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  • Grand écran: habité, Tahar Rahim plus vrai que nature dans "Monsieur Aznavour"

    Disons-le tout de suite, Tahar Rahim, 43 ans, découvert et douvlement csarisé dans Un prophète de Jacques Audiard, en 2009, pus vrai que nature en Charles Aznavour. dans le film  de Mehdi Idir et Grand Corps Malade. Il faut dire qu'il s’est donné à fond pour se glisser dans la peau due l’artiste.  Outre une étonnante ressemblance physique à coups de maquillage et de prothèses sous les paupières, les yeux, autour du nez, d'une gouttière pour reproduire la fameuse lèvre inférieure proéminente, il s’est employé à restituer au plus près les mimiques, la gestuelle, les mouvements, la gestuelle du chanteur.

    Mais ce n’était pas assez. Tahar Rahim a placé la barre encore plus haut, en décidant de ne pas être doublé pour les scènes chantées. Il a donc pris six à huit heures de cours de chant par semaine pendant six mois. C’est donc sa voix que l’on entend. Sauf dans les aigus où elle a été mixée avec celle de son icône. Le résultat est si bluffant que la performance mérite d’être saluée. On lui prédit d’ailleurs déjà de décrocher un nouveau César.

    Si Tahar est habité, on n’en dira pas autant des autres comédiens, à part Marie-Julie Baup, qui se révèle en Edith Piaf, ni de la réalisation, dont la platitude déçoit. Trop classique, ce biopic divisé en chapitres raconte, chronologiquement et par le menu, un destin hors norme. Celui de ce petit-fils d’émigrés arméniens, né en 1924 à Paris, élevé avec sa sœur par des parents pauvres, mais chaleureux. Et  devenu, en dépit d’un physique quelconque, d’une voix nasillarde et voilée, un  monument de la chanson française. Il lui en aura pourtant fallu du temps! Et il aura une sacrée revanche à prendre..  

    Vie et carrière mouvementées

    De l'enfance à l'âge mûr, on suit donc cet homme dans les divers événements qui ont marqué sa vie et sa carrière mouvementées. Les auteurs s'attardent sur les années où leur héros il mangeait de la vache enragée, comme l’avait souhaité Aznavour. Après la Seconde Guerre mondiale,  le jeune Charles se lance dans le music-hall en compagnie de Pierre Roche, avec lequel il connaît quelques succès au Canada. Mais ça ne dure pas
     
    Rentré en France, les choses ne s’arrangent pas. Aznavour doit se contenter de servir de confident et de chauffeur à la capricieuse Edith Piaf qui ne le ménage pas. Avide de prendre son envol, il va de bide en fiasco, se produisant dans des salles quasi vides, maltraité par la critique qui se moque de sa voix et de son physique de gringalet. Mais Aznavour s’acharne, Et puis enfin, à force de persévérance,  cet homme parti de rien atteindra le graal. en alignant les tubes qui scandent le long métrage:  J'me voyais déjà , qui l’a lancé,  La Bohème,  Emmenez-moi,  Les comédiens,  Hier encore…. 
     
    Avec  Monsieur Aznavour  agréé par les héritiers, naviguant entre hagiographie et restitution historique, les auteurs brossent le portrait d’un éternel insatisfait, obsessionnel, névrosé, prêt à tout sacrifier pour arriver, y compris les siens. Et accessoirement âpre au gain. Ce qui n’en fait pas, à l’insu de leur plein gré en somme., un personnage pas particulièrement sympathique…

    A l'affiche dans  les salles de Suisse romande depuis mercredi 23 octobre.

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  • Grand écran: à travers la transidentité, "Close To You" explore la complexité des relations humaines

    Sam y pensait depuis des semaines. Finalement, il prend la décision courageuse de se rendre à l’anniversaire de son père, qu’il n’a pas revu, ainsi que es autres membres de sa famille, depuis son départ à Toronto et sa transition quatre ans auparavant. .A bord du train qui  l’emmène dans sa ville natale, près du lac Ontario, il croise par hasard Catherine (Hilary Baack), une amourette de collège. Depuis lors, Ils se sont perdus de vue.
     
    On papote, on se souvient, on se demande des nouvelles. Catherine est mariée, a deux enfants. Des sentiments enfouis remontent. Elle dit penser souvent à lui, ce qui fait plaisir à Sam. A son mari venu la chercher à la gare, elle avoue avoir été émue par cette rencontre fortuite. «C’était intense. A l’époque nous étions proches». On suppose alors que quelque chose de nouveau pourrait se produire…
     
    De son côté, Sam s’apprête à rejoindre ses proches. Contrairement à la joie éprouvée en revoyant  Catherine, Il redoute ces retrouvailles familiales, les conflits, le malaise, les jugements, les non- dits que risque de provoquer sa nouvelle identité. Il est persuadé d’être une déception pour ses parents «Pour eux, je suis un raté», confiait-il à sa logeuse avant de prendre son train.
     
    Ses craintes semblent vaines. Quoique. Certes, il  est chaleureusement accueilli par une maman aimante, un papa ouvert. Mais il y a quelque chose de forcé, d’hypocrite dans cette affection, cette tolérance. Sam ne se sent pas vraiment aimé pour ce qu’il est devenu. Sa mère se trompe, s’adressant à «elle», pour se reprendre aussitôt, confuse. Son père en fait trop dans l’empathie, ce qui souligne la différence. Et puis il y a des failles, de la gêne, le sectarisme du beau-frère. Du coup il règne comme un climat anxiogène.
     
    C’est l’intérêt de Close To You ,qui ne se réduit pas à la transidentité, même s’il s’agit du point de départ. Son réalisateur britannique Dominic Savage, qui a audacieusement misé sur des dialogues non écrits à l’intérieur d’un scénario détaillé, évoque surtout la grande complexité des sentiments et des relations humaines, cette rancœur chez Sam qui a quitté le cocon familial, lui reprochant de ne pas s’être inquiété de lui quand il allait mal.
     
    Le talentueux acteur canadien transgenre Elliot Page (anciennement Ellen), militant pour la cause et célèbre pour ses interprétations sur petit et grand écrans, se coule à merveille dans ce rôle de Sam où il se met carrément à nu. Habité, il porte le film sur ses épaules, bouleversant par son intensité, son authenticité, sa fragilité, sa vulnérabilité, son besoin d’être en paix avec lui-même et les siens.
     
    Un petit regret toutefois. On reprochera au film de ne pas être entièrement à l’unisson avec son personnage principal. Si son auteur réussit à créer une réalité pleine de tensions et d’émotions grâce à l’improvisation bien maîtrisée de ses protagonistes pendant une grande partie de l’oeuvre, il a tendance à tourner en rond vers la fin. Tout en tombant paradoxalement dans une forme d’abstraction.
     
    Sortie dans les salles de Suisse romande dès mercredi 23 octobre.
     

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  • Grand écran: "Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde" raconte l'homophobie ordinaire. Puissant

    Un simple baiser et la violence se déchaîne. On peine à croire qu’on est en 2024 en découvrant cette histoire. Pourtant elle se déroule bien aujourd’hui, dans un village de pêcheurs à l’embranchement du delta du Danube. Un lieu idyllique, un peu isolé mais prisé des touristes. Se mêlent ainsi mode de vie urbain et traditions rurales, l’espace d’un été.  
     
    C’est dans ce petit paradis que sont tapies la haine, l’ignominie et l’intolérance crasse. Adi, 17 ans (Ciprian Chiujdea), revenu passer les vacances dans sa famille, sort un soir avec une copine en boîte. Il rencontre un garçon qui le raccompagne chez lui. Ils s’embrassent et au matin, le père découvre son fils le visage et le corps salement amochés. L’adolescent lui avoue avoir été brutalement agressé par des jeunes.  
     
    Jusqu'à l'exorcisme
     
    Emmené eu commissariat pour une déposition, ce qu’Adi redoutait arrive. Son homosexualité est dévoilée. L’enquête est vite bouclée. Le père (Bogdan Dumitrache) et le chef de police (Valeriu Andriuta) retrouvent les deux voyous, qui avouent leur crime sans vergogne, vu qu’ Adi “est un pédé”. Le malheureux va alors vivre un enfer au sein d’une famille et d’une société terriblement rétrogrades, où tous se liguent pour étouffer l’affaire. Ses parents ne le regardent plus comme avant. A leur demande, un prêtre va jusqu’à l’exorciser pour éviter le scandale et la honte.
     
    Sa critique glaçante de l’homophobie ordinaire sur fond de corruption et de loi du silence, a valu à Emanuel Parvu la Queer Palm en mai dernier à Cannes. Il captive et bouleverse par sa mise en scène efficace, simple, sobre, presque distante, de cette œuvre portée par d’excellents comédiens.
     
    Il s‘agit du troisième long métrage du réalisateur, scénariste, acteur (notamment dans « Baccalauréat » de son compatriote Cristian Mungiu), né à Bucarest en 1979. Coécrit avec Miruna Berescu, le film part d’un abject fait divers datant d’une dizaine d’années. Une jeune fille avait été violée par sept hommes dans un village perdu de Roumanie. La communauté entière s’était retournée contre elle.
     
    Pour Emmanuel Parvu, c’est à travers l’amour et la compréhension qu’on parvient à bâtir une meilleure société pour les générations futures. Il ajoutait en substance, lors de la présentation du film en compétition sur la Croisette, qu’on peut s’ouvrir plus largement à ceux qui se sentent en minorité, indépendamment de la couleur de peau, des origines, de la religion, de l’orientation sexuelle
     
    Sortie dans les salles de Suisse romande, mercredi 23 octobre.
     

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