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le blog d'Edmée - Page 371

  • Festival de Locarno: le Québécois Philippe Falardeau nous amuse en jouant avec la politique

    images[10].jpgLe Québécois Phlippe Falardeau était de retour à Locarno avec Guibord s’en va-t-en guerre, après y avoir présenté en 2011 Monsieur Lazhar, lauréat du Prix du public.
     
    Comédie politique divertissante, sans prétention, elle met en scène le député indépendant Guibord, ancienne star du hockey aujourd’hui représentant fédéral d'une immense circonscription dans le nord du Québec. Il se trouve dans une position particulièrement inconfortable, sa voix se révélant cruciale lors du vote au parlement qui doit décider de l’entrée en guerre ou non du Canada.

    Répugnant à choisir son camp, Guibord sillonne les lieux pour consulter ses électeurs avec sa femme qui est pour, sa fille qui est contre et Souverain Pascal, un stagiaire haïtien idéaliste venu parfaire des connaissances essentiellement livresques, notamment acquises avec Jean-Jacques Rousseau. Mais le député devra bien finir par se déterminer.

    Le sujet de la guerre est un thème prétexte polarisant, qui permet aussi bien d’évoquer les différences au sein des partis, les conflits entre les citoyens et les lobbyistes de tout poil et ceux qui règnent à l’intérieur de la famille du politicien indécis.

    Philipe Falardeau, rencontré quelques heures avant la projection sur la Piazza Grande 0ù il avait vécu "une expérience magique" il y a quatre ans, se montrait particulièrement fébrile à l’idée d’une nouvelle occasion, extraordinaire pour lui, de se confronter à un large public. A noter que son film devait également être montré six heures plus tard en plein air à Montréal.

    "Vous savez, mes producteurs se retrouvent pour la quatrième fois à Locarno, qui devient particulièrement connu au Québec.En ce qui me concerne, j’ai juste hâte de voir si mon humour trouve une certaine résonance", espérait l'auteur. "Mais j’ai confiance. S’il y a des gens placés pour comprendre ma démarche politique, ce sont bien vous les Suisses, avec votre système complexe. De plus, figurez-vous que cette année, les élections fédérales se tiendront le même week-end du 18 et 19 octobfre chez vous et  chez nous!"

    Mais la différence, c’est la taille énorme du pays. "On peut mettre 241 fois la Suisse dans le Canada. Il est  impossible de concilier les intérêts d’une aussi vaste région. Pour nous la démocratie c’est compliqué. Sinon carrément le bordel. On vote de moins en moins et on cultive un cynisme malsain.

    images[1].jpgC’est la raison pour laquelle Philippe Falardeau a introduit un personnage très cultivé mais aussi très naïf venu de Haïti et pour qui la démocratie est un système pur.

    "En outre la culture orale chez lui rend le débat public facile. Enfin, nous avons un rapport assez intime avec Haïti dans la mesure où il existe ici une forte communauté".

    Souverain Pascal, alias Irdens Exantus souvent irrésistible avec son sourire contagieux, va ainsi suivre Guibord dans ses tribulations de campagne. C’est à Patrick Huard, humoriste, comédien et réalisateur que Philippe Falardeau a confié le rôle du député.

    "Il a plusieurs films à son crédit et pouvait comprendre l’humanité du personnage. Je cherchais un homme à la fois proche des gens sur le terrain ainsi qu'aux prises avec sa femme et sa fille. Je l’ai trouvé et j'estime qu'il forme un bon tandem avec Irdens Exantus (photo). Ils s’apprivoisent, s’apportent beaucoup l’un à l’autre et à la fin, ils changent tous les deux pour le mieux".

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  • Festival de Locarno: "Heimatland" veut clouer la Suisse au pilori. Laborieux

    imagesBGTBH5D3.jpgIl fait froid, c'est l'automne. Un mystérieux et menaçant nuage déroutant tous les experts météo s’entend sur la Suisse centrale et ne cesse de croître pour recouvrir le pays en s’arrêtant aux frontières. Il est annonciateur d’une tempête dévastatrice qui sème la panique parmi les habitants.

    Cet effondrement aussi imminent qu'inimaginable suscite chez eux différents comportements. Certains se barricadent dans leur maison, fêtent la fin du monde, tandis que d’autres dévalisent les supermarchés ou cassent des vitrines de petites boutiques.

    A cet égard, on apprend qu’il est très moche de vandaliser l’échoppe de l’indien du coin et plutôt recommandé de s’attaquer à Globus et à la Coop… Mais finalement plus d’un million d’Helvètes angoissés quittent les abris, se jetant sur les routes pour fuir l’amère patrie et tenter de gagner le pays voisin. En vain.

    Certains codes du film catastrophe

    Poursuivant dans la tradition du film suisse critique envers la société, ne se limitant toutefois pas au blâme et à la condamnation dans la mesure où ils font partie du problème, ils se sont réunis à dix jeunes réalisateurs alémaniques et romands (pas de Tessinois) pour observer de près cette petite nation alpine qui s’obstine à se replier sur elle-même.

    Ils ont commencé par rédiger un script, avec la volonté de créer des personnages d'ici. Chacun a exécuté son morceau et ils ont essayé de les mettre ensemble. Leur opus se veut à la fois choral et politique, tout en empruntant certains codes du film catastrophe, utilisés simplement comme un moyen. Le méchant nuage n’a donc pas la vedette et aucun héros à l’américaine ne volera au secours du peuple plongé dans le chaos.

    Un gros défi à relever pour un résultat inégal et simpliste

    Collaborer avec autant de monde est logiquement générateur de tensions et de conflits. C’est un gros défi à relever que de concocter une œuvre collective sans compromis. Du coup, Sa construction confuse donne un résultat forcément inégal. Mais surtout, à part quelques rares bons moments, Heimatland, unique représentant helvétique en compétition, pèche par son approche lourdingue sinon laborieuse, simpliste et premier degré.

    imagesGSN0UV1O.jpgA l‘image par exemple de ces scènes où l’Union européenne s’interroge sur la procédure à suivre pour accueillir ces réfugiés inédits qui, parvenus aux frontières, sont refoulés et condamnés à rentrer au bercail.

    Un juste retour des choses en forme de cliché moralisant, notamment illustré par un caméo de Jean Ziegler à la télévision, pour fustiger ces Suisses parfois ignobles qui méritent d’expier leurs péchés.

    Ce premier degré, les auteurs affirment l’assumer pleinement. Lors de la conférence de presse, l’un d’eux reconnaissait "le côté grotesque de quelques histoires se déroulant dans des situations étonnantes par rapport à ce qui existe"

    L’isolement, thème essentiel

    Ils ont par ailleurs insisté sur le caractère essentiel du métrage, à savoir l’isolement du pays. Mais pour eux il ne s’agit pas à proprement parler d’une réponse à la politique blochérienne de quotas d’étrangers, qui a provoqué le référendum du 9 février 2014. "Nous avons débuté l'écriture il y a quatre ans et nous ne pouvions pas prévoir ce qui est arrivé. Nous avons été rattrapés par la réalité et nous avons élaboré les thèmes au fur et à mesure ».

    Ils espèrent ainsi provoquer une réflexion chez le spectateur, l’amener à se poser des questions. "Nous ne parlons pas seulement de l’isolement de la Suisse, mais de l’isolement personnel, cette faculté perdue de nouer des liens avec les autres. A force de s’isoler, on va droit dans le mur. On suffoque et on a peur d’être enterré vivant".

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  • Festival de Locarno: "Trainwreck", la comédie à succès calamiteuse de Judd Apatow

     

    hqdefault[1].jpgDébuts plutôt réussis sur la Piazza Grande, entre Ricki And The Flash de Jonathan Demme, La belle saison de Catherine Corsini, Southpaw d’Antoine Juqua, avec un Jake Gyllenhaal convaincant en boxeur qui touche le fond et entame le plus dur combat de sa vie pour se relever.

    Et puis, c’était couru, le gros couac de Judd Apatow et son Trainwreck, en français "un cas désespéré". On ne saurait mieux dire! 

    Labellisé roi de la comédie américaine (de quoi faire se retourner dans sa tombe un maître comme Billy Wilder) Judd  Apatow qui enchaîne les succès depuis 40 ans et toujours puceau, s’est penché cette fois sur les femmes et leurs relations avec les hommes. D'après un scénario, une grande première, d’Amy Schumer qui est aussi la protagoniste principale.

    Elle a concocté une histoire proche de sa vie personnelle où, suivant les conseils de son père selon lequel la monogamie n’est pas réaliste, l’héroïne devenue journaliste collectionne les mecs en évitant de s’engager. Une consommation frénétique prétexte à quelques scènes en-dessous de la ceinture, assaisonnées sans surprise d’un humour extra-gras.

    Jusqu’à l’inévitable jour où Amy craque, la honte, pour le sujet de son article, un brillant médecin du sport qui répare les bobos des célébrités. Il avoue même s’occuper d’un certain… Roger Federer, tandis que la star du basket James LeBron joue son propre rôle.

    Déjà qu’il n’y avait pas grand-chose à voir avant, à partir de là, il n’y a vraiment plus rien. Trainwreck qui se veut dans l’air du temps, irrévérencieux, choquant sinon trash, révélateur d’une société hypocrite,  sombre dans un rare ennui entre convenu laborieux et conservatisme calamiteux.  

    Quand on pense qu’Amy Schumer est une figure  montante du rire américain, il y a du souci à se faire pour le genre. Quoique…On sait que plus c’est nul et mieux ça marche. La preuve en est encore faite avec le triomphe au box office du film sorti aux Etats-Unis le 18 juillet.

     

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