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le blog d'Edmée - Page 581

  • Festival de Cannes: Almodovar de retour avec Banderas

    Déclaré persona non grata au Festival, Lars Von Trier a été prié de boucler ses valises suite à ses propos antisémites jugés «inqualifiables». Son film Melancholia reste en lice pour la Palme d’Or mais au cas où il recevrait un prix, le trublion danois ne pourrait venir le chercher sur scène dimanche soir.

     

    Pendant ce temps, Pedro Almodovar, pour la cinquième fois sur la Croisette, présentait en compétition La piel que habito (La peau que j’habite). Adaptant très librement un roman de Thierry Jonquet lu il y a une dizaine d’années, le cinéaste montre un chirurgien esthétique  devenu fou suite à la mort de sa femme, et qui se venge du garçon qui a violé sa fille en le soumettant à ses délires du scalpel. Pour ne pas dévoiler l’intrigue plus avant, on dira simplement que mêlant art et science, elle évoque le transfert de gênes.

     

    Après la comédie et le mélodrame, Almodovar investit pour la première fois le thriller, qui correspond à sa vie actuelle. Mais avec son habitude de réinventer et de revisiter des univers pour se les approprier, il s’amuse à bousculer les règles et les codes du genre et fait sa cuisine à lui, dans un style un peu indéfini.

     

    Déployant des trésors d’imagination, soignant aussi bien la construction, l’esthétique et les décors que le grain de peau de la sublime Elena Ayana découverte dans Parle avec elle, ce 18e opus marque les retrouvailles de l’auteur avec Marisa Paredes, l’une de ses actrices fétiche. Et surtout avec Antonio Banderas, vingt-deux ans après Attache-moi. Plus séduisant que jamais, le comédien est parfait en psychopathe cliniquement glaçant, personnage extrême ne manifestant aucune empathie pour la douleur des autres.

     

    Titillé au début par l’idée, rapidement abandonnée, de tourner un muet en noir et blanc à la Fritz Lang, Almodovar dit avoir été en revanche clairement influencé par Les Yeux sans visage du Français Georges Franju (1959). Mais sans le côté fantastique. «On est déjà dans la réalité avec les expériences transgéniques et le décodage du génome humain, des travaux heureusement encadrés par les lois sur la bioéthique. Mon frère et moi avons fait de nombreuses recherches sur la fabrication de la peau artificielle».

     

    Avec un tel sujet porté par un maniaque de l’incision, on pouvait craindre des flots d’hémoglobine. Ce n’est pas le cas. Pour Almodovar, l’important, c’était avant tout de maintenir le suspense. «Je ne voulais pas de spectacle gore et brutal. Les gens comprennent ce qui se passe sans que je sang coule».

     

    Antonio Banderas: «Merci Pedro»

     

    Visiblement ému, Antonio Banderas a tenu à rendre hommage à son réalisateur. «Ce film m’a fait réfléchir sur la création, rendue possible dans l’espace sans complaisance qui nous est laissée. J’ai travaillé ce rôle à l’économie pour intérioriser mes sentiments. Sans grands gestes inutiles. On découvre à quel point le personnage est névrosé au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Pedro m’a interdit de sourire et d’aller là où je vais d’habitude. Je l’en remercie aujourd’hui».

     

    L’acteur se déclare également reconnaissant de la place qu’occupe le cinéaste dans sa vie. «Il a fait mon éducation artistique. Revenir vers lui c’était aussi retrouver mes racines, Marisa et toute cette génération qui représente l’avenir du cinéma espagnol».

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  • Festival de Cannes: Lars Von Trier choque en disant comprendre Hitler

    Répondant à une question sur ses origines allemandes, Lars Von Trier n’a pu s’empêcher, à son habitude, de provoquer le malaise à Cannes. Déclarant lors de sa conférence de presse qu’il comprenait Hitler. «Je pense qu’il a fait de mauvaises choses mais je l’imagine assis dans son bunker à la fin. Il n’est pas ce qu’on pourrait appeler un brave type, mais j’ai un peu de sympathie pour lui. Je ne suis quand même pas pour la Seconde guerre mondiale. Je suis bien sûr pour les juifs, pas trop, car Israël nous fait chier. D’accord, je suis un nazi… »

    "Oh my God", a dit Kirsten Dunst en se tournant vers Charlotte Gainsbourg, les deux héroïnes du réalisateur», tandis que la direction du festival s’est émue de ses propos. A sa demande, le roi de la provoc' un peu embêté s’est alors excusé dans un communiqué à l’AFP, se défendant d’être raciste, antisémite ou nazi.

    Vaine polémique. Surtout qu’Hitler n’a rien à voir avec un très bon Melancholia, qui séduit par sa magnificence visuelle. Mieux vaut donc s’intéresser à l’œuvre, sorte de contrepoint à L’Arbre de vie de Terrence Malick. Tandis que l’Américain se penche sur les origines de l’univers, le Danois nous entraîne vers l’apocalypse.

    Drame psychologique, son film commence, comme Antichrist par une ouverture. Images sublimes au ralenti, dont la beauté est encore exaltée par une musique de Wagner (Tristan et Iseut). Mais loin de choquer comme dans son opus précédant, le cinéaste poursuit en douceur. Nous invitant, dans une première partie, au mariage de la jolie Justine (Kirsten Dunst qui a remplacé Penelope Cruz) avec Michael (Alexander Skarsgard).

    Mais alors qu’elle s’est imposée ce rituel pour en finir avec ses angoisses et redevenir normale, elle est incapable de faire face à sa nuit de noces. La deuxième partie la montre avec sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg) dans les jours qui aboutiront à la collision attendue de la planète Melancholia et la Terre.

    Cette ambiance de fin du monde est une métaphore de la profonde dépression dont souffre Justine, pour qui la vie ici-bas est mauvaise et qu’il n’y en a plus pour longtemps. La jeune femme représente à l’évidence le double de Lars von Trier dans cette splendide méditation poétique sur fond de mélancolie, de neurasthénie et de drame. Les fans de l’auteur en ont fait leur Palme d’Or.

    L’irrésistible ascension de Nicolas Sarkozy

    Les premières scènes montrent un homme en peignoir, seul et abattu, triturant une alliance le jour de son élection à la présidence de la République française, le 6 mai 2007. Toute la journée, il a cherché à joindre sa femme Cecilia, momentanément revenue le soutenir par devoir et définitivement repartie par amour.

    A la faveur d’allers et retours entre présent et passé, le réalisateur Xavier Dürringer raconte ainsi dans La Conquête, premier film sur un président en exercice en France, les cinq ans de l’irrésistible ascension de Nicolas Sarkozy. Ou l’histoire d’un homme qui a perdu sa femme en gagnant le pouvoir.

    Pour nourrir son intrigue, le scénariste Patrick Rotman a dépouillé la presse de 2002 à 2007, lu une soixantaine de livres, collectionné les anecdotes et visionné une dizaine d’heures d’archives. Mais toute documentée soit-elle, La Conquête est d’abord une fiction dont il dit avoir inventé la majorité des scènes et des dialogues. L’essentiel n’étant pas d’être exact mais vraisemblable, tout se mélange selon lui, le vrai, le faux, le réel et l’imaginaire.

    Analysée ligne par ligne par les avocats pour éviter un procès en diffamation, La Conquête faisait apparemment peur. A tort, il ne s’agit pas du tout d’un film à charge. Au contraire. Le principal intéressé et ses "boys" sont le plus souvent montrés à leur avantage. Les plus vilipendés sont plutôt les journalistes à leur botte.

    Mais face à la force des image de DSK en provenance de New York, ce long-métrage apparaît bien fade. Même si Durringer fait dire à son héros que les hommes poltiques sont des bêtes sexuelles... Pauvre cinématographiquement de surcroît, il n’est absolument pas incarné, à l’inverse de The Queen de Stephen Frears. Enfin, tout en nous laissant pénétrer dans les coulisses de la campagne, Durringer ne nous apprend pas grand-chose, sinon que Cécilia Sarkozy n’est pas allée voter Sarko pour prouver son amour à Richard Attias.

    Truffée à l’excès de petites phrases et de bons mots, La Conquête se présente donc avant tout come une comédie divertissante, façon Guignols ou revue de boîte. Avec quelques bons acteurs, à commencer par Bruno Podalydès, bluffant dans son interprétation de Sarkozy. Qu’il s’agisse de sa façon de parler, de marcher de se tenir.

    Bref, plus vrai que nature, même s’il prétend s'éloigner de l’imitation. A l’image d’ailleurs de Bernard Le Coq en Chirac. Voire de Florence Pernel en Cécilia. Beaucoup moins convaincant, c’est un euphémisme, Samuel Labarthe en Villepin. Certains rôles secondaires sont également peu soignés.

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  • Festival de Cannes: accueil frais pour Jodie Foster

    Ce n’était peut-être pas du jamais vu, mais presque. Pas un seul applaudissement pour saluer  l’arrivée, à la conférence de presse, de Jodie Foster qui présente hors compétition The Beaver (Le complexe du castor). Elle débarquait de surcroît sans son acteur principal, Mel Gibson, en principe retenu à Los Angeles. Il devait rejoindre sa réalisatrice et partenaire pour la montée des marches.

     

    Rien d’étonnant à cette froideur, cette comédie dramatique n’est pas bonne. Elle évoque Walter, un mari déprimé, qui touche le fond. Patron d’une entreprise de jouets au bord de la faillite, chassé par sa femme, il retrouve à la fois du goût à l’existence et sa famille, en s’exprimant à travers une marionnette de castor qu’il a enfilée sur son bras gauche. Renonçant à se suicider, il se balade avec sa peluche parlante partout, qu’il se douche, fasse l’amour, du repassage ou son jogging. Jusqu’au jour où il lui faudra bien se débarrasser de cet encombrant outil de communication et de survie.

     

    Pour Jodie Foster revenue pour la troisième fois en vingt ans derrière la caméra, il s’agit en quelque sorte d’une double thérapie. Pour elle qui avance dans sa vie en réalisant des films «ma manière de faire face à mes sentiments et mes émotions», et surtout pour Mel Gibson, après la période difficile qu’il vient de traverser suite à ses déboires conjugaux et judiciaires. «Se glisser dans la peau de cet individu en dépression a été très important pour cet homme réservé qui dit soudain aux autres: voici ce que je suis».

     

    Malheureusement, la méthode se révèle plutôt inefficace sur le spectateur. Et le choix du comédien a sans doute contribué aux mauvaises critiques en Amérique du Nord. Ce que Jodie Foster conteste. «L’essentiel est de se demander qui est le bon acteur pour le rôle.. Je pense que Mel était le seul à bien comprendre le combat intérieur du personnage, son obligation de l’ancrer dans la réalité. Si The Beaver n’a pas été encensé, c’est parce qu’il ne s’adresse pas à tout le monde, qu’il navigue entre deux genres. Cela perturbe les Américains. Mais je réalise des films parce que je les aime et non en fonction des goûts du public».

     

     Aki Kaurismäki touche en plein coeur

     

    Contrairement à Jodie Foster, l’iconoclaste Finlandais Aki Kaurismaki a été ovationné par les journalistes pour Le Havre. Ce conte social en compétition qui touche en plein cœur suit, sur fond de crise économique et de sort indigné réservé aux immigrés, l’étonnant Marcel Marx. Ex-écrivain bohème, amoureux fou de sa femme Arletty,  il s’est volontairement reconverti dans le cirage de chaussures.

     

    Le métier est peu lucratif, mais le rapproche de ses semblables avec qui il aime boire un verre au bistrot du coin. Un beau matin, il tombe sur un jeune Gabonais, qui a réussi à berner la police lors de la découverte d’un container rempli de réfugiés. Optimiste à tout crin malgré la grave maladie d’Arletty, Marcel va affronter l’Etat aveugle. Aidé par les habitants du quartier, il tente tout pour aider le gamin à rejoindre sa mère en Angleterre.

     

    Cette désarmante fable surréaliste qui détourne une réalité noire, est un véritable hymne à la bonté, à la solidarité, à la fraternité, à la générosité. Elle met en scène l’irrésistible André Wilms, l’actrice fétiche du réalisateur Kati Outinen et Jean-Pierre Darroussin, carrément échappé d’un polar de Melville. On aimerait bien retrouver l’opus au palmarès.

     

    Hommage à Jean-Paul Belmondo

    Le festival rend hommage au comédien qui n’avait pas foulé le tapis rouge depuis dix ans. Ce retour sur la Croisette est marqué par la projection de Belmondo, Itinéraire, signé Vincent Perrot et Jeff  Domenech. Il s’agit d’un documentaire qui retrace les cinquante ans de carrière de l’un des acteurs préférés des Français.   

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