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le blog d'Edmée - Page 558

  • Festival de Cannes: Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, l'amour à mort

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaemmanu.jpgA mi-parcours du festival, deux films ont la faveur des critiques, à en croire les palmes et les étoiles distribuées dans les revues spécialisées comme Le film français ou Screen. De rouille et d’os de Jacques Audiard l’emporte chez les journalistes hexagonaux devant Au-delà des collines du Roumain Cristian Mungiu, Palme d’or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours et vice-versa pour la presse internationale.

    On peut ajouter au palmarès Michael Haneke, lauréat  en 2009 pour Le ruban blanc, si l’on en juge par l’accueil enthousiaste et admiratif réservé au plus solide habitué de la Croisette pour Amour. Un grand film, simple, superbement réalisé, mais dont le sujet n’a rien pour plaire a priori.

    Entre moments cauchemardesques, beaux, romanesques ou poétiques, le réalisateur s’attache à montrer un amour qui s’achève et la manière de gérer la souffrance liée à la perte d’un être cher. Très diminué de surcroît. "C’est une situation à laquelle nous sommes tous confrontés à un moment de notre vie", a-t-il déclaré à la conférence de presse.
     
    Outre à son égérie Isabelle Huppert pour un rôle secondaire, le cinéaste a fait appel à deux de ses idoles, Emmanuelle Riva, l’inoubliable héroïne d’ Hiroshima mon amour et Jean-Louis Trintignant qu’on ne présente plus. Tous deux jouent magistralement Anne et Georges. Ce couple d’octogénaires élégants et cultivés, anciens professeurs de musique, est ébranlé par les ravages de la maladie.

    Aussi dépendante qu'un enfant

    A moitié paralysée à la suite d’une opération, Anne  voit sa santé se dégrader de jour en jour, jusqu’à devenir aussi dépendante de Georges qu’un enfant qu’il doit nourrir, laver, changer. Pas de quoi pourtant rebuter Emmanuelle Riva, bien au contraire. Elle redoutait juste de ne pas être choisie et sa seule peur a été de manipuler son fauteuil roulant électrique.

    "En toute humilité, j’avais une certaine conviction que je pouvais me mettre à la place d’Anne. Au point que ce n’était plus moi que je voyais mais elle. C’était un grand bonheur, exceptionnel, presque voluptueux. Je suis entrée très naturellement dans une passion très puissante qui m’a procuré une joie immense".

    On pourrait imaginer qu’un tel rôle implique une grande préparation, notamment psychologique pour affronter certaines scènes. Apparemment pas. "Michael Haneke m’a dit: surtout pas de sentimentalité. Du coup j’ai tout compris et cela a effacé mes craintes. Celles liées par exemple à mon état physique et aux situations humiliantes dans lesquelles je devais me trouver ont été balayées. Je savais que je n’entrais pas dans un univers de beauté et j’avais presque envie d’aller encore plus loin que le réalisateur me le demandait pour le surprendre. Mais cela n’aurait pas sonné juste".

    De son côté Jean-Louis Trintignant qu’on n’avait plus revu sur grand écran depuis Ceux qui m’aiment prendront le train de Patrice Chéreau en 1998, a été sorti de sa retraite par le réalisateur autrichien. Impossible de résister. "Je ne voulais plus faire de cinéma, mais Haneke est l’un des plus grands metteurs en scène. Je me trouve meilleur au théâtre, car je ne me vois pas. Chez lui, je suis content de m'être vu". Ajoutant malicieusement. "Cela dit je ne recomencerai pas, car j’ai beaucoup souffert. C’est un grand bonheur mais c’est difficile. Haneke a le film dans sa tête et il est terriblement exigeant. Je ne vous le conseille pas…"

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  • Festival de Cannes: le diable au couvent...

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaacollines[1].jpgComme partout le soleil joue à cache-cache sur la Croisette depuis deux ou trois jours. Pour ne pas dire qu'il fait un temps de chien. De quoi se précipiter avec délices dans les salles obscures. D’autant que ce qu’on y découvre fait parfois polémique. Par exemple Au-delà des collines du Roumain Cristian Mungiu, à la fois hué et applaudi par la critique.

    Palme d'or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours, il nous plonge cette fois pendant 2h40 dans le quotidien d’un couvent chrétien orthodoxe. Alina, une jeune Roumaine de 25 ans, tente de convaincre Voichita, avec qui elle a entretenu à l’orphelinat une relation teintée d’homosexualité de repartir avec elle en Allemagne. Mais la vie de Voichita a pris un autre chemin, notamment sur l’influence d’un prêtre ultra rigoriste aux méthodes d’un autre âge. Depuis leur séparation, c’est à Dieu qu’elle s’est donnée.

    Minée par le désespoir et la frustration, Alina se laisse aller à des comportements qui font penser aux moines qu’elle est habitée par le mal. Il s’agit dès lors de protéger la communauté avec la fin tragique que cela suppose. L’histoire se base sur des faits authentiques qui s’étaient déroulés en Moldavie en 2005 et où une jeune nonne schizophrène fut retrouvée morte suite à un exorcisme pratiqué par  quatre religieux.

    Surfant sur les thèmes qui avaient fait le succès de 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Cristian Mungiu livre un film original, dense, sous tension. Un vrai objet de cinéma auquel  il apporte la puissance de sa mise en scène.

    Bons auteurs pour propos convenus

    On n’en dira pas autant des autres métrages montrés en compétition et qui frappent plutôt par leur côté formaté et leur propos convenu, en dépit de l’habileté, voire de la virtuosité de leurs auteurs. A l’image de La chasse de Danois Vinterberg, de retour sur la Croisette pour nous raconter sans surprise la descente aux enfers d’un homme faussement accusé de pédophilie.

    Après le sulfureux Gomorra, le cinéaste italien Matteo Garrone déçoit avec Reality, une critique de la téléréalité qui se voudrait une fable cruelle. Non seulement le genre décrié dépasse de loin la fiction proposée, mais celle-ci arrive avec deux ans de retard.

    Rien de bien nouveau non plus avec Lawless, western certes plaisant de l’Australien John Hillcoat, mais énième resucée de ploucs trafiquants d’alcool au temps de la prohibition, et leurs affrontements violents avec des agents fédéraux corrompus.

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  • Festival de Cannes: une quinqua dodue prise au piège du tourisme sexuel

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaparamour.jpgCougars occidentales défraîchies et flasques, elles tentent d’oublier leurs rides et leurs bourrelets dans les bras musclés d’éphèbes kényans. Mais l’illusion du bonheur se paie au prix fort.

    Le provoquant cinéaste autrichien Ulrich Seidl ne s’embarrasse pas de circonvolutions politiquement correctes pour souligner le triste état de nos sociétés. Adepte de la radicalité, il s’attaque frontalement aux sujets les plus scabreux.

    Après Dog Days montré à la Semaine de la critique en 2002 et Import/Export présenté en concours en 2007, l’auteur s’aligne à nouveau en compétition avec Amour, le premier volet d’une trilogie cyniquement intitulée Paradis, dans laquelle trois personnages féminins de tous âges tentent vainement de s’extraire de leur condition.

    L'opus initial voit des Autrichiennes vieillissantes sans scrupule, avides de "renifler la peau d’un nègre et admirant leurs belles dents", se transformer en sugar mamas qui entretiennent des beachboys kényans pour leur plaisir. Ulrich Seidl suit plus particulièrement Teresa (photo), une quinquagénaire aux chairs tombantes.

    L'exotisme ravageur du lieu la poussant à imaginer un prince charmant jeune et costaud, elle se laisse prendre au piège du tourisme sexuel. Plus naïve qu’une adolescente amoureuse, elle finit par croire aux déclarations enflammées de Gabriel beau comme un Dieu, qui n’en veut évidemment qu’à son argent, comme tous ses congénères. Avant de partir à l’assaut d’une nouvelle proie facile.

    En quête d’esclave sexuel, l’exploiteuse devient l’exploitée. Le paradis se mue en enfer et l’illusion de bonheur des premiers jours se transforme en une rage et une souffrance à la hauteur de l’humiliation subie.

    Entre documentaire et fiction, Ulrich Seidel ne recule devant rien, traitant sans concession de la misère sexuelle et affective. Dans une mise en scène froide excluant toute émotion, il balaye les tabous, qu’il s’agisse de la libido marchande du Noir pauvre et lubrique, ou celle de la Blanche sur le retour dont il met impitoyablement le corps lourd et gras à nu.

    A l'image de celui de la comédienne Margarethe Tiesel, qui se livre elle aussi sans limite, avec un naturel confondant, à la caméra crue et dérangeante du réalisateur. A noter que les protagonistes masculins sont de vrais beachboys. A commencer par Gabriel, le bourreau des cœurs du coin qui se vante, paraît-il, d’avoir tombé trois sugar mamas.

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