Une première vague de festivaliers a déserté les lieux. Dommage pour eux, le soleil est revenu. à Locarno. Mais il est vrai que les cocktails se suivant à un rythme effréné style journée suisse et les soirées classieuses façon SSR, se font rares... Ou alors, on préfère se rencontrer entre gens du même monde. Ainsi à la Warner, où ne sont paraît-il invités que les distributeurs et les exploitants. Voilà qui promet un raout d'une folle gaité!
Rien à voir en tout cas avec le film produit par le studio en question, Hairspray. Car une chose est sûre, histoire de nous changer de quelques horreurs au propre et au figuré, ça devrait swinguer à mort sur la Piazza Grande ce soir, avec cette satire sur l'intégration des Afro-Américains dans la société des sixties.Sous forme de comédie musicale déjantée complètement réinventée, elle est adaptée d'un des plus grands succès de Broadway, lui-même tiré du fameux film éponyme de John Waters, réalisé en 1988.
Ado aussi obèse que dynamique, Tracy Turnblad voit son rêve le plus cher se réaliser: participer au Corny Collins Show. Mais non contente d'être sélectionnée, à la grande fureur de la reine du spectacle et de sa mère, Tracy mène croisade pour que l'émission mêle désormais à égalité les Noirs et les Blancs. Prétexte à des numéros jubilatoires avec des comédiens qui s'amusent visiblement comme des petits fous, à l'image de Michelle Pfeiffer et du duo de choc John Travolta-Christopher Walken.
Mais les Genevois n'auront pas trop longtemps à attendre pour prendre eux aussi leur pied, puisqu'Hairspray sort en salles dans une douzaine de jours.
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Piccoli fait son cinéma
"Cette petite personne est Belge. Mais elle sera bientôt Française, car Sarkozy a décidé d'annexer la Belgique. Je viens de parler avec lui au téléphone. Non, la Suisse n'est pas menacée. Il sera mort avant que vous n'adhériez à l'Europe..."
Michel Piccoli a un large sourire. Le gag à propos de sa jeune partenaire Marie Kremer plaît beaucoup à la conférence de presse. Pareil lorsqu'il singe la sensualité de la bouche féminine en grimaçant comiquement, ou reproche à son réalisateur son côté grec et taciturne. Mais n'importe quoi atteint la cible avec cet homme achevant de séduire un public conquis d'avance, qui lui a réservé une salve d'applaudissements pour sa performance dans le film d'Hiner Saleem "Sous les toits de Paris". Inspiré de la terrible camicule de l'été 2003, fatale à des milliers de personnes âgées, il brosse un portrait effrayant de nos métropoles. "Il y a quelque chose qui ne va pas dans nos sociétés occidentales", remarque le cinéaste. "Mais je ne juge pas, je n'ai pas de solution. Je suis juste touché par toutes ces personnes. Qu'il s'agisse des jeunes, célibataires, misérables, au chômage. Ou des vieux. Aussi solitaires les uns que les autres."
Comme Marcel, incarné par Piccoli. Un octogénaire à la fois beau et bouleversant, qui habite une petite chambre de bonne, tout en haut d'un immeuble parisien sordide, sans ascenseur, sans douche, sans toilette. Marcel vit seul mais a deux amis. Thérèse, une vieille serveuse de bar amoureuse de lui et qui lui achète un ventilateur salvateur. Ainsi qu'Amar, avec qui il va chaque lundi se laver à la piscine du quartier.
Tous ces personnages se croisent dans un long métrage quasi muet. Communiquant par des regards, des sourires, un baiser, un effleurement de doigt. "Ca me plaît. Dans la vie et dans les films, on parle beaucoup trop. J'aime être un acteur extrêmement discret. Mais cela ne m'empêche pas d'être poli. S'il y a des questions j'y répondrai", plaisante l'acteur, qui ne cache pas son plaisir de parler longuement de lui, de sa profession, de ses partenaires.
A l'image de Mylène Demongeot, également présente et à qui le film doit beaucoup. Ainsi que Maurice Bénichou. En lice pour le Léopard d'or, "Sous les toits de Paris" a indéniablement sa chance.
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Fausse note en compétition
Je vous racontais hier que tout se passait assez bien jusqu'ici dans la compétition locarnaise. Il a suffi que je le prétende pour qu'il y ait un couac. A savoir Extraordinary Rendition du Britannique Threapleton, qui nous a fourgué une daube sur un sujet d'actualité brûlant: celui des vols secrets dans l'espace aérien européen, la disparition, la détention et la torture de gens sans bases légales. Un film réalisé à la Winterbottom, autrement dit mal, et qui atteint le but contraire qu'il s'est fixé en se complaisant dans l'exposition d'une violence qu'il entend dénoncer.
A part ça, un temps de chien a gâché la projection du Jakob Berger sur la Piazza, la fête offerte ensuite à son honneur, ainsi que celle du cinéma suisse au Lido, qui devait être le clou de la journée. Mais les Helvètes ne sont pas les seuls à payer. Pour l'instant ça ne s'arrange pour personne côté météo...