Grand écran: dans la tête d'un Anthony Hopkins désorienté avec "The Father" (25/05/2021)

Oscarisé après avoir décroché le prix du meilleur acteur aux BAFTA,  Anthony Hopkins incarne Anthony, un homme de 81 ans atteint d’Alzheimer dans The Father. Il vit dans seul dans son grand appartement londonien, perdant peu à peu ses repères et sa lucidité sous le regard désarmé de sa fille (Olivia Colman) qui vient le voir quotidiennement, bien qu’il prétende le contraire.  

Pour ce huis-clos en forme de suspense, version cinématographique impressionnante de sa pièce éponyme, le Français Florian Zeller a obtenu la statuette du scénario adapté. Un prix d’autant plus mérité que si l’histoire est simple, elle se  révèle d'une ingéniosité redoutable dans sa narration volontairement décousue mais toujours contrôlée. 

Florian Zeller réussit l’exploit de nous mettre dans la tête d’Anthony, retraité vivant apparemment normalement, pour nous permettre de  ressentir  les effets de cette terrifiante:  l’oubli, la perte, la confusion, le sentiment de se retrouver dans un lieu inconnu, la conviction de se faire voler des choses, comme cette montre à laquelle il tient tant, la sensation de vertige et de crainte face à ce qui est vécu comme autant de bouleversements dans un quotidien dont il finit par avoir une perception embrouillée.

Des performances éblouissantes

Evitant tout pathos, mêlant des moments de joie et de légèreté au désespoir et à l’angoisse, le réalisateur ne cesse de complexifier son intrigue à coups de répétitions, ou au contraire de changement  de situations, de dates et de personnages, dans le but de créer l’égarement dont est victime son héros, incarné par Anthony Hopkins, l’atout majeur  du film.  

Après s’être remarquablement glissé dans la peau de Benoît XVI dans Les deux papes, le comédien livre une performance aussi bouleversante qu’éblouissante, se montrant littéralement habité par cet octogénaire désorienté. A ses côtés l’excellente Olivia Colman  e montre à la hauteur, offrant également une partition d’une rare justesse, dans l'expression de son impuissance face au sort inéluctable qui attend son père. Une œuvre poignante à ne manquer sous aucun prétexte.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 mai. 

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