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  • Piccoli s'amuse et les Suisses séduisent

     

    Toujours aussi facétieux  le grand Piccoli, héros aux côtés de la jeune Pauline Etienne de L’insurgée. Ce premier long métrage du Français Laurent Perreau, en course pour le Léopard d’Or, évoque la vieillesse et l’adolescence, deux lignes parallèles qui finissent par se rejoindre à la fin du film.

    Dans ce conflit générationnel, Michel Piccoli incarne un grand-père mystérieux, aussi extravagant que secret. « Je me suis régalé avec ce personnage, raconte-t-il à la conférence de presse. J’aime ce qui est secret et passionné. C’est pour cette raison que je ne serais jamais le partenaire d’Arnold Schwarzenegger ». L’assistance jusqu’ici pétrifiée se détend. Piccoli en profite pour rajouter une petite couche. « C’est vrai qu’il n’est plus acteur. Il a sauvé la Californie qui, comme on ne le sait, est au bord de la ruine. Comment fait-on pour être au bord de la ruine ? Ce sera le titre du prochain film de Schwarzie. Avec Sarkozy. Qui va beaucoup mieux, je vous rassure. Il m’a téléphoné ce matin. Il avait la voix encore embrouillée, mais il va mieux… »

     

    Nicolas Sarkozy est décidément la cible privilégiée de Michel Piccoli à Locarno Il y a deux ans, il lui avait déjà balancé une pique pour amuser la galerie. Plus sérieusement, il avoue une chose qu’il dit raconter pour la première fois. « Tout ce qu’on voit dans L’insurgée je l’ai vécu. Du début à la fin, du refus des passions à la solitude entre un homme et une femme. C’est pour cette raison que cette histoire m’a bouleversé ».

     

    Reste à espérer pour Laurent Perreau que le jury y soit aussi sensible. Enfin pas trop, car il y a un autre premier long métrage plutôt réussi (à part la fin) en compétition, Complices, du Suisse Frédéric Mermoud. Un polar prétexte à l’étude de mondes qui se frôlent. Le réalisateur suit ainsi parallèlement l’enquête de deux  inspecteurs incarnés par Emmanuelle Devos et Gilbert Melki, pour retrouver l’auteur d’un meurtre sordide et l’histoire d’amour entre deux jeunes qui testent leurs limites en plongeant dans l’univers glauque de la prostitution.

     

    Le film de Mermoud  confirme le talent de Cyril Descours et de la solaire Nina Meurisse, notamment vue il y a quelques années chez Ursula Meir. Il a aussi contribué à sortir le festival de son état comateux. Comme d’ailleurs La disparition de Giulia du Zurichois Christoph Schaub, une comédie sur les affres et les méfaits de l’âge qui  a provoqué l’enthousiasme des spectateurs de la Piazza Grande. Il faut reconnaître que le sujet concerne les 90 pourcent, voire plus, des festivaliers… Qui vont sans aucun doute également vibrer pour Les derniers jours du monde des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu.

     Adapté du roman éponyme de Dominique Noguez, ce faux film catastrophe aux vraies allures d’apocalypse érotique permet à Mathieu Amalric, Catherine Frot et Karin Viard de se livrer sans complexes ni tabous aux plaisirs de la chair.   

     

    A part ça et juste en passant, Locarno est devenu le lieu de toutes les rencontres. C’est même là que se ferait l’élection du successeur de Pascal Couchepin. Je me suis laissé dire que les pontes qui s’occupent de la chose organisent à cet effet des réunions secrètes dans des grottos des environs…  

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  • Tempête dans un verre d'eau, un concept inventé pour Locarno

     

    Comme à chaque festival locarnais ou presque, on a eu droit à notre tempête dans un verre d’eau. Cette fois, il s’agit de la polémique entre l’Office fédéral de la Culture (OFC) et deux associations de producteurs de films. En substance, elles dénoncent le manque de transparence, ainsi que des irrégularités dans l’octroi de subventions.

     

    Du coup on s’écrasait les arpions lors de la traditionnelle conférence de presse du conseiller fédéral Pascal Couchepin. La star du jour. Faisant la pige aux réalisateurs et acteurs qui viennent causer de leurs œuvres. J’espère que le président Solari n’en a pas pris ombrage, lui qui ne porte pas trop les vedettes dans son cœur, à en juger par son récent discours …

     

    Mais je m’égare. On s’en doute, le ministre balaye les charges. A l’instar de Jean-Frédéric Jauslin, le directeur de l’OFC. La presse reste coite, tandis qu’on s’agite du côté des producteurs. L’union n’est pourtant pas sacrée. D’un côté il y a ceux qui se désolidarisent de la procédure de leurs collègues, sans pour autant trouver super la politique de Monsieur Cinéma, alias Nicolas Bideau. Qui ne pipe d’ailleurs mot sur le sujet. Tout ce qu’ils veulent en somme, c’est davantage de sous pour mieux bosser.

     

    De l’autre, on trouve un plaignant ratiocineur, tel un môme dont on a cassé le jouet. Voyant les choses tourner à la bagarre stérile dans un préau d’école, papa Couchepin décrète qu’on va s’arrêter là et laisser les juristes décider de qui a raison.

     

    Le conflit s’est toutefois poursuivi dans un autre point de presse, les mécontents réitérant leurs accusations et espérant l’aboutissement de leurs plaintes. Inutile de dire que pour les journalistes étrangers présents, c’était du chinois. Pire car les Chinois non plus pigeaient que dalle. Je ne vous cacherai pas que je me sentais très proche d’eux.

     

    Mais quid du cinéma dans l’affaire ? Celui qu’on est censé voir à l’écran, je veux dire? Eh bien rassurez-vous, ce cher Pascal a tiré un bilan positif de l’année 2008. Il a même annoncé une petite hausse  du budget alloué par Berne et un soutien aux séries télévisées. Pas étonnant. Pour lui, le cinéma suisse est devenu un enjeu de société. Mazette! Figurez-vous qu’à l’occasion d’un enterrement où il s’est rendu, on ne parlait que de ça au bout de cinq minutes. Imaginez le tabac si en plus tous ces gens allaient voir les films !

     

    C’est ce qu’on va faire, puisqu’on est en principe désormais débarrassé de ces chamailleries internes oiseuses. On attend par exemple la comédie du Zurichois Christoph Schaub, proposée samedi soir sur la Piazza Grande. Son auteur ayant l’air assez content de lui, cela pourrait contribuer à faire enfin décoller le festival, toujours plus ou moins cloué au sol. Notamment par le drame d’une rare niaiserie, signé Nick Cassavetes, sur une adolescente atteinte d’une leucémie. Le grand John doit se retourner de honte dans sa tombe. Alors qu’il y avait un vrai sujet à traiter, les parents ayant décidé d’avoir un deuxième enfant génétiquement contrôlé, qui deviendrait un donneur parfait. Sauf que celui-ci,  en l’occurrence une petite fille, demande une émancipation médicale pour pouvoir disposer de son corps.   

     

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  • Le président Solari fustige les barbares et les ignorants

     

    Il y a des choses qu’on ne dit pas au président Marco Solari. Evoquez l’absence de paillettes à Locarno et il voit rouge. Un peu à l’image du taureau quand on lui agite une cape sous le nez. L’an dernier, lors du traditionnel cocktail d’ouverture il avait piqué une grosse colère contre la perfidie de la presse alémanique, en particulier la NZZ, qui accusait le festival de manquer de bons films et de stars.

     

    Toujours aussi remonté, le boss a persisté dans ce sens, un barbare lui ayant suggéré l’idée saugrenue de ne garder au programme que la Piazza Grande. Pour ce primitif, la suppression de sections inintéressantes permettrait une substantielle économie et surtout la possibilité d’inviter quelques célébrités du septième art.

     

    Que n’avait pas raconté là ce mécréant de la pellicule, cet ignorant crasse de la valeur inestimable du trésor patrimonial tessinois, témoignage de liberté depuis sa création en 1946! Qu’importe la présence de stars qui n’ont rien à dire, en regard de la qualité des œuvres présentées, martelait en substance le décoiffant Marco d’une voix de stentor. Nous ne faisons pas du marketing mais de la culture. C’est pour cela que vous venez si nombreux chaque année et que vous êtes là ce soir. Gros applaudissements de la foule qui, juste en passant, écoutait d’une oreille, gardant fermement un œil sur le buffet. Histoire de s’empiffrer de champagne et de petits-fours pour gratter, comme d’habitude, sur la bouffe du soir.

     

    Reste que les vedettes de tout poil sont averties. Débarquer à Locarno ne leur coûtera pas seulement bonbon, mais elles seront bien inspirées de se munir de leur certificat d’études pour plaire à Son Eminence solarienne. J’attends quand même sa réaction éventuelle, au cas où un Tom Cruise ou assimilé brûlerait de venir s’exhiber en plein air devant 8000 personnes en délire…

     

    En attendant on a été servi, côté intello, avec la projection, sur écran géant, de La guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres. Le dernier-né du réalisateur Amos Gitaï est basé sur la captation filmée de sa propre adaptation théâtrale de La guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, proposée à Avignon en juillet dernier. C’était du lourd. Et ça nous a un peu vidé la Piazza, en dépit de la performance de Jeanne Moreau dans le rôle du narrateur auteur. Mais l’opus avait été programmé en deuxième partie, à 23 heures. En lever de rideau, on lui avait préféré (500) Days Of Summer, une comédie américaine de Marc Webb. Un sacré poids plume à côté. D’où mon angoissant et existentiel pourquoi aux pontes du lieu, si mordus de culture?

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