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le blog d'Edmée - Page 258

  • Grand écran: "Detroit", nuit d'horreur à l'Algiers Motel. Kathryn Bigelow implacable

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabigr.jpgAprès Démineurs, évoquant l’addiction à l’adrénaline d’un GI ( qui lui a valu l’Oscar du meilleur réalisateur en 2010), et Zéro Dark Thirty sur la longue traque de Ben Laden par la CIA) Kathryn Bigelow, toujours aussi impressionnante, confronte à nouveau l’Amérique à ses démons. Avec une redoutable immersion au cœur des émeutes qui ont secoué Detroit au cours de l’été 1967.

    Des émeutes parrni les plus importantes des Etats-Unis, derrière celles des Draft Riots de New York (1863) et  de Los Angeles (1992. S’étant déroulées sur cinq jours, elles ont causé la mort de 43 personnes et en ont blessé 467 autres.

    Detroit, film choral construit en trois parties, marque la troisième collaboration entre l’auteure et le scénariste Mark Boal, ancien journaliste, Après une plongée dans le chaos, avec les tanks de la Garde nationale pénétrant dans le ghetto black transformé en zone de guerre et l’introduction des protagonistes, la réalisatrice se concentre sur la reconstitution d’un épisode particulièrement tragique qui a eu lieu la nuit du 25 juillet.

    En compagnie de deux filles blanches de l’Ohio rencontrées par hasard, Larry Reed (Algee Smith), un chanteur noir prometteur dont le spectacle a été annulé en raison de la situation insurrectionnelle, se retrouve à l’Algiers avec ses copains pour faire la bringue. Jusqu’au moment où l’un des fêtards s’amuse à tirer avec un faux pistolet. Alertés par les détonations et croyant à un sniper, des flics débarquent rapidement au motel, font évacuer les clients, sauf la joyeuse bande de noceurs.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaadetroit.jpgEmmenés par le jeune Krauss (Will Poulter parfait dans le rôle ingrat de ce raciste fou de la gâchette contaminé par le virus de la haine, révulsé à la simple idée d’une relation mixte), ils vont, pendant des heures, rechercher un coupable et une arme. Sans les trouver. Dans le même temps, bafouant toute procédure, faisant preuve d’une rare cruauté physique et psychologique, ils violentent et torturent les «suspects», à majorité black, pour leur extorquer des aveux, finissant par en tuer trois à bout portant.

    Un gardien de sécurité en uniforme (John Boyega) tente de s’interposer, mais il est noir et ne pourra pas faire grand-chose pour éviter le pire face à ces chiens enragés. Tout comme des soldats postés à l’extérieur, s’illustrant par leur lâcheté.

    Folie raciste et dérapages meurtriers

    Avec un remarquable souci d’authenticité, de justesse, de précision, de réalisme frisant parfois l’excès, Kathryn Bigelow animée d’un intense sentiment d’injustice et de rage, s’attarde longuement sur cette nuit d’horreur, infernale. Pour en montrer, dans les moindres détails et jusqu’à l’insoutenable, la folie raciste, les pulsions criminelles incontrôlées, les dérapages meurtriers.

    Mêlant le documentaire au thriller pour virer au huis-clos anxyogène, étouffant, sous haute tension, Detroit, métrage coup de poing à la mise en scène virtuose est le portrait implacable d’une société alors minée par un racisme institutionnel. Mais faisant écho à l’actualité 50 ans plus tard, à l’heure où s’affrontent suprémacistes blancs et militants antiracisme. Un film cru, brutal, sans l’ambiguïte politique des deux précédents, allant droit au but, incroyablement puissant dans sa dénonciation. Et qui, dans un dernier acte un peu moins intense mais tout aussi terrible, montrera lors d’un procès que justice n’a pas été rendue aux victimes.

    La légitimité de Kathryn Bigelow à traiter un tel sujet a été contestée dans plusieurs articles et tribunes aux Etats-Unis parce qu’elle est blanche. Déclarant dans Variety qu’elle n’était sans doute pas la mieux placée, elle a toutefois remarqué qu’elle "avait pu le faire alors que cette histoire attendait d’être racontée depuis 50 ans". De quoi donner de l'urticaire à Donald Trump...

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 octobre.

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  • Grand écran: "Le sens de la fête" pour un mariage qui part en vrille...

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaasensfete.jpgIncontournable sur le front de la comédie populaire après le triomphe d’Intouchables et le succès de Nos jours heureux, le tandem Eric Toledano et OIivier Nakache (également auteur mais moins heureux de Samba) revient avec Le sens de la fête. Un film choral autour d’un somptueux mariage dans un château du 17e siècle, vu des coulisses, à travers le regard de ceux qui travaillent.

    Son organisateur c’est Max (Jean-Pierre Bacri), traiteur depuis trente ans. C’est dire s’il en a vu des mariages… Comme d’habitude, il s’occupe de la logistique supervisant les serveurs, les cuisiniers, la décoration florale l’orchestre, le DJ, le photographe. Comptant sur la discipline et la rigueur de ses troupes pour rendre l’événement inoubliable.

    Mais voilà, tout se met à aller de travers pour le malheureux maître de cérémonie, du coup stressé et complètement dépassé par une situation chaotique qu’il ne contrôle plus. Une soirée partie en vrille, un peu à l’image de ce long-métrage qui se veut une métaphore d‘une société en proie au fiasco socio-culturel, mais qui stagne, faute d’inspiration et d'invention dans les dialogues, les gags, les vannes, les gaffes.

    A l’exception de quelques moments de grâce, tout est forcé, exagéré, laborieux. Et du coup ça pêche aussi hélas du côté des comédiens. Certes Jean-Pierre Bacri , portant le film, se montre parfois irrésistible, mais toujours aussi irascible et victime de son mal-être, il ne peut s’empêcher de tomber dans sa propre caricature. A l’image de Gilles Lellouche (animateur ringard), Jean-Paul Rouve (photographe bas de plafond bouliique) ou Vincent Macaigne (ex-prof dépressif reconverti en serveur draguant la mariée).

    Cela n'empêche pas une partie de la critique française emballée de prédire aux auteurs un nouveau véritable carton et un César à Bacri. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 octobre.

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  • Grand écran: "Blade Runner 2049", défi bien relevé par Denis Villeneuve. Ryan Gosling est parfait

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarunner.jpgDébarqué dans les salles trente-cinq ans après celui de Ridley Scott, d’abord méprisé aux Etats-Unis puis devenu universellement culte, Blade Runner 2049 était le film de science-fiction le plus attendu de l’année. Entre progrès technologique et dérèglement climatique, il nous emmène pour une nouvelle balade dans un Los Angeles à la fois futuriste et crépusculaire.

    En 2049, la société toujours plus rigide et austère, est fragilisée par les  tensions entre les humains et les réplicants dociles traités comme des esclaves. L’officier K (Ryan Gosling), un Blade Runner appartenant à une force d’intervention d’élite, est chargé de trouver et de «retirer» (un euphémisme pour tuer) ceux qui n’obéissent pas aux ordres.

    Lorsqu’il découvre un secret enfoui depuis longtemps et capable de tout changer, les plus hautes instances décident que c’est à son tour d’être traqué et éliminé. Le seul espoir de K est de retrouver Rick Deckard, un ancien Blade Runner (Harrison Ford qui reprend donc son rôle) disparu depuis des décennies.

    Ce deuxième volet est signé du Québécois Denis Villeneuve, (notamment auteur du remarquable Prisoners), mais surtout légitimé à relever le défi par sa magistrale et romanesque incursion dans le genre avec Premier contact (Arrival).

    Pour cette délicate cohabitation entre l’homme et la machine, oü il se réapproprie la mythologie du romancier Philip K.Dick, Denis Villeneuve comme Ridley Scott, s’appuie autant sur la splendeur visuelle et technique que sur le ressenti et la réflexion qu'il privilégie à l'action.

    Ce qui confère au blockbuster, en dépit du gigantisme des décors et des effets spéciaux, un côté hors norme, auteuriste, contemplatif, subtil, intimiste, métaphysique. Une oeuvre mélancolique, dépressive, voire désespérée, au questionnement existentiel et politique sur l'avenir du monde.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaablade.jpgEt cela à l’image de son protagoniste principal, l’officier K, en quête d’identité, de ses origines, s’interrogeant sur son enfance, incertain de la nature exacte de son existence. Un héros triste et fataliste se raccrochant à la statuette d’un cheval en bois, incarné par un Ryan Gosling si parfait qu’il y a de l’Oscar dans l’air.

    Des scènes d'anthologie

    Dans une ambiance envoûtante, oppressante, certaines scènes font déjà date. Dont la scène d’amour d’une rare originalité entre K et Joi, son ravissant hologramme sexy fusionné avec une réplicante prostituée. Prétexte à de sidérantes synchronisations et désynchronisations.

    Ou cette rencontre musclée entre K et Deckard, dans un casino déglingué de Las Vegas, sur fond holographique d’Elvis Presley chantant Can’t Help Falling In Love tandis que Sinatra fait son crooner sous une cloche de verre.

    Quasi unanimes des deux côtés de l’Atlantique, les critiques crient au chef d’œuvre, évoquant parfois même sa supériorité sur l’original. Sans aller jusque là, Blade Runner 2049, s'inscrivant bien dans la lignée de son prédécesseur, est une incontestable réussite. On lui reprochera pourtant sa longueur et les lenteurs d’une intrigue à résonance biblico-freudienne parfois inutilement tarabiscotée.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 octobre.

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