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le blog d'Edmée - Page 370

  • Festival de Locarno: le Léopard d'or au Sud-Coréen Hong Sangsoo pour "Right Now, Wrong Then"

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    L’Asie triomphe en cette 68e édition locarnaise. Alors que Tikkun faisait figure de favori, du moins à mon avis et celui d’une grande partie de la critique, c’est Right Now, Wrong Then de Hong Sangsoo, le seul que je n’aie pas mentionné dans mes pronostics, qui repart évidemment avec le Léopard d’or!

    Une petite déception, mais un choix qui certes se justifie, voire bien davantage pour les fans du cinéaste sud-coréen, estimant qu’il est le seul à avoir produit un enchantement total.

    Toutefois, en dépit d’une forme originale, le film étant dédoublé pour raconter deux versions de la même histoire à quelques détails près, le fond, se limitant peu ou prou aux galipettes amoureuses d’un réalisateur et d’une jeune peintre, ne contribue pas véritablement à mon éblouissement personnel.

    3463187_7_c4ce_une-image-de-sunhi-de-hong-sang-soo_2ef554b6f376589e458d95f0e2b1e85c[1].jpgLes meilleurs interprètes

    Reste que le vainqueur Sangsoo déjà récompensé d’un léopard d’argent en 2013, fait même coup double, puisque son principal protagoniste Jung Jae-You (photo) est sacré meilleur acteur. Du coup question comédiens, je peux aussi remballer mes prévisions, aucun de mes préférés des deux sexes n’ayant réussi à séduire le jury.

    Le Prix d’interprétation féminine est allé aux quatre filles de Happy Hour,  Tanaka Sachie, Kikuchi Hazuki, Mihara Maiko, Kawamura Rira, pour leur prestation dans le conte fleuve (5h17) du Japonais Ryusuke Hamaguchi.

    get.do__0[1].jpgSuffisant pour donner une allure très asiatique à ce palmarès, le Nippon, l’un de mes papables, obtenant par ailleurs une mention spéciale pour son scénario.

    TIkkun doit se contenter du Prix du jury

    Pas de précieux métal donc pour Tikkun, dont j’ai déjà eu l’occasion de vous parler dans mes deux notes précédentes. L’Israélien Avishai Sivan se console avec le Prix du jury, deuxième récompense la plus importante, ainsi qu’une mention spéciale pour la photographie de Shai Goldman.

    Enfin Cosmos d’Andrzej Zulawski, autre habitué des lieux, décroche le Prix de la réalisation. Assez logique, même si certains s'en étonnent, jugeant injustement à mon sens sa mise en scène à la limite du clownesque. 

    Quelques bons films sur la Piazza grande

    Si la compétition de ce cru 2015 s’est révélée plus convaincante que par le passé, il en allait de même pour les films proposés sur la Piazza Grande. Outre des classiques, E la nave va de Federico Fellini, Pat Garrett & Billy The Kid de Sam Peckinpah  (présentés en préfestival) et The Deer Hunter de Michael Cimino, on retiendra quelques nouveautés, dont en tête l’excellent La belle saison de la Française Catherine Corsini.

    fritz-bauer-burkhart-klaussner[1].jpgMais on s’est aussi diverti avec Ricki And the Flash de Jonathan Demme, Southpaw d’Anton Fukua,  Guibord s’en va-t-en guerre du Québécois Philippe Faladeau, Der Staat gegen Fritz Bauer (photo) de l’Allemand Lars Kraume, qui a obtenu le Prix du public. Sans oublier La vanité du Vaudois Lionel Baier où un vieil architecte las de la vie s’adresse à une association d’aide au suicide. Avec Patrick et Carmen Maura.

    En revanche on a touché le fond avec deux comédies américaines Trainwreck de Judd Apatow sur un scénario d’Amy Schumer, l’étoile montante du rire outre-Atlantique et surtout en compagnie  de Me And Earl And The Dying Girl d’Alfonso Gomez-Rejon, une calamité tire-larmes où rien ne nous a été épargné.

    Reprise de la rétrospective Peckinpah

    Et bien sûr les amoureux du cinéma de Peckinpah, rebelle et hors-la-loi hollywoodien, représentant phare d’un Far-West en train de disparaître, se sont régalés de l’intégrale du réalisateur présentée en collaboration avec la Cinémathèque suisse.

    On aura l’occasion d’en reparler, ainsi que de l’ouvrage qui lui a été consacré, sobrement intitulé Sam Peckinpah. De nombreuses institutions suisses, européennes, ou américaines reprendront en effet tout ou partie de cette rétrospective dont Les Cinémas du Grutli à Genève, du 19 août au 1er septembre.

    En ce qui concerne la fréquentation, elle semble relativement constante. En l’absence de chiffres précis pour l’instant, les organisateurs notent une légère hausse du public le soir sous les étoiles et une petite baisse dans les salles durant la journée principalement due au beau temps. Trop beau pour aller s’enfermer dans l’obscurité…. 

     

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  • Festival de Locarno: à qui le Léopard d'or? Le mot de la fin au jury

    get[1].jpgLe grand jour arrive pour les dix-huit chasseurs du fauve. Au sein d’une compétition plus relevée que d’ordinaire, mes favoris demeurent ceux  mentionnés nnés dans ma précédente note. Avec toujours en tête  de la course Tikkun de l’Israélien Avishai Sivan évoquant les souffrances d’un brillant étudiant ultra-orthodoxe d’une yeshiva (école religieuse), tourmenté par les démons de la chair.

    Viennent ensuite James White de l’Américain Josh Mond, explorant une forte relation entre une mère atteinte du cancer et de son fils perturbé, qui renonce à s’étourdir dans une entreprise d’autodestruction pour s’occuper d’elle. Sans oublier Cosmos du revenant Andrzej Zulawski, qui nous emmène dans son univers foldingue peuplé de gens brindezingues.

    On ajoutera les deux derniers films vus en compétition. A commencer par Suite Armoricaine de la Française Pascale Breton, qui a séduit avec son film dense, construit autour du temps. Et de son héroïne dont le monde n’existe plus et qu’elle doit apprendre à réhabiter. La réalisatrice française livre ainsi une sorte de mini-comédie humaine avec beaucoup de personnages. En s’engageant sur les différents territoires de la mémoire, de l’inconscient, de la transmission.  

    get.do__0[1].jpgHappy Hour du Japonais Riyusuke Hamaguchi faisait office de petit événement avec ses 5h17. Il n'a toutefois pas la force et la puissance de What is Before du Philippin Lav Diaz (5h38) lauréat du Léopard d'or l'an dernier. Mais il pourrait éventuellement figurer au palmarès

    Ce conte fleuve qui aurait aussi pu s’appeler Paroles de femmes, raconte la trajectoire de quatre amies dans leur fin de trentaine, la génération du réalisateur, déçues de leur vie professionnelle, familiale, maritale, sentimentale.

    L’ensemble se déroule sur fond de malaise et de mal-être de la société nippone en général. On s'y est beaucoup moins ennuyé que dans des métrages infiniment plus courts, mais l'auteur aurait quand même pu conclure nettement plus vite...

    D’autres opus ont les faveurs de la critique, comme Schneider vs. Bax du Hollandais Alex van Wanmerdam comédie macabre mettant en scène un tueur à gages éprouvant les pires difficultés à abattre sa cible, Bella e perduta, avec un homme et un animal entreprenant un long et vain périple dans.. un beau pays perdu.

    get[1].jpgOu encore Ma dar Behesht (Paradise), de l’Iranien Sina Ataeian Dena, premier chapitre d’une trilogie sur la violence et sa reproduction par les victimes. Un film donnant le rôle principal à la superbe Dorna Dibaj (photo) qui débute au cinéma, mais son auteur, s’intéressant plus particulièrement à l’humain, réfute toute volonté de se pencher sur la condition féminine.

    Côté interprétation, Je plébiscite Aharon Traitel dans Tikkun ou Christopher Abbott dans James White.  Et chez les femmes Cynthia Nixon, également dans James White et Dorna Dibaj dans Ma dar Behesht. Voire Valérie Dréville dans Suite Armoricaine

    Mais évidemment, ces vœux ne sont que pieux. Comme on dit dans ces cas-là et au risque de me répéter, le journaliste propose, le jury dispose. J’espère qu’il ne jettera pas son dévolu sur l’affreux et très limite Bart Dejan du Serbe Bakur Bakuradze. Mais à Locarno tout est hélas possible. Verdict demain.

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  • Festival de Locarno: mes préférés dans une compétition en dents de scie

    get[2].jpgA deux jours de la fin de ce cru locarnais 2015, un point sur la compétition, forte de 18 films. Après avoir plutôt bien démarré, elle s’est poursuivie en dents de scie, connaissant quelques hauts et de très gros bas.

    Entre les deux de l’honorable ou du méritant souvent sans grand intérêt. Mais il reste encore trois films à découvrir dont deux très gros morceaux, du moins sur le plan de la longueur, avec Suite Armoricaine de la Française Pascale Breton et le maousse Happy Hour (plus de cinq heures) du Japonais Ryusuke Hamaguchi, 

    A ce stade,  mes préférences vont à quatre films qui devraient (pourraient ?) se retrouver au palmarès. A commencer par Tikkun de l’Israélien Avihsai Sivan évoquant les tourments charnels d’un brillant élève juif ultra-orthodoxe. S’imposant un jeune drastique, Haim-Aaron perd connaissance. Il est déclaré mort par les secours mais son père s'acharne à tenter l'impossible et le ramène miraculeusement à la vie.

    Dès lors son comportement évolue davantage vers ce qui l’a toujours tracassé. Indifférent à ses études, il ne l’est pas à ses sens. Constatant ces changements, son père craint  d’avoir offensé Dieu en le réanimant. Tourné dans un superbe noir et blanc, le film séduit jusqu’à la fascination par le coté sobre, épuré du récit et de la mise en scène. Mais l'auteur évite l'écueil de l'austérité, en gardant une sensualité sous-jacente.

    get[1].jpgProfonde relation mère-fils dans "James White"

    Je me suis également laissé beaucoup séduire par James White, un Newyorkais d’une vingtaine d’années, lui aussi très perturbé. Mal remis de la mort de son père il mène une vie dissolue, qui le conduit jusqu’au Mexique.

    Et puis un jour, recevant un coup de fil de sa mère qui se bat contre un cancer en phse terminale, il décide de rentrer pour s’occuper d’elle.

    A partir de là, le film prend une toute autre dimension, le réalisateur Josh Mond explorant la relation profonde entre une mère et son fils. James White devra faire la cruelle expérience de la perte pour cesser de s’autodétruire dans ce drame intimiste émouvant, où Christopher Abbott et Cynthia Nixon nous offrent un excellent numéro d’acteurs.

     XVMce3a5e6a-2b17-11e5-8e49-6dc21babd670-805x453[1].jpgAndrzej Zulawski revient avec "Cosmos"

    La compétition mettant désormais face à face des auteurs plus ou moins débutants et des cinéastes chevronnés, on y retrouve Andrzej Zulawski avec Cosmos, d’après  le roman du Polonais Witold Gombrowicz.

    L’intrigue se déroule dans une curieuse pension tenue par une famille non moins étrange, dont les membres sont atteints de troubles de comportement et de langage divers et où il se passe des événements très extraordinaires. Sans oublier une servante un rien dérangée et défigurée par un vilain surplus de peau à la lèvre supérieure.

    C’est ce que découvrent  l’élégant mais assez pitoyable Witold, qui a raté son examen de droit et le plus rustique Fuchs viré d’une société de mode parisienne. Avec notamment la complicité de Sabine Azéma et de Jean-François Balmer, Zulawski, de retour après quinze ans d’absence, nous emmène dans son univers braque.

    On pouvait craindre le pire. Mais surprise, bien qu’on frise parfois l’insupportable, le cinéaste a décidé de freiner sur l’hystérie et l’excessif si caractéristiques de sa période Sophie Marceau, leur préférant avec bonheur un humour jubilatoire. Tout en gardant quand même un gros grain de folie dans cette comédie dramatique surréaliste en forme de thrilller.

    imagesXEHIIXRF.jpgComédie noire à la sauce hollandaise

    Un cran en-dessous  on trouve Schneider vs, Bax (en français La peau d Bax) du Hollandais Alex van Warmerdam. Le matin de son anniversaire, Schneider, tueur à gages et père de famille dévoué, a reçu pour mission d’abattre Bax.

    Écrivain solitaire vivant au milieu des marécages, c’est une cible facile. Schneider accepte, d'autant qu'il il sera rentré assez tôt pour le dîner. Mais sa tâche se révèle nettement plus compliquée que prévue.

    Un film de genre façon comédie noire plutôt bien ficelé. Même si le scénario n’est pas d’une originalité folle, on  ne s’ennuie pas. Mieux on s’amuse, ce qui à Locarno n’est pas si fréquent. Alors on ne va pas bouder son plaisir.

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