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Cinéfil - Page 22

  • Grand écran: entre drame, thriller ou comédie, mes films préférés de 2015

    Le-Fils-de-Saul-la-critique[1].jpgLe fils de Saul de Laszlo Nemes. Octobre 1944, camp d’extermination d'Auschwitz. Juif hongrois, Saul Ausländer est membre d'un des Sonderkommandos formés de déportés plus forts que les autres, recrutés par les nazis et forcés de les assister dans la macabre mise en œuvre de la solution finale. Avant d'être liquidés eux aussi.

    Saul travaille dans un crématorium quand, au milieu des cadavres,  il croit reconnaître celui de son fils. il est dès lors obsédé par l'idée de lui offrir une sépulture digne.

    Laszlo Nemes plonge le spectateur dans l'innommable quotidien de son héros, remarquablement interprété par l'impressionnant Géza Röhrig, New-Yorkais d'origine hongroise. Cette immersion dans l'insoutenable vous secoue, vous touche d'une manière viscérale et vous laisse complètement sonné.

    Foxcatcher de Bennett Miller

    Pour assouvir ses rêves de grandeur, l’excentrique milliardaire américain John du Pont, patriote passionné de lutte gréco-romaine, décide de coacher deux champions de la discipline pour les JO de Séoul en 1988. Et met sur pied une luxueuse structure d’entraînement à Foxcatcher, la propriété familiale.

    Bennett Miller s’inspire d’un fait divers fou vécu par les frères Dave et Mark Schuztz, médaillés d’or à Los Angeles en 1984 et qui formeront l’équipe choc de John du Pont. Le trio évolue dans une ambiance malsaine qui le conduit vers une fin tragique.

    Le réalisateur s‘aventure au-delà du sport pour livrer un fascinant thriller psychologique à haute tension,.Avec Steve Carell méconnaissable en héros malfaisant, mégalo et Channing Tatum très convaincant en costaud fruste, névrosé et vulnérable.

    193450[1].jpgLe pont des espions de Steven Spielberg

    Brillant avocat, James Donovan (Tom Hanks), est engagé en 1957 pour défendre Rudolf Abel, un espion soviétique, qui écope de 30 ans de prison. Un an après l’édification du Mur de Berlin, un pilote américain est fait prisonnier par les Soviétiques. Donovan est chargé de négocier sa libération contre celle de Rudolf Abel.
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    Dans son vingt-huitième long métrage, Steven Spielberg propose un récit historique virtuose, captivant et puissant, un drame humain au suspense efficace ainsi qu’une bluffante reconstitution d’époque où on revit par exemple comme si on y était la construction du Mur.

    Il recrée également avec humour les tensions de ces années aux Etats-Unis et les considérables moyens sécuritaires déployés pour faire face à la hantise du communisme,

    Imitation Game de Morten Tydlum

    A la tête de grosses têtes en tous genres, le célèbre mathématicien britannique Alan Turing va aider les Alliés à remporter la Seconde Guerre mondiale en décryptant les codes d'Enigma, la fameuse machine utilisée par les nazis,et réputée inviolable jusque-là. .

    Pour son premier long-métrage américain inspiré du livre biographique d'Andrew Hodges, le Norvégien Morten Tydlum raconte cette histoire, tout en se penchant sur la vie du pionnier de l'ordinateur. Persécuté pour son homosexualité, ce héros de guerre discret est retrouvé mort (suicide ou accident) par empoisonnement au cyanure le 7 juin 1954. Il avait 42 ans.

    Benedict Cumberbatch, livre une remarquable prestation dans ce passionnant thriller en enfilant le costume d’un  personnage hors norme, génial ancêtre de l'intelligence artificielle, réhabilité par la reine Elizabeth en 2013.

    7778474659_vincent-lindon-montre-sa-recompense[2].jpgLa loi du marché de Stéphane Brizé

    Thierry, quinqua chômeur, marié et père d’un enfant handicapé, galère depuis vingt mois. Il finit par se retrouver vigile dans un supermarché, puis auxiliaire de sécurité, chargé d’espionner les clients chapardeurs potentiels et ses malheureux collègues mal payés tentés d’en faire autant.

    Dans cette fiction sociale au froid réalisme documentaire Stéphane Brizé raconte l’histoire de la défaite programmée des exclus. En évoquant la brutalité du marché pour les pauvres qui deviennent toujours plus pauvres, face à l’indécence des gros qui ne cessent de s’engraisser sur leur dos. Un rôle sur mesure, pour l’excellent Vincent Lindon qui lui a permis de décrocher le prix de meilleur acteur à Cannes.

    Back Home de Joachim Trier

    Le premier film en anglais du cinéaste norvégien se déroule trois ans après la mort inattendue d’une célèbre reporter de guerre (Isabelle Huppert) dans un accident de voiture. Elle a plongé en plein chaos un mari (Gabriel Byrne) et deux garçons, un jeune adulte qui vient d’être papa et un ado en crise de 14 ans féru de jeux vidéo violents.

    Leur chagrin est ravivé par la préparation d’une exposition à New York sur le travail de leur épouse et mère. Doublé d’un bouleversement avec la révélation d’un douloureux secret. Les trois se réunissent dans la maison familiale et Trier propose le  points de vue de chacun sur le drame.

    Le plus intéressant dans ce film parfaitement interprété, c’est la construction d’un récit hypnotique et troublant, morcelé entre rêves, flash-backs et regards différents reflétant la complexité de l’existence.

    dafa558e26447adfc1517768a30423f9[1].jpgLa belle saison de Catherine Corsini

    Cécile de France et Izïa Higelin portent magnifiquement cette histoire d’amour homosexuelle bouleversante, joyeuse, sombre et mélodramatique entre Delphine, une jeune paysanne de 23 ans rêvant d’avoir sa ferme et Carole, une Parisienne de 35 ans alors en couple avec un homme et très investie dans le combat féministe des seventies.

    Cette plongée dans ces années-là permet notamment à la réalisatrice de rendre hommage aux femmes engagées à la tête de la lutte pour l’égalité et l’émancipation, souvent dénigrées, insultées, traitées de mal baisées ou autres grossièretés du genre. Nombre d’entre elles étaient homosexuelles, ont pu se faire entendre et contribuer ainsi largement à faire avancer les choses sur les problématiques à la fois politiques et intimes.

    Les cowboys de Thomas Bidegain

    Fan de culture country, Alain est l'un des piliers d'une communauté du genre dans l'est de la France. Lors d'un rassemblement, il danse avec Kelly, sa fille chérie de 16 ans, sous le regard de sa femme et de son fils Kid. Peu après, tous trois s'aperçoivent soudain qu'elle a disparu. Alain se lance alors à sa recherche, parcourant le monde, sacrifiant tout, sa vie de famille, la jeunesse de son fils qu'il embarque dans sa quête enragée, obsessionnelle.

    On découvrira à la fois la conversion de Kelly à l'Islam radical, l’impossibilité pour son père d’accepter de vivre sans elle et de s’adapter aux autres. La réussite de ce western moderne signé Thomas Bidegain, tient à sa mise en scène, sa photographie, ses décors, tout comme à ses interprètes, dont le formidable François Damiens.

    featured_irrational-man[1].jpgL’homme irrationnel de Woody Allen

    Abe Lucas, prof de philo à la ramasse, débarque sur le campus d’une petite ville américaine. Tentant de remplir le vide de sa vie avec le sexe, cet alcoolique désabusé et bedonnant entame d’abord une liaison avec une collègue en manque. Puis il passe à Jill, la plus jolie élève de sa classe attirée par cet érudit  dépressif, qui a perdu foi en l’existence. Jusqu’à ce qu’il retrouve la joie de vivre dans le crime…

    Une comédie romantique qui vire au polar, divertissante, sans prétention, où  Woody Allen continue à soulever avec spiritualité, désinvolture, et cynisme les questions existentielles qui le passionnent .Côté acteurs, la sexy Emma Stone assure avec charme, tandis que Joaquin Phoenix, assume avec décontraction son imposant tour de taille et son penchant pour la bouteille.

    Fatima de Philippe Faucon

    Femme de ménage, d’origine marocaine Fatima vit seule dans la banlieue lyonnaise avec ses deux filles, Souad 15 ans, ado rebelle qui a honte du travail de sa mère, et Nesrine, 18 ans, étudiante en médecine. Les rapports entre elles et Fatima, qui maîtrise par ailleurs mal le français, sont compliqués, sinon conflictuels.

    Mais elle ne se tue pas moins à la tâche pour leur assurer le meilleur avenir possible. Un jour, elle tombe malencontreusement dans un escalier. En arrêt maladie, elle décide de tenir un journal à l’intention de ses filles, écrivant en arabe ce qu’elle n’a pas pu ou ne peut toujours pas leur dire en français.

    Ce tendre et émouvant portrait de femmes s'inspire du journal de Fatima Elayoubi, interprétée par Soria Zeroual, également femme de ménage.

    648x415_catherine-frot-role-marguerite-inspiree-cantatrice-florence-foster-jenkins[1].jpgMarguerite de Xavier Giannoli

    Elle assassine Mozart mais ne s’en rend pas compte. Depuis des années Marguerite Dumont, baronne passionnée de musique, casse les oreilles du cercle d’habitués qui squattent son château. Mais les hypocrites feignent l’éblouissement pour mieux  profiter de ses largesses.

    Xavier Giannoli, s’inspire de la vie de la richissime Américaine Florence Foster Jenkins, une soprano culte à la voix fausse qui, grâce à son argent, se produisait et enregistrait des albums au début du XXe siècle. .
    L’auteur a transposé, dans le Paris des années 20, une  version ambitieuse. Elle repose essentiellement sur les épaules de Catherine Frot, tour à tour excessive, excentrique, ridicule, émouvante dans cette comédie tragique, qui est aussi une histoire d’amour.

    Les nouveaux sauvages de Damian Szifron

    Réalisateur, scénariste, créateur de Los Simuladores, une série télévisée très populaire dans son pays, l’Argentin Damian Szifron livre son troisième long-métrage produit par Pedro Almodovar.

    Sur fond d’inégalité et d’injustice, de trahison, de déprime et de stress, le cinéaste critique en six histoires à l’humour noir corrosif et féroce une Argentine actuelle, où il explore la fragilité de gens confrontés à la réalité d’un quotidien aussi cruel qu’inattendu.

    Face à des situations qui les dépassent, absurdes, inextricables, surréalistes, ses personnages perdent les pédales et finissent par péter les plombs. C’est jouissif.

    Une seconde mère d'Anna Muylaert

    Domestique depuis dix ans chez de riches Brésiliens de Sao Paulo, Val sert à la fois de bonne à tout faire, de nounou et de mère de substitution pour le fils de la famille qu’elle a pratiquement élevé. Abandonnant ainsi Jessica, sa propre fille, qui débarque après des années et ne se gêne pas  pour bousculer la hiérarchie ambiante.

    Anna Muylaert, propose un portrait de la société de son pays par le biais d’une comédie dramatique à rebondissements savoureuse, drôle et touchante. Se iivrant parallèlement au jugement sévère d’un hypocrite système de castes que rejette Jessica, symbole d’une jeunesse rétive à l’asservissement, la condescendance et l‘humiliation. .

     

     

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  • Lauren Bacall, la mort d'une légende, icône de l'âge d'or hollywoodien

    Lauren-Bacall-legende-d-Hollywood-est-decedee_portrait_w532[1].jpgBelle, envoûtante, un visage aux traits aigus, élégante, drôle, la voix grave aux intonations un peu rauques, un côté garçon, un tempérament de feu. Et surtout ces yeux magnifiques, profonds, ce fameux regard en-dessous, mystérieux, insolent empreint de sensualité, qui lui valut le surnom de "The Look".
     
    Vraie personnalité, à la fois indépendante, séductrice, bonne camarade et femme fatale, icône de l’âge d’or hollywoodien, Lauren Bacall qui a régné sur le cinéma américain pendant soixante ans, est morte le 12 août à New York d’une attaque. Elle avait 89 ans.

    Née Betty Joan Perske dans le Bronx le 16 septembre 1924, fille unique d’immigrants juifs roumano-polonais, cousine de l’ancien premier ministre israélien Shimon Peres, elle s’essaye très jeune au mannequinat et à l’art dramatique.
     
    Une couverture du Harper’s Bazar et quelques photos de mode à l’intérieur du magazine la font remarquer par la femme d’Howard Hawks qui incite vivement son mari à auditionner cette beauté de 19 ans. Elle drague la caméra et le réalisateur lui confie immédiatement le rôle d’aventurière de Marie Browning, alias Slim, face au patron du bateau Harry, alias Humphrey Bogart, dans Le port de l’angoisse

    La naissance d'un couple mythique à l'écran et à la ville 

    Une rencontre en forme de coup de foudre et cette réplique devenue culte: "If you want anything all you have to do is whistle…" Bogart a 44 ans. Il est marié et divorce pour épouser Bacall en 1945. Alors que ce premier film la révèle au public, un couple mythique est né au cinéma comme à la ville. Parents de deux enfants, les stars tiendront l’Amérique et le reste du monde sous le charme pendant douze ans, jusqu’à la mort de Bogart d’un cancer en 1957.

    891819-lauren-bacall-humphrey-bogart-film[1].jpgHoward Hawks les réunit de nouveau en 1946 dans Le Grand Sommeil (photo) d’après Raymond Chandler. Ils tourneront encore deux films noirs ensemble, Les Passagers de la nuit de Delmer Daves (1947) et Key Largo de John Huston (1948). Remariée en 1961, avec l'acteur Jason Robards dont elle a un fils, Lauren Bacall le quittera huit ans plus tard.

    Dans les années cinquante, l'actrice se tourne vers la comédie. Comment épouser un millionnaire (1953) et Les femmes mènent le monde (1954), de Jean Negulesco, La Femme modèle 1957) de Vicente Minnelli où elle joue une dessinatrice de mode mondaine. Après la mort de Bogart, on la voit également sur scène à Broadway, à la télévision, notamment dans la série des Soprano où elle tient son propre rôle.

    Le grand écran la réclame encore pour Le crime de l'Orient-Express de Sydney Lumet (1974), Le dernier des géants de Don Siegel 1976), son vrai dernier grand rôle et l’ultime de John Wayne atteint d’un cancer. On se rappelle ses apparitions en agent littéraire dans Misery de Rob Reiner (1990), Prêt-à-porter de Robert Altman (1994), Dogville et Manderlay de Lars Von Trier en 2003 et 2005.

    Côté récompenses, Lauren Bacall, auteure par ailleurs de deux biographies, By Myself (1979) et Now (2005) a été nominée à l’Oscar et au Golden Globe du meilleur second rôle pour sa prestation dans Leçons de séduction de Barbra Streisand (1996) où elle interprète la mère de l’actrice réalisatrice. En 2009, elle a reçu un Oscar pour l’ensemble de sa carrière.

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  • Sorties cinéma: "Robot and Frank"

    701[1].pngAncien cambrioleur à la mémoire défaillante et quitté par sa femme, Frank se retrouve tout seul. Du coup son fils s’inquiète et lui impose la présence d’un robot domestique censé lui servir d’homme à tout faire. Le vieux grincheux voit d’abord d’un très mauvais oeil l'installation de ce colocataire. D’autant qu’il bouleverse son quotidien, ne cessant de lui donner des conseils pour sa santé, l’obligeant à faire du sport et à manger des légumes.

    Mais il finit par s’accommoder assez vite de ce compagnon insolite qu’il trouve dans le fond aussi malin que sympathique. Tous deux deviennent complices (photo)au point de concocter un casse à la bibliothèque locale. 

    Un premier long-métrage sans prétention, touchant et amusant. Il permet au réalisateur Jake Schreier, tout en jouant avec l’intelligence artificielle, d’aborder le thème du vieillissement et de ses aléas peu réjouissants comme la perte de mémoire et d’autonomie. En évitant avec finesse le pathos à faire pleurer dans les chaumières.

    L’excellente interprétation de Frank Langella, grand acteur le plus souvent voué aux seconds rôles, contribue plus que largement à la réussite du film.

    Sâdhu, un sage en crise de foi

    276872_411956945512892_209935329_n[1].jpgPendant plus d’une année, le Suisse Gaël Métroz a suivi Suraj Baba, un sâdhu, autrement dit un saint homme hindou. Il a fait vœu de pauvreté et de chasteté et s’est retiré pendant huit ans dans une grotte à 3000 mètres d’altitude au cœur de l’Himalaya. Mais après ce long isolement dans le dénuement, le silence et la méditation, l’ermite tiraillé par le doute est en proie à une crise de foi. Pour l’éprouver, il  décide de se confronter à nouveau au monde. Il se rend alors avec le réalisateur à la Kumbha Mela qui, tous les douze ans, réunit quelque 70 millions de pèlerins.

    Un sage qui cherche sa voie, se pose des questions et tente de donner un sens à sa vie, c’est ce que Gaël Métroz tente de montrer. La démarche est intéressante mais laisse un peu sur sa faim. On aurait souhaité un portrait plus approfondi de ce Suraj Baba passionné de littérature et qui voulait jouer dans un groupe de rock. On regrette aussi un certain manque de point de vue du cinéaste, au cours de ce périple sur fond de somptueux paysages.

    Chronique d’une mort oubliée

    7_bea00c3ddd[1].jpgEn 2005, dans un studio du centre-ville de Genève, la police découvre le corps décomposé sur son canapé, au milieu de la vermine, de Michel Christen, 53 ans. Il est mort depuis 28 mois. Oublié de tous, qu’il s’agisse de ses proches, de ses copains, de ses voisins le croyant parti, ou des services administratifs.

    Retraçant son histoire grâce à des archives vidéo et des témoignges, Pierre Morath dévoile un homme qui, à la suite d’une blessure, a quitté son travail de ramoneur, perdu sa famille, sombré dans l’alcool et la misère. L’auteur dresse aussi, dans son documentaire, un réquisitoire contre les services sociaux et révèle un audit commandé par le Conseil d’Etat pour faire la lumière sur ce drame, qui avait à l’époque indigné l’opinion publique. Une enquête très fouillée et rigoureusement menée.

    Films à l’affiche dans les salles romandes depuis mercredi 26 septembre.

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