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  • Cinéma: "Warm Bodies", "La religieuse", "Gambit", "Les enfants de Sarajevo", Inch'Allah"

    movies-warm-bodies-still-4[1].jpgAu début, on a tendance à craindre le pire. Et puis, on ne peut s’empêcher d’être pris par cette histoire de morts-vivants, où Jonathan Levine casse les codes du genre en le faisant cohabiter avec la comédie romantique. Un virus mystérieux ayant détruit toute civilisation, une grande majorité des gens ont été transformés en zombies. Repliés dans des bunkers pour se protéger de leur voracité, les survivants ne sortent que pour trouver de la nourriture et des médicaments.

    Au cours d’une de leurs missions, Julie (Teresa Palmer) rencontre R (Nicolas Hoult), un ado zombie qui erre dans but dans un aéroport délabré et qui tombe follement amoureux d’elle. Ce coup de foudre va petit à petit réveiller les sentiments de Julie et redonner vie aux chairs mortes de R…

    Warm Bodies, adapté du roman éponyme d’Isaac Marion, était annoncé à tort comme une déclinaison de Twilight. Le film peut se voir comme une critique de nos sociétés de consommation et, tout en faisant référence à Shakespeare dans ce Roméo et Juliette d’un nouveau genre, Levine œuvre dans le second degré et le comique de situation, lié à la triste situation du mort-vivant et à son désir d’être plus humain.

    D’où l’aspect attachant et émouvant du mignon et fort peu terrifiant R, qui n’a pas trop de mal à séduire la jolie Julie. Résultat on craque aussi, en dépit d’une fin à l'eau de rose.

    La religieuse ou le combat d’une novice rebelle

    la-religieuse[2].jpgL’histoire débute en 1765. Suzanne Simonin, 16 ans, est contrainte par sa famille d’entrer dans les ordres, alors qu’elle aspire à une existence normale. Au couvent elle est confrontée à l’arbitraire de la hiérarchie ecclésiastique, notamment celui des mères supérieures. Si la première (Françoise Lebrun) se montre bienveillante, la novice enfermée contre son gré doit affronter la cruauté sadique de la seconde (Louise Bourgoin) et les avances pressantes de la troisième (Isabelle Huppert).

    Le film de Guillaume Nicloux, présent en compétition au récent festival de Berlin, est une nouvelle adaptation libre du roman inachevé de Denis Diderot qui, dit-il, l’avait "marqué adolescent de façon indélébile". Contrairement à l’héroïne de l’écrivain, Suzanne ne se résigne pas. Dotée d'une force incroyable, elle résiste farouchement à la barbarie des lieux et, supportant courageusement brimades et supplices, lutte pied à pied pour retrouver le monde.

    Cet hymne à la liberté bâti comme une intrigue policière est porté par la lumineuse actrice belge Pauline Etienne, qui donne notamment la réplique aux excellentes Louise Bourgoin et Isabelle Huppert. L’opus  ne se veut pas une charge anticléricale, mais s’attache à brosser le portrait d’une rebelle au fanatisme religieux et de femmes engagées dans la foi, qui libèrent des instincts de prédatrices. Une jolie réussite.

    Gambit, arnaque à l'anglaise

    GAMBIT01913[1].jpgL‘original n’avait pas trop fait tinter le tiroir-caisse. Le remake fera-t-il mieux? Pas certain. Toujours est-il que les frères Coen se sont laissé tenté par Un hold up extraordinaire de Ronald Neame, 1966, avec Michael Caine et Shirley MacLaine, pour signer le scénario de Gambit. Michael Hoffman, qui a réalisé la nouvelle mouture, a confié les rôles principaux à Colin Firth et Cameron Diaz.

    Harry Dean (Colin Firth), un expert en peinture  décide d’arnaquer son patron Lionel Shabandar(Alan Rickman), richissime, odieux et prétentieux collectionneur d’art qui le méprise, en tentant de lui refiler un faux Monet. Il engage une reine du rodéo  (Cameron Diaz) pour jouer une excentrique Texane, désireuse de vendre le tableau que son grand-père aurait dérobé à la fin de la Seconde Guerre mondiale. 

    La victime potentielle a pourtant de la ressource et tout va de travers dans cette arnaque à l’anglaise. A l’image d’une histoire qui se veut burlesque, pleine d’humour noir et qui cherche à séduire dans le genre suranné. Mais son intrigue cousue de fil blanc n’est pas bien conçue et manque singulièrement de rythme.

    Pour leur part, les comédiens tentent d’assurer. Colin Firth donne dans le dandysme hyper british, oscillant entre l’élégance d’un Cary Grant et la maladresse d’un Peter Sellers, Cameron Diaz incontrôlable a choisi l’énergie gouailleuse, tandis qu’Alan Rickman nous offre un petit côté pervers.

    Il ne suffit cependant pas de jouer les équilibristes sans pantalon sur la corniche d’un palace ou se retrouver en culotte et soutien-gorge devant un pigeon récalcitrant aux tendances naturistes, pour véritablement convaincre. Au final Michael Hoffman livre une comédie plus mollassonne que drôle, où on cherche  vainement la griffe en général acérée des Coen. 

    Les enfants de Sarajevo, vingt ans après

    les enfants Sarajevo.jpgEn 2008, la réalisatrice Aïda Bejic obtenait le grand prix de la Semaine de la critique cannoise avec  Premières neiges. Elle revenait l’an dernier sur la Croisette avec Djeca , son second long-métrage où elle évoque le quotidien de Rahima, 23 ans, orpheline convertie à l’Islam dans le Sarajevo de l’après-guerre de Bosnie.

    Un quotidien difficile dans la mesure où le personnage, à la fois femme et voilée subit une double discrimination dans un pays où le conflit a pris fin il y a près de 20 ans. Rahima doit livrer un combat incessant pour se faire respecter à son travail ou pour aider son frère Nedim, 14 ans, qui cherche son indépendance dans la délinquance. Leur vie se complique lorsqu’il se bagarre avec le fils d’un puissant ministre.

    Entre lutte des classes, dénonciation d’une corruption généralisée et de comportements brutaux à l’égard des gens différents, Aïda Bejic raconte des drames personnels sans se laisser aller au pathos et au misérabilisme. Elle propose au contraire une chronique en forme de constat presque clinique d’une société qui a perdu toute compassion et veut oublier ses victimes. Appliquée, l’œuvre manque cependant de personnalité. On retiendra surtout la performance de la belle  comédienne Marija Pikic, qui impressionne par son jeu sobre empreint de vérité.  

    Inch' Allah, avec un pied de chaque côté du mur 

    inchallah.jpeg.size.xxlarge.letterbox[1].jpgLes films évoquant le conflit israélo-palestinien sont nombreux en ce début d’année. S’inspirant de ses voyages dans la région, Anaïs Barbeau-Lavalette nous y immerge à son tour avec Inch’Allah, à travers le parcours de Chloé, une gynécologue québécoise. Incarnée par Evelyne Brochu, elle travaille dans le dispensaire d’un camp de réfugiés de Ramallah, dirigé par un médecin français (Carlo Brandt).

    Le spectateur suit Chloé dans son quotidien. En-dehors de son boulot, elle fraternise avec Ava, sa voisine de palier à Jérusalem, une militaire assignée au checkpoint. En même temps, elle développe une relation avec une Palestinienne, Rand, sur le point d’accoucher. Chloé tente même de les rapprocher l’une de l’autre. Sans trop de succès, au-delà de la curiosité qui les anime.

    Essayant de saisir la complexité du conflit par le biais émotionnel de l’amitié entre ces trois femmes,  Anaïs Barneau-Lavalette livre un film militant sans l’assumer, aussi ambigu que son héroïne reste insaisissable. Avec comme elle un pied de chaque côté du mur. La chose débutant et se terminant par un attentat à la bombe dans un café israélien, elle semble de surcroît opter pour une démarche visant  d’une façon simpliste à justifier plus ou moins le terrorisme. 

    Ce n’est évidemment pas l’avis de l'auteur, qui prétend avoir uniquement tourné un film sur une Québecoise en Palestine, sur ce qu’on devient quand on est confronté à une réalité qui nous dépasse : la guerre. "Mon regard sur les Israéliens et les Palestiniens n’est pas politique, je raconte l’histoire d’une femme prise dans un étau… "

    Nouveaux films à l'affiche dans les salles de Suisse romande

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  • Cinéma: "Jappeloup", "No", "Ai Weiwei: Never Sorry"

    jappeloup-nouveau-film-de-guillaume-canet[1].jpgUn cavalier orgueilleux, un cheval caractériel, le couple n’était a priori pas destiné à atteindre des sommets. Et pourtant l’homme et sa monture sont devenus des héros nationaux en 1988. C’est ce qu’on découvre dans Jappeloup, signé Christian Duguay.

    Abandonnant sa carrière d’avocat au début des années 80, Pierre Durand décide de se consacrer à sa passion, le saut d’obstacles. Soutenu par son père, il mise sur Jappeloup  un jeune cheval dont personne ne veut en raison de sa petite taille ( 1.58 mètre au garrot) et de son côté trop imprévisible. En revanche il a une formidable détente et révèle une grande aptitude au saut dans les diverses compétitions où il est engagé.

    Le duo commence à s’imposer dans le milieu, mais subit un cruel échec aux JO de Los Angeles en 1984. Pierre Durand comprend qu’il est le principal responsable de cette défaite et s’applique à gagner la confiance de Jappeloup dont il ne s’est jamais vraiment occupé. Quatre ans plus tard, c’est l’apothéose à Seoul, tous deux rapportant une médaille d’or à la France.

    Guillaume Canet, dont la vocation de cavalier professionnel a été stoppée par une mauvaise chute à 18 ans, a lui-même écrit le scénario dont il est le héros. Il s’y montre sans indulgence, tout comme il dépeint sans complaisance ni concession le monde de l’équitation. Mais pour les passionnés de la discipline, le principal intérêt réside dans les scènes de concours de sauts nd'obstacles,  particulièrement bien filmées.

    Le reste de l’intrigue où interviennent notamment Daniel Auteuil et Jacques Higelin est moins convaincant. On est en revanche séduit par Marina Hands, elle-même ancienne bonne cavalière, qui s’est glissée dans le rôle de Nadia, la femme de Pierre Durand.

    No, la campagne de pub fatale à Pinochet

    130207NoGael_7220830[1].jpgTandis que Jappeloud et Pierre Durand triomphaient à Seoul, Augusto Pinochet acceptait d’organiser sous la pression, cette même année 1988, un référendum sur sa présidence à la tête du Chili, qui a conduit à son éviction le 5 octobre.

    Tête d’affiche dans le film de Pablo Larrain, Gael Garcia Bernal incarne le publicitaire René Saavedra, embauché par les opposants pour les aider à monter leur campagne de communication dans le but de faire gagner le "Non". Il applique ses méthodes habituelles pour contribuer au renversement du dictateur.

    Le rôle est taillé sur mesure pour Bernal, militant en faveur de la justice sociale et choisissant ses rôles en fonction de son engagement. Lors d’une rencontre avec le public au dernier festival de Locarno, il estimait que les acteurs sont responsables de leurs films et se déclarait principalement intéressé par les projets posant des questions subversives, dangereuses.
     
    Dans No, profonde réflexion sur le système démocratique et ses contradictions, le réalisateur revient minutieusement sur le calendrier du référendum tout en rappelant les menaces et intimidations dont les auteurs de la campagne ont fait l’objet. Il se sert également de la publicité pour évoquer quelques tendances socio-culturelles de l’époque

    Ai Weiwei, provocateur dissident chinois

    540x287-10651_eded3[1].jpgOn reste dans la contestation  politique avec un documentaire consacré à l’artiste dissident chinois Ai Weiwei, tout à la fois architecte, sculpteur, photographe, plasticien, auteur d’œuvres monumentales, de pièces et clichés provocateurs. Le séisme qui s’était produit dans la province de Sichuan, causant la mort de 5000 élèves dont le gouvernement avait tu les noms et le nombre, constitue une de ses réalisations majeures.

    Actuellement interdit de sortie du pays, ce frondeur charismatique se bat pour la liberté d’expression. La journaliste américaine Alyson Klayman, qui vit en Chine depuis plus de six ans, se fait l'écho de ses luttes, de ses indignations, de ses actes de résistance qu’en fervent utilisateur des réseaux sociaux il consigne soigneusement. A l’image d’une violente agression policière où il a faili y rester et que relatent photos et vidéos postés via son compte Twitter.

    Alyson Klayman livre un film intéressant mais qui pourrait être passionnant si elle ne laissait pas traîner des zones d’ombre autour de son protagoniste, contribuant ainsi à maintenirl’ambiguité de ce personnage paradoxal, égocentrique, opposant courageux au régime, mondialement connu et de ce fait protégé par sa célébrité. 

    Tout en évitant soigneusement d’évoquer des questions d’argent, elle passe aussi comme chat sur braise sur sa participation à la construction du célèbre "Nid d’oiseau" pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, opérant ensuite un revirement spectaculaire et dressant un de ses fameux doigts d’honneur à la manifestation. Comme il l’avait fait dans sa série face à d’autres symboles de la culture chinoise et occidentale, dont la Tour Eiffel. Omission fâcheuse et frustrante.

    Nouveaux films à l’affiche dans les salles romandes.

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  • Cinéma: "A la merveille", "Cloud Atlas", "Le monde fantastique d'Oz"

    ben-affleck-et-olga-kurylenko[1].jpgCinéaste très peu prolifique, plus mystérieux et plus avare de ses apparitions publiques  que Greta Garbo, il est toujours attendu comme le messie par les aficionados. Promis il ya deux ans avec The Tree Of Life (L’arbre de vie) à une Palme d’Or qu’il avait évidemment décrochée, Terrence Malick n’en avait pas moins divisé la Croisette. 

    Rebelote à la dernière Mostra de Venise où il revenait avec To The Wonder (A la merveille) seize mois plus tard. Un record sinon un exploit pour ce réalisateur qui n’avait jusqu’ici signé que cinq films en quarante ans. L’accueil mitigé, un euphémisme, d’une partie de la critique n’est pas très étonnant.  Celui qui pense sans doute la mettre à genou au grand complet à chaque film est à nouveau loin du chef d’œuvre avec son dernier opus en forme d’ode à l’amour.

    Le film décline dans une sorte de lyrisme intimiste la relation tourmentée et la passion brisée entre Nell et Marina. Sur fond de merveille séculaire représentée par le Mont Saint-Michel, où l’intrigue  débute et  se termine. Danseuse française d’origine ukrainienne (Olga Kurylenko) abandonnée par le père de sa fille, Marina tombe amoureuse d’un Américain (Ben Affleck). Il  les emmène vivre toutes tes les deux en Oklahoma. Marina voudrait se marier, Nell rechigne à s’engager. Alors elle retourne en France, tandis que lui reste dans le Middle-West où il retrouve une amie d’enfance (Rachel McAdams)…

    Porté par un élan évangélique Terrence Malick, cherchant toujours à relier l’histoire de l’individu à celle de l’univers, exprime ses propres doutes à travers le personnage d’un prêtre (Javier Bardem). Lui faisant porter la charge d’une humanité souffrante composée de pauvres , de malades et de prisonniers.

    Les inconditionnels s’inclinent devant le maître, mais pour tout dire ces alternances entre la fragilité de l’amour humain, la foi en celui du divin teinté de mysticime, ou la confiance en la perennité des merveilles du monde peinent à convaincre. L’ensemble offre ainsi une intrigue à la fois banale, fade et confuse, aux dialogues et aux propos à l’eau de rose qui surprennent de la part de l’auteur.  A voir pourtant pour les sublimes images qu’il nous propose. Comme d’ailleurs dans chacune de ses créations.

    Cloud Atlas nous balade à travers cinq siècles 

    tom-hanks-cloud-atlas1[1].jpgDans le genre touffu et tortueux, on est servi avec Cloud Atlas, adapté du roman éponyme de David Mitchell  et qui nous emmène dans une épopée composée de six histoires se déroulant sur cinq siècles. Avec des comédiens jouant chacun plusieurs rôles (Tom Hanks par exemple sur la photo) ce qui ne contribue pas franchement à la clarté des choses. 

    On passe ainsi à travers des lieux et des époques différentes, du Pacifique sud au 19e siècle, pour atteindre un futur post-apocalyptique, mais qui reste dantesque.

    Tout est lié dans ce récit fleuve de science-fiction, coréalisé par Tom Tykwer, Andy et Lana Wachowski. Comme ces gens qui se croisent, se retrouvent d’une vie à l’autre, naissent, renaissent, se réincarnent à l’infini. Tout en se posant les questions existentielles qui ne cessent de les hanter depuis l’aube des temps. Une œuvre ambitieuse qui ne manque pas d’intérêt, mais longuette.

    Le monde fantastique d’Oz

    oz-the-great-and-powerful-movie-review-_h[1].jpgAdapté plusieurs fois au cinéma, Le Magicien d’Oz d’après le livre écrit par L.Frank Baum en 1900, doit sa célébrité à la version musicale de Victor Fleming, avec Judy Garland dans le rôle de Dorothy.

    Jeune fille prise dans une tornade, elle se retrouve dans le monde merveilleux d’Oz  et demande au magicien (en réalité un humain) régnant sur le royaume, de l’aider à rentrer chez elle. Elle croise plusieurs  personnages sur sa route, dont une affreuse sorcière bien décidée à la trucider. 

    Le réalisateur Sam Raimi reprend des éléments du conte original pour raconter en fait l’accession du magicien (qui n’en est donc pas un) au trône. Il s’agit d’Oscar Diggs, petit prestidigitateur sans envergure d’un cirque ambulant du Kansas. Emporté lui aussi par une tornade, il atterrit au Pays d’Oz, où il rencontre une poupée en porcelaine, un singe volant et trois sorcières. Il y a notamment  la redoutable Evanora, et Theodora qui voit en lui un sauveur et en tombe amoureuse. 

    Très classique dans sa facture, le film séduit surtout par son côté visuel, d’abord une introduction en noir et blanc hommage au cinéma, puis un délire de couleurs et d’effets. Et, c’est suffisamment rare pour être remarqué, une belle maîtrise de la 3D.

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