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le blog d'Edmée - Page 557

  • Festival de Cannes: baptême réussi pour le Genevois Nicolas Wadimoff

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaanic.jpgUne salle bien remplie, un public très réceptif et des applaudissements nourris. Pas mal pour une première sur la Croisette. De quoi calmer les nerfs de Nicolas Wadimoff, en permanence tiraillé entre l’excitation et l’anxiété depuis son arroivée. "Cela me fait un gros effet d’être là et chaque pas me rappelle l’importance de Cannes. Je mesure le pouvoir fantasmatique de ce festival, alors que je ne suis jamais posé la question à Berlin ou à Venise".

    Issu du cinéma politique, qui est resté son fonds de commerce, le réalisateur est venu présenter Opération Libertad à la Quinzaine des Réalisateurs, la plus prestigieuse des sections parallèles du festival. Il propose une fiction dont l’intrigue se déroule d’octobre 1977 à avril 1978, entre les assassinats du patron des patrons allemands Hanns -Martin Schleyer par la Rote Armee Fraktion et du politicien italien Aldo Moro par les Brigades rouges .

    Son histoire, aussi  intéressante qu’ édifiante s’inspire de faits réels. En compagnie de son co-scénariste Jacob Berger, Wadimoff s’est livré à de nombreuses recherches, notamment iconographiques, et a rencontré des révolutionnaires qui militaient en Suisses dans ces années-là. Un travail de deux ans, complété par l’écriture et les répétitions en amont pour s’imprégner au mieux de la période.

    Le cinéaste raconte ainsi l’attaque fictive d’une grande banque zurichoise par un groupe d'activistes, pour s’emparer des millions de dollars d’une dictature sud-américaine sanguinaire, blanchis par l’établissement.  

    L’intégralité de l’opération est filmée et des cassettes en témoignant réapparaissent trente ans plus tard. C’est le seul moyen de faire connaître la chose, car rien n’avait filtré dans les médias, à la grande frustration de ses auteurs.

    A noter que la réalité a rattrapé la fiction, un avocat paraguayen ayant entamé des procédures pour exiger la restitution de 5 milliards placés par le régime de Stroessner sur des comptes secrets. 

    Un prétexte à se poser plusieurs questions

    Grâce à des reconstitutions détaillées et un énorme boulot sur l’image pour qu’elle ait la texture idoine, l’opus donne l’illusion d’avoir été réellement tourné à l’époque. Il est prétexte à s’interroger sur les motivations des protagonistes, qui ne sont pas des héros romanesques à tendance psychopathe comme souvent dans ce genre de film, à se demander jusqu’où on peut aller, avec quels moyens, pour quelle fin et quel est le prix à payer. 

    "Dans ce faux documentaire devenu une comédie dramatique si j’en juge par les réactions des spectateurs, je veux d’abord parler d’action directe et d’engagement politique", confie Nicolas Wadimoff.

    Il montre aussi que tout est soluble dans le système helvétique, plus sophistiqué que celui des activistes.  "La Suisse digère tout, de la question des fonds juifs aux scandales de l’UBS en passant évidemment par les agissements d’un groupuscule terroriste. On se trouve face à un roc  imperméable aux soubresauts de l’Histoire. Je suis persuadé de la pérennité absolue du label. C’est à la fois fascinant et effrayant".

    "Opération  Libertad" sera à l’affiche dès le 30 mai à Genève.

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  • Festival de Cannes: Brad Pitt dans la peau d'un tueur à gages

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabrad.jpgMême s’il vient pratiquement tous les ans, Brad Pitt sur la Croisette c’est forcément synonyme d’effervescence, de cohue, de bousculade et de folie. Avec des journalistes rendus à l’état sauvage, qui s’agglutinent une heure avant la conférence de presse, dans l’espoir de décrocher un siège. Bref pas facile de gagner son paradis avec des milliers d’appelés pour dix fois moins d’élus!

    Cette fois, la superstar avait rallié le festival pour Cogan: la mort en douce du réalisateur néo-zélandais Andrew Dominik, l’un des 22 prétendants à la Palme d’Or. Il s’agit d’une adaptation du roman de V.Higgins, Cogan’s Trade, un film de gangsters classique auquel s’ajoutent des connotations politiques.

    Alors que le livre se déroule dans les années 70, Andrew Dominik a décidé de transposer l’intrigue en 2008, l’année de l’élection de Barack Obama, mais surtout celle de la crise financière qui a ébranlé le monde. Et qui a du coup eu une incidence sur les actions des organisations criminelles.

    Brad Pitt se glisse dans la peau d’un tueur à l’appel des caïds de la mafia. Ce qui ne le dérange pas le moins du monde. "J’aurais beaucoup plus de mal à jouer un raciste. C’est pire pour moi qu’un type qui tire dans la tête d’un autre. Nous interprétons des personnages qui ont des opinions tranchées dans un pays divisé. Les points de vue abordés dans le  film ne sont pas forcément les miens. Jackie Cogan cherche à tuer doucement pour que ce ne soit pas trop douloureux pour sa victime, qui doit mourir quoi qu’il arrive … »

    La presse canadienne doit mettre la main à la poche!

    Brad Pitt est aussi à l’origine d’une première dans l’histoire du festival. Le distributeur canadien Alliance Films, qui présente Cogan: la mort en douce, et On the Road fait payer les interviews avec des stars, rapporte Spiegel Online, relayé par l’Express.

    Les tarifs, qui ne concernent que la presse canadienne, sont de 2500 euros pour papoter 20 minutes avec Brad Pitt, soit 125 euros la minute. A l’affiche d’On The Road, Kristen Stewart est moins chère. 1000 euros suffisent pour recueillir quelques mots tombés de son auguste bouche.

    Alliance Films avance comme argument que les interviews sont généralement facturées au distributeur par le producteur. D’où la répercussion sur les journalistes pour payer une partie du voyage des acteurs et de leur entourage à Cannes, ainsi que leur hébergement sur place. Inutile de préciser que les Canadiens sont privilégiés pour décrocher un entretien...

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  • Festival de Cannes: Alain Resnais divise la Croisette

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaresmnais.jpgA 90 ans, le doyen revient avec Vous n’avez encore rien vu, son septième film en compétition officielle. Il n’a jamais remporté la Palme d’Or. Ce ne sera sans doute pas pour cette fois.

    Après le Roumain Cristian Mungiu et son incursion dans un couvent orthodoxe, Alain Resnais crée aussi la polémique avec son adaptation libre d'Eurydice de Jean Anouilh, l'un de ses dramaturges préférés.

    Par-delà sa mort, un célèbre auteur dramatique (Benoît Podalydès) convoque, dans sa somptueuse demeure, tous ses amis qui ont interprété la fameuse pièce. Sabine Azéma, Pierre Arditi, Lambert Wilson, Anne Consigny, Michel Piccoli, Mathieu Amalric, Hippolyte Girardot, Anny Duperey et d'autres encore, doivent jouer les exécuteurs testamentaires et donner leur opinion sur une captation de l’œuvre par une jeune troupe.
     
    Toute la famille du cinéma hexagonal réunie ou presque, chacun se glisse dans la peau de son personnage, faisant écho, d’abord en léger différé, aux jeunes acteurs évoluant sur l’écran déployé devant les anciens. Eurydice et Orphée vont ainsi revivre à travers les couples Azéma-Arditi (l’actrice fétiche du réalisateur est à la limite de l’hystérie) et Consigny-Wilson.

    Certains ressortent de là absolument bouleversés. D’autres, dont je suis, se montrent imperméables sinon davantage, à cet exercice de style sur fond d’installation artistique, où le cinéaste se livre à une réflexion alambiquée autour du théâtre qui serait la vie, l’amour, la mort et vice-versa. On peut y voir l’audace d’un éternel créateur, une volonté testamentaire. Mais aussi l’expression d’un caprice. Le caprice des vieux, comme l’a irrévérencieusement remarqué un critique.

    Le curieux voyage au Japon d’Abbas Kiarostami
     
    Encore une valeur (trop) sûre. Pour sa cinquième sélection en concours, l’Iranien Abbas Kiarostami, palmé en 1997 pour Le goût de la cerise par un jury auquel participait Nanni Moretti (président cette année…) est allé tourner au Japon Like Someone In Love. On y découvre un étrange trio, composé d’un vieil universitaire érudit, d’une jeune étudiante qui se vend pour payer ses études et de son ami jaloux qui peine à contenir ses pulsions violentes.

    Personnages décalés, plutôt amusants,  bons acteurs, dont la superbe Rin Takanashi, belle réalisation, pour cette petite fable qui évoque l’incommunicabilité entre les gens, plus particulièrement dans la mégapole japonaise où plus personne n’écoute personne. Mais le rideau tombant trop vite, on quitte en route ce voyage bizarre censé vous transporter vers l’inconnu.

    Isabelle Huppert est beautiful

    C'est en tout cas ce qu'on lui répète à l'envi dans Another Country du Coréen Hong Sangsoo, un film structuré en trois actes. Criblée de dettes, une étudiante en cinéma décide d'écrire un court-métrage pour se calmer les nerfs. Y apparaissent trois "Anne", chacune visitant la ville balnéaire de Mohang.

    Isabelle Huppert joue donc tour à tour une réalisatrice à succès, une femme entretenant une relation extraconjugale avec un Coréen et une divorcée que son mari a quittée pour une Coréenne. La comédienne française est toujours aussi bonne. Mais son talent ne suffit pas à faire décoller une comédie qui ne mérite pas vraiment sa place en compétition.

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