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le blog d'Edmée - Page 258

  • Grand écran: "Double peine" explore les liens entre les mères incarcérées et leurs enfants

    aaaaapeine.jpgQu’elle choisisse la fiction ou le documentaire les femmes se retrouvent généralement au cœur des films de la Suissesse Léa Pool qui milite pour leur émancipation et rend hommage à leur force de caractère. Avec Double peine, cette cinéaste engagée (à qui l’on doit La passion d’Augustine, La demoiselle sauvage , Emporte-moi), nous emmène dans des prisons pour femmes, en Bolivie, au Népal, à New York et à Montréal.

    La plupart des détenues sont des mères et leur incarcération représente en effet une double condamnation dans la mesure où les enfants, qui peuvent rester avec elles, doivent également la subir, parfois jusqu’à l’adolescence. Suivant la vie quotidienne de certains gosses, elle adopte leur point de vue et donne la parole à ces laissés pour compte, invisibles derrière les barreaux .

    Tout en dénonçant cette peine et surtout désireuse de savoir comment tant de victimes innocentes la vivent, Léa Pool nous laisse découvrir des enfants étonnants de maturité, qui se comportent en véritables adultes.

    A l’image de cette irrésistible fillette québécoise de neuf ans, rencontrée par l’intermédiaire d’un médecin, et évoquant l’impossibilité pour sa mère de s’empêcher de voler. «Elle se retrouve souvent en prison. Cela fait une trentaine de fois depuis que je suis toute petite. Je lui dis d’arrêter, mais elle recommence. Je suis fâchée mais c’est vraiment une personne gentille», explique-t-elle en substance.

    Un moment fort accompagné d'autres qui vont droit au coeur, dans un documentaire par ailleurs très instructif, plein de sensibilité mais ne cédant jamais à la facilité pour émouvoir.

    A l‘affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 avril.

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  • Grand écran: l'amour est... aveugle dans "La prunelle de mes yeux"

    aaaaprunelle.jpgIls habitent le même immeuble à Paris. Theo et Leandro deux frères au chômage d’origine grecque jouent du rebetiko, le traditionnel blues hellène et animent des soirées dans un restaurant pour gagner leur vie. Ce qui ne leur réussit pas franchement, étant donné leur absence de talent. Ils sont virés et, en colère, ont besoin de passer leurs nerfs sur quelqu’un.

    Par exemple sur les deux sœurs vivant à l’étage au-dessus, Elise, qui aime aussi la musique mais pas la même et Marina, accro à la drogue. Le quatuor ne cesse de se croiser dans l’ascenseur et la première rencontre entre Theo (Bastien Bouillon) et Elise (Mélanie Bernier) les principaux protagonistes (photo), tourne immédiatement à l’aigre.

    Les choses ne s’arrangent pas et le ton monte, sur fond d’insultes quotidiennes. Mais surtout, Elise est aveugle et Théo non. Par provocation et bêtise, il feint de l’être aussi. Cette blague idiote les fait se détester encore davantage. On le sait pourtant, de la haine à l’amour, qui en plus est… aveugle, il n’y a qu’un pas. La réalisatrice française Axelle Ropert (livrant ici son troisième long-métrage après un drame familial et un mélo) ne manque évidemment pas de le franchir.

    Du coup, si les acteurs s'en sortent plutôt bien, on n’en dira pas autant de cette comédie sentimentale en forme d’exercice de style. Ambitieuse, l’auteur la veut ludique, déroutante, piquante et légère tout en abordant sans tabou le délicat sujet de la cécité. A l’exception de quelques rares répliques ou situations amusantes, l’opus se révèle toutefois le plus souvent trop balourd et convenu pour séduire. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande 

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  • Grand écran: "Corporate", plongée dans un univers impitoyable. Avec Céline Sallette et Lambert Wilson

    aaaacorporate.jpgC’est la place de l’homme au sein de l’entreprise, un univers de plus en plus impitoyable, qu’a choisie Nicolas Silhol pour son premier long-métrage, Corporate, racontant l’histoire d’Emilie Tesson-Hanson. Jeune, brillante et implacable cadre des ressources humaines au sein d’un grand groupe agroalimentaire, elle est chargée du «dégraissage» en exécutant les ordres du PDG sous forme d’un plan de restructuration déguisé.

    Une gestion par la peur, évitant le mot de licenciement mais poussant cyniquement les salariés indésirables à la démission. Ou pire. Un jour, l’un des employés du service d’Emilie dont elle voulait se débarrasser, se suicide en se jetant sous ses yeux dans la cour de l’immeuble du siège parisien et une enquête est ouverte par l’inspection du travail.

    Emilie, engagée pour sa réputation de "killeuse", se rend compte de son rôle dans le drame. Elle n’est évidemment pas seule en cause, mais confrontée aux dénégations de la direction, qui lui met la pression en voyant en elle le fusible idéal, elle va s’employer à mouiller ses supérieurs en divulguant leur stratégie vicieuse visant à accroître les profits. A la fois une question d’humanité et de survie.

    Dans ce polar social sous tension permanente, l'auteur nous emmène dans les arcanes de la firme et se livre en connaisseur à une étude sociologique en analysant froidement les méthodes modernes de management ainsi que leur impact déplorable sur les rapports humains dénués de tout sentiment.

    Excellents comédiens

    Intelligent dans son propos d’une actualité aussi sombre que brûlante, évitant de juger, sec et austère dans son traitement au service d’une mise en scène brute en accord avec un thème passionnant, symbolique d’un grave dysfonctionnement dans nos sociétés, l’opus révèle un auteur plus que prometteur. Une réussite à laquelle contribuent par ailleurs grandement les comédiens

    A commencer par Céline Sallette, excellente en RRH antipathique, froide, distante et sans scrupule. Une prestation à contre-emploi pour cette actrice solaire, à la fois expressive, vive et bienveillante. Incarnant le déni mais dégageant une autorité naturelle, l’élégant Lambert Wilson en col roulé impeccable se montre parfait dans le rôle de son supérieur, tout comme Violaine Fumeau dans celui d’une inspectrice du travail se muant presque en assistante sociale.

    aaaasilhol.jpgL’intérêt pour le monde du travail de Nicolas Silhol (photo), récemment rencontré à Genève, lui vient de son père, professeur de management dans une école de commerce et consultant en ressources humaines, avec qui il a souvent discuté de ces questions. Il a eu l’idée de Corporate suite à la terrible vague de suicides chez France Télécom en 2008 et 2009.

    Comment avez-vous procédé?

    En découvrant ce système de gestion par la terreur qui pouvait détruire des vies, j’ai abordé mon film sous l’angle de la responsabilité de ceux qui font le sale boulot. On connaît mal l’entreprise. Je désirais être le plus juste possible. J’ai rencontré plein de gens, des inspecteurs du travail en ce qui concerne les enjeux juridiques. Comment établit-on un lien entre la mort d’un individu et son rapport à son job? Mais j’ai aussi vu des responsables des RH, des sociologues.

    Corporate est porté par une étonnante Céline Sallette à contre-emploi.

    C’est une formidable actrice, forte et fragile, avec qui j'avais très envie de collaborer. Il s'agissait d'un vrai défi pour elle. L'’expérience et la possibilité de construire un rôle nouveau l'ont séduite. Sensible au sujet, elle a accepté tout de suite. Cette "killeuse" antipathique, opaque, coupée de ses émotions et qui va progressivement se reconnecter, provoquait chez elle un mélange de fascination et de répulsion.

    Son personnage est inspiré par une vraie manageuse.

    Effectivement. Elle m’a raconté la façon dont elle mettait la pression sur les salariés dans le but de les mettre dehors. Avant de finir par craquer elle-même. A la faveur de cette rupture, elle a décidé de changer de métier.

    Quid du choix de Christophe Lambert dans la peau d’un DRH?

    Il me fallait un comédien connu et charismatique, car je ne voulais pas juste un salaud, un grand méchant. Il était aussi important qu’il ait un lien fort avec Emilie. Ce qui choque avant tout chez lui, c’est sa façon d’être dans le refus total de responsabilité dans le drame, exprimé par ailleurs avec beaucoup de violence. 

    Après cette plongée au sein de l’entreprise, Nicolas Silhol souhaite explorer d’autres sujets ancrés dans le réel et qui posent question. Toujours dans une même veine, en restant dans la fiction.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 avril.

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