Pour sa cinquième réalisation, Mathieu Amalric s’inspire du roman éponyme de Simenon, son préféré paru en 1964 et dont il a choisi de situer l’action aujourd’hui.
Derrière, mais également devant la caméra, il joue le rôle de Julien Gahyde, vendeur de machines agricoles bien dans sa vie, dans sa famille, dans son entreprise, dans sa belle maison à la campagne. Avant d’être incarcéré et interrogé dans le cadre de l’enquête judiciaire déclenchée par la mort suspecte de sa femme Delphine (Léa Drucker).
Durant sa garde à vue, Julien déboussolé évoque sa courte et torride relation adultérine avec la pharmacienne Esther Despierre (Stéphanie Cléau, la propre compagne d’Amalric à la ville), mariée à un homme dont on découvrira qu'il a été victime lui aussi d'une mort apparemment pas naturelle.
Esther est une amie d’enfance retrouvée par hasard (magnifique rencontre le long d’une route forestière), à qui Julien a imprudemment déclaré un amour et une possibilité de vivre avec elle. Des propos alors anodins, échangés suite aux ébats auxquels ils se livrent dans la chambre bleue de l’hôtel de la gare d’une petite ville de province. Des mots qu’on dit comme ça, sous le coup de la passion, en pensant à autre chose.
Du moins l’homme semble-t-il le croire et c’est comme cela qu’il tente de l’expliquer, tout en paraissant n'avoir pas vraiment conscience de ce qui s’est passé. Car les choses changent face aux questions des gendarmes et du juge d’instruction. «La vie est différente quand on la vit et quand on l’épluche après coup».
Finalement, c'est d'ailleurs anecdotique, rien n’est véritablement résolu dans ce film, noir, sentimental et sulfureux, tourné en cinq semaines (un petit exploit) et dont le grand ntérêt consiste à opposer deux temps. Celui présent de l’interrogatoire froid, clinique, et celui, rétrospectif, de la réalité des faits.
Une belle réussite que cet opus au format carré et construit en flashbacks progressifs. Il confirme le talent de cinéaste de l'auteur, à laquelle participent largement les comédiens, tous excellents. A côté de Mathieu Amalric, Léa Drucker et Stéphanie Cléau, on n’oubliera pas Laurent Poitrenaux dans le rôle du juge.
Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 juin