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le blog d'Edmée - Page 260

  • Festival de Locarno: la lumineuse Golshifteh Faharani dans "The Song Of Scorpions"

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaagol.jpgL'année dernière, la belle Golshifteh Faharani subjuguait Cannes aux côtés d’Adam Driver dans Paterson de Jim Jarmush. Fantasque, farfelue, lunaire et joyeuse, elle redécorait obsessionnellement en noir et blanc tout ce qui lui tombait sous la main

    La lumineuse comédienne a également fait tourner les têtes à Locarno où elle venait présenter sur la Piazza Grande The Song of Scorpions. Changement radical de style pour Golshifteh. Elle se glisse dans la peau de Nooran, chanteuse, guérisseuse, sage-femme et médecin dans la communauté Sindhi du Rajasthan (photo). En l’entendant Aadam, marchand de chameaux (interprété par le célèbre Irrfan Khan, découvert dans (Slumdog Millionnaire),en  tombe fou amoureux. Econduit, il ourdit une terrible vengeance.

    Trop long, laborieux et manquant du coup de rythme, l’opus est signé par le réalisateur indien Anup Singh, installé depuis une quinzaine d’années à Genève. Pour son histoire d’amour tordu, sur fond de traîtrise, de vengeance et de rédemption, il a décidé de travailler dans le désert. Pour lui un milieu dur, sec et aride à l’image du monde, où se cache toutefois toujours une source d’eau. Il ne dénonce pas moins, même maladroitement, l’extrême violence notamment sexuelle, faite aux femmes en Inde. 

    De gros défis à relever pour la comédienne

    Nooran en est victime dans The Song Of Scorpions. "En tant que femmes nous sommes violées partout. Notre existence, le fait d’être nées en Iran nous impose de ne pas pouvoir choisir", relève Golshfteh Faharani. "Le viol est une attaque horrible, affreusement humiliante. Cette scène a été pour moi un véritable défi. Mais il ne s’agit pas que de cela dans le film. Il faut continuer à repousser les limites. La vie est remplie de choses non désirées. Allons-nous nous laisser empoisonner par ces malheurs? Dans les ruines, on peut trouver un trésor. Il faut le chercher. Nooran a la rage de vivre. Elle retrouve la lumière, qui l’amène vers le pardon".

    L’autre défi c’était la langue, l’une des choses les plus difficiles. *J’ai suivi six mois de cours pour parler de manière acceptable Jusqu’à présent, j’ai joué en sept langues. Et il y en aura une huitième. Cela ajoute de la pression, surtout quand on veut être authentique".

    Cap sur Hollywood grâce à Ridley Sscott

    C’est l’occasion d’un petit retour sur sa carrière prolifique. A 34 ans, elle en a déjà passé vingt an devant la caméra. C’est en effet à 14 ans que Golshifteh Faharani, née en Iran d’un acteur et metteur en scène lâche le piano, qu’elle pratiquait en virtuose depuis l’âge de cinq ans, pour le cinéma. Elle tourne une vingtaine de longs métrages au Moyen-Orient, avant de camper, en 2008, une infirmière jordanienne dans Mensonges d’Etat de Ridley Scott, avec Leonardo Di Caprio.

    Devenue la première star iranienne à tourner dans une production américaine depuis la révolution islamique en 1979, elle irrite le pouvoir qui, dès son retour, lui interdit temporairement de quitter le territoire et lui confisque son passeport. Profitant d’une autorisation de sortie de vingt-quatre heures, elle s'enfuit et s’exile en France.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaelly.jpgUn an plus tard sort son dernier film tourné en Iran A propos d'Elly d'Asghar Farhadi, lauréat de l’Ours d’argent au Festival de Berlin. Elle y incarne une jeune femme mariée libre d’esprit (photo) qui invite Elly, une institutrice de Téhéran à venir passer un week-end au bord de la mer. Un personnage dans lequel elle se reconnaît.

    Il y aura ensuite Poulet aux prunes, Pierre de patience, Just Like A Woman. En 2014 l’actrice alors en couple avec Louis Garrel, qu’elle quittera pour épouser un Australien, joue dans Les deux amis, dans le western engagé My Sweet Pepper Land d’Hiner Saleem, et à nouveau sous la direction de Ridley Scott dans le péplum biblique Exodus: Gods And Kings. Cette année, on la retrouve également dans le cinquième épisode de Pirates des Caraïbes.

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  • Grand écran: Fanny Ardant en "Lola Pater", une évidence pour le réalisateur Nadir Moknèche

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaafanettew.jpgFils d’immigrés algériens, Zino a grandi persuadé que Farid, son père, les a abandonnés, sa mère et lui. A la mort de cette dernière, il apprend que Farid n’est pas retourné en Algérie, mais qu’il vit en Camargue. Zino part alors à sa recherche dans le sud de la France et rencontre Lola, professeure de danse orientale. Elle finit par lui avouer qu’elle est Farid. Zino a de la peine à l’accepter. Toujours prête à tout, Fanny Ardant n’a pas hésité à se couler dans le rôle de Lola, donnant la réplique à Tewfik Jallab (photo

    Nadir Moknèche s'est attaqué à un thème délicat qu'il traite avec subtilité et sensibilité, évitant la caricature et le cliché. "L’idée du film vient de loin. Dans les années 80, j‘habitais Pigalle et j’avais deux voisines transsexuelles qui se prostituaient en bas de chez moi. Le 11 mai 1987, alors qu’Antenne 2 retransmettait l’ouverture du procès de Klaus Barbie l’une d’elles m’a demandé si elle pouvait venir voir la télévision chez moi. J’ai d’abord pris un air condescendant du haut de mes 22 ans. Ensuite nous avons sympathisé Avec le temps, je suis entré dans ce monde et j’ai découvert une autre vie".

    Pourquoi avoir choisi Fanny Ardant.

    Je l’avais vue dans Vivement dimanche et j’avais cru alors qu’elle était italienne. Je suis dingue des actrices italiennes. Et puis, lors d’un déjeuner chez ma mère, on parlait du scénario, du personnage. Tout à coup, elle m’a dit comme un oracle  "Ne cherche pas, il y a une seule actrice qui peut jouer ce rôle. Fanny Ardant". On s’est rencontré et tout s’est enchaîné.

    On pourrait vous reprocher de ne pas avoir choisi une vraie transsexuelle, comme l’a fait par exemple Sebastian Lelio pour "Una mujer fantastica".

    Le cinéma est un métier et j’aime travailler avec les acteurs. Actuellement il n’y a pas de comédienne transsexuelle. Peut-être sera-ce le cas dans vingt ans. mais j’espère qu’elles ne seront pas cantonnées à ce genre de rôle. Le choix de Fanny Ardant s’est imposé de lui-même. Elle et moi nous sommes investis corps et âme dans ce personnage de Lola. (C’est aussi l’avis de l’intéressée. Voir notre interview de Fanny Ardant du 4 août dernier).

    Si vous vous mettez dans la situation du fils, comment auriez-vous réagi ?

    J’aurais également été dans le rejet a priori. Et puis j’aurais essayé de comprendre pourquoi c’est si douloureux d’être dans le mauvais corps. Personnellement je n’ai pas connu mon père. Il est mort alors que j’avais trois ans. Plus tard je me suis demandé comment je me serais entendu avec lui. Et je me suis aussi dit, si le cas s’était présenté, qu’il était préférable d’avoir un père vivant, en femme ,qu’un père mort, en homme.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 août.

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  • Festival de Locarno: avec "Chien", Samuel Benchetrit dénonce une société déshumanisée. Interview

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabenvan.jpgChienne de vie que celle de Jacques Blanchot! Sa femme le flanque à la porte sous prétexte qu’elle est atteinte de blanchoïte aiguë, une maladie qui la pousse à se gratter lorsqu’il s’approche d’elle. Son fils profite de lui et il est exploité par son patron. Pour retrouver un peu d’amour il décide, en passant devant une animalerie, de s’acheter un chien. Avec niche, croquettes, laisse et dix leçons de dressage, le tout au prix fort exigé par un maître-chien fascisant.

    Mais le chiot, qui en plus ressemble à Hitler, en ne va pas tarder à passer sous les roues d’un bus. Bouleversé, Blanchot s’installe à l’hôtel, mange les croquettes, dort dans la niche et va jusqu’à prendre les leçons qu’il a payées, se coulant dans le rôle du chien en acceptant les pires humiliations.

    Un ton burlesque et décalé qui vire au noir

    Signé Samuel Benchetrit, qui l’a adapté de son propre roman, Chien, interprété par Vincent Macaigne, Bouli Lanners et Vanessa Paradis commence sur un ton burlesque et décalé qui vire rapidement à l’humour noir. Très noir. Pathétique, gênant, limite malsain, cette comédie plus pathétique que drôle divise, provoquant la détestation totale ou une adhésion plus ou moins forte. 

    Invité à la présenter sur la Piazza Grande l’écrivain réalisateur explique que son livre, un exutoire, est né suite à un état dépressif et de doutes, où il se demandait pourquoi gagner de l’argent, rester dans le mouvement, avoir tant de préoccupations ridicules alors que la vie est si courte. 

    «C’est une histoire simple qui raconte quelque chose d’universel, être quelque chose ici-bas. Je dresse un état des lieux, je parle de dystopie, de cynisme à propos d’un personnage qui en est totalement dépourvu, qui va sortir de ce monde pour en découvrir un autre ». Cela m’intéresse de traiter un personnage sans ambition qui rend fou les autres par sa passivité, Une passivité qui les conduit à une violence extrême. Du coup c’est lui qui gagne».

    Et tandis qu’il s’humanise en chien, vous dénoncez la déshumanisation de la société. Une prise de position politique?

    Oui, je revendique modestement cet aspect. On est encore dans un fascisme incroyable. Rien n’est réglé, notamment en ce qui concerne les femmes. Là le fascisme est représenté par Bouli Lanners dans le rôle du dresseur. J’en ai rencontré et ils ne m’ont pas plu.

    Ce qu’il fait subir à Jacques Blanchot va vraiment très, voire trop loin. N’y a-t-il pas de la complaisance dans votre façon de gommer tout ce qu’il pourrait y avoir d’humain chez lui?

    Il faut aller au bout de son sujet. Mais il n’y a ni complaisance ni manipulation . Je ne veux pas plaire et j’imagine bien que les agissements du dresseur peuvent provoquer le malaise. Personnellement, en tant que spectateur, j’aime être bousculé.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaavincent.jpegEn tout cas vous bousculez drôlement Vincent Macaigne, votre acteur principal. Assimilé à une maladie, il est quitté, frappé, obligé de se mettre à quatre pattes, de chercher la balle. On l'enferme dans une cage!

    Aucun autre que lui n'aurait accepté ce genre d'avilissement, c'est certain.Il encaisse encore et encore. Vincent est un comédien incroyable. Il fait ce qu'on lui demande et reste complètement concentré sur l’humanité du personnage. Il connaît l'enjeu. Dans ses mises en scène de théâtre, il n'hésite pas à pousser également ses acteurs. Il a d'ailleurs fait beaucoup de propositions. En réalité, c’est un vrai rebelle, un révolutionnaire en avance sur son temps. Dans le film, c'est le plus heureux.  Il n’attend rien des autres. Il comprend tout.

    Alors finalement, est-ce mieux d’être un chien pour vous?

    Non c’est mieux d’être un homme. Cela dépend de la façon dont je me lève le matin. L’humain est une race magnifique. Mais il oublie la nature, ne vit pas assez le moment. En ce qui me concerne, je suis par exemple très encombré par mon passé…

     

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