remous dans le pays lors de sa sortie en 2008.

    La vertu des odeurs, fluides et sécrétions

    Dénonçant l’emprise pudique, hygiéniste et avilissante de la société sur les fondamentaux de l’être humain, la romancière décrit les aventures, qui se passent exclusivement à l’hôpital, d’une jeune fille  bisexuelle, adepte de pratiques anales et de plaisirs sales, prônant la vertu des odeurs, laideurs et disgrâces, le tout sur fond de fluides et de sécrétions diverses.

    Si ce manifeste féministe se veut notamment un pied de nez à la mode et à notre obsession pour l’esthétique, ce n’est pas le cas du film qui s'est principalement distingué en faisant souffler un vent de cul sur le festival. Il n’en fallait pas davantage pour que l’objet fasse salle comble, tout comme la conférence de presse qui a suivi la projection. Et cela d’autant plus que l’héroïne n’est autre que la Tessinoise Carla Juri (photo), comédienne par ailleurs pleine de charme et de caractère.

    Elle enfile le costume d’Helen qui entretient une relation conflictuelle avec ses parents divorcés. Espérant les réconcilier, elle utilise le sexe pour régler son problème existentiel, jouant les anticonformistes en compagnie de son amie Corinna. Evitant de trop se laver, elle écume aussi des toilettes publiques hyper crades. Souffrant d’hémorroïdes, elle ne cesse de se gratter le derrière en faisant du skate. Elle finit par se retrouver à l’hôpital après un malencontreux accident de rasage intime et tombe amoureuse de son infirmier.

    Divagation parfois onirique autour des parties du corps qui puent, le film se targue prétentieusement de briser des tabous. Emmené par une rebelle bidon, il se révèle hélas faussement transgressif, faussement provocateur, minablement exhibitionniste et totalement dépourvu d’érotisme. Du pipi caca culminant dans un échange de tampons ensanglantés entre les deux copines ou dans l’histoire d’une commande de pizza copieusement assaisonnée au sperme. En bref, c’est juste dégueu!

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