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le blog d'Edmée - Page 200

  • Grand écran: "The Bookshop", un plaidoyer pour la littérature

    201815679_61.jpgLa littérature comme vertu émancipatrice, le propos séduit. C’est en tout cas celui de la réalisatrice catalane Isabelle Coixet dans The Bookshop, une adaptation du roman de Penelope Fitzgerald. Son héroïne, Florence Green (Emily Mortimer), veuve de guerre solitaire depuis quelques années, est passionnée par la lecture. En 1959 dans la petite ville insulaire de Hardborough, elle décide de racheter The Old House, une maison abandonnée pour ouvrir une librairie.

    Cela ne plaît pas à tout le monde et notamment aux notables du coin, dont la richissime et puissante Violet Gamart (Patricia Clarkson) qui convoite la bâtisse pour en faire un centre d’art. Comment mettre les bâtons dans les roues de Florence? Lorsque celle-ci se met à vendre Lolita, le sulfureux roman de Nabokov, Violet trouve le prétexte idéal pour écarter sa rivale.

    Elle cherche alors à envenimer l’affaire par la médisance, attisant l’instinct grégaire de personnages lâches et hypocrites pour provoquer, comme remarque judicieusement un critique «une tempête dans les tasses de thé» au sein d’une communauté encore très corsetée et conformiste.

    Florence, qui ne se laisse pas décourager, peut compter sur Edmund Brundish (Bill Nighy, photo), un mystérieux veuf misanthrope reclus, lecteur érudit, ravi d’avoir grâce à elle découvert Fahrenheit 451 (où une société brûle ses livres). Ainsi que sur sa jeune employée Christine (Honor Kneafsey), qui ne tarde pas comprendre qu’on veut abattre sa patronne

    Une ambiance surannée

    Déjà auteure de The Secret Life Of Words, Isabelle Coixet récompensée par trois Goya pour The Bookshop, propose une mise en scène classique en demi-teinte, privilégiant une ambiance surannée, où tout est faussement dissimulé, contenu avec un flegme qui n’empêche pas une certaine férocité et l’exacerbation des sentiments et des émotions. 

    Sous l’animosité entre l’amoureuse des livres et la capricieuse Violet qui se livrent une lutte implacable à fleurets mouchetés dans une ambiance feutrée, se cache ainsi une sévère critique des dominants qui préfèrent maintenir le peuple dans l’ignorance.

    Le problème, c’est que les situations ne sont pas toujours bien amenées dans ce conflit de voisinage relativement banal et traité de façon un peu paresseuse. Du coup on ne comprend pas vraiment la haine de Violet à l’égard de Florence, se voulant viscérale mais tenant plutôt du caprice.

    En revanche on salue l’interprétation des comédiens, dont Emily Mortimer, solaire et subtile, Patricia Clarkson, acariâtre et malveillante, ainsi que Bill Nighy en propriétaire si timide et fragile qu’il donne parfois l’impression de vouloir carrément disparaître.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 décembre.

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  • Grand écran: "Wildlife", un couple se déchire sous les yeux du fils. Drame initiatique émouvant

    wildlife-image-3-h_2018.jpgPour son premier long métrage l’acteur Paul Dano, vu dans Little Miss Sushine, There Will Be Blood, Prisoners, a adapté le roman de Richard Ford Une saison ardente. On est en 1960 dans une petite ville tranquille du Montana, où viennent de déménager les Brinson, une famille moyenne aspirant au rêve américain.

    Mais les choses vont se gâter dans ce drame initiatique émouvant, où tout est vu à travers le regard de Jo, 14 ans (Ed Oxenbould). Amateur de photo, Il assiste impuissant et passif à la détérioration inéluctable des rapports entre sa mère Jeannette (Carey Mulligan) et son père Jerry (Jake Gyllenhaal).

    Alors qu’il a trouvé un job dans un club de golf, ce dernier se fait licencier après une dispute avec un collègue et peine à retrouver du travail. L’équilibre familial s’en trouve bouleversé et le couple commence à se déchirer., réglant ses comptes devant Joe. Jeannette déniche alors un boulot de monitrice de natation, tandis que Jerry, se sentant de plus en plus humilié, traîne à la maison.

    Déprimé, il décide soudainement, contre l’avis de sa femme, de rejoindre les pompiers volontaires misérablement payés pour aller éteindre des incendies, feux symboliques, qui ravagent la région cet été-là. Il va donc être séparé des siens pendant plusieurs semaines, ce qui provoque d’autres problèmes. Jeanette commence à fréquenter un voisin plus âgé, associant à ses incartades un Joe aussi rageur que désemparé.

    Des personnages pris dans une nasse

    Avec Wildlife (Une saison ardente) Paul Dano propose un film d’apprentissage modeste, mélancolique, sensible, subtil, impressionniste, où chaque personnage se trouve pris dans une nasse et se débat entre frustration, confusion, colère et solitude. La mise en scène, influencée par les toiles d’Edward Hopper, est soignée, rigoureuse, pour un récit classique qui explore les tensions conjugales entre révélations et rebondissements.

    Les comédiens participent largement à la réussite du film. Ed Oxenbould, une révélation, est un héros attachant, très réservé, anxieux, au physique un peu ingrat. Plus mature que ses parents, il souffre de l’absence de son père et de la conduite d’une mère qui révèle ses failles. Il porte remarquablement le film, passant de l’adolescence à l’âge adulte face à un modèle parental qui se craquèle.

    A ses côtés Jake Gyllenhaal se révèle comme d’habitude excellent. Mais c’est surtout Carey Mulligan qui impressionne. Intense, étouffant dans son rôle de mère au foyer mal mariée, elle est formidable en femme  cherchant à s'émanciper et à reprendre sa vie en main hors de l’univers domestique où elle était confinée.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 décembre.

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  • Grand écran: "L'Empereur de Paris" ressuscite laborieusement Vidocq. Avec Vincent Cassel bien peu inspiré

    1026619.jpgDix ans après Mesrine Jean-François Richet retrouve Vincent Cassel pour faire revivre Eugène-François Vidocq. Personnage historique fascinant, tour à tour délinquant, indic, super flic, détective privé, écrivain, il a inspiré nombre de réalisateurs et a notamment été incarné à la télévision par un très bon Claude Brasseur et au cinéma par un Gérard Depardieu médiocre dans une adaptation calamiteuse.

    Etre solitaire épris de liberté, Vidocq devient, sous Napoléon, une légende des bas-fonds parisiens pour s’être échappé des plus redoutables bagnes du pays. Laissé pour mort après sa dernière évasion d’une galère en pleine mer, il tente de se faire oublier sous les traits d’un banal commerçant de tissus.

    Pourtant son passé le rattrape. Accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il propose un marché au chef de la Sûreté en échange de sa liberté Ses résultats exceptionnels provoquent l’hostilité de ses collègues et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix.

    Récit d'aventure banal et impersonnel

    Concentré sur un court épisode de sa tumultueuse existence, L’empereur de Paris, loin d’être à la hauteur des prétentions épiques de son auteur, rend un piètre hommage au héros. Rien de puissant dans cet ixième récit d’aventure banal, impersonnel, ennuyeux, sorte de boursouflure sépia sans rythme, sans souffle, où presque tout dysfonctionne et où quelques scènes complaisamment violentes et sanguinolentes remplacent l’action.

    Cela ne s’arrange pas avec les comédiens. Mal dirigés, ils surjouent, à commencer par Vincent Cassel en roue libre, manquant d’’épaisseur et n’enfilant jamais le costume. Les personnages qui gravitent autour de lui se révèlent cruellement secondaires. Il y avait pourtant mieux à obtenir de Denis Ménochet, Denis Lavant, James Thierrée, Patrick Chesnais. Ou encore de Fabrice Luchini, dont le réalisateur se contente de faire un Fouché hautain et verbeux au discours alambiqué. Quant aux femmes on oublie. Tels des fantômes, elles ne font que traverser l’écran.

    On retiendra éventuellement les décors et les costumes, la reconstitution, bien que conventionnelle, d’un Paris des années 1800 surpeuplé aux rues obscures et dangereuses, propices au crime. Par ailleurs le film fait écho à une actualité française agitée, en évoquant un Napoléon invisible, retranché dans son palais et dictant ses ordres, le décalage révoltant entre l’élite et la plèbe, et au milieu un Vidocq façon gilet jaune de choc, dont les prouesses physiques font passer James Bond, Rambo voire Aquaman pour des rigolos et qui se met tout le monde à dos.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 décembre

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