Comme à chaque festival locarnais ou presque, on a eu droit à notre tempête dans un verre d’eau. Cette fois, il s’agit de la polémique entre l’Office fédéral de la Culture (OFC) et deux associations de producteurs de films. En substance, elles dénoncent le manque de transparence, ainsi que des irrégularités dans l’octroi de subventions.
Du coup on s’écrasait les arpions lors de la traditionnelle conférence de presse du conseiller fédéral Pascal Couchepin. La star du jour. Faisant la pige aux réalisateurs et acteurs qui viennent causer de leurs œuvres. J’espère que le président Solari n’en a pas pris ombrage, lui qui ne porte pas trop les vedettes dans son cœur, à en juger par son récent discours …
Mais je m’égare. On s’en doute, le ministre balaye les charges. A l’instar de Jean-Frédéric Jauslin, le directeur de l’OFC. La presse reste coite, tandis qu’on s’agite du côté des producteurs. L’union n’est pourtant pas sacrée. D’un côté il y a ceux qui se désolidarisent de la procédure de leurs collègues, sans pour autant trouver super la politique de Monsieur Cinéma, alias Nicolas Bideau. Qui ne pipe d’ailleurs mot sur le sujet. Tout ce qu’ils veulent en somme, c’est davantage de sous pour mieux bosser.
De l’autre, on trouve un plaignant ratiocineur, tel un môme dont on a cassé le jouet. Voyant les choses tourner à la bagarre stérile dans un préau d’école, papa Couchepin décrète qu’on va s’arrêter là et laisser les juristes décider de qui a raison.
Le conflit s’est toutefois poursuivi dans un autre point de presse, les mécontents réitérant leurs accusations et espérant l’aboutissement de leurs plaintes. Inutile de dire que pour les journalistes étrangers présents, c’était du chinois. Pire car les Chinois non plus pigeaient que dalle. Je ne vous cacherai pas que je me sentais très proche d’eux.
Mais quid du cinéma dans l’affaire ? Celui qu’on est censé voir à l’écran, je veux dire? Eh bien rassurez-vous, ce cher Pascal a tiré un bilan positif de l’année 2008. Il a même annoncé une petite hausse du budget alloué par Berne et un soutien aux séries télévisées. Pas étonnant. Pour lui, le cinéma suisse est devenu un enjeu de société. Mazette! Figurez-vous qu’à l’occasion d’un enterrement où il s’est rendu, on ne parlait que de ça au bout de cinq minutes. Imaginez le tabac si en plus tous ces gens allaient voir les films !
C’est ce qu’on va faire, puisqu’on est en principe désormais débarrassé de ces chamailleries internes oiseuses. On attend par exemple la comédie du Zurichois Christoph Schaub, proposée samedi soir sur la Piazza Grande. Son auteur ayant l’air assez content de lui, cela pourrait contribuer à faire enfin décoller le festival, toujours plus ou moins cloué au sol. Notamment par le drame d’une rare niaiserie, signé Nick Cassavetes, sur une adolescente atteinte d’une leucémie. Le grand John doit se retourner de honte dans sa tombe. Alors qu’il y avait un vrai sujet à traiter, les parents ayant décidé d’avoir un deuxième enfant génétiquement contrôlé, qui deviendrait un donneur parfait. Sauf que celui-ci, en l’occurrence une petite fille, demande une émancipation médicale pour pouvoir disposer de son corps.