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le blog d'Edmée - Page 43

  • Festival de Locarno: avec "The Old Oak", Ken Loach met face à face habitants et migrants syriens dans un village sinistré

    Conscience de gauche du cinéma avec son empathie pour l’humanité et sa lutte inlassable pour l’égalité, Ken Loach deux fois palmé d’or, revient avec The Old Oak, d’abord  présenté en mai dernier sur la Croisette où il n'a cette fois rien obtenu, puis mardi soir sur la Piazza Grande. 

    Si l’on en croit le réalisateur de 87 ans, qui s’était déjà exprimé sur le sujet à Cannes, ce pourrait être son dernier gros long métrage.  «Il arrive un  moment où on doit reconnaître que les années passent. Je n’imagine pas réaliser un autre film comme celui-ci », a-t-il déclaré à la conférence de presse. «Peut-être un plus petit, ou alors un documentaire ».

    Mais parlons plutôt de ce 28e long métrage dont il situe l’action à l’Old Oak, un vieux pub menacé de fermeture dans un village sinistré du nord-est de l’Angleterre,, miné par la pauvreté et le chômage. Viennent y boire un coup les paumés et les désoeuvrés du coin. Jusqu’à l’arrivée sans préavis de migrants syriens.

    L’accueil est mouvementé, les villageois déjà au bout du rouleau ne supportant pas de voir des étrangers débarquer pour leur piquer le peu qu’il leur reste. Un poivrot casse l’appareil photo de ara une jeune Syrienne pour qui l'objet représente une grande importance sentimentale. TJ Ballantyne, le tenancier du pub, vole alors à son secours. Une amitié naît entre ces deux êtres cabossés par la vie. Cette rencontre va même réveiller la fibre militante de cet homme, qui avait renoncé à toutes les actions  initiées pendant des années. 

    Une oeuvre engagée, mais moins féroce et cynique que d'habitude

    Tout en exprimant sa colère face de l’accueil souvent terrible réservé aux immigrés, et au malheur ignoré de travailleurs oubliés, Ken Loach met ainsi en avant la solidarité et surtout l’espoir, pour lui une nécessité politique. Dans cette œuvre certes engagée, à nouveau scénarisée par Paul Laverty, il se montre toutefois moins féroce, moins cynique et, disons-le, plus optimiste que dans ses autres films,

    Ne renonçant jamais, il dénonce évidemment  la montée de la misère et du populisme, mais insiste davantage sur le côté affectif et mélodramatique que sur l'angle social,. Il va même jusqu'à tirer un peu trop sir la corde sensible, chargent son récit d'événements émotionnels qui n’y ajoutent pas grand-chose.  

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  • Festival de Locarno: nouvelle plongée fascinante en Antarctique avec Luc Jacquet

    En 2005, Luc Jacquet réalisait son premier long métrage, La marche de l’empereur, qui a connu un succès monial et raflé l’Oscar du meilleur documentaire l'année d'après,. Il nous faisait alors découvrir la noblesse et la force de ce grand  oiseau endémique de l’Antarctique. Ce continent qu’îl a dans la peau, dans le cœur et dans la tête.  Ce continent qui lui procure une émotion indicible et l’attire à un point inexplicable.

    En séjours cumulés, il y a passé quatre ans depuis sa première expédition, en 1991. Trente ans plus tard, il retournait où tout avait commencé nous invitant, avec Continent magnétique  à un voyage en noir et blanc au cœur d’une nature fascinante, mêlant beauté, poésie et récit intérieur. Au cours de ce périple couronné par une nouvelle extraordinaire rencontre avec l'Empereur, il veut partager sa réflexion sur l’étrange et puissante attraction qu’exerce depuis toujours, sur les plus grands explorateurs,  ce spectaculaire univers libérateur de toutes contraintes, en voie de disparition.

    Il en ramène des images grandioses, somptueuses, que les mots peuvent aussi difficilement décrire que les sentiments indicible ressentis par Luc Jacquet, victime plus que consentante de l’«Antarctic bite».  

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  • Festival de Locarno: le Philippin Lav Diaz et le Roumain Radu Jude, marathoniens de la compétition

    3h35, presque un court métrage pour le réalisateur philippin Lav Diaz, qui nous a habitués à une oeuvre-fleuve! On pourrait considérer Essentiel Truth Of The Lake comme une préquelle de When The Waves Are Gone présenté l’an dernier à Venise. Ce que réfute le réalisateur, qui évoque un retour en arrière avec une grande partie tournée avant  le précédent. 

    Il y reprend le personnage torturé du lieutenant de police  Hermes Papauran, l’un des meilleurs enquêteurs des Philippines, mais impuissant face aux meurtres sanglants et aux mensonges indécents du dictateur philippin Rodrigo Duterte lors de la guerre contre la drogue. 

    Porter sa croix pour s'infliger de la douleur

    Même découragé, Papauran n’en poursuit pas moins, dans des lieux recouverts de cendres volcaniques et un lac insondable, son combat pour tenter d’élucider une affaire qui le hante depuis quinze ans, Lorsqu’on lui demande pourquoi il porte une telle croix, il répond qu’il veut juste continuer à s’infliger de la douleur. 

    Les films de Lav Diaz représentent toujours une expérience cinématographique particulière. Entre rêve, réalité, performances artistiques sur fond de message politique fort et de critique violente  contre les atrocités commises dans son pays, ils sont par ailleurs reliés à la nature. Essential Truth Of The Lake ne fait pas exception, l’auteur utilisant les arbres, la pluie, une fleur, le feu ,bref  tout ce qui s’y passe, pour ajouter de la chair à ses personnages. 

    Lauréat du Léopard d’or en 2014 pour From What I Before (5h30), le cinéaste Philippin pourrait en gagner un autre. Ce serait une première.   

    Radu Jude suit Angela dans l'enfer du trafic à Bucarest

    Autre marathonien en lice Radu Jude, qui avait séduit avec Bad Luck Banging, Ours d’or à Berlin il y a deux ans. Tourné en pleine pandémie, le film raconte  les tribulations  d’une institutrice à Bucarest, victime de la diffusion d’une sextape. 

    On est moins enthousiaste pour N’attendez pas trop de la fin du monde. Pendant 2h45, Le réalisateur roumain suit la blonde Angela qui, au milieu d’une circulation dantesque, parcourt inlassablement en voiture les rues de Bucarest tout en faisant (c’est insupportable à la longue) des bulles avec son chewing-gum.

    Elle doit filmer le casting d’une vidéo sur la sécurité au travail commandée par une multinationale. En colère, soumise à un rythme  infernal ( un leitmotiv), elle lutte pour sa survie dans un monde où il est difficile de faire sa place au boulot, dans la société et dans sa propre  vie. On a aussi droit à Bobita, son avatar, qui permet à l’auteur de recycler le type de masculinité toxique à laquelle les femmes sont constamment confrontées, histoire de libérer ce mécanisme de domination

    Comme un collage

    Mi road-movie mi comédie, mi film de montage, le film composé d’un grand nombre d’éléments fonctionne comme un collage avec différents genres, types d’humour où stratégies esthétiques. Il comprend deux histoires principales, dont une qui lui est arrivée, traitant d’exploitation du personnel, ou d’accident de travail les victimes étant toujours à blâmer pour ne pas avoir respecté les consignes de sécurité alors qu’en fait ce sont tous des travailleurs exemplaires. 

    Enfin, dans ce fil en noir et blanc, Radu Jude mêle de la couleur avec le portrait d’une chauffeure de taxi au temps de la dictature communiste par le biais d’un film de 1981 Et qui, sans être une grande œuvre, laisse découvrir une forme de féminisme et des éléments subversifs, En outre, cette confrontation d’images de l’époque d'avant à l’actuelle contribue à l’idée générale de Radu Jude, qui réfléchit à ce que nous sommes aujourd’hui. 

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