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le blog d'Edmée - Page 64

  • Festival de Cannes: "Le procès Goldman", portrait d'un bandit militant. Fascinant

    En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman. Militant d’extrême-gauche, écrivain et gangster, le demi-frère ainé de Jean-Jacques Goldman avait été condamné .en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée- Dont un ayant  entraîné la mort, en décembre 1969, de deux pharmaciennes.  S’il reconnaît les trois premiers hold-up, il clame, sinon hurle, son innocence dans ce dernier.

    Le jeune Georges Kiejman assure sa défense. Mais très vite, la relation entre ces deux juifs polonais nés en France vire à l’aigre, Goldman, qui se vit comme un martyr, rejette Kiejman en le traitant de « juif de salon », avide de gloire.  Provocateur, bruyamment soutenu au tribunal par la gauche intellectuelle dont il est devenu l’icône, il risque pourtant la peine capitale. Mais son avocat s’obstine. Finalement acquitté de ces meurtres au bénéfice du doute, Goldman sera assassiné en plein Paris en 1979. Les auteurs n’’ont jamais été retrouvés.

    Porté par d’excellents acteurs

    Cédric Kahn fait de cette affaire aussi complexe que controversée un film puissant, prenant, qui vous emporte. Et où, faute de preuves indiscutables, il privilégie un véritable match de langage pour tenter de découvrir la vérité. L’œuvre, qui met le spectateur dans la peau du juré, est portée par d’excellents acteurs. Arthur Harari incarne le futur célèbre Georges Kiejman (mort le 9 mai dernier), tandis qu’Arieh Worthalter enfile le costume de Pierre Goldman.

    Le réalisateur brasse par plusieurs thèmes dans ce long métrage reconstitué avec les articles de journaux de l’époque : judaïté, antisémitisme, racisme, côté antiflic, rôle de l’extrême-gauche, autant de sujets qui font écho à la société d’aujourd’hui. Comme dit Cédric Kahn, la France ne bouge pas....  

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  • Festival de Cannes: "Simple comme Sylvain" montre l'impossibilité d'une passion durable sur fond de lutte des classes

    Avant la projection qui avait déjà pris un sacré retard, Monia Chokriétait bien décidée à livrer son message, s’associant aux cinéastes qui veulent changer les mentalités, mettre de la bienveillance sur les plateaux et condamner les abus de pouvoir. Elle faisait ainsi écho aux dénonciations du silence autour des agissements coupables de certains artistes, sous prétexte qu’ils ont du génie, 

    La réalisatrice, découverte actrice chez Xavier Dolan (« Les amours imaginaires ») était déjà venue sur la Croisette avec « La femme de mon frère », opus plutôt corrosif.  Là, elle se montre plus tendre en racontant le coup de foudre entre Sophia, quadra intellectuelle et le beau charpentier Sylvain,Les différences apparaissent fatalement

    Insatiables, les deux amants se livrent à des ébats torrides. Répondant à l’appétit d’ogre de Sylvain, Sophia se laisse follement aller à ses envies sexuelles entre deux cours sur Platon et Spinoza à l’université du troisième âge, et des discussions philosophico-gaucho-bobos sur les grands thèmes sociaux. Face à cet étalage de science, Sylvain ne peut régater avec son manque de connaissances, ses manières modestes et son vocabulaire fruste. Forcément, la relation entre les deux tourtereaux en pâtit.   

    Monia Chokri évoque ainsi l’impossibilité d’une passion durable (ce qui en soi n’est pas spécialement nouveau même entre personnes également cultivées…), mais qui se complique en se greffant sur la lutte des classes et les préjugés inévitables des uns envers les autres,

    Comme le dit l’auteure en se mettant dans le même sac, c’est bien joli de se revendiquer de gauche, de manifester un esprit ouvert, de militer pour l’environnement et l’immigration, mais dans le fond est-on capable d’en parler avec quelqu’un de différent de soi ?

    Emouvant, joyeux, sensuel, charnel, plein d’amour, et d’humour, aux dialogues savoureux et aux situations piquantes, « Simple comme Sylvain ». est en plus porté par deux excellents acteurs, Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal, très crédibles et complices de tous les instants.  

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  • Festival de Cannes: "Jeanne du Barry", une fille de rien prête à tout, avec Maïwenn et Johnny Depp

    Maïwenn ne partait pas gagnante. Bien avant la projection de Jeanne du Barry en ouverture de Cannes, le film faisait polémique, notamment en raison de la présence de Johnny Depp au casting. En roi qui plus est. Si l’accueil fut sans surprise enthousiaste au Grand Théâtre Lumière où se pressait le gratin, il fut comme prévu indifférent, sinon moqueur à Debussy où s’entassaient les critiques. Loin d’être un convaincus, à quelques exceptions près, ils trouvent le film guindé, académique, ennuyeux, plombé par un Johnny Depp au bout d’un rouleau, comme le relève le Figaro dans son tour de presse française et internationale.

    Sans tomber dans l’excès inverse, on n’est pas de cet avis. On suit même avec un certain plaisir l’itinéraire de Jeanne Vaubernier, cette fille de rien qui s’évade par la lecture, prête à tout pour s’élever dans l’échelle sociale et qui paie de sa personne pour y arriver. Réussissant à tourner la tête de Louis XV au point qu’il ne peut plus se passer d’elle et en fait sa favorite officielle.   

    Au grand dam de la cour refusant cette ancienne prostituée et surtout des filles de Sa Majesté. Méchants laiderons craignant de devenir la risée de Versailles, elles n’auront de cesse de vouloir se débarrasser de Jeanne  Même si son amant du Barry, âpre au gain, en fait une « femme honnête » , mieux une comtesse à la demande du souverain, en l’épousant contre une coquette somme d’argent.

    Une figure féministe

    Installée à demeure parmi les puissants, snobée par la progéniture royale et la future reine Marie-Antoinette, Jeanne sait qu’elle marche sur un fil et que le moindre faux-pas peut lui être fatal. Ce qui ne l’empêche pas d’envoyer valser les usages, en imposant son naturel et un style vestimentaire que certaines nobles dames n’hésitent pas à imiter. Ignorant l’étiquette elle regarde son Louis droit dans les yeux, ose lui tourner le dos et va jusqu’à s’habiller en homme en lâchant ses cheveux.  

    Maïwenn en fait ainsi une rebelle évoluant entre dentelles, costumes, bougies et perruques dans des décors impressionnants et somptueux. Une figure féministe à son image, d’autant plus qu’elle s’est donné le premier rôle. Ses virulents détracteurs lui reprochent du coup le parallèle qu’elle se permet, selon eux, de tisser entre le parcours de Jeanne et le sien, toutes deux ayant en quelque sorte subi le même mépris de classe. 

    C’est plutôt mesquin, les esprits chagrins déplorant encore (à tort) sa façon d’en faire des tonnes en cabotinant à mort. Là où on peut les rejoindre, c’est dans le choix de Johnny Depp, peu crédible et empesé dans sa prestation de roi. C’est la vraie faiblesse du film.

    A l’affiche depuis mercredi 17 mai dans les salles de Suisse romande.

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