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  • Grand écran: "Woman At War", la drôle de croisade d'une singulière militante écolo islandaise

    Screen-Shot-2018-05-15-at-10.01.37.pngHalla, professeure de chant en fin de quarantaine, est un personnage peu ordinaire dans un film pour le moins singulier, signé Benedikt Erlingsson. Tout en menant une vie bien réglée, elle a déclaré la guerre à l’industrie locale de l’aluminium qui défigure son pays, l’Islande, et prend tous les risques pour le protéger.

    Woman At War repose sur les épaules de la talentueuse Halldora Geirhardsdottir (photo),transformée en mystérieuse guerrière façon Rambo, Au début on la voit, à l’évidence entraînée, déterminée, calme et précise, s’appliquer à faire sauter un pylône pour couper l’électricité dans une usine voisine. Avant de se couler tout aussi aisément dans sa routine quotidienne, en retrouvant la chorale qu'elle dirige le plus naturellement du monde.

    Au cours du récit se déroulant dans de magnifiques paysages, les missions de la «femme de la montagne» sont  de plus en plus osées. Elles provoquent même l’annulation de négociations entre le gouvernement et une multinationale polluante. Désormais qualifiée de terroriste, Halla devient l’ennemi numéro 1.

    Comédie d’action écolo-politico-poétique à l’irrésistible humour décalé, au cœur de laquelle le réalisateur, avouant un passé d’activiste, place la défense de belles et vierges étendues sauvages, vire ainsi à l’intrigue policière. Traquée par des drones et des hélicoptères, sa super héroïne sillonne audacieusement les collines, se dissimulant derrière des rochers, dans des fossés ou sous des peaux de bête pour leur échapper.

    Un lointain cousin accepte de l’aider lorsque tombe la nouvelle qu’elle n’attendait plus. Une demande d’adoption faite quelques années plus tôt vient d’aboutir et elle apprend qu’une petite orpheline l’attend en Ukraine. Hella devra alors choisir entre sa lutte pour l’environnement et son rôle de mère.

    Ce n’est pas le meilleur moment de cette croisade porteuse de message, en forme de fable loufoque. On n'est pas non plus très fan du gag lourdement répétitif de l’arrestation d’un jeune touriste étranger chaque fois soupçonné du pire. Ni des apparitions récurrentes et saugrenues d’un groupe de musiciens free jazz. Des réserves pourtant mineures.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 août.

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  • Festival de Locarno: le Léopard d'Or au Singapourien Yeo Siew Hua pour "A Land Imagined". Sitôt vu, sitôt oublié...

    20180811163807306.jpgComme d’habitude, le critique propose et le jury dispose… C’est ainsi que Le film A Land Imagined, du réalisateur singapourien Yeo Siew Hua, sitôt vu sitôt oublié étant donné son intérêt mineur, a reçu le Léopard d'or au 71e Festival de Locarno. Le film se déroule dans l'univers impitoyable des travailleurs immigrés trimant pour des clopinettes sur les gros chantiers de Singapour.

    Après avoir noué une amitié virtuelle avec un mystérieux joueur, Wang, un maçon chinois est porté disparu. Un enquêteur doit découvrir la vérité pour le retrouver. On se perd rapidement et on s’ennuie aussi vite dans ce polar compliqué à l’intrigue inutilement tarabiscotée.

    "M", documentaire choc primé

    Heureusement, le jury a eu la bonne idée de donner un Prix spécial à M, le remarquable, bouleversant, nécessaire documentaire coup de poing de Yolande Zauberman, de retour sur grand écran. La réalisatrice française nous emmène dans un voyage en enfer en suivant un jeune homme violé dans son enfance par les rabbins et autres membres d’une communauté ultra-orthodoxe aux portes de Tel-Aviv.

    Il a aussi daigné récompenser le réalisateur Sud-Coréen Hong Sang-soo par le biais du Prix d’interprétation à son acteur KI Joo bong for Gangbyun Hotel. (Voir nos notes élogieuses du 10 août pour ces deux films). Côté féminin Andra Guti, la comédienne d’Alice T. du Roumain Radu Muntean l’emporte pour un opus se penchant sur des relations mère-fille problématiques.

    Le Prix de la mise en scène, a été décerné à la Chilienne Dominga Sotomayor pour Tarde para morir jueven , évoquant trois adolescents, leur premier amour et leur peur au cours de l’été 1990 au Chili. Contre toute attente La Flor, métrage fleuve de 14 heures de l’Argentin Mariano LLinas est reparti bredouille. Enfin le Prix du public est allé sans surprise à BlaKkKlansman de Spike Lee.

    Succès pour Coincoin et la rétrospective McCarey

    La dernière du directeur artistique Carlo Chatrian, en partance pour la Berlinale, n’a pas atteint des sommets, en euphémisme, en ce qui concerne la compétition et la programmation sur la Piazza Grande. A part ou deux films comme L’ordre des médecins de David Roux, Un nemico che ti vuole bene de Denis Rabaglia, on retiendra avant tout le plébiscité BlaKkKkansman venu de la Croisette et le magistral Seven de David Fincher datant de 1995. Ainsi que les aventures jubilatoires de Coincoin et les Z’inhumains signées Bruno Dumont, et dont la sortie annoncée en salles a malheureusement été annulée.

    Cette mini-série a été bien suivie, à l'instar du point extrafort du Festival, la grande rétrospective Leo McCarey. Conçue par Roberto Turigliatto,  elle nous a permis de découvrir des joyaux dans les courts et longs métrages. Rappelons qu’elle sera accueillie en partie par la Cinémathèque suisse à Lausanne et les Cinémas du Grütli à Genève à la rentrée. A ne manquer sous aucun prétexte.

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  • Festival de Locarno: avec "M", plongée noire et choc chez les ultra-orthodoxes, aux portes de Tel-Aviv

    1147193-dr-dr-dr-dr-dr-dr.jpgSi la compétition ne s'est pas révélée follement emballante, on retiendra tout de même quelques œuvres. Nous en avons déjà cité trois: Gangbyun Hotel du Sud-Coréen Hong Sang-soo, Genèse, du Québecois Philippe Lesage, Sibel, cosigné par la Turque Cagla Zencirci et l’Italien Guillaume Giovanetti.

    On ajoutera M, de la Française Yolande Zauberman, qui a opéré une plongée aussi noire que choc sur l’atrocité de la pédophilie à Bneï Brak, la capitale mondiale des Haredim, les ultra-orthodoxes juifs, en hébreu les "Craignant-Dieu".

    C’est dans cette ville, fondée en 1920 par les Hassidiques que Menahem Lang, aujourd’hui trentenaire, a grandi, avant de la quitter à 20 ans. On le retrouve une nuit sur la plage, à Tel-Aviv où il s’est installé. Face caméra, il chante un air yiddish, avant de révéler un lourd secret.

    Menahem est un homme fracassé, dont on découvre toute la souffrance au long de cet effroyable voyage dans l’indicible. Car il était un porno kid, destiné comme tant d’autres gamins au plaisir des hommes. Violé à 7 ans, dit-il, pour avouer ensuite douloureusement qu’il en avait en réalité quatre, par des membres de la communauté. Et cela à répétition, pendant des années.

    Pour la réalisatrice, Menahem va faire un chemin initiatique en ouvrant la porte de sa ville natale, celle des hommes en manteaux noirs, chapeau et papillotes, celle d’une société rigide d’un autre âge, aussi hypocrite que pétrie de dogmes religieux.

    Il retourne ainsi sur les lieux du crime, mais aussi sur les endroits qu’il a aimés, pour une sorte de réconciliation. Ce documentaire coup de poing d'une force incroyable contribuera peut-être à la libération d’une parole trop longtemps couverte par un silence coupable et condamnable.

    Ces films se retrouveront-ils au palmarès? Réponse demain. On pourrait d'ailleurs y voir figurer sans grande surprise La Flor de l'Argentin Mariano Llinas. Rappelons que cet ovni cinématographique de 14 heures, réponse du cinéma aux séries, selon le directeur artistique Carlo Chatrian, est divisé en six épisodes, chacun correspondant à un genre. 

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