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Cinéfil - Page 23

  • Sorties cinéma: "Camille redouble" dope la rentrée sur grand écran

    0007709_aff_001_med[1].jpgDémarrée mollement, la rentrée cinématographique continue à tourner au ralenti. Heureusement que sur les six sorties de la semaine trois ont l’heureuse idée de donner un petit coup d’accélérateur. A commencer par une comédie française de Noémie  Lvosky, Camille redouble qui se met en scène dans le rôle principal, une quadra retrouvant ses seize ans.

    C’est alors que Camille avait rencontré Eric, qu’ils s'étaient passionnément aimés et fait un enfant.  Mais vingt-cinq ans plus tard, Eric la quitte pour une plus jeune. Et puis soudain, un soir bluesy de 31 décembre, Camille se retrouve dans le passé, renvoyée à son adolescence, ses parents, ses amies et… Eric

    Entre  Retour vers le futur et Peggy Sue s’est mariée, Noémie Lvovsky livre une comédie surréaliste et nostalgique, loufoque et déjantée, en se posant la question qui restera éternellement sans réponse: comment et que ferait-on si on pouvait tout recommencer?

    Un joli film sur une seconde chance en dépit de ses longueurs et de son thème éculé, qui tient avant tout à la performance de son actrice-réalisatrice. Omniprésente, fofolle, audacieusement fringuée comme une ado dont elle adopte le comportement, elle ne recule devant rien.

    Cerise sur le gâteau, elle a fait appel à une brochette de vedettes comme Denis Podalydès, Mathieu Amalric, Jean-Pierre Léaud ou Yolande Moreau, dont les savoureuses apparitions viennent pimenter  cette drôle de fable jouant sur l’émotion et un brin de fantastique. 

    Jean-Pierre Bacri au top dans Cherchez Hortense

    20104823.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-20120511_040509[1].jpgOn ne l’avait pas vu derrière une caméra depuis 2009, Pascal Bonitzer revient avec Cherchez Hortense, une comédie dramatique. Damien, professeur de civilisation chinoise  en pleine crise existentielle doit affronter les problèmes  que lui posent une femme infidèle, un fils insupportable, un père haut placé qui l’ignore et une immigrée sans-papiers qu’il tente de sauver d’une expulsion imminente.

    Une mise en scène plutôt pesante et étouffe-bougre, mais sauvée par son  héros. En l’occurrence Jean-Pierre Bacri, qui se fait lui aussi plutôt rare sur grand écran depuis une dizaine d’années. Mais qui, bougon et comme toujours miné par la lassitude et l’exaspération, se montre à nouveau excellent dans son acharnement dérisoire  à s’extraire de son marasme .

    On n’en dira pas autant des deux interprètes féminines, Kristin Scott Thomas dans le rôle de l’épouse volage et d’Isabelle Carré dans celui de la clandestine serbe...

    Un amor revisite le triangle amoureux

    flyer_normal[1].jpgAprès trente ans d’absence et une alerte médicale, Lisa refait irruption dans la vie de Bruno, scénariste de télévision à succès. Il se rappelle alors l’époque où lui et son ami Lalo étaient tombés amoureux de cette fille étrangement séduisante, déjà surgie inopinément en pleines vacances d’été dans leur province argentine.

    Cet opus intimiste est le troisième long-métrage de la réalisatrice Paula Hernandez, à qui on doit notamment le magnifique  Lluvia ou la rencontre fortuite d’un homme et d’une femme sous la pluie. Représentante la plus douée de la nouvelle vague  argentine, elle joue subtilement tour à tour sur le passé et le présent, tout en revisitant avec talent, sensibilité et finesse le sujet recuit du triangle amoureux. Une réussite qui doit également beaucoup à des comédiens très convaincants. 

    Des hommes sans loi trafiquent à la campagne

    tbn_24e29435f11e296e[1].jpgFilm de gangsters mâtiné de western, Lawless (Des hommes sans loi), adapté du roman Pour quelques gouttes d'alcool, raconte une histoire plus ou moins réelle. Elle se déroule dans  les années trente, au coeur de la prohibition, plus précisément en Virginie, état célèbre pour sa production de contrebande. En l’occurrence celle des trois frères Bondurant, trafiquants notoires aux aspirations diverses, mais dont la principale est de vivre selon leurs propres règles. 

    John Hillcoat semble vouloir renouveler le genre en plaçant son action plutôt à la campagne qu’en ville avec des gangsters façon ploucs dans un bled paumé. Mais au final, on se retrouve avec un scénario des plus convenus où ils affrontent des flics corrompus, une justice arbitraire et de redoutables rivaux mafieux. Avec Tom Hardy, Shia LaBoeuf, Jessica Chastain, Mia Wasikowska et Gary Oldman. Sans oublier Guy Pearce en vilain méchant particulièrement ridicule.

    LOL made in USA, le flop

    20187062.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgEn signant elle-même la resucée américaine de LOL, comédie au succès retentissant dans l’Hexagone, Liza Azuelos courait à l’échec de l’autre côté de l’Atlantique. Et ça a n’a pas fait un pli, ce fut un désastre au box office. Logique, il s’agit d’un navrant remake, pour autant qu’on puisse utiliser ce terme face à une simple transposition sans le moindre intérêt.

    Et il ne serait pas étonnant que LOL USA soit également un flop de ce côté-ci de l’océan. Comme  dans l’original, il est  question d’amours lycéennes et de parents dépassés, sur fond de relations orageuses entre une mère et sa fille. Avec Miley Cyrus et Demi Moore dans les rôles de Christa Theret et Sophie Marceau.

    Mais outre le fait que Demi est loin de faire le poids face à la belle Sophie, LOL made in USA n’est  qu’une banale et laborieuse comédie d’ados de plus à la sauce yankee  où tous les acteurs garçons et filles ont de surcroît l’air de s’être fait repulper  la bouche. Bref une pâle copie peinant lourdement à  reproduire, quatre ans plus tard, des situations et dialogues dans le contexte américain. 

    Messies, ein schönes Chaos

    poster1[1].jpgParadoxaux dans une Suisse propre en ordre, ces accumulateurs compulsifs qui vivent dans un vaste  fouillis, voire une jungle inextricable. Ulrich Grossenbacher  a rencontré quatre de ces spécimens ne cessant d’entasser avec ardeur, refusant tout net de se séparer du moindre objet.

    Il y a Arthur, fier de ses tracteurs, excavatrices ou autres voitures rouillées, Elmira, dont l’appartement regorge de cassettes sur des mètres et des mètres, Karl, à la ferme bondée jusqu’’aux plafonds et dont l’unique pièce accessible est la cuisine. Ou encore Thomas, bricoleur dingue dont l’atelier fourmille d’appareils divers et variés.

    Le cinéaste propose un regard inédit sur ces syllogomanes qui représentent 2% de la population helvétique, et les conflits que génère leur passion avec leurs proches, leurs voisins ou les institutions locales. Intéressant mais trop long, il aurait gagné à être resserré.

    Films à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 12 septembre.

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  • Sorties cinéma: Le déconcertant voyage au Japon d'Abbas Kiarostami

    1332944404[1].jpgDeux ans après Copie conforme qui l’avait emmené en Italie et permis à Juliette Binoche de décrocher le prix d’interprétation à Cannes, l’Iranien Abbas Kiarostami a choisi de tourner au Japon Like Someone in Love, un titre qui est aussi celui d'une célèbre chanson de Franck Sinatra.

    Le cinéaste nous laisse découvrir un étrange trio composé d’un octogénaire érudit, d’une jeune fille qui loue ses services à des hommes âgés pour payer ses études, et de son petit ami jaloux qui peine à contenir ses pulsions violentes. Il voit donc d’un très mauvais œil la relation que noue brièvement sa copine avec cet ancien professeur d’université, se révélant pourtant bien inoffensif.

    Le scénario, qui se déroule sur vingt-quatre heures, laissait en effet imaginer quelques situations sulfureuses. Malheureusement, il ne se passe pratiquement rien dans cette petite fable atypique, dénuée de tout contexte politique cher au réalisateur, peu iunspiré en l'occurrence.

    Jouant à la fois sur l’absurde et le comico-dramatique, l’opus veut évoquer le mal-être d’une certaine jeunesse, la solitude et l’incommunicabilité entre les gens, plus particulièrement dans une mégapole comme Tokyo où personne m’écoute personne. Mais ces thèmes sont galvaudés par le vide de l’intrigue.

    Encore une fois, on retrouve la voiture, figure récurrente du cinéma de Kiarostami, où l’escort girl et son client passent plus d’une heure. On est pourtant loin de son utilisation dans Le gout de la cerise,  Palme d’Or en 1998 ou surtout de Ten (2002), une méditation sur la liberté doublée d’un conte philosophique et d’un poème féministe.  

    Certes les personnages décalés sont parfois amusants et l'opus, à l'esthétique impeccable, est porté par de bons acteurs dont la superbe Rin Takanashi  (photo). Mais en dépit de ces qualités, on quitte en route ce curieux voyage sans but.

    Hit and Run sur la route de Los Angeles

    1345759241_dax-kristen-467[1].jpgPour son premier film, Dax Shepard retrouve à l’écran sa chère et tendre à la ville Kristen Bell (photo), révélée par la série Veronica Mars. Ils incarnent Charlie Bronson et sa petite amie Annie, qui mènent une existence a priori tranquille dans un bled paumé. Sauf qu’en réalité Charlie, ex-chauffeur d’un gang de dangereux braqueurs, vit sous une autre identité grâce au programme de protection que lui a valu son témoignage contre ses anciens complices.

    Annie, qui ne se doute pas une seconde du lourd passé de son boy-friend, va le découvrir lorsque ce dernier accepte, en dépit des risques encourus, de la conduire à Los Angeles pour un entretien d’embauche en vue d’un super job. Le couple a du coup à ses trousses les fédéraux, la police, le chef des malfrats, sans oublier l’ex d’Annie, qui veut absolument la récupérer.

    Et c’est parti pour une laborieuse comédie d’action en forme de road-movie, qui se contente trop rapidement de nous gaver de courses-poursuites interminables et de rebondissements téléphonés. Dommage, ce Hit and Run était assez bien imaginé.

    Daniel Auteuil traque Mathieu Kassovitz dans Le guetteur

    cinema[1].jpgOn traverse l'Atlantique pour un énième thriller français affligeant avec Le guetteur de… l’Italien Michele Placido, opposant avec une banalité rare flics et truands. Le commissaire Mattei organise une gigantesque chasse à l’homme contre un tireur d’élite qui a réussi à abattre toute une escouade de policiers sur le point d’arrêter, là encore, une redoutable bande de braqueurs.

    Ce polar raté met face à face le tandem Auteuil-Kassovitz, qui ne cesse de se ridiculiser au fil d’une histoire inutilement tarabiscotée et d'une complaisance crasse. Son auteur n'hésite pas à faire un détour par l’Afghanistan et la mort d'un jeune soldat, dans le but de "mettre en valeur une dramaturgie contemporaine".

    A noter, aux côtés des deux vedettes en roue libre, la présence d’un Olivier Gourmet tout aussi pathétique en pervers tueuren série de jeunes femmes. L'occasion d'une séquence, où on voit une victime torturée et sanguinolente courir nue comme un ver dans les bois... 

    Michele Placido, l’auteur de Romanzo Criminale, se dit nourri de Truffaut ou de Melville et prétend aussi avoir puisé un peu de son inspiration dans Heat de Michael Mann. Il reste à espérer que l'Américain, qui préside cette année le jury de la Mostra de Venise, ne voie pas la chose…

    Films à l'affiche dans les salles romandes dès le mercredi 5 septembre.

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  • Sorties cinéma: "Atmen", un second souffle pour une deuxième chance

    19729286.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20110503_100955[1].jpgPetite semaine avec le meilleur, le très moyen et le pire au menu. Le meilleur, c’est Atmen, un premier long-métrage de l’Autrichien Karl Markovics. En français, Respirer. Un film sur la rédemption à travers une deuxième chance. Une sorte de second souffle pour Roman Kogler, 18 ans, détenu dans un centre pour mineurs depuis trois ans après avoir tabassé un autre garçon à mort.

    Comme il a déjà purgé la moitié de sa peine, Il pourrait être libéré sur parole. Mais paumé, fermé, taiseux, sans famille, il peine à trouver un emploi, avant de choisir, drôle d’idée pour reprendre sa vie en main, de travailler dans une entreprise de pompes funèbres…

    Un jour, il tombe sur le cadavre d’une femme qui porte le même nom que lui. Bien que ce ne soit pas  sa mère, cette découverte le pousse à partir à la recherche de la sienne, tout en espérant retrouver sa  place dans la société. Roman avance ainsi sur le chemin de la réinsertion, mêlant les questions qu’il se pose sur son passé et sa quête de salut.

    Simplicité, rigueur, sobriété, économie de mots et d’effets pour cette fiction à double trajectoire qui prend des allures de documentaire et dont la mise en scène est notamment basée sur la répétition. Celle, très réaliste, des gestes autour des morts et du rituel de la fouille au retour chaque soir de Roman en prison (photo).
     
    Les comédiens participent largement à la grande réussite de cette histoire sombre mais sans excès, évitant le misérabilisme, le pathos ou la complaisance. Elle repose surtout sur les épaules de son héros principal, l’excellent Thomas Schubert, que le réalisateur ne quitte pas d’une semelle tout au long de l’intrigue.


    Un homme et son chien...

    20218638.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgOn n’en dira pas autant du dernier-né de Quentin Dupieux Wrong. Alors que l’iconoclaste cinéaste français, alias Mr Ozio, avait séduit l’an dernier à Locarno grâce à son jubilatoire Rubber, pneu tueur et télépathe, il a raté son coup cette année au festival tessinois avec sa troisième fiction. Pour preuve, pas un seul journaliste n’avait daigné assister à sa conférence de presse. 

    Dans cette comédie burlesque, Dolph Springer se réveille un matin pour constater avec horreur que l'amour de sa vie, son chien Paul, a inexplicablement disparu. Parti à sa recherche, Dolph croise un mystérieux gourou, une vendeuse de pizza nymphomane, un jardinier loufoque et un bien curieux détective. De quoi faire perdre définitivement la raison au malheureux, déjà gravement inadapté social.
     
    En créant un univers décalé mélancolico-surréaliste peuplé de quelques freaks sur fond de relations chiennes, le but de Quentin Dupieux est de provoquer le malaise, voire une certaine angoisse. Il n’a réussi qu’à générer un ennui certain.


    Attention,  couple en péril!

    20159851.jpg-r_160_240-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgBien que cette histroire entre un homme et son toutou adoré ait du mal à tenir la route, elle ferait presque figure de chef d’œuvre à côté de l’affligeant, pathétique et outrancier A cœur ouvert de Marion Laine. La réalisatrice se penche sur le quotidien tourmenté de deux chirurgiens du cœur, Mila et Javier, liés depuis dix ans par leur amour et leur métier. Mais Mila tombe enceinte et l’équilibre du couple s’en trouve brutalement menacé. Le penchant immodéré pour la bouteille de Javier n’arrange pas les choses…

    Passion, sensualité, dépendance amoureuse, alcoolique, amour à mort, pourquoi pas ? Sauf que tout cela exige beaucoup de talent à la fois derrière et devant la caméra. Mais si la réalisatrice est loin d’être au top, ses deux vedettes Juliette Binoche et Edgar Ramirez, bêtes de sexe caricaturales à pleurer, achèvent de plomber définitivement l’affaire. En un mot, consternant.

    Vous prendrez bien encore un peu de Rousseau

    Un dernier mot Le nez dans le ruisseau de Christophe Chevalier, qui fait référence au tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau, largement fêté depuis le début de l’année. Chargée d’un reportage sur le grand homme, Marie rencontre Tom, un jeune garçon qui semble le connaître sans en avoir conscience. La journaliste lui propose alors de rencontrer un spécialiste du philosophe. Rapidement, le gamin de dix ans réussit à ébranler les certitudes de l’éminent savant. Un opus intelligent à vocation pédagogique avec notamment Sami Frey et Anne Richard.

    Films à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 29 août.

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