Locarno: ces coups qui font cavaler le festivalier... (15/08/2013)

images[3].jpgQu’est-ce qui fait beaucoup courir les festivaliers? Les stars, une daube américaine, une romance à sangloter dans les chaumières... et surtout le sexe, avec un sulfureux parfum de scandale à la clé. A Locarno cela fait belle lurette que les directeurs artistiques aiment miser sur la chose pour qu'on en cause. Avec succès, la preuve!

En 2000, Marco Muller avait réussi un bon  coup en sélectionnant en compétition Baise-moi de Virginie Despentes. Classé X en France, il avait rameuté la foule au triple galop. Pour sa première année Olivier Père, moins inspiré, avait appâté le client en 2010 avec  L. A. Zombie de Bruce LaBruce, lui aussi en lice pour le Léopard d’Or. Sous prétexte d’art, il nous fourguait tout bêtement un porno gore homo, mettant en scène une créature à la libido exacerbé, qui fouillait les blessures des morts de sa grotesque queue fourchue, histoire de les ramener à la vie. 

Pour ce cru 2013, le nouveau ponte Carlo Chatrian s’est sans doute dit qu’il se devait lui aussi de programmer du croustillant sous la ceinture. Il a ainsi choisi de mettre  en concours Zones humides de l’Allemand David Wnendt, adapté du best seller éponyme de sa compatriote Charlotte Roche et qui avait provoqué des remous dans le pays lors de sa sortie en 2008.

La vertu des odeurs, fluides et sécrétions

Dénonçant l’emprise pudique, hygiéniste et avilissante de la société sur les fondamentaux de l’être humain, la romancière décrit les aventures, qui se passent exclusivement à l’hôpital, d’une jeune fille  bisexuelle, adepte de pratiques anales et de plaisirs sales, prônant la vertu des odeurs, laideurs et disgrâces, le tout sur fond de fluides et de sécrétions diverses.

Si ce manifeste féministe se veut notamment un pied de nez à la mode et à notre obsession pour l’esthétique, ce n’est pas le cas du film qui s'est principalement distingué en faisant souffler un vent de cul sur le festival. Il n’en fallait pas davantage pour que l’objet fasse salle comble, tout comme la conférence de presse qui a suivi la projection. Et cela d’autant plus que l’héroïne n’est autre que la Tessinoise Carla Juri (photo), comédienne par ailleurs pleine de charme et de caractère.

Elle enfile le costume d’Helen qui entretient une relation conflictuelle avec ses parents divorcés. Espérant les réconcilier, elle utilise le sexe pour régler son problème existentiel, jouant les anticonformistes en compagnie de son amie Corinna. Evitant de trop se laver, elle écume aussi des toilettes publiques hyper crades. Souffrant d’hémorroïdes, elle ne cesse de se gratter le derrière en faisant du skate. Elle finit par se retrouver à l’hôpital après un malencontreux accident de rasage intime et tombe amoureuse de son infirmier.

Divagation parfois onirique autour des parties du corps qui puent, le film se targue prétentieusement de briser des tabous. Emmené par une rebelle bidon, il se révèle hélas faussement transgressif, faussement provocateur, minablement exhibitionniste et totalement dépourvu d’érotisme. Du pipi caca culminant dans un échange de tampons ensanglantés entre les deux copines ou dans l’histoire d’une commande de pizza copieusement assaisonnée au sperme. En bref, c’est juste dégueu!

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