Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

le blog d'Edmée - Page 44

  • Festival de Locarno: "Anatomie d'une chute", film choc de la Piazza Grande. Sandra Hüller magistrale

    Justine Triet avait provoqué l’émoi sur la Croisette avant de décrocher rune incontestable Palme d’or. Anatomie d’une chute , dont elle a écrit le scénario avec son compagnon l’acteur et cinéaste  Arthur Harari est à l’évidence le film choc de la Piazza Grande. Sa réalisatrice brosse le remarquable portrait d’une femme  que tout accuse de la mot de son mari.  

    Sandra,  écrivaine à succès,  bisexuelle, vit dans un chalet isolé à la montagne avec Samuel, romancier lui aussi mais moins inspiré, et Daniel, leur fils aveugle.  Un jour,  Samuel est retrouvé sans vie au pied de la maison. Faute d’explications tangibles, une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré l'incertitude sur ce qui s’est réellement passé: Un an plus tard démarre un long procès auquel Daniel assiste, découvrant alors l’histoire de ses parents dont la relation est méthodiquement disséquée. 

    Tout commence par un entretien désordonné entre Sandra et une étudiante en lettres qui se montre vague dans ses questions, lorsque qu’une musique assourdissante retentit à l’étage où travaille Samuel , empêchant la poursuite de l’interview. La jeune femme s’en va et puis c’est la chute, mortelle, la découverte de trainées de sang bizarres le long du mur…

    Au-delà du film à procès 

    Le doute s’installe, Accident, meurtre, suicide? Samuel avait des raisons de se donner la mort et  Sandra celles de le tuer. Justine Triet multiplie les pistes pour égarer les spectateurs qu'elle met dans la peau des jurés et qui sont eux aussi amenés à analyser méticuleusement la  vie de Sandra et Samuel, leurs qualités, leurs défauts, leurs failles, leurs névroses, leurs  disputes enregistrées de surcroît par le mari, leur rivalité d’artistes, leurs rapports de pouvoir, de domination. 

    On l’aura compris Anatomie d’une chute va au-delà du film à procès, la chute du corps symbolisant celle du couple et de l’érosion de la passion.  Impressionnant, haletant, captivant, l'opus nous embarque dès les premières images pour ne plus nous lâcher pendant 150 minutes. 

    Logique car il est en outre magistralement interprété par la comédienne allemande Sandra Hüller, pour qui Justine Triet a écrit le rôle. Elle n’incarne pas seulement, elle est cette auteure célèbre, complexe, indéchiffrable, insaisissable, parfois violente,, qui assume sa liberté, ses choix, sa bisexualité qui sera utilisée contre elle.. C’est une femme forte qui veut tout avoir, à qui tout réussit, ce qui la rend d’autant plus suspecte. 

    Formidables joutes oratoires

    Voire davantage. Autour d’elle évoluent notamment deux importants personnages permettant à Justine Triet de démonter également  les mécanismes de la justice,  A commencer par le procureur général, redoutable manipulateur campé par Antoine Reinartz, bien décidé à faire condamner Sandra qu’il estime coupable et qui fait tout son possible pour convaincre les jurés en contrant l’avocat de la défense joué par Swann Arlaud, Leur duel donne lieu à de formidables joutes oratoires. 

    On  n’oubliera pas, dans le rôle de Daniel, le fils de Sandra, Milo Machado Garner, dont la confiance qu’il avait en sa mère vire au doute qu’il nous transmet. On a enfin une pensée émue pour Sophie Fillières décédée le 21 juillet dernier et qui était chargée de le garder.   

    Pour résumer, Anatomie d’une chute, tragique drame conjugal qui, par extension concerne les couples, est un grand film à voir absolument. Il doit sortir dans les salles de Suisse romande  le 23 août prochain. 

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard 0 commentaire 0 commentaire
  • Festival de Locarno: "La voie royale", nouveau récit d'apprentissage de Frédéric Mermoud sur la Piazza Grande

    Après Complices et Moka, Frédéric Mermoud,  captivé par ce moment-clé où les jeunes doivent faire des choix qui vont définir leur existence et désireux de traiter à nouveau le sujet, revient avec La voie royale, un récit d’apprentissage qui a eu les honneurs de la Piazza Grande. Elève brillante passionnée par les mathématiques, Sophie Vasseur 18 ans, est poussée par son prof qui a perçu son potentiel, à quitter la modeste ferme familiale pour suivre à Lyon une classe préparatoire aux Grandes Ecoies, qui forment les futures élites françaises. 

    Au début, émerveillée, Sophie ne sait pas très exactement pourquoi elle veut rentrer dans cette filière, contrairement aux autres élèves qui ont plus ou moins tous déjà un plan. Car les barrières subsistent, Que se passe-t-il pour une fille d’èleveur qui n’a pas les codes, face à une certaine condescendance, voire moquerie  de la part de ses camarades et des enseignants ? Au fil de rencontres, d’échecs cuisants, face à une concurrence féroce, elle réalise que rien n’est jamais acquis et qu’elle va devoir se battre comme jamais pour trouver sa voie et atteindre son objectif: intégrer la prestigieuse Polytechnique

    On pourrait imaginer qu’il faille être calé en maths et en physique pour apprécier le film, mais ce n’est pas le cas. On suit, sans problème, sans  savoir comprendre ni résoudre de redoutables équations, le dur cheminement de Sophie vers l’excellence. Avec cette obligation de ne pas baisser les bras. De bosser comme une dingue tout en s’émancipant du formatage et en faisant preuve de créativité, pour relever un vrai défi d’ascension sociale. 

    Tout en évoquant la lutte des classes en évitant de tomber dans la caricature, Frédéric Mermoud raconte l’éveil de cette jeune fille sur différents plans, universitaire, sentimental, politique., mêlant sa quête d’identité à un désir de changer les choses de l’intérieur. Il est servi par l’interprétation impeccable de Suzanne Jouannet., vue dans Les choses humaines d’Yvan Attal .Solaire, spontanée, joyeuse, énergique, elle incarne une Sophie qui ne se pose jamais en victime en dépit de nombreux revers. 

    Elle forme avec Marie Colomb, personnage à qui au contraire tout réussit sansapparemment fournir le moindre effort, un joli duo aussi crédible que complice. Leur donne la réplique Maud Wyler, également parfaite dans le rôle de la prof, pur produit de cette culture. Dure, terriblement exigeante («je ne suis pas responsable d’une crèche»), elle  est du genre qui aime bien châtie bien. Et ne s’en prive pas. 

    Choisir d’aimer dans la chaleur de "La bella estate"

    Toujours sous les étoiles, l’Italienne Laura Luchetti nous a projeté dans le Turin de 1938. Ginia, 16 ans, vient  de quitter sa campagne et trouve du travail, dans un atelier de mode. En quête d’aventure, elle est captivée par le monde des artistes dans les quartiers bohèmes de la ville que lui fait découvrir la sulfureuse Amelia. Libre, provocante, un peu plus âgée et expérimentée, différente, elle sert de modèle aux peintres.

    Alors que Ginia tombe amoureuse de l’un d’eux dans sa volonté d’exister, d’être vue, Amelia lui offre une perspective différente sur la vie. Submergée par ses émotions, l’adolescente s’abandonne à son premier grand amour. dans son bel été Languissant, ce film qui se veut sensuel est vaguement inspiré par le roman de Cesare Pavese.. 

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard 0 commentaire 0 commentaire
  • Festival de Locarno: avec "Yannick", Quentin Dupieux donne dans un réalisme social déconcertant

    La course au Léopard d’or, souvent tacée de parent pauvre du festival devait prendre un envol dès le deuxième jour avec Quentin Dupieux, iconoclaste attendu du cinéma français.  Là il nous propose  un huis-clos tourné en six jours dans un théâtre parisien. On y  joue Le Cocu, un très mauvais vaudeville évoquant l’éternel trio ccnjugal. Les trois acteurs, Blanche Gardin, Pio Marmai et Sébastien Cassagne lâchent  paresseusement leurs répliques nazes devant une poignée de spectateurs très moyennement enthousiastes.
     
    Soudain l’un d’eux se dresse, ce qui ne se fait jamais  et interpelle directement les comédiens. Il s’appelle Yannick, est gardien de parking et a posé un jour de congé pour venir voir le spectacle de Melun, ce qui lui a bien pris une plombe.  Mais alors qu’il voulait juste se détendre en passant un bon moment, il est tellement dégoûté par les niaiseries débitées et le jeu débile des protagonistes qu’il les prend en otage, ainsi que le public. Interrompant ainsi le spectacle sous la menace de son pistolet. 
     
    Et pendant une heure Yannick tient à faire entendre son avis sur l’art, tout en écrivant une pièce de son cru. Dans la peau de ce marginal bizarre, inquiétant, déprimé, frustré, ignoré, nous balançant ses thèses carrément poujadiste, on découvre Raphaël Quenard (photo) Qualifié de révélation 2023 par la critique française, il se taille la part du lion avec son insolence, sa gouaille et son drôle de phrasé. 

    Comme toujours chez Quentin Dupieux, l’idée est excellente. Mais l’héritier d’un cinéma burlesque remanié à sa sauce qui nous a habitués à des farces aussi délirantes que féroces, flirte avec un réalisme social déconcertant. Ce qu’il avait plus ou moins déjà fait avec Le Daim et  Fumer fait tousser. Sauf que Yannick n'a pas la tenue de ces deux derniers métrages. Curieusement convenu, l’auteur semble ne pas trop savoir où aller, au fil d’un scénario assez peu inspiré, Et finit en quelque sorte à l’image de son personnage, par nous prend en otage. 

    Manga D’Terra, le musical de Basil da Cunha

    Autre prétendant à la médaille le Vaudois Basil da Cunha. Cet habitué de Locarno nous emmène une nouvelle fois dans le bidonville lisboète de Reboleira pour y tourner un musical qui n’aurait pu exister sans l’union de tout le quartier. Il raconte l’histoire de Rosalinda. Agée de 20 ans, elle a laissé ses deux enfants à sa mère dans son au Cap-Vert natal pour s’établir à Lisbonne en espérant leur offrir une meilleure vie.
     
    Très vite en butte aux violences quotidiennes de la police ou des caïds du coin, jetée à la rue, elle trouve un peu d’affection auprès des femmes de la communauté, Mais ce qui va vraiment la sauver, c’est la musique.
     
    Pour le cinéaste, débarqué avec toute une équipe qui a mis une chaude ambiance à la conférence de presse, ce film sur fond d’immigration est en quelque sorte le hors champ des précédents, surtout peuplé de garçons, Là Basil da Cunha donne la parole aux femmes, des battantes. Avec toujours le désir de fabriquer des mythes, mais sans cacher la réalité, 'auteur monte plus particulièrement celle de sa jeune héroïne. 

    Rosalinda n’a pratiquement personne pour la soutenir, mais sa force dont elle a si besoin pour survivre, lui permet de surmonter les obstacles, Elle est incarnée par la magnifique, savoureuse  et magnétique Eliana Rosa, chanteuse avant d’être actrice, venue au Portugal pour faire des études de théâtre. Elle a heureusement croisé la route de Basil da Cunha.

     

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard 0 commentaire 0 commentaire