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Festival de Locarno: "Heimatland" veut clouer la Suisse au pilori. Laborieux

imagesBGTBH5D3.jpgIl fait froid, c'est l'automne. Un mystérieux et menaçant nuage déroutant tous les experts météo s’entend sur la Suisse centrale et ne cesse de croître pour recouvrir le pays en s’arrêtant aux frontières. Il est annonciateur d’une tempête dévastatrice qui sème la panique parmi les habitants.

Cet effondrement aussi imminent qu'inimaginable suscite chez eux différents comportements. Certains se barricadent dans leur maison, fêtent la fin du monde, tandis que d’autres dévalisent les supermarchés ou cassent des vitrines de petites boutiques.

A cet égard, on apprend qu’il est très moche de vandaliser l’échoppe de l’indien du coin et plutôt recommandé de s’attaquer à Globus et à la Coop… Mais finalement plus d’un million d’Helvètes angoissés quittent les abris, se jetant sur les routes pour fuir l’amère patrie et tenter de gagner le pays voisin. En vain.

Certains codes du film catastrophe

Poursuivant dans la tradition du film suisse critique envers la société, ne se limitant toutefois pas au blâme et à la condamnation dans la mesure où ils font partie du problème, ils se sont réunis à dix jeunes réalisateurs alémaniques et romands (pas de Tessinois) pour observer de près cette petite nation alpine qui s’obstine à se replier sur elle-même.

Ils ont commencé par rédiger un script, avec la volonté de créer des personnages d'ici. Chacun a exécuté son morceau et ils ont essayé de les mettre ensemble. Leur opus se veut à la fois choral et politique, tout en empruntant certains codes du film catastrophe, utilisés simplement comme un moyen. Le méchant nuage n’a donc pas la vedette et aucun héros à l’américaine ne volera au secours du peuple plongé dans le chaos.

Un gros défi à relever pour un résultat inégal et simpliste

Collaborer avec autant de monde est logiquement générateur de tensions et de conflits. C’est un gros défi à relever que de concocter une œuvre collective sans compromis. Du coup, Sa construction confuse donne un résultat forcément inégal. Mais surtout, à part quelques rares bons moments, Heimatland, unique représentant helvétique en compétition, pèche par son approche lourdingue sinon laborieuse, simpliste et premier degré.

imagesGSN0UV1O.jpgA l‘image par exemple de ces scènes où l’Union européenne s’interroge sur la procédure à suivre pour accueillir ces réfugiés inédits qui, parvenus aux frontières, sont refoulés et condamnés à rentrer au bercail.

Un juste retour des choses en forme de cliché moralisant, notamment illustré par un caméo de Jean Ziegler à la télévision, pour fustiger ces Suisses parfois ignobles qui méritent d’expier leurs péchés.

Ce premier degré, les auteurs affirment l’assumer pleinement. Lors de la conférence de presse, l’un d’eux reconnaissait "le côté grotesque de quelques histoires se déroulant dans des situations étonnantes par rapport à ce qui existe"

L’isolement, thème essentiel

Ils ont par ailleurs insisté sur le caractère essentiel du métrage, à savoir l’isolement du pays. Mais pour eux il ne s’agit pas à proprement parler d’une réponse à la politique blochérienne de quotas d’étrangers, qui a provoqué le référendum du 9 février 2014. "Nous avons débuté l'écriture il y a quatre ans et nous ne pouvions pas prévoir ce qui est arrivé. Nous avons été rattrapés par la réalité et nous avons élaboré les thèmes au fur et à mesure ».

Ils espèrent ainsi provoquer une réflexion chez le spectateur, l’amener à se poser des questions. "Nous ne parlons pas seulement de l’isolement de la Suisse, mais de l’isolement personnel, cette faculté perdue de nouer des liens avec les autres. A force de s’isoler, on va droit dans le mur. On suffoque et on a peur d’être enterré vivant".

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