Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cinéfil - Page 20

  • Grand écran: mes films préférés de 2017

    maxresdefault.jpgLes chefs d’œuvre n’ont pas couru les écrans cette année, contrairement aux navets qui ont parfois atteint des sommets, à l’image de trop nombreuses comédies françaises et américaines. En d’autres termes, 2017 ne fut pas le cru du siècle même s’il n’en est qu’à son début. Reste qu’on a heureusement vu quelques très bons films, voire excellents. Plus ou moins dans le désordre, voici mes préférés.

    120 battements par minute, de Robin Campillo. Début des années 90. Alors que
    le sida tue depuis une dizaine d’années, les activistes d’Act Up multiplient les méthodes coups de poing et les mises en scènes chocs pour lutter contre l’indifférence générale à la maladie. Au cœur de l’action, deux amants vont mener leur propre combat. Une oeuvre rare, captivante, sur la nécessité d’alerter, de bousculer, où alternent les scènes d’amour, d’action, de débats. A la fois pudique et triviale, elle mêle l’intime et le politique. Insistant sur la libération de la parole, Campillo réussit par ailleurs à éviter tout pathos en évoquant la mort qui ne cesse de rôder autour de ces jeunes gens animés d’une soif de vivre, mais sacrifiés pour avoir trop aimé.

    Detroit, de Kathryn Bigelow. La réalisatrice confronte à nouveau l’Amérique à ses démons avec une redoutable immersion au cœur des émeutes raciales qui ont secoué Detroit au cours de l’été 1967, causant la mort de 43 personnes et en blessant 467 autres. Avec un remarquable souci d’authenticité, Bigelow s‘attarde longuement sur la nuit d’horreur du 25 juillet, pour en montrer dans les moindres détails jusqu’à l’insoutenable, la folie, les pulsions criminelles incontrôlées, les dérapages meurtriers de flics blancs avides de violenter et torturer des «suspects» à majorité noirs. Un thriller coup de poing, sous haute tension, et un portrait implacable d’une société alors minée par un racisme institutionnel, faisant écho à l’actualité 50 ans plus tard.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaastacy.jpgLe Redoutable, de Michel Hazanavicius. Les esprits chagrins s’offusquent de cette «impudence» à s‘attaquer à la légende vivante de la Nouvelle vague, en crise existentialiste et cinématographique pendant et après Mai 68. On adore au contraire cette démystification fantaisiste de Godard où, sous l’ironie apparemment féroce, perce l’admiration envers l’homme et le cinéaste. Il est interprété par un formidable Louis Garrel, irrésistiblement drôle dans la peau du mythe, dont il emprunte à la perfection le look, la démarche, l’accent traînant, la cruauté, le discours outrancier, l’autodérision.

    The Battle Of Sexes, de Jonathan Dayton et Valerie Faris. Emmené par les excellents Emma Stone et Steve Carrell, les auteurs reviennent avec talent, maîtrise et humour sur le combat de la joueuse de tennis américaine Billie Jean King, icône alors âgée de 29 ans, qui se démène pour que les femmes touchent des primes équivalentes à celle des hommes. En s’appuyant sur son incroyable duel avec Bobby Riggs, 55 ans, ancien numéro un mondial, persuadé de la battre en trois coups de raquette! Mais le macho en fut pour ses frais lors du match suivi en 1973 par 30.000 spectateurs et 50 millions de téléspectateurs à travers la planète. 

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaamalric.jpgBarbara, de Mathieu Amalric. Mise en abîme aux frontières de la réalité et de la fiction, l’opus propose entre poème et rêverie musicale un portrait complexe, émouvant, de la mythique, insolente, capricieuse, autoritaire, fantasque, mélancolique Barbara. L’excellente Jeanne Balibar se révèle impressionnante. Habitée, naturelle, elle travaille son personnage, les chansons, composant au piano, s’entraînant à imiter la voix, s’appropriant les gestes, les accessoires, les attitudes de son modèle. Mais sans chercher le mimétisme. La ressemblance n’en est pas moins troublante.

    Faute d’amour, d’Andrey Zvyaguintsev. Surfant sur internet, le réalisateur russe trouve une info sur Liza Alert, une organisation de bénévoles vouée à la recherche de disparus. Voilà qui lui permet de disséquer une crise familiale. En instance de divorce, des parents se déchirent sous les yeux de leur fis de 12 ans, sans se préoccuper des dégâts qu’ils peuvent provoquer chez l’enfant en dramatique manque d’amour. Jusqu’au jour où il disparaît. La police ayant déclaré forfait, les investigations  sont confiées à une association spécialisée, Suit une deuxième partie en forme d’enquête où Zvyaguintsev se livre à une charge implacable contre une société impitoyable, égoïste, glaciale, entre désespoir et frustration.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaamoon.jpgMoonlight, de Barry Jenkis. Enfant noir de Liberty City, quartier défavorisé de Miami, orphelin de père, vivant avec sa mère toxico, harcelé par ses camarades, Chiron n’a pas d’ami à part Juan, un caïd de la drogue qui le protège et devient un père de substitution. De surcroît, il doit assumer son homosexualité dans un environnement hostile. Avec ce scénario, on pouvait craindre le pire. C’est l’inverse. On découvre un film à contre-courant, privilégiant une approche poétique, empathique, sensuelle. Explorant avec finesse les rapports humains et les préférences sexuelles, le metteur en scène raconte, en trois périodes-clés, une quête d’identité faite de rejets, brimades et insultes, qui finiront par mener Chiron à s’accepter.

    Au revoir là-haut, d’Albert Dupontel. Deux rescapés des tranchées sortent traumatisès de la boucherie de la Première Guerre mondiale. L’un a perdu sa femme et son métier, l’autre y a laissé le bas de son visage. Pour se venger de l’Etat qui les ignore en dépit de leur sacrifice, ils montent une juteuse arnaque en vendant de faux monuments aux morts sur catalogue. Tout en recherchant l’immonde crapule qui les avait envoyés à l’abattoir après l’armistice. Un film brillamment adapté du roman éponyme de Pierre Lemaître, Goncourt 2013, où se mêlent humour trash, tragédie filiale, poésie, drame intime, cynisme, lutte des classes, lyrisme.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaflorida.jpgThe Florida Project, de Sean Baker. Ce film à l’esthétique pop évoque dans des tons roses, verts, violets et jaunes l’envers du rêve américain, dénonçant la condition des laissés pour compte qui vivent dans des motels miteux à l’ombre de la férie Disney. Comme la turbulente, charismatique Moonee, six ans, sa très jeune mère et ses potes. Une chronique sociale émotionnellement forte, mais évitant tout pathos, complaisance ou jugement. Parfaits, les protagonistes sont des nom-professionnels, à l’exception de Willem Dafoe, particulièrement convaincant en paternel, attendrissant et bienveillant gérant de motel.

    Les gardiennes, de Xavier Beauvois. L’auteur rend hommage aux femmes qui, restées à l’arrière pendant la Première Guerre mondiale, ont continué à faire tourner l’économie française, alors que les hommes étaient partis au front, en assurant notamment le fonctionnement des exploitations agricoles. Mise en scène et photographie soignées pour le portrait de ces vaillantes résistantes trimant dur aux champs et à la ferme. Avec Nathalie Baye, sa fille Laura Smet et une révélation, la lumineuse Iris Bry.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabelle.jpgLa belle et la meute, de Kaouther Ben Hania. Luttant contre un système perverti dont elle démonte les rouages, l’auteure signe un singulier thriller politique féministe, en adaptant une histoire vraie qui s’était déroulée post Printemps arabe, en 2012. Celle de la jolie Mariam, violée par des policiers. Elle veut porter plainte mais, se heurtant aux dénégations, intimidations et menaces au sein du commissariat de ses agresseurs, elle va vivre une longue nuit cauchemardesque pour tenter de le prouver.

    Get Out de Jordan Peele. Chris, jeune photographe noir et sa petite amie blanche Rose, très amoureux l’un de l’autre décident de rencontrer les parents de Rose. Bien accueilli, Chris est troublé par le comportement étrange du jardinier et de la gouvernante, tous les deux black. Originale, inventive et angoissante, cette farce grinçante, anxiogène, à la frontière de l’horreur et du fantastique, aborde le racisme ordinaire avec un humour très…noir. Et laisse monter la pression au fur et à mesure que le héros bascule dans le cauchemar.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaapaysan.jpgPetit paysan, d’Hubert Charuel. Alors qu’une épidémie de fièvre aphteuse se déclare en France, un éleveur de vaches laitières découvre avec horreur qu’une de ses bêtes est contaminée. Face à la menace de perdre son troupeau, il tue lui-même l’animal en cachette. Tombant dans l’illégalité, passible de prison, il est pris dans un engrenage infernal. Un premier long-métrage bien écrit, parfaitement documenté, mêlant thriller psychologique et réflexion sur les difficultés économiques et les tâches épuisantes des paysans.

    Borg-McEnroe, de Janutz Metz Pedersen. Retour sur la rivalité exacerbée de deux géants de la petite balle jaune, qui en ont changé la face. Nous sommes à Wimbledon en 1980 et les hommes vont s’affronter dans une finale qui deviendra l’un des plus grands duels de l’histoire du sport. Une confrontation aux allures de thriller entre Borg, beau gosse suédois faussement insensible encensé par le public (Sverrir Gudnason bluffant de ressemblance) et McEnroe, le bad boy américain, rebelle, impulsif et colérique (Shia Labeouf). On s’y croirait…

    Téhéran Tabou, d’Ali Soozandeh. Le réalisateur iranien réfugié en Allemagne, ouvertement militant, nous immerge au sein d’une société schizophrène et hypocrite, dans laquelle le sexe, la drogue et la corruption coexistent avec les interdits religieux, juridiques, traditionnels. A la fois poétique, politique et intime, cet audacieux métrage tourné en rotoscopie a valeur de témoignage avec sa peinture sociale dénonciatrice, dérangeante, provocante, sinon choquante.

     

    Lien permanent Catégories : Cinéfil
  • Cinéma: Jeanne Moreau, la mort d'une icône

    aaaaaaaaaaaaaaamoreauj.jpgFemme libre, incarnation du cinéma, personnalité hors du commun, sensuelle, envoûtante, inoubliable, sublime...Sur les réseaux sociaux les hommages pleuvent et se ressemblent, du président Macron et de sa ministre de la Culture à Brigitte Bardot, de Line Renaud à Jack Lang, de Plantu à Benoît Hamon, de Pierre Lescure à Claude Lelouch, de Jean-Pierre Mocky à Bruno Le Maire.

    Venus du monde politique ou de la culture, ils se sont tous réunis pour saluer l’immense talent de Jeanne Moreau, actrice, chanteuse et réalisatrice, trouvée morte lundi matin 31 juillet à son domicile parisien. Elle avait 89 ans.

    Séductrice  à la voix grave inimitable, héroïne moderne, intelligente et sulfureuse, elle est  née le 23 janvier 1928  à Paris d’une mère danseuse anglaise et d’un père restaurateur, qui la chasse de la maison lorsqu’elle se prend de passion pour le théâtre. Elle fait ses  débuts à la Comédie française  à 19 ans après le Conservatoire. Dans la foulée elle découvre le cinéma en 1949, dont elle deviendra l’icône.  

    aaaaaaaamoreau.jpgUn gage de qualité

    Provocante, avant-gardiste, féministe, éclectique dans ses choix, aussi populaires qu’auteuristes, elle a tourné dans plus de 130 films, rassemblant des millions de spectateurs. Bankable avant l'heure, sa présence était un gage de qualité  Elle a ainsi travaillé avec les plus grands, Louis Malle (Ascenseur pour l’échafaud en 1957, ou Les Amants en 1958), Michelangelo Antonioni  (La Notte 1961) Orson Welles (Le procès en 1962), Luis Bunuel (Le Journal d’une femme de chambre en 1964),  Joseph Losey (Eva en 1962) Jacques Demy ( (La baie des anges en 1968), Bertrand Blier (Les valseuses en 1974, qui  déclenche un scandale).

    aaaaaaaprasis.jpgEt on n’oubliera  évidemment pas sa célèbre collaboration avec François Truffaut pour Jules et Jim (1961), l’histoire d’un triangle amoureux où, maîtresse affranchie,  elle interprète le mémorable Tourbillon de la vie. Une chanson éternelle, reprise en duo avec Vanessa Paradis, dans une scène culte (photos) qui a marqué la cérémonie d’ouverture à Cannes  en 1995.

    Ces longs métrages lui valent ses meilleurs rôles qu’elle incarne auprès d’acteurs magnifiques comme Maurice Ronet, Anthony Perkins,  Marcello Mastroianni, Stanley Baker, Michel Piccoli, Patrick Dewaere, Gérard Depardieu. On peut y ajouter  Touchez pas au grisbi, de Jacques Becker avec Jean Gabin en 1953, Viva Maria de Louis Malle avec Brigitte Bardot en 1965, ou encore La mariée était en noir de François Truffaut en 1968 avec notamment Claude Rich, également décédé récemment.

    Les récompenses

    En 65 ans de carrière Jeanne Moreau, auteure elle-même de Lumière, L’adolescente et Lilian Gish, a collectionné les récompenses.

    aaaaaaaaaamoderatoc.jpgPour son rôle au côté de Jean-Paul Belmondo dans Moderato Cantabile de Peter Brook (photo), elle obtient le prix d’interprétation féminine en 1960 au Festival de Cannes, qu’elle est par ailleurs la seule comédienne à avoir présidé deux fois, en 1975 et 1995. 

    Deux ans plus tard elle reçoit le César de la meilleure actrice pour La Vieille qui marchait dans la mer de Laurent Heynemann. En 1998, Holywood lui remet un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et en 2008, elle décroche  un  Super César d’honneur.

     

    Les hommes qui ont compté dans sa vie 

    Indépendante, anticonformiste dans sa vie professionnelle, l’actrice l’est pareillement dans sa vie privée. Elle se marie avec l’acteur et réalisateur Jean-Louis Richard dont elle a eu un fils Jérôme, et dont elle divorce en 1951. Em 1977, elle épousé le cinéaste améri­cain William Fried­kin. Ils se quittent au bout de deux ans.

    Parmi les hommes qui ont compté dans sa vie, selon les connaisseurs du sujet, il y a Jean-Louis Trintignant, Sacha Distel, François Truffaut, Louis Malle, George Hamil­ton, Tony Richardson, Georges Moustaki. On lui prête une rela­tion avec Marcello Mastroianni et elle a séduit le grand couturier Pierre Cardin avec qui elle a vécu une histoire d’amour de quatre ans.

    Lien permanent Catégories : Cinéfil
  • Grand écran: de "Carol" à "Mademoiselle", mes films préférés de 2016

    Carol FL[1].jpgLes salles obscures ont fait recette cette année. Notamment grâce au succès de films d'animation de Disney. Dont Vaïana et l’irrésistible Zootopia, évoquant une adorable lapine qui, intégrant la police comme elle en a toujours rêvé, se rend rapidement compte qu’il ne va pas être facile de s’y faire une place… L’opus fait partie de mes  préférés de l‘année. En voici quelques autres :

    Carol, de Todd Haynes

    Cette histoire, adaptée du roman de Patricia Highsmith The Price Of Salt, publié sous le pseudonyme de Claire Morgan, raconte un coup de foudre interdit dans l’Amérique puritaine des fifties, Carol (Cate Blanchett), une riche newyorkaise malheureuse dans son mariage, rencontre Thérèse (Rooney Mara), jeune et timide vendeuse d’un grand magasin à Manhattan. Thérèse est subjuguée par la beauté, la liberté, la classe folle de cette femme plus âgée. Des regards, quelques mots, une paire de gants oubliée et c'est l'étincelle. Elles se revoient et vont tomber follement amoureuses. Todd Haynes bouscule les normes d’une société corsetée en surfant sur les différences sociales et sexuelles, en compagnie de deux brillantes comédiennes.

    Elle, de Paul Verhoeven

    Michèle, chef d’entreprise autoritaire, gère sa vie sentimentale et ses affaires d’une poigne de fer. Et puis un jour, elle se fait violer dans sa maison. Chassant le traumatisme, elle refuse résolument de subir et décide de traquer son violeur en retour. Un jeu glauque et dangereux va s’installer entre eux. Pour incarner Michèle, Paul Verhoeven a choisi Isabelle Huppert. Inébranlable, glaçante, vénéneuse, elle prend le contrôle, passant de victime à prédatrice. Provocant, sulfureux, transgressif, attiré par la violence, l’amoralité et l’ambiguïté, le cinéaste nous plonge dans une réalité dingue, malsaine, tordue, avec ce thriller noir, féroce, où règnent sado-masochisme, vengeance et paranoïa de personnages pervers et névrosés.

     

    aajarmush.jpgPaterson, de Jim Jarmush

    Conducteur de bus, Paterson, incarné par Adam Driver, écrit des poèmes dans un carnet dont il ne se sépare jamais. Des textes courts naïfs, principalement inspirés par son amour inconditionnel pour Laura, sa compagne, (Golshifteh Farahani). Avec leur bouledogue Marvin, ils vivent, dans une maison modeste, une existence à la fois ordinaire et unique, rassurante et ultra ritualisée. Ils sont follement heureux au sein de ce cocon domestique, jusqu’au jour où un grain de sable fait figure de cataclysme dans cet océan d'harmonie… Une comédie singulière, cocasse, pleine de poésie, de grâce et d’émotion, portée par d’excellents comédiens.

    Spotlight, de Tom McCarthy

    En 2002, le Boston Globe révélait un scandale sans précédent au sein de l’Eglise, dénonçant un réseau de prêtres couverts par leur hiérarchie, puis par la police, le pouvoir et les associations catholiques, alors qu’ils s’étaient rendus coupables d’abus sexuels sur des mineurs pendant des décennies. La vaste enquête sur ces pédophiles a été menée par une équipe de la rubrique investigation du Globe baptisée Spotlight. Une tâche particulièrement délicate et difficile pour les journalistes dans une ville à majorité catholique, où tout a été entrepris pour leur mettre des bâtons dans les roues. Mais les reporters ne lâchent pas le morceau. Cela leur vaudra le prix Pulitzer et provoquera une vague de révélations dans le monde entier. Un thriller captivant, efficace et édifiant.

    Quand on a 17 ans, d’André Téchiné

    Le réalisateur explore l’un de ses thèmes favoris, les brûlures de l’adolescence. Mettant en scène deux garçons qui se déchirent et ont du mal à assumer leur attirance, ce brillant cinéaste des sentiments les observe se découvrir avant de s’aimer, entre rage, rejet et désir. Damien (Kacey Mottet Klein), vit avec sa mère médecin Marianne (Sandrine Kiberlain), dans une petite ville pyrénéenne. Au lycée il entre violemment en conflit avec le beau Tom (Corentin Fila) dont la mère adoptive est enceinte. Par prudence, Marianne l’envoie à l’hôpital et accueille Tom à la maison. Cela ne plaît à aucun des deux ados qui, à fleur de peau, ne cessent pourtant de se chercher pour mieux se repousser avec colère. Des affrontements annonciateurs d’une passion que l’on pressent dès les premiers regards échangés,

     

    abaccalau.jpgBaccalauréat de Cristian Mungiu

    Médecin quinquagénaire, Roméo, convaincu qu’il n’y a plus d’avenir en Roumanie après y être revenu plein d’espoir en 1991, s’est démené pour que sa fille Eliza soit acceptée à l’Université de Cambridge. Il ne lui reste qu’à passer son bac, une formalité pour cette élève modèle. Mais Eliza est agressée sexuellement et le drame risque de remettre en cause non seulement sa bourse pour l’Angleterre, mais aussi la vie de Roméo qui a tout misé sur elle. Intensément frustré, il accepte l’aide d’un malade influent en vue de corrompre le correcteur des copies. Le piège se referme, c’est l’engrenage. Entre culpabilité et rédemption, le réalisateur se livre à un examen passionnant et impitoyable de nos sociétés.

    Ma Loute de Bruno Dumont

    Eté 1910, Baie de la Slack dans le Nord de la France. De mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. Au cours de leur enquête, l'improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy mènent l'enquête, façon Laurel et Hardy. Ils se retrouvent bien malgré eux au centre d'une étrange et dévorante histoire d'amour entre Ma Loute, fils ainé d'une famille de pêcheurs aux moeurs très particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents. Avec Fabrice Luchini, Valeria Bruni Tedeschi et Juliette Binoche pour des scènes burlesques, saugrenues, déjantées et jubilatoires.

    Sully, de Clint Eastwood

    Le grand Clint revisite, dans son 35e long-métrage, l'exploit sans précédent dans le domaine du pilote Chesley Sullenberger qui, le 15 janvier 2009, posa son avion sur le fleuve Hudson, à New York., sauvant ainsi tous les passagers. Les images font le tour de la planète. Mais alors qu’il est salué par l’opinion publique et les médias, les autorités ouvrent une enquête qui va durer 15 mois. Face à la perte de l‘avion d’une valeur de 150 millions de dollars, elle met en doute la décision extrêmement risquée du commandant de bord, s’acharnant sur lui dans une volonté maniaque de désigner un coupable. Tom Hanks vieilli, les cheveux blanchis, incarne cet homme à la fois exceptionnel, modeste et méconnu. Peu bavard, sans aucune aspiration à la notoriété, il affirme simplement n’avoir fait que son devoir.

    acastille.jpgLe Ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar

    Comment et pourquoi une jeune fllle, aujourd’hui, peut avoir envie de partir en Syrie? C’est ce qu'explique Le ciel attendra en mettant en scène deux d'entre elles. Mélanie 16 ans et Sonia.17 ans, piégées par Daech. Marie-Castille Mention-Schaar propose un film intelligent, lucide, indispensable, très bien documenté, analysant ce moment où les ados sont contre tout ce qui représente l'autorité. Parallèlement, la réalisatrice explore l’intimité et la psychologie de deux filles qui ont basculé, ou vont le faire, dans le fanatisme. Sans oublier la douleur des parents qui s'en veulent terriblement de n'avoir rien vu venir.

    Juste la fin du monde, de Xavier Dolan

    Pour son septième film, le prodige québecois a choisi d’adapter une pièce de Jean-Luc Lagarce. Jeune auteur à succès, homosexuel intello plein de douceur, Louis n’a pas revu sa mère, sa sœur et son frère depuis 12 ans. Gravement malade, il revient chez les siens pour leur annoncer sa mort prochaine. Et ne cessera de chercher le bon moment pour le faire. Mais il recule à chaque fois face à ces gens qui le noient sous les reproches, l’accablent de leur amertume et de leur amour.. Un huis-clos théâtral familial asphyxiant, à la fois bouleversant et exaspérant, où tout le monde a envie de déballer ce qu’il a sur le cœur, mais ment pour éviter de parler de la vraie raison du retour de Louis. Avec Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Vincent Cassel, Léa Seydoux et Marion Cotillard.

    Snowden, d’Oliver Stone

    Le réalisateur engagé, critique sans concession de la puissance politique et économique des Etats-Unis, retrace le parcours d’un jeune ingénieur en informatique, patriote idéaliste fier de servir son pays en ralliant la CIA et la NSA. Mais qui, taraudé par sa conscience en se rendant compte de l’ampleur de la cyber-surveillance de ces organisations, est devenu l'un des lanceurs d’alerte le plus célèbre de la planète. Une décision menant à une question cruciale. Faut–il sacrifier la liberté au profit d’une sécurité aléatoire? Le passionnant thriller politique d’Oliver Stone permet aussi de découvrir, derrière le crack informatique qui a tout perdu, sa vie privée et son histoire d’amour. Dans le rôle d’Edouard Snowden on découvre un formidable Joseph Gordon-Levitt.

    eddie-redmayne-danishgirl-1[1].jpgThe Danish Girl, de Tom Hooper

    C’est la singulière histoire vraie des peintres danois Gerda Wegener et Lili Elbe, née Einar Wegener, le premier à voir subi, en 1930, une opération chirurgicale pour changer de sexe. A l’origine de cette décision, une demande de Gerda qui, pressée de terminer un tableau en l’absence de son modèle, prie son mari d’enfiler ses bas, ses chaussures et sa robe. Le couple, qui poursuit sa relation amoureuse, est rapidement confronté à l’opprobre et aux interdits d’une société conservatrice. Tous deux quittent le Danemark pour Paris en 1912. En 1930 Lilii se rend en Allemagne pour son opération. Mais les dangers de la chirurgie étant alors très élevés, elle meurt un an plus tard. Eddie Redmayne se glisse avec talent dans la peau du personnage.

    L'économie du couple, de Joachim Lafosse

    Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris ont décidé de se séparer. Problème, c’est elle qui a payé la maison et lui qui l’a rénovée. Dans l’impossibilité de se loger ailleurs faute de moyens financiers, Boris est obligé de cohabiter avec son ex-compagne et leurs jumelles. Mais Marie veut qu’il parte. Elle déteste tout chez lui et se demande comment elle a pu l’aimer. C’est l’heure des engueulades monstres et des règlements de compte impitoyables. A la fois psy et ethnologue, Joachim Lafosse a tapé très juste au long de son étude de comportement aussi intelligente que subtile.

    Victoria, de Justine Triet

    La réalisatrice Justine Triet dévoile brillamment ses obsessions en évoquant les démêlés d’une avocate pénaliste. La trentaine sexy, elle est à la recherche d’un difficile équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie amoureuse.Parallèlement à la défense d’un ami accusé de meurtre, elle embauche Sam, un ex-petit dealer comme baby-sitter. Il s’incruste sur son canapé, passant du colocataire à l’amant. Cette comédie romantico-barjo sous influence sexuelle se double d’une satire du couple, mêlant aussi enfants, justice, argent. Elle est portée par la craquante Virginie Efira,

    amademoiselle.jpegMademoiselle, de Park Chan-Wook

    Librement adapté d’un roman britannique, le film est transposé de l’Angleterre victorienne en Corée dans les années 30, pendant la colonisation nippone. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant sous la coupe d’un oncle érotomane et tyrannique. Mais Sookee dissimule la noirceur de son âme sous son visage d'ange. Aidée d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, elle concocte un autre plan pour Hideko… Park Chan-Wook met en scène deux comédiennes d’une affolante beauté pour ce thriller romantico-sensuelo-érotique à rebondissements surprenants.

    Lien permanent Catégories : Cinéfil