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le blog d'Edmée - Page 180

  • Grand écran: "Stan & Ollie" fait revivre le duo comique iconique. Tendre et touchant

    stan-ollie-still-2.jpegAvec Buster Keaton et Charlie Chaplin, le duo iconique Stan Laurel et Oliver Hardy, comptant plus d’une centaine de films en 25 ans de carrière, ont incarné l’âge d’or du cinéma muet, mais également les débuts du parlant, devenant des vedettes mondiales dans les années trente.

    John S. Baird, premier cinéaste à s’attaquer au tandem, rend hommage, avec Stan & Ollie, à ces deux mythes qui ont raccroché leurs fameux melons noirs il y a 60 ans. Il n’évoque toutefois pas les monstres sacrés au sommet de la gloire mais se concentre, dans ce dernier tour de piste tragicomique, sur leur relation exceptionnelle, leur amitié indéfectible en dépit d’une brouille passagère, et une fin de carrière tristounette.

    Nous sommes en 1953. En ce qui concerne Laurel et Hardy, Hollywood les a mis au rancart depuis quelques années. Mais les deux partenaires s’accrochent et décident de se lancer dans une tournée à travers l’Angleterre. Vieillis, fatigués et oubliés des jeunes, nos sexagénaires peinent au début à remplir les salles. Mais leur capacité à se réinventer leur permettra de renouer avec le succès. Et surtout de réaliser à quel point ils comptaient l’un pour l’autre.

    Affectueux, tendre, John S., Baird pose un regard mélancolique et drôle sur ces deux légendes et leur univers à travers un biopic de facture certes classique mais très réussi, où il multiplie les gags et les trouvailles. Il est tellement soigné qu’avec un peu d’imagination, on se croirait dans un vrai Laurel et Hardy.

    Il faut dire que le film, qui évoque également le temps qui passe et la condition de l’artiste, est remarquablement servi par l’étonnante interprétation des comédiens. John C. Reilly est hallucinant de ressemblance avec Oliver, dont il emprunte le physique ingrat et le côté bonhomme.

    De son côté, le bluffant Steve Coogan incarne le petit et candide Laurel, cerveau britannique artistique du couple sans cesse bousculé par son gros compagnon américain. Qui sait pourtant se montrer d’une rare légèreté lorsqu’il se met à danser.

    Tous deux font ainsi revivre à la perfection, mais presque trop brièvement, l’inénarrable duo sur scène et dans la vie. A cet égard, on saluera la prestation de Shirley Hendersen et Nina Arianda, irrésistibles dans le rôle des épouses acariâtres surveillant de près nos deux compères.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 mars.

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  • Grand écran: Juliette Binoche, excellente, triche sur Facebook dans "Celle que vous croyez"

    celle_que_vous_croyez_photo_2diaphana_films-1-1600x844.jpgProfesseur de littérature comparée à l’université, l’érudite Claire Millaud (Juliette Binoche), la cinquantaine, est quittée par son mari pour une plus jeune. Humiliée, désabusée et triste, elle prend un amant, Ludo. Pour l’épier, elle crée un faux profil sur Facebook, où, sans se préoccuper des conséquences de cette supercherie, elle s’imagine dans la peau d’une superbe Clara de 24 ans qui ne tarde pas à séduire un garçon de son âge, Alex (François Civil), l’ami de Ludo.

    Non seulement Claire retrouve la joie de vivre, mais tombe véritablement et follement amoureuse de lui. Problème, il insiste pour la rencontrer en chair et en os. Un film bien dans l’air du temps, adapté par Safy Nebbou du roman éponyme de Camille Laurens. Le réalisateur français construit un film gigogne à la manière d’une poupée russe, proposant un récit à la fois éclaté et très structuré mêlant de façon assez vertigineuse le réel et le virtuel. Superposant ainsi plusieurs thèmes.

    Tout en illustrant, dans un dispositif narratif astucieux et efficace, les tentations et les addictions qui se jouent sur les réseaux sociaux dont il analyse le pouvoir d’imposture, il évoque la barrière de l’âge et du langage, la place de femmes qui deviennent invisibles dans une société où règne le jeunisme. L’ensemble complété par le face à face, sorte de fil conducteur entre Claire et une psy (Nicole Garcia)

    Safy Nebbou nous balade ainsi entre mensonge et vérité, fantasme et passion, culpabilité et désir, peur de l’abandon et obsession, dans un film qui oscille entre le thriller aux rebondissements inattendus, la chronique sociale et la romance. Juliette Binoche est formidable en quinqua qui se met à nu et en danger, sans maquillage, complexe, multiple, amoureuse, meurtrie, paumée.

    Tour à tour exaltée et dépressive, manipulatrice au bord du précipice, elle est obligée de tricher en plus en plus au fur et à mesure que l’intrigue avance. Très crédible de l’autre côté du divan, Nicole Garcia séduit tout autant en thérapeute à la fois empathique, intriguée et émue par les confessions de sa patiente.

    nebbou_safy.jpg«J’ai tout de suite vu un film dans le roman»

    Safy Nebbou, pas spécialement accro aux réseaux sociaux mais reconnaissant qu’ils peuvent rapidement devenir chronophages, a d’abord été interloqué en découvrant le pitch du roman de Camille Laurens. Puis carrément emballé en le lisant. «J’ai adoré. Il est très intelligemment construit. Tellement d’ailleurs, que nous avons simplement suivi sa logique».

    Il a immédiatement vu un film dans cette relation basée sur le mensonge. «Une histoire terrible et dysfonctionnelle, une spirale où s’enferme une femme, mais qui paradoxalement la libère. Du point de vue structurel, tout est dans le dosage. Il faut emporter le spectateur, le projeter dans la spirale en évitant les pièges».

    L’auteur connaissait un peu Juliette Binoche. «On s’est rencontré dans un jury et on a sympathisé. Je l’admire énormément. C’est une de nos plus grandes actrices. Il y en a peu qui auraient accepté de se mettre ainsi à nu, en danger. En abîme pour tout dire. Après Dans les forêts de Sibérie, je tenais de surcroît à faire un film avec une héroïne. Juliette était parfaite».

    S’il se montre fidèle à Camille Laurens, Safy Nebbou avoue une petite trahison. «Dans le livre, le psy est un homme. Mais en choisissant une femme, j’avais envie d’un effet miroir. Nicole Garcia est une excellente comédienne. Je la trouve très crédible dans la fonction. Les deux n’avaient jamais tourné ensemble, mais le duo s’est formé tout naturellement, dans la délicatesse».

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 mars.

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  • Grand écran: "My Little One", retrouvailles d'un trio amoureux dans un huis-clos désertique

    topelement.jpgAlex et Bernardo (Vincent Bonillo et Mathieu Demy) ont la quarantaine. Alors qu’ils ont été les meilleurs amis du monde, ils ne se parlent plus, leurs chemins s’étant séparés depuis longtemps. Le premier s’est installé à Paris et le second, père de deux enfants, a ouvert un cabinet d’architecture à Genève Mais d’un coup, ils se retrouvent à un arrêt de bus dans le désert de l’Arizona, en territoire navajo.

    Ils ont répondu à l’appel urgent de Jade (étonnante Anna Mouglalis), une femme qu’ils ont tous les deux follement aimée et dont la présence ne les a jamais quittés. Mère d’une fille de dix ans, elle vit loin de tout, en marge de la société. Ces retrouvailles inattendues qui les confrontent à une dure réalité, vont complètement les chambouler.

    My Little One est signé des Suisses Frédéric Choffat et Julie Gilbet, à qui l’on doit La vraie vie est ailleurs et Mangrove. On retrouve des thèmes qui font l’essence de leur oeuvres, comme le déracinement, l’exil, la terre. Un souffle de liberté imprègne par ailleurs leur nouveau film.

    Une liberté qu’est censée incarner Jade, une femme rock, sauvage, forte, mystérieuse. Elle a retrouvé un foyer dans cette réserve où elle vit comme elle l’entend, à l’instar de sa fille Frida (Ruby Matenko), qu'elle a élevée selon ses propres règles. Elle en a fait une gamine sauvage, insoumise et farouche. Trop pour véritablement convaincre dans ce huis-clos désertique en forme de voyage spirituel vers l’oubli, dont on retiendra surtout la belle photo et les magnifiques paysages.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 mars.

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