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  • Grand écran: "The Apprentice" raconte Donald avant qu'il devienne Trump. Bluffant

     Réalisateur de l’excellent Holy Spider ( Les nuits de Mashad), Alii Abbasi propose le passionnant The Apprentice. Son premier film américain raconte l’irrésistible ascension de Trump  (Sebastian Stan) dans le monde des affaires et du pouvoir au cours des années 1970-1980, suite à une rencontre avec Roy Cohn (Jeremy Strong), avocat conservateur et entremetteur politique  aussi abject qu’influent.  
     
    A trois  quelques semaines de l’élection présidentielle, ce biopic plutôt explosif sorti vendredi 11 octobre aux Etats-Unis sous bannière indépendante, résonne particulièrement. Il provoque la colère violente du candidat républicain, le traitant de faux, de vulgaire (il en connaît un rayon dans le domaine…), et les menaces de ses avocats. Notamment  pour une scène qui le montre en train de violer son ex-femme, Ivana (morte en 2022), qui lui reprochait  de devenir de plus en plus gros et de plus en plus chauve. En fait, elle l’avait accusé de viol durant la procédure de divorce, avant de se rétracter.  Cela dit, selon les spécialistes, le film ne pèsera en rien sur le choix des électeurs.

    Et ce n’est pas le plus captivant dans l’histoire. Tout en opérant une plongée dans les arcanes de l’empire américain, le réalisateur danois d’origine iranienne brosse un portrait saisissant du jeune Donald, bien que relativement nuancé, étant donné la période. Pur produit des années Reagan, ambitieux, désireux de voler de ses propres ailes, prêt à tout pour devenir riche et puissant, il se montre encore un peu naïf., comme on le découvre lors de ses premiers entretiens avec le brutal Roy Cohn totalement dépourvu d’éthique et de morale. Mais Trump ne va pas tarder à renier ses quelques principes pour appliquer les règles d’or de sa future âme damnée : «Attaque, attaque, attaque. N’admets rien. Ne reconnais jamais la défaite »

     Edifiant, incisif, ironique, premier degré, tragi-comique, ce récit d’apprentissage de l‘ancien président s’articule autour de ses  principaux projets immobiliers à cette époque: l’hôtel Hyatt, Grand Central, la tour Trump, le Trump Taj Mahal Casino et, vers la fin du film,  Mar-a-Lago, luxueux refuge au milieu de Palm Beach, où le «héros» donne une fête pour un Roy Cohn déchu, en fauteuil roulant, mourant du sida.

    Abbasi évite la caricature. Et pour cause !

    On s’accorde généralement à dire qu’Ali Abbasi ne tombe jamais dans la caricature. Il est vrai qu’il n’en a pas besoin, étant donné son protagoniste auquel ont déjà été consacrés des documentaires précédant sa consécration. Et c'est là qu’on se rend compte de l’ahurissante prestation de Sebastian Stan. Il s’est si parfait, si bluffant qu’on a presque l’impression d’avoir le vrai à l’écran. Avec sa fameuse mèche,  sa bouche en cul de poule, son embonpoint le conduisant à une liposuccion abdominale, ou sa calvitie naissante qu’il tente de camoufler par une opération du cuir chevelu.   

    Exceptionnel, magnétique, Jeremy Strong ne le lui cède en rien, parvenant même à l’éclipser dans le rôle du rapace Roy Cohn. Ce qui est logique. Faisant la loi à l’époque, l’avocat au sommet de sa gloire dominait celui n’était pas encore, et de loin, ce personnage autoritaire aux discours tonitruants, milliardaire narcissique, menteur, transgressif, autocrate en puissance qui a bouleversé le paysage politique américain alors que personne ne le voyait venir… et qui menace de revenir!

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 16 octobre. 

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  • Grand écran: thriller social bouleversant, "L'histoire de Souleymane" révèle un acteur

    Assis sur une chaise parmi d’autres personnes, un jeune homme attend. Il semble un peu nerveux, se recoiffe et tente d’enlever une tache sur le poignet de sa chemise blanche. Une femme l’appelle par son nom. Il se lève et la suit. Ce garçon qu’on découvre en ouverture du film de Boris Lojkin,  c’est Souleymane. Il a fui la Guinée pour rejoindre la France dans l’espoir, comme tant de migrants,  d’une vie meilleure pour lui et sa mère malade restée au pays. 

    Demandeur d’asile, Souleymane se retrouve à Paris, sillonnant les rues à vélo pour ivrer des repas à la place d’un autre qui lui loue son application téléphonique. Son statut lui interdit pourtant de travailler, et il lui reste deux jours avant un entretien à l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), qui lui permettra peut-être d’obtenir des papiers. Mais comme il n’a pas été persécuté en Guinée, il a dû acheter à un compatriote, un récit propre à émouvoir mais qu’il  a du mal à mémoriser.  Alors il se prépare, répétant encore et encore son histoire, tout en pédalant sans relâche  et  à toute allure, se jouant dangereusement du trafic et des feux rouges.

    Une route semée d’obstacles

    Et les galères ne manquent pas, qui font monter la tension. Entre les flics à éviter, son loueur de compte qui le harcèle, une chute qui le retarde, un restaurateur et une cliente dépourvus de la moindre humanité, sa route est semée d’obstacles. Souleymane n’a droit qu’à quelques moments de répit dans un  centre d'hébergement d'urgence, où il peut manger, se doucher, laver sommairement son linge, rencontrer d’autres infortunés, passer une nuit… 

    Avec ce thriller politico-social, Boris Lojkine livre un témoignage puissant, ancré dans la réalité de ces candidats à l’asile pour qui tout est si compliqué, en l’occurrence ces livreurs de repas maltraités sans complexe par des gens sans scrupules. Tout en rendant hommage à leur courage, il les suit en nous plongeant quasi physiquement dans leur quotidien brutal en forme de tunnel, au bout duquel ils  désespèrent de voir la lumière. 

    Un acteur est né, Abou Sangaré

    La force et la réussite de ce film sans pathos qui nous accroche dès le début pour ne plus nous lâcher, tient évidemment beaucoup à la remarquable interprétation d’Abou Sangaré. C’est une révélation. Il  bouleverse dans la peau de ce vélocipédiste exilé, fils aimant, dur à la tâche, qui mène un véritable combat. A méditer pour les populistes rampants prompts à le voir comme un délinquant en puissance. On retrouve Souleymane à l’Ofpra, comme au début, dans une dernière séquence où il fait face à une sévère mais juste agente de protection, incarnée par l’excellente Nina Meurisse. Pris au piège de son gros mensonge, Souleymae finira par craquer…. 

    Le jury d’Un Certain Regard à Cannes en mai dernier ne s’y est pas trompé. Alors qu’il a décerné son Prix à Boris Lojkine pour l’oeuvre, il a sacré Abou Sangaré meilleur acteur. Alors sous le coup d’une OQTF, ce dernier le reste aujourd’hui,  en dépit d’une quatrième demande de régularisation. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 9 octobre.

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  • Grand écran: "Super/ Man: l'histoire de Christopher Reeve", émouvant hommage à un super-héros

    La minute d’avant, une icône planétaire, celle d’après un tétraplégique suite à une terrible chute de  cheval le 27 mai 1995. Cet homme c’est Christopher Reeve, mort à 52 ans le 10 octobre 2004 et dont le destin hors norme fait, vingt ans après, l’objet d’un émouvant documentaire  Dédié à l’inoubliable interprète de Superman et son alter ego Clark Kent, Il sort avant un nouveau volet consacré au mythique Man Of Steel

    Ses réalisateurs, le Genevois Ian Bonhôte et le Britannique Peter Ettedgui, déjà auteurs ensemble en 2019 d’un premier film centré sur la vie du célèbre couturier anglais McQueen, rappellent  la fulgurante ascension du jeune Christopher Reeve, érigé en superhéros qu’il incarné à quatre reprises entre 1978 et 1987.Et qui, déjà engagé dans la défense de la planète et des droits de l’homme au temps de sa gloire, devient un superman au quotidien.  Soutenu par sa femme Dana, il mènera un inlassable combat pour les personnes handicapées aux côtés de la communauté scientifique et dans la recherche d’un remède.   

    Des allers et retours entre avant et après

    "Lorsqu’il est devenu tétraplégique, il a voulu continuer à changer le monde", racontent Bonhôte et Ettedguil, qui évoquent  les joies, les chagrins, les failles, les relations compliquées,  tout ce qui a forgé l’acteur, l’homme, le compagnon de Gae Exton, le mari de la chanteuse Dana Morosini, le père de  trois enfants à qui ils donnent la parole. Evitant le côté chronologique, les deux cinéastes alternent les périodes avant et après l’accident tragique, des débuts de Christopher à Broadway aux côtés de Katherine Hepburn, avant d’être choisi, parmi plus de 200 prétendants, pour camper «L’homme d’acier » dans la colossale production dirigée par Richard Donner. 

    Ils n’omettent pas ses échecs successifs au cinéma après Superman,, dont la médiocrité du quatrième la contribué  à lui  faire perdre de son aura. Vu les rôles secondaires inintéressants qu’on lui  propose, il se tourne vers le petit écran dans les années 90. Cruelle ironie, du sort son dernier rôle à la télévision était celui d’un policier paraplégique dans Chassé Croisé en 1995, l’année où il se retrouve paralysé des épaules aux pieds et dépend d’un respirateur artificiel.

    Rythmé par des images de synthèse de Christopher Reeve dans son légendaire costume de Superman, le documentaire bouleverse avec la première apparition du comédien en fauteuil roulant aux Oscars en 1996.Elle lui vaut une longue standing ovation.  On a également droit aux extraits de ses mémoires audio Still me, toujours moi, référence aux mots d’amour sauveurs de son héroïque femme Dana, décédée d’un cancer un an et demi après lui. Des témoignages vibrants de son grand ami le défunt Robin Williams, de Glenn Close ou encore de Susan Sarandon complètent cet hommage en forme de voyage de l’acteur culte.

    A l affiche dans les salles romandes depuis mercredi 9 octobre.

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