On s'y attendait. Le public de la Piazza Grande, qui s'était déjà levé comme un seul homme hier soir pour ovationner Michel Piccoli, lauréat dun Excellence Award, a réservé par la suite un accueil délirant à Hairspray, la jouissive comédie musicale d'Adam Shankman. Il n'en est d'ailleurs pas encore tout-à-fait revenu, à l'image de la jeune Nikki Blonsky, alias Tracy, l'une des héroïnes du show. "Je n'avais jamais vu mon visage en aussi gros plan!", s'émeut la grassouillette débutante. Preuve qu'on a beau être Américain, big est parfois encore bigger ailleurs. "Jamais, je n'ai vu 8000 personnes assister à un film en même temps", ajoute Shankman.
On vous en dira plus sur le réalisateur et son actrice lors de la sortie de "Hairspray" à Genève le 22 août. En attendant, on se demande si les spectateurs applaudiront autant à "Winners and losers" de Lech Kowalski, qui clôt ce soir la quinzaine locarnaise en plein air, en revenant sur la finale Italie-France du dernier Mondial. D'autant que le cinéaste, qui se place du côté des fans de foot ne montre pas une seule séquence de jeu ou un incident quelconque. Même pas le célébrissime coup de boule de Zidane. Rien que les visages, les réactions ou les gestes des supporters présents entre Rome et Paris, en famille dans des cafés ou suivant le match sur écran géant.
Et une chose est claire. rien de tel que le foot pour révéler les caractères et les comportements. Avec sa caméra, Kowalski nous en raconte long sur nos semblables, dont le vocabulaire se réduit le plus souvent à "enculé"et connard" pour qualifier l'adversaire. Ou l'arbitre. Eh oui, pas besoin d'aller jusqu'au hooliganisme pour dévoiler le mauvais fond de la nature humaine...