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le blog d'Edmée - Page 61

  • Grand écran: "Carmen", une relecture très libre du mythe signée Benjamin Millepied

    Un voyage sensoriel sur fond de tragédie antique, de sang, d’amour, de ballets et de chants éthérés. C’est ce que veut nous donner à voir et à entendre Benjamin Millepied. Dans son premier film, le danseur étoile et chorégraphe s’attaque à son tour audacieusement au mythe de Carmen, en proposant une vision très libre. très éloignée de la nouvelle de Prosper Mérimée et de l’opéra de Bizet.

    Dans cette relecture moderne, personnelle, il situe d’abord l’action non pas à Séville mais à la frontière mexicaine. Et fait de son héroïne en quête de liberté (Melissa Barrera) une migrante clandestine anxieuse de rejoindre les Etats-Unis après le mystérieux assassinat de sa mère, impressionnante danseuse de flamenco.

    La belle rebelle en fuite tombe rapidement sur des patrouilleurs américains. Immédiatement sous le charme de la fougueuse mais farouche Carmen,  le séduisant Aiden (Paul Mescal), lui  sauve la vie en tuant l’un de ses compagnons d’armes. Liés par ce drame, traqués par la police, les désormais amants maudits se lancent dans une course effrénée et trouveront refuge à Los Angeles dans un cabaret tenu par Masilda, la tante de Carmen, incarnée par la toujours spectaculaire Rossy de Palma, à l’extravagante allure sorcellaire.

    Des ballets au compte-gouttes

    Après ses interventions chorégraphiques dans Black Swan de Darren Aronofsky,  on imaginait une toute autre version, marquée par le lyrisme, la danse et la musique. Mais Benjamin Millepied tarde à faire décoller son film au scénario finalement banal et au récit approximatif, ses préférences allant aux décors, aux images raffinées et au travail sur la lumière.. 

    Dans ce film d’art en forme de road movie étrange mâtiné de polar improbable, il faut donc bien  patienter trois quarts d’heure, après le solo de flamenco exécuté par la mère de Carmen pour accueillir ses meurtriers, pour qu’arrivent les scènes tant attendues. Explosives, elles sont esthétiques, intenses et dynamiques, mais on déplore leur parcimonie. 

    De même, on regrette la relation un peu artificielle entre Melissa Barrera, actrice mexicaine connue pour ses rôles dans la sage Scream et Paul Mescal découvert dans la série Normal People.  Mais si on a des réserves, ce coup d'essai fascine en revanche ceratins critiques et spectateurs qui le trouvent tout compleent magique. . 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 14 juin. 

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  • Grand écran: "Marinette" raconte le parcours d'une combattante, pionnière du foot féminin

    Marinette Pichon... Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose.  Pourtant, ce petit bout de femme de 55 kilos, née en 1975, est une pionnière du football féminin dans les années 2000, devenue l’une des meilleures joueuses du monde. Première Française à faire carrière aux Etats-Unis, c’est aussi la première sportive hexagonale à avoir révélé son homosexualité et dont on raconte l’histoire dans un film.

    Le coup de foudre 

    Marinette pense, dort, rêve foot après la découverte, à 5 ans, de ce sport qu’elle a désormais dans la peau. Une passion ravageuse, émancipatrice, la sortant d’un contexte familial sordide, dominé par un père violent et alcoolique qui sera condamné à 10 ans de prison pour agression sexuelle sur sa belle-mère. Elevée et soutenue par une maman courage face à ce misérable tyran domestique  Marinette est décidée à ne pas baisser les bras, quoi qu’il en coûte.  

    C’est à cette icône du ballon rond français au mental d’acier, incarnée par l’excellente Garance Marillier, que Virginie Verrier a consacré un biopic. Elle a écrit le scénario  d’après  l’autobiographie de sa protagoniste, « Ne jamais rien lâcher ».  L’opus évoque à la fois le parcours exceptionnel d’une combattante et le manque crasse de reconnaissance de son sport, le statut de professionnelles étant toujours, aujourd’hui comme alors, refusé aux femmes en France ,

    Une course à l’excellence

    Se concentrant sur la carrière de la footballeuse de choc dont elle brosse un portrait inspirant et émouvant, la réalisatrice propose un film engagé, suivant l’inarrêtable course à l’excellence de sa charismatique héroïne. Il est rythmé par des scènes de match réalistes grâce au recrutement de quelque 200 joueuses, permettant de découvrir les nombreux exploits d’une Marinette à la technique hors norme et aux fantastiques qualités de buteuse.

    L’œuvre est également ponctuée de douloureux souvenirs comme son exclusion temporaire de l’équipe de France, et l’image de son pourri de père crevant sadiquement un ballon à cette occasion. L’auteure revient par ailleurs sur une vie intime aux côtés d’une compagne jalouse et destructrice, que Marinette quittera pour éviter de reproduire le modèle brutal qui a tant fait souffrir sa mère.

    Une lutte incessante 

    Virginie Verrier nous laisse ainsi découvrir une femme doublée d’une sportive de très haut niveau, qui s’est constamment battue pour se faire entendre et réaliser son rêve. On rappellera qu’elle a été sélectionnée en équipe de France en 1994. Repérée par le club Philadelphie lors de l’Euro 2001, elle part pour les Etats-Unis où elle est reçue comme une star.  Passée pro, elle est sacrée top joueuse du championnat nord-américain. Ne pouvant obtenir de carte verte, elle  rentre en  France où elle réussit une incroyable saison 2005, terminant meilleure buteuse avant de rafler le titre  de championne de France l’année suivante.
     
    Marinette Pichon, qui a fondé son académie, a raccroché les crampons en 2007. Elle laisse une belle trace dans l’histoire des Bleu-es, détenant jusqu’en 2020 le record du nombre de buts marqués, hommes et femmes confondu-es!

    A l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 7 juin.

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  • Festival de Cannes: Justine Triet décroche la Palme d'or pour "Anatomie d'une chute"

    Quand un jury partage nos goûts, on a évidemment tendance à le trouver très bon. Ce fut le cas avec la remise de la Palme d’or à Justine Triet pour Anatomie d’une chute, l’un de nos préférés, comme on vous l’a déjà dit. Dans ce film à procès, la réalisatrice, deuxième Française accédant à la récompense suprême après Julia Ducournau en 2021 pour Titane, et troisième femme à l’obtenir,  brosse le portrait  d’une écrivaine  que tout accuse de  la mort de son mari. Mais peut-être pas, Justine Triet multipliant les pistes pour semer le doute.

    En recevant sa Palme des mains de la toujours magnifique Jane Fonda, Justine Triet a vivement dénoncé la manière « choquante » dont le gouvernement d’Elisabeth Borne a nié le mouvement contre la réforme des retraites  et critiqué la « marchandisation de la culture en train de casser l’exception culturelle française… » La ministre de la Culture Rima Abdul Malak s’est dite « estomaquée » par ce discours « injuste ».

    Mais revenons aux médailles, d’autant que le président Ruben Ostlund et ses huit camarades ont remis le Grand Prix à un autre de nos favoris The Zone Of Interest de Jonathan Glazer, qui filme l’horreur de la Shoah sans la montrer. La camera suit le quotidien d’un commandant  d’Auschwitz de sa famille qui coulent des jours idylliques  dans leur jolie maison avec piscine et jardins fleuris, mitoyenne du camp de la mort. Si glaçant que c’en est inimaginable…

    Prix du jury, du scénario et de la mise en scène

    Et le plaisir continue avec l’attribution  du Prix du jury à Aki Kaurismäki pour Les feuilles mortes. Avec son humour irrésistible, le cinéaste finlandais évoque la naissance des sentiments entre deux personnages solitaires et nous dit presque tout sur presque tout  en 81 minutes, le film le plus court de la compétition.

    On est un peu moins fan des autres prix, comme celui donné à Sakamoto Yuji pour Monster du Japonais Hirozaku Kore-eda, racontant une amitié très étroite sinon amoureuse entre deux jeunes garçons. L’œuvre a par ailleurs décroché la Queer Palm.   

    Le prix de la mise en scène pour La passion de Dodin Bouffant du Franco-Vietnamien Tran Anh Hüng, avec Juliette Binoche et Benoît Maginel n’est pas des plus exaltants. Un peu à l’image de ce voyage culinaire entre carré de veau, écrevisses, cailles et autre omelette norvégienne. Avec explosion garantie du taux de cholestérol. 

    Prix d’interprétation et Caméra d’or

    Alors qu’on s’attendait à la consécration de la géniale Sandra Hūller, à la fois chez Justine Triet et Jonathan Glazer, on est un peu surpris par le prix d’interprétation féminine décerné à l’actrice turque Merve Dizdar pour son rôle relativement secondaire dans Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan. Celui du meilleur acteur décerné à Kuji Yakusho, nettoyeur de toilettes publiques de Tokyo dans Perfect Days de Wim Wenders, se justifie en revanche bien davantage, . 

    On terminera par la Caméra d’or octroyée au premier long métrage u Vietnamien Thien An Pham, L’arbre aux papillons d’or. Le réalisateur propose un film  en forme de quête existentielle à travers la campagne de son pays. Il suit le  parcours initiatique de Thien, chargé de ramener dans leur village natal, le corps de sa belle-sœur, morte dans un accident de moto à Saigon.

    On retiendra encore de cette 76é édition qu’un certain nombre de films figurant dans les diverses sections du festival auraient avantageusement remplacé quelques productions indignes de la compétition, n’eussent été leur auteur-e  et la célébrité de leurs protagonistes…. Par charité chrétienne, on n’insistera pas sur la récurrence de la chose.  

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