Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 4

  • Festival de Locarno: "Gangbyun Hotel" de Hong Sang-soo a un petit air de Léopard

    image-w1280.jpgIl a déjà eu un Léopard d'argent pour Sunhi en 2013 et un d’or pour Un jour avec, un jour sans en 2015. Hong Sang-soo pourrait compléter sa collection de fauves avec Gangbuyn Hotel (Hotel By The River), son 23e long-métrage. Au casting, on retrouve notamment sa muse et compagne Kim Min-hee et un de ses fidèles Kwon Hae-hyo.

    Après Grass qui avait enthousiasmé la Berlinale, le grand réalisateur sud-coréen a séduit Locarno en mettant en scène un poète entre deux âges et en bonne santé, sentant pourtant inexplicablement sa fin approcher. Logé gratuitement dans un hôtel au bord d’un fleuve par le propriétaire qui admire son travail, il fait venir ses deux fils qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Parallèlement l’hôtel abrite une jeune femme que son homme a trahie et qui a demandé à une amie de la rejoindre pour la réconforter. Les cinq personnages vont se rencontrer...

    Gangbyun Hotel a été tourné en noir et blanc, sous la neige, du 29 janvier au 14 février. La marque de l’auteur qui privilégie les tournages légers et rapides. Poétique, épuré, minimaliste, singulier, non dénué d’humour à l’image de ses autres films, il se déroule sur 24 heures entre retrouvaille familiales, déception sentimentale, pensées profondes, marivaudage et rasades de soju...

    HSS évoque aussi avec sérénité l’idée de la mort. «J’y pense fréquemment. Cela me rend calme et me donne une perspective sur la vie», déclare-t-il lors de sa conférence de presse. «Je n’ai pas de définition sur l’après. J’aime croire qu’il y a quelque chose qui ne doit pas m’effrayer. Il y a des éléments qui me font me sentir bien quand j’y pense. Je crois qu’il n’y aura pas beaucoup de différence entre ce qui se passe ici et ce qui arrivera quand je ne serai plus là».

    Hong Sang-soo a tourné son film en noir et blanc sans trop savoir pourquoi. «Juste parce que je le souhaitais. Je le ressentais comme cela». La neige y prend une grande importance. «J’aime la neige Dans mes derniers films, elle tombe déjà. Au début j’ai lutté pour unir les deux groupes que j’avais séparés. Je ne voyais pas comment lier les hommes et les femmes. Et puis la neige est tombée en grande quantité un matin. C’était très beau, un vrai cadeau du ciel. Du coup je l’ai incorporée au scénario».

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard
  • Festival de Locarno: avec "Blaze", Ethan Hawke fait revivre une légende méconnue de la Country

    gettyimages-908919386.jpgLauréat d’un Excellence Award, Ethan Hawke (photo), acteur, réalisateur et écrivain présentait mercredi soir sur la Piazza son film Blaze, inspiré de la vie de Blaze Foley, légende méconnue du mouvement Outlaw Country texan des années 70-80.

    Né Michael David Fuller en 1949 en Arkansas, il grandit au Texas, joue dans un groupe évangélique, The Fuller Family, avec sa mère et ses sœurs avant de se produire à Atlanta, Chicago, Houston et Austin Auteur de chansons douloureusement intimes, il est mort tragiquement, tué par balle 40 ans plus tard.

    Le film mêle trois époques avec des versions réinventées du passé, du présent et du futur de Blaze. Tout en évoquant les hauts et les bas vertigineux de l’artiste, sorte d’étoile filante de la musique touchée par la grâce, ses addictions à la drogue et à l’alcool, les différents volets évoquent son histoire d’amour avec Sybil Rosen, sa dernière nuit sur terre, l’impact de ses chansons et de sa mort sur ses fans, ses proches, ses ennemis.

    Dans le rôle de Blaze, on découvre le musicien Ben Dickey, acteur débutant, prix spécial d'interprétation à Sundance où l'opus a d'abord été présenté. Bien que prometteur en sortant du schéma traditionnel du biopic, il peine à séduire, son manque de rythme le rendant interminable.

    "Nous avons tous une flamme à l'intérieur"

    Ethan Hawke, qui a voulu tourner un film sur la musique alors qu’il travaillait son rôle de Chet Baker dans Born To Be Blue n’a pas moins attiré une foule de fans à sa conférence de presse. L’auteur a notamment évoqué sa co-scénariste Sybil Rosen. «C’est une partie de la magie. Je suis tombé sur le livre qu’elle a consacré à Blaze. Elle a décidé de me rejoindre. Comme elle tenait un journal, cela a facilité le scénario, en rendant tout réel, visible».

    Il avoue se sentir très proche du film, profondément connecté. « J’ai par ailleurs été inspiré et influencé par beaucoup d’œuvres des années 70. On pourrait voir Ben Dickey chez Altman ». En revanche il n’est pas comme son héros qui ne voulait pas devenir une star mais une légende. «Ce qui m’intéresse c’est de vivre. Je n’avais pas l’intention de mythifier Blaze. Au contraire. Je pense que nous avons tous une flamme à l’intérieur ».

    C’est à l’évidence le cas de Hawke, personnage aux multiples facettes du cinéma américain et international. rarement voire jamais là où on l’attend, quatre fois nominé aux Oscars, acteur engagé pour qui tout est politique. "Notre vie à tous l'est. Lorsque nous racontons notre vie dans un film, nous sommes automatiquement politiques'. C'est l'un des comédiens le  plus polyvalent de sa génération, comme l'écrit Carlo Chatrian, directeur artistique de Locarno. Il l'a prouvé avec son goût prononcé pour la diversité en trente ans d’une carrière passée devant et derrière la caméra.

    "J'adore les collaborations"

    Ethan Hawke débute à 14 ans dans le film Explorers (1985) et se fait connaître du grand public lors du triomphe de Dead Poets Society (Le Cercle des poètes disparus, 1989), de Peter Weir, en se glissant, au côté de Robin Williams, dans la peau de l’étudiant introverti Todd Anderson.

    En 1995, il rencontre Richard Linklater, qui le choisit pour jouer Jesse dans Before Sunrise, premier chapitre d’une trilogie pour laquelle il sera aussi scénariste. Les deux hommes ont travaillé ensemble sur huit films. Parmi les réalisateurs avec lesquels Hawke a également souvent collaboré, figurent Andrew Niccol et Antoine Fuqua. "Plus je vieillis, plus j'aime les collaborations", remarque-t-il 

    Avant Blaze, il était passé à la réalisation avec Chelsea Walls (2001). Ont suivi l’adaptation de son deuxième roman  The Hottest State (2006) et le documentaire Seymour: An Introduction (2014), programmé dans la section Histoire(s) du cinéma.

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard
  • Festival de Locarno: Oberli, Rabaglia, Imbach, trois Suisses entre Piazza et compétition

    maxresdefault.jpgBettina Oberli n’a pas eu de chance sur la Piazza avec Le vent tourne. Vraiment pas du bon côté hélas, des trombes d’eau s’étant abattues après les deux tiers de la projection. Un mauvais tour des éléments pour ce film où, avec son compagnon Alex, écolo radical, Pauline a construit une vie autosuffisante en accord avec la nature, dans une ferme isolée du Jura.

    Liés par leur travail, leur amour et leur idéal, ils veulent, pour parachever leur autonomie, produire leur propre électricité. C’est alors que débarque Samuel, ingénieur insouciant, venu équiper la propriété d’une éolienne. Pauline est immédiatement attirée par lui. Sa vie de couple et sa vision du monde vont s’en trouver chamboulées,

    Notamment auteure de la comédie à succès Les mamies ne font pas dans la dentelle (2006), Bettina Oberli, qui s’est entourée de la jolie Mélanie Thierry et du séduisant Pierre Deladonchamps, veut traiter à la fois d’émancipation féminine, d’amour, de séparation, d’écologie. Avec en ligne de mire la fragilité de la vie, de la nature, des sentiments et des relations.

    Avec ce premier long-métrage en français la réalisatrice se sentait comme devant une page blanche, avec une grande envie d’ouvrir son horizon, de quitter sa zone de confort. Malheureusement, Le vent tourne en reste aux intentions à la fois sur la forme et le fond.

    Une troisième Piazza pour Denis Rabaglia

    Diego-Abatantuono.jpgEgalement programmé sur la célàbre place, en revanche par beau temps, Denis Rabaglia, seul réalisateur romand à n’avoir jamais tourné de long métrage de fiction dans sa langue maternelle, marquait son retour à Locarno avec Un nemico che ti vuole bene (Un ennemi qui te veut du bien). Une comédie noire ou plutôt grinçante sur fond de thriller, avec un scénario genre Agatha Christie à l’envers, dont les quinze premières minutes renvoient à une histoire vraie.

    Par une nuit d’orage, le professeur Enzo Stefanelli (Diego Abatantuono, photo) sauve la vie d’un jeune homme blessé par balle et qui s’avère être lui-même un tueur à gages. Pour remercier cet homme providentiel, le garçon lui promet d’éliminer son ennemi potentiel, en quête duquel il se met, créant par la même occasion le chaos dans la vie de Stefanelli. 

    Question 1: le professeur sera-t-il capable d’identifier ce fameux ennemi ? Et question 2 : chacun de nous en a-t-il vraiment un à identifier ? Sans aller jusque là, Denis Rabaglia avoue avoir dû « revisiter » une relation qu’il avait pensé être un ami et qui en réalité n’en était pas un… Nous livrant un bout d'autobiographie dans cette oeuvre construite autour de préoccupations personnelles.

    Glaubenberg de Thomas Imbach

    glaubenberg-copia.jpgDe son côté, seul Helvète à la chasse au Léopard d’Or, Thomas Imbach signe Glaubenberg, une histoire inspirée à la fois de sa vie et des Métamorphoses d’Ovide, plus précisément le texte sur Byblis, amoureuse désespérée de son jumeau Caunus. Frère et soeur Lena, 16 ans (Zsofia Körös, photo) et Noah, 19 ans (Francis Meier) entretiennent depuis l’enfance une relation fusionnelle. Elle devient ambiguë à l’adolescence, Lena éprouvant pour Noah un désir ardent qui vire à l’obsession.

    Agressive, jalouse, elle commence à vivre dans un monde imaginaire, se perdant dans des rêves érotiques. Elle finit par avouer son amour à Noah qui, choqué, la repousse et décide de partir sur un chantier archéologique en Turquie. Lena, n’arrivant pas à convaincre Noah de l'intensité de ses sentiments, part sur ses traces et sombre dans la folie, comme Byblis délaissée par Caunus effrayé, qui était partie le rechercher jusqu’en Asie mineure.

    L’inceste est un thème tabou, difficile à traiter. Mais l’absence de tension couplée à des scènes improbables, surréalistes, ou sonnant particulièrement faux, font qu’on a beaucoup de mal à croire à cetimpossible amour interdit et à l’inconditionnalité avec laquelle Lena vit sa passion.

    On reviendra plus en détails sur ces trois films et avec des interviews de Bettina Oberli et Denis Rabaglia lors de leur sortie en Suisse romande.

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard