Festival de Locarno: lauréate d'un Léopard d'honneur, Agnès Varda se raconte (12/08/2014)

images[3].jpg"Tout cinéaste rêve d’être invité sur la Piazza Grande", déclarait dimanche soir la réalisatrice franco-belge Agnès Varda, deuxième femme après la Russe Kira Mouratova en 1994 à recevoir un Léopard d’honneur pour l'ensemble de son œuvre. Ajoutant qu’à 86 ans, elle avait réalisé son rêve. 

Le lendemain l’infatigable créatrice, surnommée la grand-mère de la Nouvelle Vague alors qu’elle n’avait que 27 ans lorsqu’elle a réalisé son premier film La pointe courte, monté par Alain Resnais, s’est entretenue au Spazio Cinema avec le public qui l’a chaleureusement accueillie. 

Une conversation où elle raconte son parcours, ses débuts de photographe, ses films. A leur évocation Agnès (née Arlette) demande aux auditeurs s’ils les ont vus. Et se réjouit de constater que c’est presque toujours le cas. Elle s’est notamment attardée sur le documentaire qui a beaucoup compté et dont 17 ont marqué sa carrière. Par exemple Les Glaneurs et la Glaneuse, sorti en 2000.

Partout en France, elle rencontre des ratisseurs de champs et des grappilleurs dans les arbres après la récolte, des ramasseurs de fruits et légumes jetés par les entreprises, des récupérateurs de nourriture et d’objets divers dans les poubelles, les rues. Par nécessité ou par choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Deux ans plus tard, elle a retrouvé quelques-uns de ses protagonistes. "Ils étaient contents de me voir".

"Le documentaire est une école de vie"

«J’ai tellement appris en faisant ce film. Il m’a aidée à me situer en tant que documentariste. C’est une école de vie. Il y a la dimension du temps qui passe sur les gens, qui sont aussi pleins de surprises. Dans un court-métrage, j’avais essayé de montrer comment certains avaient caché des juifs au risque de leur vie dans la Drôme. Ils étaient formidables. C’est très intéressant de filmer de vraies personnes. Bien sûr j'aime la fiction et les acteurs qui m’impressionnent. Mais c’est différent".

A côté de la réalisation, Agnès Varda s’occupe de restauration d’œuvres. Des siennes et de celles de Jacques Demy, son mari rencontré en 1958 et mort en 1990. Apprend-elle de nouvelles choses en les revoyant? "Non sauf quand les critiques en parlent et se livrent à des analyses. Je découvre des raisons de faire qui m’avaient échappé. Il y a en nous des choses qu’on ne sait pas, qui se mettent en place à ces occasions. On doit en quelque sorte fragiliser l’acte de filmer pour qu’il se nourrisse… "

Si le cinéma a changé, cela ne la trouble pas. "Il ne faut pas être obstiné". Elle estime que les nouveaux outils correspondent mieux au documentaire qu’à la fiction et qu’à l’évidence selon la caméra utilisée on ne fait pas le même film. "Dans Les Glaneurs il n'était pas possible d'avoir une équipe pour approcher les personnes, donc j’allais d’abord avec une petite caméra. Après on pouvait prévoir des moyens plus importants.

Rappelons que le Festival de Locarno projette une sélection de ses longs-métrages, Cléo de 5 à 7 (1962) Les créatures (1966) Sans toit ni loi (1985) ou encore Les Plages d’Agnès (2008).

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