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le blog d'Edmée - Page 203

  • Grand écran: avec "Heureux comme Lazzaro" Alice Rohrwacher fait l'éloge de la bonté et révèle un acteur

    Lazzaro-felice-sl.jpgAprès Les Merveilles, chronique d’une famille en Ombrie, Alice Rohrbacher revient avec Heureux comme Lazzaro, où elle met en scène un jeune paysan ( Adriano Tardolio, une révélation). Il vit dans un hameau italien à l'écart du monde, au sein d’une communauté d’une trentaine de paysans très pauvres.

    Ils cultivent du tabac pour la propriétaire des lieux, la riche et extravagante marquise Alfonsina de Luna, qui les exploite sans vergogne et en toute illégalité. Humiliés, méprisés traités comme des esclaves, ils ne sont non seulement pas payés, mais accumulent les dettes envers leur employeur qui en profite encore pus honteusement.

    Et à leur tour, les fermiers tyrannisent Lazzaro, Mais ce garçon simplet, innocent, doux et taiseux, au visage naïf, habité d’une infinie bonté, exécutant les tâches les plus grossières, ne se plaint ni ne se rebelle jamais. Joyeux, serviable, il noue une amitié avec le beau Tancredi, le fils de la marquise, ado bourgeois arrogant et rebelle, qui abuse également de son inaltérable gentillesse tout en se montrant singulièrement complice.

    Sur le chemin de la sainteté

    Mais la police finit par débarquer pour mettre un terme à ces conditions féodales. C'est alors que Lazzaro, réfugié  dans les collines, tombe d’une falaise et qu'un autre film commence. On se retrouve vingt ans après dans un décor urbain qui a remplacé la ruralité. Sauf que la situation est pire. Vieillis, usés, encore plus misérables, les mêmes paysans tentent de subsister en mendiant dans la crasse d’un bidonville près d’une voie de chemin de fer.

    Et tandis qu’on le croyait mort, Lazzarro réapparaît tel qu’avant sa chute, physiquement, mentalement, moralement, portant les mêmes vêtements. Un bienheureux sur le chemin de la sainteté pour aider ses proches, son prénom faisant évidemment référence au mythe de la résurrection de Lazare.

    Il est magnifiquement interprété par le génial Adriano Tardolio, atout majeur de cette œuvre entre passé et présent, néoréalisme et surréalisme, rêve et réalité sur fond de mystère et de mysticisme. Montrant sa compassion, son empathie envers les laissés pour compte, Alice Rohrwacher  livre une émouvante et envoûtante fable politico-sociale aux accents pasoliniens. Dans cette parabole pleine de grâce et de poésie, récompensée par un Prix du scénario au dernier Festival de Cannes, elle dénonce l’injustice, l’inégalité, la servitude, l’indignité et la cruauté d’un monde déshumanisé.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 novembre.

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  • Grand écran: "Les bonnes intentions" de Gilles Legrand peinent à convaincre. Avec Agnès Jaoui

    5696551.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgIsabelle vit à Paris avec son mari, un ex-réfugié bosniaque et ses deux enfants. Issue d’une famille bourgeoise, mal aimée par sa mère, le credo de cette quinquagénaire c’est aider les autres. Elle est même tellement addict à l’humanitaire qu’elle en oublie les besoins de sa famille, à qui elle reproche son manque d’engagement et d’empathie pour les causes qui lui tiennent à cœur. 

    Bénévole dans un centre social, Isabelle se donne corps et âme pour enseigner le français à des personnes défavorisées et à des étrangers. Ses méthodes sont pourtant jugées bien peu efficaces par la direction qui engage quelqu’un d’autre.

    Furieuse et déconfite face à cette concurrente, elle décide de s’impliquer encore davantage auprès de ses élèves et se met en tête de leur faire passer le permis de conduire. Une jalousie qui nous ferait presque douter de ses bonnes intentions...

    On voit bien où le réalisateur Gilles Legrand veut en venir avec cette comédie sociale censée s’opposer au politiquement correct dans la dénonciation de préjugés tous azimuts. Mais à part quelques scènes amusantes ou  certains dialogues un peu piquants, le film se révèle dans l'ensemble trop balourd, voire caricatural, pour convaincre. Et Agnès Jaoui ne parvient hélas pas à emporter le morceau.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 21 novembre.

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  • Grand écran: "Les filles du soleil ", hommage raté aux combattantes kurdes entre complaisance et pathos

    DpuIUY5V4AAUTaF.jpgAu Kurdistan, un bataillon féminin tente une offensive militaire contre les djihadistes. Violées, brutalisées, vendues comme esclaves, les maris tués sous leurs yeux, leurs enfants enlevés, ces ex-prisonnières dont la vie a basculé, sont devenues des guerrières d’exception après avoir réussi à échapper aux griffes de leurs bourreaux.

    Mathilde, une journaliste française jouée par Emmanuelle Bercot les suit, tandis que l’Iranienne Golshifteh Farahani interprète la commandante Bahar, qui se prépare à libérer la ville avec «Les filles du soleil». D’une grande actualité politico-sociale, le sujet est fort. Malheureusement Eva Husson en fait un film naïf, grossier, mal écrit, mal dialogué, pétri de clichés et de bons sentiments.

    Une partie du scénario s’attache plus particulièrement au passé récent douloureux de ces deux femmes, surtout celui, traumatique, de Bahar à grands coups de flash-backs démonstratifs, où la réalisatrice fait assaut de complaisance.

    L’autre relève du film de guerre traditionnel. Sauf qu’à part entendre les combattantes kurdes chanter en scandant le slogan «la femme, la vie, la liberté» et les voir se livrer à quelques échanges de coups de feu avec les islamistes, on n’en saura pas davantage sur le quotidien tragique de ces femmes courageuses, qui s’élèvent en rempart contre Daech entre la Syrie, l’Irak et la Turquie.

    Une tendance consternante au pathos et au tire-larmes

    En dépit d’une belle photographie, le film dysfonctionne à tous les étages et ne leur rend pas hommage. Bien au contraire. On cherche vainement le point de vue de la cinéaste, qui privilégie une approche consensuelle avec une tendance consternante à se vautrer dans le pathos et le tire-lames. Sans oublier une musique pompeuse et un happy end aussi laborieux que le monologue féministe de fin.

    Restent les comédiennes, qui ne contribuent pas franchement à relever le niveau. Avec son cache-œil noir (à l’image de la journaliste britannique Marie Colvin, tuée à Homs en 2012), Emmanuelle Bercot a l’air d’une pièce rapportée dès son apparition.

    Quant à la sublime Golshifteh Farahani, turban très seyant et impeccablement maquillée, elle semble mieux armée pour une exhibition dans une fashion week façon commando, que pour les affrontements sanglants sur le terrain.

    Eva Husson faisait partie des trois réalisatrices en lice pour la Palme d’or au dernier festival de Cannes. Elle est repartie on ne peut plus logiquement les mains vides.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 novembre

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