Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 5

  • Grand écran: Mort de Michel Blanc, grand acteur aussi drôle, profond que bouleversé o

    «Putain Michel, qu’est-ce que tu nous a fait? Ces mots de Gérard Jugnot résument bien l’immense douleur de la troupe du Splendid. Patrice Leconte partage de son côté sa sidération et sa peine, Emmanuel Macron salue un monument du cinéma français qui nous a fait pleurer de rire et ému aux larmes…  Les messages d’émotion et de tristesse se multiplient pour rendre hommage à Michel Blanc, mort dans la nuit de3 au 4 octobre d’une crise cardiaque. Il avait 72 ans et a tourné cette année son dernier film La cache, du Lausannois Lionel Baier. Il sortira en 2025

    Comédien excellant aussi bien dans la comédie que dans le drame, scénariste, dialoguiste, Michel Blanc compte quelque 90 longs métrages à son actif, dont cinq comme réalisateur. Il s’était révélé dans les années 70 au café-théâtre, avec ses potes du Splendid, avant de se lancer dans le cinéma en 1975, en valet de chambre de Louis XV dans Que la fête commence de Bertrand Tavernier. Suivent des apparitions dans une douzaine de films avant la consécration, avec les cultissimes Bronzés de Patrice Leconte en 1978 et Les bronzés font du ski un an plus tard. 

    C’est là que naissait l’inoubliable, inénarrable et lourdingue dragueur éconduit Jean-Claude Dusse, qui n’a cessé depuis de lui coller à la peau. On se souvient tous de la scène mythique du télésiège... Il s’est d’ailleurs spécialisé dans ce rôle de loser dans Viens j’habite chez une copine ou Ma femme s’appelle reviens.

    Meilleur acteur à Cannes en 1986

    Espérant s’en débarrasser, il l’incarne encore une fois dans Marche à l’ombre (1984), sa première réalisation où il traîne ses savates avec Gérard Lanvin. Le film remporte un immense succès en drainant plus de six millions de spectateurs. Fort de ce triomphe, Michel Blanc répond à l’offre de Bertrand Blier. Aux côtés de Gérard Depardieu, il joue un homme découvrant son homosexualité dans Tenue de soirée. On est en 1986 et il est sacré meilleur acteur à Cannes.  

    Trois ans plus tard, on découvre le comédien dans Monsieur Hire. Un tailleur misanthrope et taciturne amoureux de sa jolie voisine d‘en face (Sandrine Bonnaire) qu’il ne cesse d’épier par la fenêtre, est soupçonné du meurtre de la jeune femme. Dans ce film signé Patrice Leconte, Michel Blanc, exceptionnel, trouve le meilleur rôle dramatique de sa carrière. 

    Prix du scénario sur la Croisette  en 1994

    Après avoir multiplié les costumes les plus divers dans une foule de métrages, parois navrants, apparaissant par ailleurs devant la caméra de Peter Greenaway, Robert Altman ou Roberto Benigni, Michel Blanc repasse derrière avec Grosse fatigue en 1994.

    Dans cette comédie noire et absurde, il joue son propre rôle, vedette depuis plusieurs années. Mais un jour sa célébrité vire au cauchemar où il reçoit gifle et coup de poing a la place des demandes d'orthographe. En compagnie d’une Carole Bouquet barrée, il va tenter de comprendre ce qui lui arrive. Cette comédie d’un style nouveau remporte le prix du scénario à Cannes et cartonne au box office. 

    Suite à une troisième réalisation au titre prémonitoire, Mauvaise passe, logiquement ignorée du public, une quatrième mieux accueillie Embrassez qui vous voudrez, il renoue avec deux gros succès de comédien dans Je vous trouve très beau d’Isabelle Mergault en 2005, et surtout grâce aux Bronzés 3 de Patrice Leconte l’année suivante. Pourtant décevante, cette suite réunit plus de 10 millions de spectateurs. 

    César du second rôle en 2012

    Après Les témoins d’André Téchiné en 2007, film sur les années sida où Michel Blanc se glisse dans la peau d’un médecin homosexuel,  il nous bouleverse à nouveau dans un registre dramatique, qui lui a valu le César du second rôle en 2012. Avec  L'xercice de l’Etat, Pierre Schoeller le met en scène en directeur de cabinet, personnage animé par le sens de l’État, serviteur austère indispensable à son ministre des Transports corrompu, joué par Olivier Gourmet. 

    Malheureusement pour lui, le public ne le suit pas dans sa dernière réalisation en 2018. Voyez comme on danse, une suite d’Embrassez qui vous voudrez.  Il revient en acteur en 2023 dans Les petites victoires de Mélanie Auffret et on le reverra l’an prochain dans La cache de Lionel Baier, adapté du roman éponyme de Christophe Boltanski, Prix Fémina 2015. 

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire
  • Everybody's Perfect, une 11e édition audacieuse entre joie lesbienne et porno gay

    Evénement artistique plus que jamais engagé dans la défense des minorités sexuelles, Everybody’s Perfect  se déploie à nouveau pour dix jours dès ce vendredi 4 octobre. Acteur de l’évolution de la société, le festival genevois a transmis, selon sa directrice Sylvie Cachin, des valeurs qui ont permis une meilleure prise de conscience. «Par ailleurs, précise-t-elle, son écho est plus large. Nous devenons une référence et avons tissé des liens avec d’autres rendez-vous du genre. J’ai par exemple été membre du jury du Teddy Bear (l’équivalent de la Queer Palm) à la Berlinale. J’ai également été invitée à Écrans mixtes, à Lyon.»

    Articulé autour de grands sujets liés aux personnes lgbtiqa+; le festival célèbre ainsi sa 11e édition, en mettant en exergue certaines thématiques, comme la joie lesbienne, déclinée en trois volets. Mais voyons d’abord ce que nous réserve son point fort, le cinéma. Au programme trente longs métrages de tous genres, de tous styles et de tous horizons, dont six documentaires et autant de courts, évoquant l’affirmation de soi, l’amour de l’autre et de la nature. Venus de seize pays, plus particulièrement asiatiques cette année, ils sont majoritairement inédits en Suisse

    Entre road trip philippin et fable politique italienne

    Impossible évidemment de les citer tous, mais on en retiendra quelques-uns. En ouverture, on découvrira le film philippin  Asog, du Canadien Sean Devlin. Dans ce road-trip tragi-comico-écologico-queer au sein d’une terre ravagée par un typhon, on assiste à la révolte des habitants face aux capitalistes, avides de profiter de leur misère.

    Le réalisateur roumain Emanuel Pârvu propose, lui, Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde. Lauréat de la Queer Palm à Cannes en mai dernier, le film dénonce froidement l’homophobie ordinaire en racontant la violente agression d’un jeune gay dans un petit village jusque là apparemment paisible.

    Everybody’s Perfect présentera aussi la fable politique poétique et surréaliste Rossosperanza, de l’Italienne Annarita Zambrano, qui se distingue par son récit audacieux, d’une rare liberté de ton. Dans Close to you, de l’Américain Dominic Savage, un jeune trans se rend à l’anniversaire de son père, qu’il n’a pas revu depuis quatre ans. Persuadé d’être une déception pour ses parents, il craint les conflits et les jugements que sa transition pourrait provoquer.

    Enfin, après Party Girl, Caméra d’or à Cannes en 2014, la Française Claire Burger revient avec Langue étrangère, (photo) où elle évoque Fanny, une jeune fille de 17 ans qui se cherche. Timide, elle a du mal à se faire des amis. Partie pour un séjour linguistique en Allemagne, elle rencontre Lena et se sent prête à tout pour lui plaire.

    Au programme des documentaires, on ne manquera pas Neirud, qui nous plonge dans le Brésil des années 1960-1980. Son auteure, Fernanda Paya, reconstitue la vie de sa tante Neirud, personnage énigmatique et controversé, qui a parcouru le Brésil en tant que lutteuse dans la troupe féminine d’un cirque underground.

    Parmi les sections, l’une des plus intrigantes est sans doute celle intitulée «Le porno gay français des années 1970». Cinq films y sont à (re)découvrir (dès 18 ans!), Mondo homo,  d'Hervé Joseph Le briûn Le beau mec de Wallace Potts, Equation à un inconnu de Dietrich de Velsa (Francis Savel), D’hommes à hommes de Gréco de Beauparis (Gérard Grégory) et New York City Inferno, de Marvin Merkins (Jacques Scandelari). Une conversation, samedi 5 octobre, «Quand le promo homo français faisait son cinéma», complètera ce volet. Le cinéaste Hervé Joseph Lebrun s’entretiendra avec Robin Corminboeuf, ancien rédacteur en chef du magazine 360° et auteur du roman Un été à M.

    La joie lesbienne

    Par ailleurs, comme cité plus haut, Sylvie Cachin et son équipe ont décidé cette année de braquer les projecteurs sur les femmes lesbiennes. Avec tout d’abord une table ronde, le dimanche 6 octobre, en compagnie de la cinéaste Claire Burger et de l’artiste brésilienne Jenifer Prince, qui  expose au Phare des dessins vintage saphiques inspirants, qui donnent de la gaité à la vie. À voir, enfin, 90 pourcent de joie lesbienne, une série de sept courts métrages.

    «Beaucoup trop de lesbiennes ont été cachées, effacées, invisibilisées, rappelle Sylvie Cachin. Certes, dans les arts visuels, elles sont souvent maîtresses de leur désir social, sensuel et sexuel, mais pas toujours. Et qu’en est-il dans la société en général? Sont-elles réconciliées avec leur image? Il faut véhiculer une vision positive, dépasser ce manque de représentation de joie, montrer qu’elles sont entrées dans une ère émancipatrice.» Partant de ce même état d’esprit joyeux et libérateur, une grande fête en forme de mini-festival leur sera dédiée le 10 octobre au Groove.

    Et puisqu’on en est à l’indispensable côté fiesta, il y en aura trois autres. À la Gravière en ouverture le samedi 5, à La Paillette le vendredi 11 et au MEG pour la clôture, le samedi 12. À vos agendas!

    Rendez-vous du 4 au 13 octobre à la Maison des Arts du Grütli et dans d’autres lieux genevois. Plus d’informations et billetterie sur everybodysperfect.ch 

    Lien permanent 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: "Joker: folie à deux" mêle comédie musicale, romance et film à procès. Captivant

    Après le fracassant triomphe surprise en 2019 du thriller psychologique Joker, Lion d’or à la Mostra de Venise, son auteur Todd Phillips s’est logiquement décidé à surfer sur la vague qui a consacré le  pire ennemi de Batman, tueur psychopathe sévissant à Gotham City,. Dans cette deuxième mouture, Arthur Fleck, Incarcéré à l’asile d’Arkham, attend son procès pour les crimes commis sous les traits du méchant clown grimaçant. Dont celui de l’animateur Murray Franklin en direct à la télévision, qui a provoqué le soulèvement d'une meute de bouffons.  

    Au début du film, on retrouve Fleck dans sa cellule. Incarné par un Joaquin Phoenix habité, aussi bluffant que dans le premier qui lui a valu un Oscar et un Golden Globe.  Méconnaissable, vieilli, shooté aux médicaments, mutique, recroquevillé,  il a fondu. Mais ce qui va changer pour ce mort vivant se traînant seul et désespéré, du moins le croit-il, c’est la rencontre du grand amour, lorsqu'il tombe par hasard sur Harley Quinn, une co-détenue. Impressionnante dans le rôle, Lady Gaga ne le cède en rien à son partenaire. Le visage dégoulinant de maquillage, elle et lui forment un couple déjanté quasiment parfait. 

    Alors qu’ils assistent ensemble à la projection du Danseur du dessus avec Fred Astaire, Arthur est entraîné par la jeune femme rebelle, qui adore semer panique et chaos partout où elle passe, dans une folie à deux. Pour' échapper au  sordide univers carcéral, ils se mettent à chanter, entre rêve et réalité, des standards jazz-pop des 1960’s revisités. Ils dansent aussi, Phoenix nous gratifiant même au passage d’un petit numéro de claquettes plutôt réussi. Tout comme sa reprise émouvante du Ne me quitte pas de Brel, quand le malheureux Arthur se rend compte que c’est le Joker qui a séduit Harley Quinn.

    Mêlant comédie musicale, romance pénitentiaire et film à procès avec le public dans le box des accusés, Todd Philipps propose un film introspectif, très différent de l’original où, lors des joutes au tribunal. se pose la question de la personnalité de Fleck, victime ou non de son double, redoutable criminel en série, star au rire jaune tonitruant et idole d’une société malade. Captivant. On pourrait reprocher à Phillips de courir trop de lièvres à la fois. Mais ça marche et on aime. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 octobre .

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire