Décoiffant, le Léopard d'Or! (12/08/2007)
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Je vous l'avais dit, Locarno adore surprendre. Mais là, le jury présidé par Irène Jacob nous scotche carrément en donnant le Léopard d'or au Japonais Masahiro Kobayashi pour "Ai No Yokan" (Pressentiment d'amour). Un choix à la fois décoiffant et audacieux. Non que le film soit mauvais, bien au contraire. Mais pour autant qu'il soit acheté, je doute qu'il fasse trois cacahuètes dans les salles helvétiques. En dépit de son sujet porteur racontant la rencontre par hasard, dans une auberge, de la mère de la meurtrière d'une camarade de classe et du père de la victime.
Le spectateur va-t-il toutefois adhérer au traitement de l'histoire? That is the question. Toute la tension tient en effet dans la répétition de scènes quotidiennes (en gros bain chaud pour lui, fabrication d'une omelette pour elle) et de la naissance progressive d'un sentiment amoureux chez ces deux personnages prostrés et sans véritable désir de continuer à vivre.
La suite du palmarès est moins stupéfiante, Michel Piccoli remportant logiquement le prix d'interprétation masculine pour son rôle dans "Sous les toits de Paris" d'Hiner Saleem, ex aequo avec Michele Venitucci, le boxeur du Suisse Fulvio Bernasconi dans "Fuori dalle corde". J'applaudis également des deux mains au Prix spécial du jury, décerné au collectif "Memories" (Jeonju Digital project 2007). Surtout en raison de "Respite" d'Harun Farocki. Ce premier fragment se compose d'images d'achives muettes de Westerbork, un camp de transit aux Pays-Bas d'où les Juifs étaient déportés vers Bergen-Bergen et Auschwitz. Un témoignage de gens en sursis absolument bouversant. Les deux autres court-métrages de Pedro Costa et Eugène Green ne sont pas à la hauteur. Mais tant pis.
En revanche, que Marian Alvarez ait été sacrée meilleure actrice pour avoir donné la moitié de son foie à son copain dans "Lo Mejor de Mi" de la réalisatrice espagnole Roser Aquilar, me laisse un rien baba. Je m'étonne également que "Capitaine Achab" du cinéaste français Philippe Ramos ait raflé le Prix de la mise en scène. Enfin, on dira que Moby Dick a encore frappé, Ramos s'étant librement inspiré du fameux roman d'Hermann Melville.
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