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  • Festival de Locarno: l'homme au centre de la 71e édition, qui fera aussi place à l'humour

    cq5dam.web.1280.1280.jpegProjections sous les étoiles et sur l’un des plus grands écrans du monde, Compétition internationale, Rétrospective McCarey, Cinéastes du présent, Léopards de demain, Semaine de la critique, Hommages... Dès mercredi 1er août, le Festival de Locarno propose à son habitude un menu copieux pour sa 71e édition, qui a mis l’homme en son centre. En collaboration avec les Nations-Unies, le cinéma célèbre en effet par ailleurs les 70 ans de la Déclaration universelle des Droits de l’homme.

    Lors de la soirée qui leur est dédiée, sera diffusé le dernier film de Spike Lee BlacKkKlansman. Cette charge cinglante et jubilatoire contre le racisme, l’extrême-droite et le président Trump, raconte l’histoire vraie d’un policier afro-américain qui avait infiltré le Ku Klux Klan au début des années 70, avec un collègue juif.

    Selon le directeur artistique Carlo Chatrian, pour qui chaque homme est unique, précieux et irremplaçable, le programme de cette année est «une longue et extraordinaire galerie de visages singuliers, désarmants, même quand ils font semblant».

    Du rire sur la Piazza Grande

    BlacKkKlansman-first-look-image-600x400.jpgOutre avec l’irrésistible pamphlet de Spike Lee (photo), on ne va pas s’ennuyer sur la Piazza Grande, où on pourra voir 17 longs-métrages. Après Liberty, un court de McCarey avec Laurel et Hardy en ouverture, le Français Vianney Lebasque  propose Les beaux esprits, évoquant de vrais joueurs de basket qui prétendent être handicapés mentaux pour participer aux Jeux Paralympiques de Sydney.

    Le Français Bruno Dumont, qui recevra un Léopard d’honneur, débarque avec sa nouvelle mini-série loufoque CoinCoin et les Z’inhumains. En clôture, son compatriote Benoît Delépine ne sera pas en reste avec I Feel Good, une comédie mettant en scène Jean Dujardin et Yolande Moreau.

    La Néo-Zélandaise Jane Campion propose un thriller érotique, In The Cut, tandis que l’Américain Ethan Hawk, lauréat d’un Excellence Award signe un  portrait du musicien Blaze, qui est également le titre de l’opus.  Quant à la Suisse, elle est triplement représentée avec Le vent tourne de Bettina Oberli, Un nemico che ti vuole bene de Denis Rabaglia et L’Ospite de Duccio Chiarini.

    Quinze films en compétition

    Les quinze films en lice pour le Léopard d’Or, dont treize en première mondiale venus d’autant de pays et soumis au verdict du jury présidé par le Chinois Jia Zhangke, s’attachent plus particulièrement à des personnages qui ont eu le courage d’affronter les difficultés. Au lieu de se concentrer sur des conflits qui agitent la planète, Locarno met ainsi l’accent sur des histoires personnelles dont certaines font écho à l’actualité.

    On retiendra par exemple Diane de l’Américain Kent Jones, Gangbyun Hotel du Sud-Coréen Hong Sangso, Genèse du Canadien Philippe Lesage, Glauberberg de Thomas Imbach, seul Helvète en concours. Mais le festival  lance surtout un défi de taille avec La Flor de l’Argentin Mariano Llinas. Il s’agit d’un film de 14 heures, composé de six épisodes dont chacun est un hommage à un style. L’objet a nécessité dix ans de travail.

    affair_remember_hallway.jpgLa Rétrospective McCarey

    C’est l’un des piliers du festival. Après des maîtres du genre, Lubitsch, Minelli, Cukor, c’est à Leo McCarey (1898-1969), lauréat de trois Oscars, que Locarno consacre sa Rétrospective riche de 109 films. Auteur et réalisateur formé dans les années 20, il a laissé sa marque sur la grande époque du burlesque et de la comédie (Laurel & Hardy, les Marx Brothers, Harold Lloyd, Cary Grant, Mae West ou Charles Laughton).

    À la fin des années 1930 et après la guerre, McCarey s’oriente vers le mélodrame, tournant des comédies romantiques et des films religieux. Dans cette partie de sa carrière, il exalte le talent de stars, Ingrid Bergman, Paul Newman, Bing Crosby, Deborah Kerr, et retrouve son complice Cary Grant dans des films inoubliables comme Good Sam (1948) et An Affair to Remember (1957, photo). A noter également des chefs d’œuvre, Love Affair (1939), ou le préféré du réalisateur, bien qu’il fut un échec commercial, Make Way For Tomorrow (1937)

    La Rétrospective, conçue par Roberto Turigliatto, est organisée en partenariat avec la Cinémathèque suisse (qui accueillera la Rétrospective à l’instar notamment des Cinémas du Grütli à Genève), la Cinémathèque française et avec la collaboration du Festival de Pordenone.

    Rappelons enfin que Carlo Chatrian, en partance pour la direction artistique de la Berlinale, quittera ses fonctions au terme de cette édition. C’est alors seulement que sera dévoilé le nom de son successeur.

    Festival International du Film de Locarno du 1er au 11 août.

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  • Grand écran: l'Iranien Jafar Panahi brave la justice de son pays dans "Trois visages"

    3_visages_b.jpgAlors qu’il avait tourné son film précédent Taxi Téhéran à l’abri de sa voiture, Jafar Panahi reprend le volant  pour un road movie rural et poétique dans les montagnes reculées du Nord-Ouest. Il y critique à nouveau avec subtilité et malice une société patriarcale liberticide. En se penchant plus particulièrement sur la condition des femmes tentant d’avancer malgré les obstacles.

    Trois visages a obtenu le Prix du scénario au dernier Festival de Cannes en l’absence du cinéaste iranien assigné à résidence. Il brave la justice de son pays avec une intrigue en forme de métaphore. Behnaz Jafari, une célèbre actrice qui joue son propre rôle reçoit sur son portable la vidéo d’une jeune femme, empêchée par son père de devenir comédienne. Reprochant à la star de ne pas avoir répondu à ses appels à l’aide, elle se pend.

    Bouleversée mais imaginant une manipulation macabre, Behnaz Jafari demande à son ami Jafar Panahi de l’emmener enquêter sur le drame dans le village de l’inconnue,  au quotidien dicté par des traditions ancestrales archaïques. Et les voici partis pour un voyage semé d’embûches sur des routes de plus en plus étroites et sinueuses.

    Tout en dénonçant l’obscurantisme, l’héritier du grand Abbas Kiarostami mort en 2016, dont il fut l'assistant et à qui il rend hommage, évoque un changement possible dans ce plaidoyer féministe où l'on croise trois générations. Il se manifeste à la faveur d’une dernière scène porteuse d’un message symbolique.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 4 juillet.

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