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  • Décoiffant, le Léopard d'Or!


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    Je vous l'avais dit, Locarno adore surprendre. Mais là, le jury présidé par Irène Jacob nous scotche carrément en donnant le Léopard d'or au Japonais Masahiro Kobayashi pour "Ai No Yokan" (Pressentiment d'amour). Un choix à la fois décoiffant et audacieux. Non que le film soit mauvais, bien au contraire. Mais pour autant qu'il soit acheté, je doute qu'il fasse trois cacahuètes dans les salles helvétiques. En dépit de son sujet porteur racontant la rencontre par hasard, dans une auberge, de la mère de la meurtrière d'une camarade de classe et du père de la victime.

    Le spectateur va-t-il toutefois adhérer au traitement de l'histoire? That is the question. Toute la tension tient en effet dans la répétition de scènes quotidiennes (en gros bain chaud pour lui, fabrication d'une omelette pour elle) et de la naissance progressive d'un sentiment amoureux chez ces deux personnages prostrés et sans véritable désir de continuer à vivre.

    La suite du palmarès est moins stupéfiante, Michel Piccoli remportant logiquement le prix d'interprétation masculine pour son rôle dans "Sous les toits de Paris" d'Hiner Saleem, ex aequo avec Michele Venitucci, le boxeur du Suisse Fulvio Bernasconi dans "Fuori dalle corde". J'applaudis également des deux mains au Prix spécial du jury, décerné au collectif "Memories" (Jeonju Digital project 2007). Surtout en raison de "Respite" d'Harun Farocki. Ce premier fragment se compose d'images d'achives muettes de Westerbork, un camp de transit aux Pays-Bas d'où les Juifs étaient déportés vers Bergen-Bergen et Auschwitz. Un témoignage de gens en sursis absolument bouversant. Les deux autres court-métrages de Pedro Costa et Eugène Green ne sont pas à la hauteur. Mais tant pis.


    En revanche, que Marian Alvarez ait été sacrée meilleure actrice pour avoir donné la moitié de son foie à son copain dans "Lo Mejor de Mi" de la réalisatrice espagnole Roser Aquilar, me laisse un rien baba. Je m'étonne également que "Capitaine Achab" du cinéaste français Philippe Ramos ait raflé le Prix de la mise en scène. Enfin, on dira que Moby Dick a encore frappé, Ramos s'étant librement inspiré du fameux roman d'Hermann Melville.

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  • De Hairspray au Mondial 2006

    On s'y attendait. Le public de la Piazza Grande, qui s'était déjà levé comme un seul homme hier soir pour ovationner Michel Piccoli, lauréat dun Excellence Award, a réservé par la suite un accueil délirant à Hairspray, la jouissive comédie musicale d'Adam Shankman. Il n'en est d'ailleurs pas encore tout-à-fait revenu, à l'image de la jeune Nikki Blonsky, alias Tracy, l'une des héroïnes du show. "Je n'avais jamais vu mon visage en aussi gros plan!", s'émeut la grassouillette débutante. Preuve qu'on a beau être Américain, big est parfois encore bigger ailleurs. "Jamais, je n'ai vu 8000 personnes assister à un film en même temps", ajoute Shankman.

    On vous en dira plus sur le réalisateur et son actrice lors de la sortie de "Hairspray" à Genève le 22 août.  En attendant, on se demande si les spectateurs applaudiront autant à "Winners and losers" de Lech Kowalski, qui clôt ce soir la quinzaine locarnaise en plein air, en revenant sur la finale Italie-France du dernier Mondial.  D'autant que le cinéaste, qui se place du côté des fans de foot ne montre pas une seule séquence de jeu ou un incident quelconque. Même pas le célébrissime coup de boule de Zidane. Rien que les visages, les réactions ou les gestes des supporters présents entre Rome et Paris, en famille dans des cafés ou suivant le match sur écran géant. 

    Et une chose est claire. rien de tel que le foot pour révéler les caractères et les comportements. Avec sa caméra, Kowalski nous en raconte long sur nos semblables, dont le vocabulaire se réduit le plus souvent à "enculé"et connard" pour qualifier l'adversaire. Ou l'arbitre. Eh oui, pas besoin d'aller jusqu'au hooliganisme pour dévoiler le mauvais fond de la nature humaine...         

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  • Qui va mettre le fauve en cage?

    La chasse au léopard d'or et accessoirement à ceux d'argent et de bronze touche à sa fin. Alors qui, parmi les dix-neuf concurrents promis à la capture des fauves réussira-t-il à les mettre en cage? Les derniers films vus changent un poil la donne côté pronostics, même si on en reste notamment aux prétendants précédemment cités pour décrocher des médailles. A savoir pêle-mêle "Joshua", "La maison jaune", "O Capacete Dourado" ou encore "Fuori dalle corde" (voir détails dans le blog du 7 août sur la question).

    Mais les discussions vont bon train parmi les festivaliers. C'est ainsi que "Las vidas posibles", de la réalisatrice argentine Sandra Gugliotta, évoquant une femme partie à la recherche de son mari disparu en Patagonie, a beaucoup séduit certains avec son petit côté hitchcockien. Il y en a aussi qui défendent "Slipstream", véritable ovni signé Anthony Hopkins, emmenant le spectateur dans un hallucinant voyage à l'intérieur de processus de création. Enfin "Sous les toits de Paris" de Hiner Saleem avec Michel Piccoli et Mylène Demongeot a ses fervents partisans.

    Côté interprétations féminine et masculine, on prend presque forcément les comédiens dans les mêmes films. Cela dit, le critique peut bien s'amuser à tirer tous les plans sur la comète qu'il veut, c'est le jury qui dispose. Et à Locarno, il aime surprendre son monde. Verdict donc samedi soir sur la Piazza grande. 

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