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le blog d'Edmée - Page 208

  • Grand écran: l'Iranien Jafar Panahi brave la justice de son pays dans "Trois visages"

    3_visages_b.jpgAlors qu’il avait tourné son film précédent Taxi Téhéran à l’abri de sa voiture, Jafar Panahi reprend le volant  pour un road movie rural et poétique dans les montagnes reculées du Nord-Ouest. Il y critique à nouveau avec subtilité et malice une société patriarcale liberticide. En se penchant plus particulièrement sur la condition des femmes tentant d’avancer malgré les obstacles.

    Trois visages a obtenu le Prix du scénario au dernier Festival de Cannes en l’absence du cinéaste iranien assigné à résidence. Il brave la justice de son pays avec une intrigue en forme de métaphore. Behnaz Jafari, une célèbre actrice qui joue son propre rôle reçoit sur son portable la vidéo d’une jeune femme, empêchée par son père de devenir comédienne. Reprochant à la star de ne pas avoir répondu à ses appels à l’aide, elle se pend.

    Bouleversée mais imaginant une manipulation macabre, Behnaz Jafari demande à son ami Jafar Panahi de l’emmener enquêter sur le drame dans le village de l’inconnue,  au quotidien dicté par des traditions ancestrales archaïques. Et les voici partis pour un voyage semé d’embûches sur des routes de plus en plus étroites et sinueuses.

    Tout en dénonçant l’obscurantisme, l’héritier du grand Abbas Kiarostami mort en 2016, dont il fut l'assistant et à qui il rend hommage, évoque un changement possible dans ce plaidoyer féministe où l'on croise trois générations. Il se manifeste à la faveur d’une dernière scène porteuse d’un message symbolique.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 4 juillet.

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  • Grand écran: avec "Love, Simon", comédie romantique gay ado, Hollywood élargit son horizon

    lovesimon.jpgPas facile de faire son coming out. Surtout lorsqu’on a dix-sept ans. Comme Simon (Nick Robinson) qui cache son secret à ses potes et à sa famille. Son seul confident c’est «Blue», un mystérieux camarade de classe avec qui il entretient une correspondance en ligne sous pseudonyme et dont il tombe amoureux. Mais un autre élève découvre leurs messages et fait chanter Simon, menaçant de révéler sa vraie orientation s’il ne l’aide pas à conquérir l’une de ses amies.

    Signé Greg Berlanti, ouvertement homosexuel, marié et papa d’un petit garçon, Love, Simon est adapté du roman à succès de Becky Albertalli. Il s’agit de la première comédie romantique gay adolescente produite par un grand studio avec diffusion massive. Contrairement par exemple au récent Call Me By Your Name, destiné à un public de niche.

    D’où son côté unique. Elargissant l’horizon hollywoodien, Love, Simon représente une étape aussi importante pour l’inclusion LGBT que l’a été Black Panther pour la diversité raciale. Xavier Dolan a dit tout le bien qu’il en pensait sur Instagram. Non pas tellement pour la qualité cinématographique de l’opus que pour son important message à l’égard des jeunes gays dans le monde, hésitant à se dévoiler.

    Brassant les thèmes de l’amour, de l’amitié de la trahison, ce feel good movie attendrissant et amusant, avec notamment quelques caractères irrésistibles, reste ultra classique et consensuel dans sa forme. Mais c’est justement l’idée. Traiter cette histoire en banalisant l’homosexualité d’une manière presque subversive.

    Contrairement à ce qui se passe dans d’autres films sur le sujet, Simon n’a pas à vivre des drames dans un milieu hostile. Il évolue au contraire dans un univers ouaté, idéalisé ,où non seulement la pluralité culturelle, religieuse, raciale, sexuelle va de soi, mais où tous les personnages lui manifestent une profonde sympathie.

    Nick Robinson sidérant de naturel

    Et pourtant l’adolescent a du mal à sortir du placard, sachant que son existence ne sera plus pareille après. En dépit de parents et d’amis compréhensifs, prêt à l’aider à en vivre une nouvelle. Cela montre que malgré l’évolution des mentalités, tous les combats pour l’égalité ne sont pas gagnés.

    Certes l’auteur refuse à l’évidence de choquer, évoquant des sujets graves comme la peur du rejet, le chantage, l’intimidation en les édulcorant, gommant par ailleurs la violence homophobe. Du coup son film manque d’intensité et de piquant, mais il n’en fait pas moins œuvre utile. Et les interprètes sont excellents, à commencer par l’atout majeur, le joli et adorable Nick Robinson, sidérant de naturel.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 juin.

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  • Grand écran: Bruno Podalydès fait revivre Bécassine dans une jolie fable burlesque

    26275.jpegBécassine est née dans une ferme bretonne le jour où des bécasses survolaient son village. Devenue adulte, toujours vêtue de sa coiffe blanche assortie à son tablier et de sa robe verte, elle a gardé sa naïveté d’enfant et rêve d’aller à Paris. Prête à avaler les nombreux kilomètres qui la séparent de la capitale, elle se met joyeusement en route avec son baluchon, mais ne tarde pas à voir s’achever un périple à peine entamé.

    L’ingénue voyageuse (Emeline Bayart) croise en effet la marquise de Grand-Air (Karin Viard) accompagnée de son ami Monsieur Proey-Minans (Denis Podalydès, frère du cinéaste). Elle lui propose de venir au château pour s’occuper de sa fille adoptive Louise-Charlotte dite Loulotte (Maya Compagnie), un amour de bébé dont Bécassine s’entiche d’emblée. C’est alors que débarque le tintinesque marionnettiste ambulant Rastaqueros (Bruno Podalydes, derrière et devant la caméra) à l’improbable sens des affaires et qui s’emploie à ruiner la marquise conquise par cet escroc charmeur. Mais Bécassine va veiller au grain…

    Cette deuxième adaptation avec acteurs de la célèbre bande dessinée apparue en 1905 sous la plume de Jacqueline Rivière et le dessin d’ Émile-Joseph Pinchon,s’est attiré les foudres d’un collectif breton qui en a apparemment marre de Bécassine. Se disant indépendantiste, féministe écologique et internationaliste, il dénonce une caricature et une insulte à toutes les Bretonnes, appelant à un boycott du film, tout comme cela avait été le cas en 1939 pour celui de Pierre Carron avec Paulette Dubosc en 1939.

    Bricoleuse pleine d'imagination

    Une colère très minoritaire, selon l’auteur, mais surtout très étonnante en regard de l’oeuvre. Fidèle à la candeur de son héroïne, Bruno Podalydès est très loin de la prendre pour une sotte ou une paysanne mal dégourdie. Se libérant des clichés, Il en fait une créature au cœur pur, généreuse, mais surtout pleine d’imagination, ingénieuse, inventive, créative, dans cette jolie fable douce où le cinéaste propose quelques scènes désopilantes.

    Comédienne de théâtre, Emeline Bayart, que Bruno Podalydès avait déjà dirigée dans Bancs publics. Adieu Berthe et L’enterrement de mémé se coule dans le costume de Bécassine, qui lui va comme un gant. Lumineuse elle séduit avec ses grands yeux bleus curieux, son côté bricoleuse, sa capacité d’émerveillement, sa générosité, sa façon irrésistible de marcher en se dandinant, fesses cambrées et buste en avant. Elle évolue idéalement dans l’univers burlesque, poétique, tendre, teinté de mélancolie du réalisateur foufou de Comme un avion.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 juin.

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