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le blog d'Edmée - Page 181

  • Grand écran: "Jusqu'ici tout va bien", des bobos parisiens en banlieue pour vaincre les préjugés...

    Jusqu-ici-tout-va-bien-la-banlieue-c-est-si-rose.jpgDu Lellouche à la louche ces temps, derrière ou devant la caméra. Après Le Grand Bain, Pupille et avant Nous finirons ensemble, la suite des Petits mouchoirs qui doit sortir en mai, le voici dans le rôle du boss dans Jusqu’ici tout va bien, une comédie sociale de Mohamed Hamidi.

    Suite à un contrôle fiscal rigoureux, Fred Bartel (Gilles Lellouche), le patron de Happy Few, une boîte de com' parisienne branchée, est contraint soit de payer une lourde amende, soit de délocaliser illico presto sa petite entreprise à La Courneuve, en zone franche. Ce qu’il décide de faire avec ses employés.

    Histoire d’adoucir le choc des cultures, Fred a recours à Samy (Malik Bentalha), un jeune maître-chien du coin débrouillard, qui va filer aux bobos les codes de leur nouvel environnement. A chacun donc de s’adapter en jouant la carte de la solidarité pour tenter de mettre fin aux idées préconçues et briser les tabous.

    Jusqu’ici tout va bien fait évidemment référence à La Haine de Mathieu Kassovitz, vingt-cinq ans après. Mais gare à l’atterrissage… Dans sa volonté de se moquer des clichés, Mohamed Hamidi, l’auteur de La vache a plutôt tendance à les entretenir. Par ailleurs, si les comédiens font le job et que l’ensemble se révèle moins laborieux que le pitch le laissait penser, le réalisateur est assez loin de révolutionner le genre dans ce nouveau film sur la banlieue.

    Il faut le dire vite dans la mesure où on reste quand même en deça du périphérique. Certes Hamidi n’élude pas complètement les problèmes de drogue, la violence ou l’insécurité, mais il s’attache avant tout à positiver au maximum en montrant le côté chaleureux de l'endroit. Du coup La Courneuve devient quasiment un lieu formidable, avec plein de gens bien, de jeunes décidés à s'en sortir par les études ou le travail, et où même les parrains trafiquants régnant sur la Cité ne sont pas si méchants que ça!

    Et c’est parti pour la métamorphose. A l’image de Gilles Lellouche, personnage au départ cynique et stressé qui vire au patron sympa et dynamique, toute l’équipe change complètement sa vision négative de la banlieue, nous embarquant dans une comédie pas toujours drôle, encore alourdie par un happy end des plus convenu. Pas sûr que ces meilleures intentions contribuent franchement à réduire la fracture sociale…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 février.

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  • Grand écran: "Marie reine d'Ecosse", duel au sommet fatal entre deux souveraines

    image.jpgAprès La Favorite de Yorgos Lanthimos, justement récompensé aux Oscars par le prix d’interprétation décerné à la remarquable Olivia Colman, on reste deux siècles plus tôt, à la cour, entre femmes, et dans la course au pouvoir avec Marie, reine d’Ecosse.

    Son destin chaotique, exceptionnel et tragique n’a cessé de fasciner romanciers et cinéastes, notamment le SuisseThomas Imbach qui a adapté le roman de Stefan Zweig, Couronnée à neuf mois, mariée à 16 ans au roi de France, veuve sans descendance à 18 ans et exécutée à 44 ans, le 8 février 1587 après 19 ans de captivité, elle a cette fois inspiré la Britannique Josie Rourke venue du théâtre, pour son premier passage derrière la caméra.

    Le film ouvre et se termine par la décapitation de la charismatique souveraine, provocante jusqu’au bout dans une robe rouge sang, mais l’histoire commence en 1561. Marie Stuart (Saoirse Ronan diaphane) rentre en Ecosse pour réclamer son trône après 12 ans passés en France et entretient une correspondance avec Elizabeth, reine d’Angleterre (Margot Robbie, qui a accepté de s’enlaidir) pour maintenir de bonnes relations. Mais les ambitions de Marie, qui lorgne la couronne de sa puissante cousine, lui seront fatales.

    Rivales en politique et en amour

    Sur fond de bagarres entre protestants et catholiques, entre Anglais et Ecossais, Josie Rourke propose un film historique féministe ambitieux où ses deux héroïnes, sœurs ennemies, rivales en politique et en amour, se déchirant autour d’un royaume, entretiennent une relation complexe.

    Parfaitement incarnées par les deux comédiennes, elles se livrent un duel au sommet à distance, convergeant vers un unique et long face à face dans une blanchisserie, tout en affrontant trahisons, manipulations et complots masculins destinés à leur montrer où est véritablement leur place.

    Sa mise en scène est assez conventionnelle, mais Josie Rourke, très tendance, décrit ainsi la difficulté d’être une femme, reine de surcroît, dans une société réglée par et pour les hommes. Du coup ils se révèlent tous aussi fourbes que lâches sous le regard manichéen de la réalisatrice qui a par ailleurs tendance à béatifier une Marie Stuart, devenue la grande victime d’une vaste conspiration.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 février.

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  • Grand écran: "Grâce à Dieu", film choc sur la parole pour briser le silence de l'Eglise

    B9718622259Z.1_20190218130432_000+GSDD0IEJM.1-0.jpgBien qu’il ne révèle rien que l’on ne sache déjà, tout ayant déjà été publié, Grâce à Dieu de François Ozon sur le scandale de pédophilie dans l’Eglise lyonnaise, se trouvait sous la menace de deux assignations. Mais lundi, la justice a donné son feu vert à la sortie du film mercredi en salles, nonobstant la demande de report du prêtre Preynat, accusé d’agressions sexuelles sur des enfants, mais pas encore jugé.  

    Elle estime que la présomption d’innocence du père n’est pas bafouée, en raison de l’insert d’un carton le signalant en fin de générique. Par ailleurs mardi, Régine Maire, ex-membre du diocèse de Lyon qui exigeait que son nom soit retiré du film, a aussi perdu la partie. 

    «Grâce à Dieu, tous ces faits sont prescrits!» avait lancé le cardinal Philippe Barbarin lors d'une conférence de presse à Lourdes, en avril 2016, faisant allusion à ces abus. François Ozon s’est emparé de l’ignominie. 

     

    francois-ozon-a-obtenu-l-ours-d-argent-de-la-berlinale-pour_4424298_540x269p.jpgAuteur important, prolifique, éclectique (L’amant double, Frantz, Jeune et jolie, Une nouvelle amie, Potiche, Sous le sableHuit femmes, Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, Le temps qui reste…), il signe un film fort, politique, engagé. C’est l’un de ses meilleurs, sinon le meilleur. Il a décroché le Grand prix du jury à la Berlinale.

    Un long combat vers la vérité

    Alexandre vit à Lyon avec sa femme et sa nombreuse progéniture, Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès de gamins. Il se lance alors dans un long combat pour faire éclater la vérité. Patient face à Barbarin qui l’enjoint à ne pas ressasser le passé. Sourd aux critiques acerbes de sa mère qui lui reproche d’avoir toujours été doué pour remuer la merde. Il est bientôt rejoint par deux autres victimes du prêtre, pour dire ce qu’ils ont subi. Dans Grâce à Dieu, François se penche ainsi sur la naissance de l’association La Parole libérée, qui a révélé le scandale. Au centre, le sinistre père Preynat, 72 ans, mis en examen pour des abus sexuels commis en 1980 et 1990 sur de jeunes scouts.

    le-film-sera-projete-en-avant-premiere-mardi-19-fevrier-a-chalon-1550502609.jpgLe point de vue des victimes

    L’affaire  atteint le cardinal Philippe Barbarin, accusé avec cinq anciens membres du diocèse lyonnais de non-dénonciation de ces crimes. Rappelons qu’Il est passé en jugement en janvier dernier et son sort sera connu le 7 mars prochain. Mais aucune condamnation n’a été requise contre lui. 

    Concentré avant tout sur l’humain, le film adopte le point de vue de trois victimes, Alexandre, François, et Emmanuel, des hommes fragilisés dont il brosse le portrait. Portés par leur désir de reconstruction, fermement décidés à rompre le silence, ils sont formidablement incarnés par Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud (photo). 

    Sans se placer du point de vue judiciaire, François Ozon se livre à une véritable  enquête auprès de l’association. Sa démarche n’est pas sans rappeler celle de l’équipe d’investigation du Boston Globe dans Spotlight, qui a permis de mettre au jour un scandale sans précédent d’abus sexuels au sein de l’Eglise catholique. Sauf que chez Ozon ce ne sont pas les journalistes qui dénoncent, mais les victimes qui accusent. 

    1517909.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgUn drame en trois actes

    Impressionnant de maîtrise dans sa mise en scène, dans sa précision documentaire, François Ozon propose un drame palpitant qui se déroule en trois mouvements, chacun s’adaptant à la personnalité de son protagoniste. Les trois jouent ainsi successivement leur propre partition, le réalisateur ne craignant pas, par exemple, pas de perdre le premier, Alexandre, au  bout de 45 minutes, le laissant passer le relais au suivant. 

    Avec ce film sur la libération de la parole pour briser l’omerta et l’inaction des autorités religieuses, François Ozon nous emporte, nous bouleverse, nous tient en haleine, tout en évitant le pathos, la pesanteur, l’excès d’indignation forcément inhérents au sujet. Un tour de force, un exploit, bref, un film à voir absolument.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 février.

     

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