Festival de Locarno: A qui le Léopard d'or pour ce cru 2013... qui n'en vaut pas le métal? (16/08/2013)

224916527_640[1].jpgEt voilà, les jeux sont quasiment faits pour la course au Léopard d'or 2013. Il ne reste plus qu’un film taïwanais en compétition A Time in Quchi. De quoi espérer encore... Je parlais en effet du côté languissant de la compétition à une ou deux exceptions près, jusqu’à l’émouvante réussite de Tableau noir d’Yves Yersin. Depuis, le concours n’a pas franchement décollé, comptant hélas davantage de bas que de hauts.

Des hauts qui n’atteignent de surcrfoît pas des sommets… Parmi ces derniers, Tonnerre de Guillaume Brac (photo). Le réalisateur français nous raconte l’histoire d’un rocker à la dérive pas très gâté par la nature. Revenu chez son vieux père (étonnant et fantasque Bernard Menez) dans sa ville natale de Tonnerre, il tombe amoureux raide dingue de la ravissante Mélodie, stagiaire dans le journal du coin. Mais la passion se transforme en une jalousie à deux doigts de la folie meurtrière lorsqu’elle le rejette pour retourner auprès d’un jeune et beau footballeur.

Filmbild_gross1[1].jpgHonorable également Mary Queen Of Scots, film en costumes du Suisse Thomas Imbach fasciné par cette figure historique. S’inspirant de Stephan Zweig, il revisite l’aventure tragique de celle dont l’ennemie mortelle, sa cousine Elisabeth, ordonna l’emprisonnement pendant dix-neuf ans avant de lui faire couper la tête. Le cinéaste qui procède par voie de lettres lues en voie off que Mary (Camille Rutherford, photo) écrit à sa rivale, compare les deux femmes à deux lionnes se battant pour le même trône. Le tout sur fond de guerres de religion renvoyant à ce qui se passe aujourd’hui.

Dans le genre boyscout et bondieusard sur les bords, à signaler Short Term 12 de l’Américain né à Hawai Destin Cretton. Particulièrement apprécié du public, il met en scène Grace, 20 ans. Elle s’occupe d’ados à problèmes dans un centre, mais est rattrapée par la violence et les abus qu’elle a  subis dans sa propre enfance.

De leur côté, les Asiatiques se contentent eux aussi de donner dans le respectable sans génie. Comme les Japonais Kiyoshi Kurosawa  avec Real et Shinji Aoyama avec Tomogui. Je n’ai pas été emballée non plus par Sangue, production italo-helvétique de Pippo Delbono, qui met en vedette Giovanni Senzani, un ancien leader des Brigades rouges récemment sorti de prison. Ensemble ils évoquent leur rapport à la mort, à la violence, aux rêves de révolution et à l’Italie en ruines.

90181[1].jpgLe choix de faire parler l’ex-terroriste a déplu au gouvernement tessinois mais a été bien applaudi par les critiques. Tout comme Educaçao Sentimental du Portugais Julio Bressane, un objet cinématographique pourtant assez plombant. Je lui préfère nettement E Agora? Lembra-me de son compatriote Joaquim Pinto (photo), dont je vous avais déjà parlé. Vivant depuis vingt ans avec le sida et l’hépatite C, il se livre à une réflexion sur la survie, l'amour et l'amitié à la fois douloureuse et pleine d'espoir. 

Reste un film roumain dédié au septième art, dont le titre peut se traduire en français par Quand le soir tombe sur Bucarest ou Metabolisme. L’œuvre et la vie du cinéaste s’entremêlent dans cet opus qui fait littéralement se pâmer certains. Je vous avouerais que ce n’est pas mon cas.

Tout cela pour vous dire qu’il m’est difficile de dénicher un Léopard véritablement digne de décrocher l’or. Et que s’il ne tenait qu’à moi, je le remballerais jusqu’à l’année prochaine. Mais évidemment, comme toujours, le journaliste propose et le jury dispose. Et tout peut arriver à Locarno, y compris un prix d'interprétation à Carla Juri, l'héroïne du dégoûtant Zones humides! Verdict samedi soir sur la Piazza Grande.

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