Le grand jour arrive pour les dix-huit chasseurs du fauve. Au sein d’une compétition plus relevée que d’ordinaire, mes favoris demeurent ceux mentionnés nnés dans ma précédente note. Avec toujours en tête de la course Tikkun de l’Israélien Avishai Sivan évoquant les souffrances d’un brillant étudiant ultra-orthodoxe d’une yeshiva (école religieuse), tourmenté par les démons de la chair.
Viennent ensuite James White de l’Américain Josh Mond, explorant une forte relation entre une mère atteinte du cancer et de son fils perturbé, qui renonce à s’étourdir dans une entreprise d’autodestruction pour s’occuper d’elle. Sans oublier Cosmos du revenant Andrzej Zulawski, qui nous emmène dans son univers foldingue peuplé de gens brindezingues.
On ajoutera les deux derniers films vus en compétition. A commencer par Suite Armoricaine de la Française Pascale Breton, qui a séduit avec son film dense, construit autour du temps. Et de son héroïne dont le monde n’existe plus et qu’elle doit apprendre à réhabiter. La réalisatrice française livre ainsi une sorte de mini-comédie humaine avec beaucoup de personnages. En s’engageant sur les différents territoires de la mémoire, de l’inconscient, de la transmission.
Happy Hour du Japonais Riyusuke Hamaguchi faisait office de petit événement avec ses 5h17. Il n'a toutefois pas la force et la puissance de What is Before du Philippin Lav Diaz (5h38) lauréat du Léopard d'or l'an dernier. Mais il pourrait éventuellement figurer au palmarès
Ce conte fleuve qui aurait aussi pu s’appeler Paroles de femmes, raconte la trajectoire de quatre amies dans leur fin de trentaine, la génération du réalisateur, déçues de leur vie professionnelle, familiale, maritale, sentimentale.
L’ensemble se déroule sur fond de malaise et de mal-être de la société nippone en général. On s'y est beaucoup moins ennuyé que dans des métrages infiniment plus courts, mais l'auteur aurait quand même pu conclure nettement plus vite...
D’autres opus ont les faveurs de la critique, comme Schneider vs. Bax du Hollandais Alex van Wanmerdam comédie macabre mettant en scène un tueur à gages éprouvant les pires difficultés à abattre sa cible, Bella e perduta, avec un homme et un animal entreprenant un long et vain périple dans.. un beau pays perdu.
Ou encore Ma dar Behesht (Paradise), de l’Iranien Sina Ataeian Dena, premier chapitre d’une trilogie sur la violence et sa reproduction par les victimes. Un film donnant le rôle principal à la superbe Dorna Dibaj (photo) qui débute au cinéma, mais son auteur, s’intéressant plus particulièrement à l’humain, réfute toute volonté de se pencher sur la condition féminine.
Côté interprétation, Je plébiscite Aharon Traitel dans Tikkun ou Christopher Abbott dans James White. Et chez les femmes Cynthia Nixon, également dans James White et Dorna Dibaj dans Ma dar Behesht. Voire Valérie Dréville dans Suite Armoricaine.
Mais évidemment, ces vœux ne sont que pieux. Comme on dit dans ces cas-là et au risque de me répéter, le journaliste propose, le jury dispose. J’espère qu’il ne jettera pas son dévolu sur l’affreux et très limite Bart Dejan du Serbe Bakur Bakuradze. Mais à Locarno tout est hélas possible. Verdict demain.