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le blog d'Edmée - Page 209

  • Grand écran: avec "Capharnaüm", Nadine Labaki veut plaire à tout le monde. Sans succès

    capharnaum_a.jpgZain, 12 ans, dont on apprend qu’il a poignardé un homme, arrive au tribunal les mains menottées dans le dos. Au juge qui lui demande d’expliquer sa présence il répond: "Je souhaite porter plainte contre mes parents pour m’avoir donné la vie".

    Un démarrage on ne peut plus original, avec cette attaque contre ses géniteurs, prometteuse d’un passionnant questionnement moral sur le fait d’engendrer un enfant sans avoir les moyens de lui assurer une existence décente. Mais hélas, la réalisatrice libanaise Nadine Labaki qui veut plaire à tout le monde, laisse tomber ce sujet en or pour bifurquer sans attendre vers un banal flash back, pétri de bons sentiments.

    Avec ce film tourné caméra à l’épaule dans l’effervescence des rues de Beyrouth et des taudis des faubourgs, on suit le parcours chaotique de Zain, beau comme un ange et bluffant dans son propre rôle. Livré à lui-même, le gamin issu d'une famille très pauvre, qui se bat pour sauver sa petite sœur vendue à un homme plus âgé, va d’abord dormir dans un parc d’attractions. Puis il est recueilli par une immigrée clandestine et s’occupe de son bébé avant de se retrouver à la rue pour mendier et voler.

    La réalisatrice brasse ainsi sans subtilité toutes les thématiques sociales du moment: enfants maltraités, précarité, misère , sans papiers, migrants, destin inexorable des femmes dans un monde patriarcal. Alors certes, Capharnaüm (qui mérite vraiment son titre) nous montre une terrible et douloureuse réalité. Mais on n’en a pas moins droit, avec grosse sortie de violons et happy end discutable à l’appui, à un mélo tire-larmes, convenu et moraliste.

    En compétition à Cannes, l'opus était donné gagnant par beaucoup. En témoignait notamment l’interminable ovation qui avait suivi la projection publique. Elle n’avait heureusement pas réussi à convaincre Cate Blanchett et ses camarades qui, au lieu de la Palme d’or annoncée, se sont contentés de lui décerner le Prix du jury.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 octobre.

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  • Grand écran: "Voyez comme on danse", laborieuse comédie familiale misant sur un casting étoilé

    voyez_comme_on_danse.jpgFilm choral aux intrigues et personnages multiples, Voyez comme on danse est une sorte de suite, 16 ans après, d' Embrassez qui vous voudrez, Adaptant un roman de Joseph Connolly, Michel Blanc remet donc le couvert avec une partie de ses personnages d’avant et quelques nouveaux venus.

    On a Véro, une mère de famille célibataire hystérique et pauvre (Karin Viard), dont la fille Eva étudiante à Nantes lui annonce qu’elle est enceinte. Le père (William Lebghil) est le fils de Lucie (Carole Bouquet) une de ses amies vegan mariée à Julien (Jean-Paule Rouve), un loser complètement parano qui sent en permanence une présence hostile dans son dos. Et qui trompe sa femme. Au bord de la rupture, Véro finit par faire le ménage chez une autre amie Elizabeth (Charlotte Rampling) une grande bourgeoise style potiche anglaise, dont le mari (Jacques Dutronc) est en prison pour évasion fiscale...

    Dans ce méli-mélo aux allures de téléfilm à l’humour potache, Michel Blanc donne de la place aux femmes mais peine à trouver un regard neuf pour exploiter des thèmes recuits. Pratiquement pas de mise en scène, un scénario poussif, des dialogues artificiels, des situations vues et revues et des gags lourdingues à de rares exceptions.

    Bref pas grand-chose à sauver dans cette comédie familiale maladroite et assez pathétique. Le film ne mise que sur la notoriété de comédiens plus ou moins en roue libre, contents d’être entre eux qui surjouent, cabotinent et se font plaisir sans se fouler. Du coup le spectateur se moque bien de ce qui peut leur arriver.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 octobre.

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  • Grand écran: avec "Dilili à Paris", Michel Ocelot met les femmes au centre d'un conte poético-lyrique

    dd7efec8969d7e847cbc72fb89d63.jpegLe film ouvre sur la vie quotidienne dans un village africain à l’heure du repas. Evoluent dans ce cadre la petite Dilili et ses parents que les promeneurs viennent voir, comme s’ils visitaient un zoo humain. En réalité, cette scène caricaturale se déroule dans un parc parisien lors de l'Exposition universelle de 1900. Dilili, princesse kanake née d’un père français et d’une reine néo-calédonienne fait partie d’un spectacle reconstituant les choses telles qu’on les imaginait à l’époque coloniale.
     
    Parlant un français digne d’une académicienne, la fillette est l’héroïne du nouveau film d’animation façon manifeste féministe de Michel Ocelot, le fameux père de Kirikou, qui raconte ses aventures dans le Paris de la Belle Epoque. Protégée d’une grande bourgeoise parisienne, la jeune métisse, trop blanche pour la Calédonie, trop noire pour Paris…, rencontre un livreur en triporteur qui lui offre de découvrir la prestigieuse capitale.
     
    Celle-ci est le terrain de chasse privilégié de la redoutable et mystérieuse société souterraine des Mâles-Maîtres qui enlève les fillettes dans le but de juguler une menaçante émancipation féministe naissante…Tous deux vont mener l’enquête tambour battant pour retrouver les victimes, aidés par les célébrités d’alors, à commencer par les pionnières dans la société patriarcale.
     
    pr_marion_dilili_a_paris_de_michel_ocelot_teaser-00_00_27_00-3705599.jpgD’où un défilé à l’effet catalogue un rien fastidieux de personnages (surtout pour les enfants à qui est en partie destiné le film) : Marie Curie, Louise Michel, Sarah Bernhardt, Pasteur, Monet, Renoir, Toulouse-Lautrec, Proust, Jules Verne, Santos Dumont, la cantatrice Emma Calvé.
     
    C’est elle qui aide plus particulièrement Dilili et le livreur dans leurs recherches effrénées qui finissent par les conduire dans les égouts. On y découvre les gamines kidnappées traitées comme des esclaves, vêtues d’une burka, forcées de se déplacer à quatre pattes quand elles ne servent pas de sièges à leurs terrifiants geôliers.
     
    Dilili à Paris nous laisse retrouver avec plaisir le graphisme singulier du réalisateur. Entre conte poético-lyrique et pamphlet politique, Michel Ocelot propose un décor urbain théâtral aux couleurs vives, constitué de photographies retravaillées de Paris dans lesquelles il a intégré les dessins. Par ailleurs, cette fable au but éducatif et pédagogique qui met les femmes au centre, est une ode à la culture, la liberté, l’égalité, la lumière, face à l’oppression, l’obscurantisme, l’intolérance, le sectarisme, le racisme, l’ignorance, la peur de l’autre.

    Pourtant ce plaidoyer qui résonne certes avec une actualité brûlante, manque de subtilité et reste trop premier degré pour entraîner une adhésion totale. Dommage.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 octobre.

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